V.4. Les conditions de l'Etat de droit
Le rôle du gouvernement consiste à aider la
communauté politique dans sa recherche du bonheur, conformément
à ses options. C'est-à-dire, matérialiser le plein
épanouissement des potentialités et des personnalités des
différents membres. Notamment sur le plan culturel, spirituel,
économique, politique et social. Le gouvernement dispose de puissants
moyens lui permettant de réaliser ces objectifs. Dans chaque
communauté politique, c'est le peuple qui est le détenteur du
pouvoir suprême. Les particuliers qui constituent le corps politique, ont
la latitude de choisir leurs gouvernants.
Les régimes économiques et sociaux peuvent
varier. Mais le peuple doit toujours décider en dernier ressort des
systèmes économiques ou sociaux qui doivent le régir. En
ce sens, les droits de tous les citoyens doivent être respectés.
C'est une erreur, que de séparer la survie économique
considérée comme un droit, des autres droits tels que la
conservation. Il n'y a pas de contradiction entre les
efforts pour atteindre un niveau de vie élevé et
les efforts pour satisfaire les besoins fondamentaux dans le domaine
économique et social.
L'être humain doit être traité comme une
entité. Sa personne physique fait tout autant partie de lui que ses
facultés mentales, spirituelles et ses biens. Cela signifie qu'un droit
quelconque ne peut pas prendre le pas sur les autres. La distinction et la
limitation des pouvoirs ne sont en fait, rien d'autre qu'un moyen de
spécifier les fonctions du gouvernement, afin d'assurer une grande
liberté individuelle. L'interaction entre les dirigeants dynamiques et
des citoyens attentifs, est le meilleur espoir de survie de la
communauté politique. Le respect des droits économiques, sociaux
et autres, en fournissent la clé du fonctionnement des
mécanismes. Aux yeux de J. LOCKE, la protection de ce que l'individu
possède en propre, revêt une importance capitale.
Permettre à l'homme d'atteindre un niveau de vie
décent, c'est faire valoir un droit fondamental : le droit à la
« vie », à l'affranchissement du besoin qui
représente le souci essentiel de toute l'humanité. Le droit et
l'ordre visent la valorisation de la dignité humaine tout comme ils
visent également le plein épanouissement de la
personnalité dans la collectivité. Ainsi, avec la disparition de
la faim, de la nudité, de la peur et de l'intolérance ou de la
tyrannie, l'on arrive à ce que l'on désigne communément
sous le concept générique de «libre épanouissement de
la personnalité humaine». En un sens, ces libertés sont
illimitées, car elles reflètent essentiellement une conception de
la dignité humaine. Comme nous le voyons, il se dégage clairement
une philosophie des droits de l'homme dans cet aspect de l'anthropologie
politique de J. LOCKE. Une philosophie des droits de l'homme se trouve
là véhiculée. Mais comment s'articule-t-elle ?
127J. LOCKE, T.G.C., GF-Flammarion, 1992,
Chapitre III : De l'état de guerre, §17, p. 155.
128Idem, Chapitre II : De l'état de nature, §
10, p. 148.
129J. TULLY, Op. Cit., pp. 104-116.
130J. LOCKE, Op. Cit., Chapitre V : De la
propriété des choses, §§ : 27-28, pp. 163-164.
131Idem, Chapitre V : De la propriété des
choses § 32, p. 166-167.
132J. LOCKE, Op. Cit., § 86, p. 205 ; J.
TULLY, Op. Cit., pp. 78-79.
133Dans ce dernier aspect, nous relevons encore la
similitude du propos lockien avec celui du docteur angélique, saint
THOMAS d'Aquin, Op. Cit., I, II, 93,1.
134J. LOCKE, T. G.C., GF-Flammarion, Chapitre
V : De la propriété des choses, § 39, pp. 173-174.
135J. LOCKE, Op. Cit., Chapitre V : De la
propriété des choses § 45, pp. 176-178.
136Idem, Chapitre V : De la propriété des
choses § 51, pp.180-181.
|