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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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Chapitre III. Les ressources naturelles dans la structuration des guerres

Ce chapitre consiste en une réflexion sur les ressources naturelles comprises comme des germes de situations conflictuelles. En effet, dans le cas de la série des conflits armés congolais de 1990 à 2002, peut-on dire qu'elles ont été décisives dans la survenance et dans le déploiement de cet état particulier des rapports humains ? Nous tenterons une réponse à cette interrogation en deux niveaux d'analyse. Le premier poursuivra un tel effort en recherchant l'opérationnalité de ces données dans la lutte pour les rentes (Section I). Le second tentera de situer ces agrégats dans les stratégies des multinationales de l'énergie impliquées dans cette circonstance (Section II).

Section I. Les ressources naturelles dans la lutte pour les rentes

Cette première section constitue les deux premiers niveaux de réponses que nous apporterons au questionnement spécifié plus haut. Ainsi, s'il paraît judicieux de déterminer la place de ces ressources dans les stratégies des acteurs nucléaires (A) ; il ne sera pas non plus superfétatoire de se prononcer sur leur place dans les plans de leurs adjuvants sous-régionaux (B).

A. Fonctionnalité des ressources naturelles dans le jeu politique interne

Il est question de déterminer la fonctionnalité des ressources naturelles stratégiques dans le jeu politique interne. En d'autres termes, quelle est la valeur de ces agrégats pour les animateurs de la scène nationale et dans la structuration de leurs politiques ? Tour à tour, il sera examiné la prise de conscience sur la centralité de ces agrégats (1) et le fait que ces agrégats sont un facteur prépondérant dans l'élaboration et la mise en oeuvre des stratégies des états-majors (2).

1. La prise de conscience

Quand le Président Pascal LISSOUBA prend les rênes de l'Etat en août 1992 à l'issue des premières élections libres de l'histoire contemporaine du Congo, la

tâche qui l'attend n'est pas facile. L'Etat est en cessation de paiements et l'endettement est colossal75 ; l'armée est acquise à l'ancien président et les conditions de vie des populations deviennent de plus en plus précaires, amplifiées par le chômage toujours croissant. Conscient de cela, le nouvel exécutif desserre l'étau en jouant la carte des ressources naturelles stratégiques. Il met en concurrence le plus important opérateur pétrolier, le groupe Elf Aquitaine, avec les compagnies américaines parmi lesquelles Occidental Petroleum. Dans la foulée, il a obtenu la reconsidération de la part de production réservée à l'Etat congolais, de 17% à 33%, et la mutation du régime des concessions vers celui de partage de production. Si cette première action est une victoire, il n'en demeure pas moins qu'à terme, les négociations avec le FMI et la BM étaient inévitables en vue de la restructuration de la dette, de l'amélioration des performances économiques et éventuellement de l'admission du pays dans le giron des PPTE. Les considérations précédentes suscitent ces quelques observations.

L'acte de l'exécutif confirme la prépondérance des hydrocarbones liquides et gazeux dans la vie de la nation comme nous l'avons déjà remarqué plus haut (supra, pp : 3 7-38). En mettant en concurrence le principal opérateur pétrolier, le gouvernement, et par ricochet les autres acteurs de la scène nationale, réalisent la centralité de cette ressource dans la stratégie d'approvisionnement de ce dernier, l'intérêt que d'autres sociétés multinationales affichent vis-à-vis du marché congolais et le caractère stratégique de cette ressource dans le jeu international. Notamment, ils se rendent compte de la possibilité de pouvoir jouer ou compter sur cette ressource pour atteindre leurs objectifs.

75Selon les Rapports sur le développement dans le monde successifs de 1993 à 1999, le Congo faisait partie des pays gravement endettés, derrière l'Algérie, l'Irak et l'Angola. En 1997, cette dette est classée «délinquante» par la BM, Dépêche de l'AFP, 071646 du 07/11/1997. En 1999, elle était estimée à 2780 milliards de Francs CFA ; et le pays faisait partie des 41 pays très endettés. A ce sujet, confère : BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : investir dans la santé, Washington, 1993, page 337 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : une infrastructure pour le développement, Washington, 1994, page 267 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le monde du travail dans une économie sans frontières, Washington, 1995, p. 274 ; également, WORLD BANK, World developpement repport : the states in a changing world, Washington, page 264 ; également, BANQUE MONDIALE, Rapport sur le développement dans le monde : le savoir-faire au service du développement, Washington, 1998-1999, p. 278.

Aussi, l'intervention conjointe du FMI et de la BM montre-t-elle que bien avant l'avènement du nouveau régime, la situation générale du pays n'était pas des plus bonnes. Car, les revendications sociales étaient à l'ordre du jour. Autrement dit, cette atmosphère était déjà très favorable à l'installation d'une crise. Mais, il n'en demeure pas moins que les mesures d'accompagnement du PAS dictées par ces institutions (privatisation des entreprises publiques et déconcentration de la fonction publique suivies du gel des prêts multilatéraux avant l'aboutissement de ce processus) ont achevé de déboulonner une conjoncture combien déjà précaire, en rehaussant significativement le taux du chômage76. Ce désespoir touchait particulièrement la frange jeune de la population et la vulnérabilisait considérablement vis-à-vis des politiciens véreux et peu scrupuleux. Ces derniers pouvaient solliciter et obtenir son soutien à tout moment dans leurs stratégies de positionnement, dans les mouvements de conquête, de conservation ou de consolidation du pouvoir comme le souligne cet observateur :

« I1 faut rappeler que, contrairement au conflit rwandais, les violences brazzavilloises de 1993-1994 n'ont pas engagé massivement toute la population, mais uniquement une frange de jeunes recrutés par les partis politiques parmi plusieurs générations de déclassés des quartiers : jeunes déscolarisés ou désoeuvrés, délinquants ou sinistrés. [ ...] On ne saurait donc, à propos des événements de cette année-là parler d'explosion de l'irrationnel ou d'irruption de l'ethnicité : les jeunes miliciens, en majorité âgés de 18 à 22 ans ont incontestablement été l'objet d'une manipulation, d'autant plus facile qu'elle a été menée à une époque où l'effondrement économique leur interdisait pratiquement tout

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espoir d`accéder au statut social de leurs aînés ».

C'est cette conjoncture qui, couplée à des effets pervers de l'intervention de ces instituions, conditionnera désormais le jeu des acteurs, aussi bien celui de ceux qui sont chargés de la gestion quotidienne de l'Etat, lesquels chercheront à consolider et à conserver cette posture, que pour ceux qui pensent le changement du statu quo. Mais, comment exprimer matériellement cette prépondérance des

76J. SACHS, «FMI : le pompier pyromane», entretien avec John. R. McINTYRE, in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°80, Paris, Berger-Lévrault, Eté 1998, pp : 19-20.

77E. DORIER APPRIL, « Jeunesse et ethnicités citadines à Brazzaville », in MUSANJI NGALASSO, Mwatha, (dir.), Démocratie : le pouvoir des mots, Politique africaine, n°64, décembre 1996, in http://www.poliqueafricaine.com, site consulté le 02 mai 2005.

hydrocarbones liquides et gazeux dans la structuration des rapports politiques internes ?

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