Chapitre VIII. J. LOCKE et la Déclaration
universelle des droits de l'homme
VIII.1. J. LOCKE, un ancêtre droits de
l'homme
Le contexte historique d'apparition des droits de l'homme les
présente comme garantie conférée à une
minorité religieuse (les puritains ou la bourgeoisie en pleine
expansion) pour se protéger de l'emprise étatique aux mains de la
majorité religieuse. Les puritains sont des dissidents de l'Eglise
anglicane et de la politique de l'empire britannique des STUART. Le
T.G.C. de LOCKE a beaucoup influencé leur position, tout comme
il peut aussi être la justification a posteriori de la
Glorious revolution, leur mouvement. Les Déclarations
américaine et française des droits de l'homme ne peuvent se
comprendre et s'expliquer, qu'en se rattachant à cet ouvrage de LOCKE.
L'élan contestataire véhiculé par cet ouvrage s'enracine
dans la philosophie du droit naturel, et se présente essentiellement
comme une entreprise de rationalisation des revendications provenant de ces
minorités.
La D. U.D.H. de 1948 est aussi une oeuvre de
réaction. Elle n'est plus une réaction contre les aristocrates,
mais contre les atrocités du nazisme et des fascismes. L'objectif
qu'elle poursuit est de déterminer une sphère d'autonomie
à l'intérieur de laquelle l'Etat ne puisse s'immiscer. Au profit
de la liberté et de l'autonomie, elle entend mettre des barrières
juridiques à l'action de l'Etat. Elle a étendu les droits
individuels, reconnu et proclamé les droits des Etats et des peuples.
Elle a même fait les droits de la troisième
génération comme : les droits de solidarité, le droit au
développement, le droit à la paix, le droit à un
environnement sain, etc. Donc, historiquement, le système politique de
LOCKE et la D. U.D.H. sont d'abord deux réalités
différentes qu'il ne faut pas confondre.
Par ailleurs, après une phénoménologie
respective de ces deux systèmes, il est possible de relever des
similitudes. Cela est une évidence. Ainsi, à la suite de
l'anthropologie politique de J. LOCKE, la charte de 1948 considère
d'emblée que l'ordre politique est au service des personnes, et non le
contraire. Cet ordre doit être élaboré en fonction des
personnes et non le contraire ; parce qu'il n'existe pas de
sociétés qui précèdent celles que les personnes ont
instituées. Nous remarquons une insistance radicale sur la
priorité de la personne, priorité qui nous rappelle les
sophistes. 87
La société n'existe que par les personnes et
pour les personnes, et celles- ci ne la constituent qu'en vue de leur seule
promotion. En aucune façon, la société n'a de valeur ou de
consistance par elle-même. Autrement dit, la société est
loin d'être une réalité antérieure aux personnes qui
la constituent. De ce point de vue, le lien entre l'anthropologie politique de
J. LOCKE et la D. U.D.H. est saisissant. Ce ne serait pas commettre un
contresens ni divaguer que de regarder l'anthropologie politique de LOCKE comme
l'une des sources de la dynamique mondiale contemporaine des droits de
l'homme.
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