VII.2. Homologie ?
L'homologie désigne la similitude morphologique entre
deux ou plusieurs êtres. Nous recourons à l'homologie pour
établir le rapport de la parenté entre l'aspect doctrinal et
conceptuel de l'anthropologie politique de J. LOCKE, et la D. U.D.H.
Cependant, peut-on dire du système politique lockien qu'il est homologue
à celui promulgué par la D. U.D.H. ?
Il est manifeste que l'anthropologie politique de J. LOCKE est
un modèle d'humanisme. Ce modèle évoque
déjà, en fait, tous les droits de l'homme tel que nous les
connaissons aujourd'hui : les droits individuels et collectifs ; le droit
à
140A. I., Op. Cit. Préambule,
2ème Considérant, p.18.
l'intégrité physique et morale ; les droits et
les devoirs de l'Etat ; les droits des communautés ; les droits des
groupes d'individus ; les droits économiques, sociaux, culturels, etc.
Dans cette perspective, nous estimons que ce modèle d'humanisme est
prêt à rejoindre celui incarné par la D.U.D.H.
Dans ce sens, il est possible de parler d'homologie.
Mais, il importe aussi de remarquer que chez l'auteur du
T.G.C., ces droits ne sont pas clairement spécifiés, et
ne font pas l'objet d'une taxinomie et d'une systématisation
rigoureuses, comme cela est le cas dans la D. U.D.H. Ils sont
englobés dans des catégories ou concepts généraux
(ci-dessous pages : 94-97). Mais à partir du paradigme politique
lockien, nous le soulignons, il est déjà possible de parvenir
à une représentation des droits de l'homme.
Il convient aussi de noter que la théorie politique
lockienne n'a pas la même valeur que le document onusien. Il faut, en
effet, le souligner, ce dernier de plus en plus se présente comme ayant
force de loi. Actuellement, il est possible de demander des comptes à
tout contrevenant aux droits de l'homme : Etats, institutions, personnes
privées, etc. Voici autant d'éléments qui recommandent la
prudence dans l'application du qualificatif «homologue» aux deux
systèmes. Reconnaissons qu'il y a homologie, mais celle-ci n'est pas
rigoureuse.
VII.3. Identité ?
L'origine de ce mot (du latin idem : ce qui est le
même), le situe d'emblée au sein de la dialectique du même
et de l'autre ; au pôle du semblable, opposé alors à ce qui
est différent ou divers. Il signifie soit l'identité essentielle
d'un être à lui- même à travers des figures
différentes qu'il est susceptible de revêtir au cour de son
évolution, soit l'égalité de deux êtres en parfaite
réduplication de forme et de grandeur ou des qualifications
conceptuelles marquant pour des objets divers un semblable rapport au vrai.
Nous allons nous attarder sur le premier sens.
Nous sommes fondés à parler d'identité
dans un certain sens pendant que dans un autre le rapport n'est pas concluant.
Nous remarquons qu'il y a identité en ce qui concerne les origines :
l'anthropologie politique de J. LOCKE et la D. U.D.H.,
s'enracinent dans la théorie des droits naturels
d'origine divine. Donc originairement, les deux documents ressortissent
à un seul et même système ; le second étant la
représentation d'une étape plus évoluée du premier.
Il est ici question d'une identité essentielle : il y a une
parenté génétique entre le modèle lockien
d'humanisme politique et celui de la D. U.D.H.
Notre étude a conduit à admettre qu'il est
également possible de parler d'identité dans le sens des
objectifs visés par les deux systèmes (pages : 86-88). Ceux-ci
sont animés par une prétention ou une préoccupation
commune. Dans la mesure où ils se consacrent au problème de la
destinée de la grande famille humaine : l'espèce humaine. Dans le
même ordre d'idées, ils tentent de fonder une véritable
société reposant sur des valeurs d'équité, de
justice, de paix, d'égalité et de progrès. Dans une telle
société, la tyrannie, l'absolutisme, le totalitarisme, les
injustices, les guerres, etc., n'ont pas droit de cité.
Enfin, au niveau doctrinal, plus précisément
dans la consécration des droits attribués à l'homme. Chez
J. LOCKE comme chez les rédacteurs de la D.U.D.H., ce
critère reste l'égalité et la liberté à la
naissance, la conscience et la raison; autrement dit, la dignité
humaine. Ce sont ces qualités qui fondent la fraternité entre les
hommes (ci-dessus page 3, note 4 ; page 55, note 108 et page 56, note 109).
Il va s'en dire que dans son système J. LOCKE a
perçu certains droits qui sont les mêmes (ou ont un correspondant)
que ceux consacrés par le document onusien. Ce lien tient à la
fois entre l'analogie, l'homologie et l'identité. Cependant la
classification et le fonctionnement de ces droits n'obéissent pas
à un même schéma. A ce niveau de notre analyse, une
question se formule : dans quelle mesure exactement il est possible de soutenir
que LOCKE est le père de la D. U.D.H.?
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