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Géostratégie des ressources naturelles et les conflits de la République du Congo 1990-2002 : rivalité de puissance et contrôle de l'énergie

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Diplôme d'Etudes Supérieures Spécialisées en relations internationales, option diplomatie 2005
  

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Section II. Les rivalités entre les multinationales

Contrairement à une certaine école qui professe l'inutilité de l'Afrique vis-à- vis du monde développé, cette section montrera à travers la problématique de l' «Afrique utile »84, que ce continent lui est d'un apport précieux. Cette importance est variable dans le temps, selon les domaines et selon les régions. L'objectif à atteindre ici est de savoir si le Congo est une zone de l'«Afrique utile». En effet, quelle est la spécificité du Congo au sein de ce concept de l'«Afrique utile » (A) ? Aussi, le drame congolais de 1990 à 2002 ne peut-il pas se comprendre comme un pan du grand jeu international relatif à la maîtrise des sources d'énergie (B) ?

83J.-F., BAYART, « L'Embrasement de l'Afrique Subsaharienne », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°77, Paris, Automne 1997, p. 189.

84Expression que nous empruntons à S. SMITH, «France-Afrique : la fin d'une époque », in WAJMAN, Patrick, (dir.), Politique Internationale, n°67, Paris, Printemps 1995, p. 267.

A. Le Congo dans la problématique de l'``Afrique utile»

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l'activité des analystes est orientée vers la lutte contre le terrorisme. Pour cela, certaines zones de la planète sont oubliées de fait en raison du peu de retentissement des études sur elle. L'Afrique fait partie de cette catégorie. Cet oubli de l'Afrique a suscité à AIRCADI de Saint Paul la réflexion suivante :

« Le continent noir ne semble pas constituer une priorité pour les USA malgré l'intérêt initial qui lui fût porté par le président KENNEDY. L'action des USA est de type intermittent : gendarmes à éclipses, interventions sporadiques, le gouvernement américain pris dans un réseau de contradictions internes ne paraît pas avoir de politique africaine. Plus précisément, s'il intervient dans les périodes de tension au cours desquelles les intérêts occidentaux paraissent menacés, il a peut être mis en oeuvre des politiques, mais, n'a pu offrir aux USA eux-mêmes une mystique africaine »85.

Si ces représentations ne sont pas sans rapport avec la réalité, on devrait se garder de croire que ce continent est inutile au reste du monde. En effet, certaines régions du continent sont d'une très grande utilité pour les grandes nations industrielles parce qu'elles personnifient plusieurs séries d'enjeux économiques. C'est cette opinion qui est conceptualisée à travers la problématique de l'` `Afrique utile». Autrement dit, certaines provinces indispensables pour l'expansion industrielle de l'Occident se trouvent en Afrique. C'est le cas du Golfe de Guinée, l'un des grands espaces forestiers, l'un des plus grands bassins pétroliers et aquatiques du monde. Une bonne partie des enjeux environnementaux, climatiques, énergétiques et économiques mondiaux d'aujourd'hui et de demain est liée à cet espace. Il est une composante de la géographie de l'` `Afrique utile».

De fait, l'exploitation des ressources pétrolières dans cette zone a débuté au lendemain de la seconde Guerre Mondiale. D'abord avec l'Angola en 1956, elle s'est étendue l'année d'après avec le Gabon avant de s'élargir au Nigeria en 1958, et dans les deux Congos, successivement à la fin des années 1960 et début 1970. L'aventure s'est poursuivie enfin avec le Cameroun et très récemment à la Guinée Equatoriale et au Tchad. Les seules productions de ces pays gravitent, pour la

85De St. P., AIRCADI, La Politique africaine des USA, mécanismes et conduite, Paris, Economica, 1984, p. IX.

plupart, autour de 15 Mb/an, en dehors du Nigeria et de l'Angola qui sont des producteurs millionnaires.

Les perspectives pétrolières dans le Golfe de Guinée se présentent sous les meilleurs auspices. En effet, avec des réserves estimées à 8,1 milliards de tonnes au début des années 90, soit 6 % des réserves mondiales prouvées, des coûts d'extraction du baril compris entre 5 et 7 dollars, contre 7 et 9 dollars en moyenne mondiale, coûts que les firmes pétrolières peuvent espérer faire encore baisser, grâce à l'utilisation massive d'une technologique de pointe. Cette région se présente déjà comme l'une des plus dynamiques en matière d'exploration pétrolière marine. Le constat de cet habitué à ces questions ne détrompe pas :

« En effet, avec le progrès technologique et la possibilité de produire à plus de 1700 mètres de profondeur, voire bientôt 2000 mètres, l'Afrique de l'Ouest, avec le Golfe de Guinée, devient une province pétrolière qui présente un grand intérêt pour les compagnies internationales, en leur ouvrant un nouveau terrain de chasse ou de prospection, à côté de la mer Caspienne qui commence à s'ouvrir à l'exploitation étrangère. »86.

Rien d'étonnant à ce que « l'Afrique soit dans les dix, vingt prochaines années, le champ de bataille le plus chaud, dans la répartition des nouveaux marchés pétroliers»87 dans le monde. La confirmation de ces données renforce la centralité de cette zone comme principale province pétrolière africaine et comme une zone internationale d'importance majeure. Cela, aussi bien pour les principaux partenaires que sont, entre autres, les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe Occidentale, qui y tirent une partie de leurs approvisionnements pétroliers, que pour les Etats riverains eux-mêmes et leurs quelques 200 millions d'habitants, pour lesquels la mer est, respectivement, un espace nourricier essentiel et une source de devises.

86B. BENSAID, « L'Afrique subsaharienne : un continent endetté au potentiel pétrolier prometteur », in, GARAUD, Marie-France, (dir.), Afrique : acteur ou enjeu ? Géopolitique, n°63, Paris, PUF, octobre 1998, p. 133 (le gras est de nous).

87A. D. OGOULAT, « La Commission du golfe de guinée, instrument du renouveau maritime au rôle fondamental que jouent les océans dans le processus d'affirmation des Etats dans le système international et sous-régional ? », in COUTAU- BEGARIE, Hervé, (dir.), « Le Continent oublié », éditorial, Revue stratégique, n°80, 2004, http://www.stratisc.org.

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