Conclusion
L'anthropologie politique de J. LOCKE est un cadre favorable
pour comprendre le sens du développement du libéralisme
politique. Elle situe ce développement dans son origine véritable
: très en deçà de sa polémique tardive avec les
socialismes, où il évoque le projet de constituer contre l'Ancien
Régime, un ordre politique délivré du pouvoir de la
religion, où l'homme est l'auteur conscient de ses conditions de vie.
L'idée centrale de ce libéralisme politique,
tout comme de cette anthropologie politique, est nous le savons, celle de
l'individu. Non pas l'individu comme cet être de chair et d'os, moins
encore comme Pierre distinct de Paul, mais comme cet être qui parce qu'il
est homme, est naturellement titulaire des droits dont on peut dresser la liste
et qu'on peut revendiquer. Ces droits lui sont attachés
indépendamment de sa fonction, de sa race, de sa religion, de son
opinion politique, etc., et font de lui l'égal de tout autre homme. Ces
droits sont tout simplement inhérents à l'ontologie même de
tous et de chaque homme.
Le libéralisme politique s'identifie ici à
l'anthropologie politique de J. LOCKE. Et la philosophie contemporaine des
droits de l'homme comme nous l'avons vu, peut apparaître comme le
prolongement de cette doctrine. Ainsi, nous retrouvons notre question de
départ, à savoir, ce libéralisme politique originaire, en
bien des points tributaire des idées politiques de J. LOCKE, a-t-il eu
une incidence sur la dynamique contemporaine des droits de l'homme ? Cette
question nous permet d'amorcer la troisième et dernière partie de
notre étude, à savoir celle que nous avons intitulée :
l'anthropologie politique de J. LOCKE et la D. U.D.H..
TROISIEME PARTIE : L'ANTHROPOLOGIE POLITIQUE DE J. LOCKE ET LA DECLARATION
UNIVERSELLE DES DROITS
DE L'HOMME
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Introduction
Les chapitres antérieurs ont montré que cette
permanence existe. En effet, le paradigme lockien de la communauté
politique comme la D. U.D.H. enveloppent toute une théorie de
la citoyenneté. Par le consentement à la vie civile et par la
confiance qu'il accorde au pouvoir public, l'individu se transforme en citoyen.
Ce qui constitue une mutation et une promotion ; et en s'incorporant librement
au corps public, chacun participe désormais à sa propre gestion
en accédant à la dignité politique. Nous nous retrouvant
ici en face de l'un des axiomes de base du libéralisme politique, qui
est présente aussi bien dans l'anthropologie politique de J. LCOKE que
dans la D.U.D.H. Les droits du citoyen sont une obligation à la
citoyenneté. Quiconque n'assume pas ce devoir, n'accomplit pas son
humanité. L'autorité et tous les moyens mise à sa
disposition, ne sauraient ériger son pouvoir au-dessus des normes de la
république. Ainsi, nous retrouvons la question centrale de notre
recherche. A savoir : l'interrogation portant sur la nature véritable de
cette permanence constatée entre ces deux systèmes. L'enjeu ici
est d'établir le rapport véritable qui existe entre
l'anthropologie politique de J. LOCKE et la D. U.D.H., matrice de la
conscience contemporaine des droits de l'homme.
Nous allons tenter d'accéder à
l'intelligibilité de cette permanence en trois niveau.
Premièrement, au niveau des origines ; deuxièmement, au niveau
doctrinal et conceptuel et troisièmement enfin, au niveau des
finalités. A cet effet notre concept s'articulera en deux temps
où seront successivement examinés deux aspects du même. Le
premier aspect correspond à l'ordre dans lequel ranger cette permanence
; autrement dit, cette permanence est-elle de l'ordre de l'analogie, de
l'homologie ou de l'identité. Tandis que le second aspect essayera de
montrer qu'une telle approche de la question est non seulement susceptible de
porter un coup sérieux à la légitimité de la
dynamique des droits de l'homme et à leur tendance à
l'universalité, mais aussi ignore la signification profonde de
l'histoire des idées. Nous présenterons les conséquences
qui découlent d'une telle attitude, avant de proposer ce que nous osons
appeler : «une position prudente et constructive».
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