2. Un facteur prépondérant dans les
stratégies des états-majors
Toute entreprise, allant des plus banales comme manifester son
intérêt pour une jeune fille, à la plus complexe, à
l'instar de gagner une guerre, présuppose la mise en place
d'une combinaison d'actions pour parvenir aux objectifs visés. Les
acteurs nucléaires de l'échiquier congolais ne l'ont pas
ignoré, car ils ont su déployer plusieurs stratégies pour
exprimer leur volonté de capitaliser la victoire. Dans celles-ci, les
ressources naturelles stratégiques, au premier rang desquelles les
hydrocarbones liquides et gazeux d'une part, et le bois d'autre part, ont
occupé une place centrale. Elles ont été d'un important
apport dans la constitution, la maintenance des moyens de l'effort de guerre et
dans la structuration des alliances78. C'est à partir de ce
moment que le conflit congolais a changé de physionomie.
Désormais, il met en évidence un facteur constitutif majeur de la
privatisation de la guerre : l'importance des alliances commerciales et
militaires. Celles-ci sont nouées par les belligérants avec de
grandes compagnies internationales, forestières, minières ou
pétrolières et avec des officines spécialisées dans
le savoir-faire militaire. A un moment ou à un autre, toutes ces
structures ont été sollicitées par les protagonistes et
leur ont fourni les moyens de leur action, en contre partie de ces
ressources.
Ces solidarités ont contribué au
développement des dettes gagées sur toutes sortes de produits,
pétrole et bois notamment, avant de favoriser la militarisation
croissante des acteurs nucléaires. Désormais,
bénéficiant de revenus propres, chaque belligérant est
devenu moins contrôlable. Ces ressources leur ont conféré
l'autonomie d'action dans leurs différents mouvements de lutte pour la
conquête ou pour la conservation du pouvoir. Toutefois, ce n'est
là qu'un pan de
78Notamment, afin de forcer les portes des divers
secteurs d'activités, indispensables dans la mise en oeuvre et pour le
déploiement de leurs stratégies : les milieux de la haute finance
à travers les banques, les officines spécialisées dans la
logistique et de l'assistance de guerre, etc.
l'opérationnalité des ressources naturelles dans
cette série de guerres. Car, à ces dernières, était
lié en partie le destin de certains acteurs sous-régionaux.
B. Les ressources naturelles stratégiques dans le
jeu sous-régional
A cette échelle, les alliances sont faites suivant un
système d'enchevêtrement d'intérêts de plusieurs
ordres. Parmi ceux-ci, les hydrocarbones liquides et gazeux de la ZIC
Angola-Congo représentent les intérêts les plus
déterminants. En effet, leur ombre apparaît certes en filigrane,
mais domine en réalité les stratégies des acteurs. Ceux-ci
se retrouvent dans un système où chacun, tout en servant les
intérêts des autres, permet de trouver son propre compte.
L'échiquier congolais consacre deux variantes de cette logique des
alliances stratégiques. C'est le cas entre un Etat et une coalition de
forces sub-étatiques pour combattre un Etat, et entre un Etat et des
forces intra étatiques pour venir à bout d'une ligue de forces
sub-étatiques. Par là, il faut reconnaître les
rapprochements successifs entre les forces de l'UNITA et du FLEC avec celles de
la coalition présidentielle à Brazzaville (1) et celui qui a mis
les forces de PCT et celles du MPLA dans un même camp (2).
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