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Le Discours fondateur des droits de l'homme dans l'anthropologie politique de John LOCKE : essai de compréhension de l'apport lockien dans la Déclaration universelle des droits de l'homme

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Université de Yaoundé I - Maîtrise en Philosophie 2001
  

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Chapitre IX. Les droits de l'homme, un long processus historique

La D.U.D.H., n'est pas une invention abrupte, c'est-à-dire une création ex- nihilo. Elle est une formulation systématisée et formalisée d'un acquis par processus de la conscience historique. Nous allons essayer d'en faire l'histoire. Celle-ci remonte aux périodes historiques les plus lointaines : textes des grandes religions judéo-chrétiens et arabo-musulman ; textes babyloniens d'HAMOURABI et égyptiens ; textes gréco-latins. Même chez les peuples sans écriture, les principes relatifs au respect des personnes sont présents dans les traditions de pensées, de religions, des arrêts de tribunaux coutumiers, etc. Essayons d'examiner la quintessence de ces cultures en matière des droits de l'homme.

IX.1. L'expérience des grandes religions

IX.1.1. Le message judéo-chrétien

La finalité de la D. U.D.H., coïncide avec le précepte judéo-chrétien du respect de la personne et de « l'amour du prochain ». Cette doctrine, les éléments historiques nous le montrent, est formulée dès le premier livre de l'Ancien Testament, la Genèse, qui déclare l'homme fait à l'image de Dieu 143 . D'où sa participation au projet général de ce dernier. Ce rattachement et cette participation (de l'homme) au projet général de Dieu, est le fondement de la dignité inhérente à l'homme, et la source des droits de l'homme.

Le Nouveau Testament ne s'éloigne pas de cette vision : « JESUS Christ est venu sur terre pour l'homme, pour réaliser son salut ». En effet, devenu le principe universel de salut, il obtient pour chaque homme de devenir fils de Dieu 144. En d'autres termes, chaque homme est devenu une nouvelle créature, née par le Saint-Esprit. Tous ceux qui adhèrent à lui par la foi et le baptême, constituent la famille de Dieu. Dans cette famille, il n'y a « ni juif, ni grec, ni femme, ni homme, ni esclave, ni homme libre ; tous ne font qu'un dans le Christ JESUS »145. Tout homme est l'image du DIEU invisible et, le frère du Christ146.

Ainsi, le juif, le chrétien trouvent en chaque homme Dieu lui-même, avec son exigence absolue de justice et d'amour. Le précepte de « l'amour du prochain » trouve ici toute sa signification et se traduit aussi bien en commandement de Dieu qu'en celui de l'Eglise. Sur le plan des rapports inter humains, il inspire le principe de l'existence en l'homme, du droit au respect. C'est sur cet aspect qu'à la suite de l'Ancien Testament, le christianisme fonde la reconnaissance, le respect de la dignité humaine et tout ce qui en découle. C'est également sur ce même principe que les rédacteurs de la Déclaration américaine des droits de 1776 s'appuyèrent pour justifier leur entreprise de sécession vis-à-vis de l'empire britannique et du roi de Grande-Bretagne : « Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes naissent égaux, que leur créateur les a dotés de certains droits inaliénables, parmi lesquels la vie, la liberté et la recherche du bonheur »147 . Enfin, nous remarquons que, c'est sur ce même aspect que l'Eglise Catholique, une spécificité du Christianisme, fonde sa doctrine sur les droits de l'homme148.

C'est en reprenant à son propre compte l'expérience de la Bible, des Pères de l'Eglise, des membres de l'Ecole juridique et de l'école théologique espagnoles du XVIème siècle (VITORIA, SUAREZ, LAS CASAS), que l'Eglise catholique fonde sa doctrine actuelle en matière des droits de l'homme. Habituellement, celle-ci admet le fondement des droits de l'homme déjà dans la loi naturelle. Ses prémisses : l'ordre social est orienté vers le bien des personnes, chaque personne est dotée de l'intelligence et de liberté, la personne humaine est et doit être le sujet, le principe et la fin de toutes institutions sociales.

Sur ces prémisses, le magistère fonde et affirme les grandes libertés et droits fondamentaux149 : égalité, dignité en nature sans distinction de race, de

147C. BECKER, Op. cit., p. 263. Presque toutes les déclarations des droits de l'homme proclament les droits sous les auspices de l'Être Suprême. Cf. Les préambules de la Déclaration française de 1789, de la constitution américaine de 1791 et même de la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.

148La doctrine de l'Eglise catholique sur les droits de l'homme est résumée dans COMMISSION PONTIFICALE JUSTICE ET PAIX, L'Eglise et les droits de l'homme document de travail n°1, Librairie Editrice Vaticane, 1975. Sur le même chapitre, nous renvoyons aux excellentes contributions de monseigneur TSHIBANGOU THISHIKU, «L'Eglise et les droits de l'homme», in Philosophie et droits de l'homme, Actes de la 5ème semaine philosophique de Kinshasa, du 26 avril au 1er mai 1981, pp. 17-31 et de G. THILIS, «Droits de l'homme et théologie catholique», in Revue théologique de Louvain, 1980, n° 03, pp. 352-361.

149Une liste exhaustive des grandes libertés et droits fondamentaux est dressée dans COMMISSION PONTIFICALE JUSTICE ET PAIX, L'Eglise et les droits de l'homme, document de travail n°1, Librairie Editrice Vaticane, 1975, pp. 22-24.

 

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150 Idem. pp. 24-28.

151Comme la déclaration Dignitas humanae personae sur la liberté religieuse et Gaudium et spes, sur l'Eglise dans le monde contemporain.

152 Sur cette polémique, nous renvoyons à S. LAGHMANI, «Pensées musulmanes et théorie des droits de l'homme», in Y-J. MORIN (dir.), Op. Cit., pp. 147-149. Du même auteur, «Islam et droits de l'homme», in G. COGNAC & A. ABDELFATAH (dir.), Islam et droits de l'homme, Economica, 1994, pp. :42-46. Egalement, P. TAVERNIER, «Les Etats arabes, l'O.N.U. et les droits de l'homme. La déclaration universelle des droits de l'homme et les pactes de 1966», in G. COGNAC & A. ABDELFATAH (dir.), Op. Cit., p. 57, Note 1. Egalement S. DIOP, «Islam et droits de l'homme, une problématique actuelle, un impacte certain», in G. COGNAC & A. ABDELFATAH (dir.), Op. Cit., pp. 73-83. Enfin, Y. BEN ACHOUR, «Nature, raison et révélation dans la philosophie du droit des auteurs sunnites», in Y-J. MORIN (dir.), Op. Cit., pp.1 59-160.

153S. LAGHMANI, «Islam et droits de l'homme» in G. COGNAC & A. ABDELFATAH (dir.), Op. Cit., pp. 51-52; Y. BEN ACHOUR, Article cité, in Y-J. MORIN (dir.), Op., Cit., pp.1 66-167.

154Cf., ci-dessous pages : 111-113.

155Sourate des Croyants, 115; Sourate Sâd, 17 ; Sourate de la Fumée, 38,39.

religion ; droit à la vie, intégrité physique et morale, etc. Le magistère a également mis en lumière plusieurs libertés ou droits fondamentaux150, notamment dans le domaine des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels qui ont pour objet : l'association, le mariage, la famille, la participation à la vie politique de son pays, le travail, la propriété privée, la liberté dans le choix de son état vie, l'éducation, la liberté de mouvement et de résidence à l'intérieur du pays où l'on est résident, etc., qui tous, constituent des secteurs clés de toutes activités individuelles ou collectives.

Un moment décisif, dans l'élaboration de cette doctrine est l'oeuvre du pape LEON XIII. Trois grandes encycliques sont à mettre en exergue : Immortale dei, Sapientia christianae et Libertas praestantissima. Dans ces encycliques, ce pape traite des constitutions des Etats modernes et de leurs relations avec l'Eglise. Il reconnaît à celle-ci une perfection propre dans son ordre et une indépendance légitime dans son domaine. En même temps, il y affirme les droits fondamentaux de l'homme, en particulier celui des citoyens dans la vie politique des Etats. Par ailleurs, il situe le rôle du jugement normatif que l'Eglise a le droit d'exercer vis-à- vis des Etats. Sur le plan social, la célèbre encyclique Rerum novarum, 1891 (Les choses nouvelles) traite des droits de l'homme dans le domaine social. Elle appelle les Etats et les employeurs à reconnaître le droit des travailleurs à la justice, précisément dans les relations travailleurs/employeurs. Un accent particulier est mis sur la rémunération, qui doit être en mesure de couvrir les besoins du travailleur.

Au XXème siècle, les différents papes de PIE XI à JEAN PAUL II, ainsi que certaines déclarations151 du Concile Vatican II et du Synode Episcopal de 1971 relatif à la paix dans le monde, soulignent la signification et la portée des droits de l'homme. Par exemple, PIE XI (1922-1939) dans Quadragesimo anno (1931), urge les exigences générales du bien commun et le devoir de l'autorité publique de veiller à l'établissement des conditions économiques et sociales indispensables à l'exercice concret des droits au travail. Dans Divini redemptoris (1937), il oppose la doctrine des droits de la personne aux principes et à la pratique du totalitarisme communiste

(LENINE) avant de s'enflammer dans d'autres textes analogues contre les fascismes et le nazisme.

Dans le Synode Episcopale de 1971, les Évêques déclarent « le combat pour la justice et la participation à la transformation du monde ». Ce combat apparaît comme une dimension constitutive de la prédication de l'Evangile, laquelle est la mission de l'Eglise pour la rédemption de l'humanité et sa libération de toute situation oppressive. Dorénavant, la défense des droits de la personne humaine est poursuivie par les conférences épiscopales ou par les évêques individuellement et par toute la communauté chrétienne. Elle est étudiée et animée par les commissions nationales Justice et Paix, elles-mêmes, calquées sur la grande Commission Pontificale du Saint Office.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand