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Le Discours fondateur des droits de l'homme dans l'anthropologie politique de John LOCKE : essai de compréhension de l'apport lockien dans la Déclaration universelle des droits de l'homme

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par Sédard-Roméo NGAKOSSO-OKO
Université de Yaoundé I - Maîtrise en Philosophie 2001
  

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I.2.4. Les Temps Modernes

Non seulement, la pensée contractualiste culmine à l'époque moderne, mais ce moment représente un tournant décisif dans l'histoire de son élaboration. Cette époque est divisible en deux grandes phases. D'un côté, nous avons la période classique, le XVIIème siècle, avec les auteurs comme : T. HOBBES (1588-1679), H. GROTIUS (1583-1645), S. PUFENDORF (1632-1694), B. SPINOZA (1632-1677) et J. LOCKE

27S. GOYARD-FABRE, Op. Cit., p. 49.

(1632-1704), avec des ouvrages hautement significatifs. Respectivement le Léviathan (1650), le Droit de la guerre et de la paix (1727), le Droit de la nature et des gens (1672), le Traité théologico-politique (1670), et le Traité du gouvernement civil (1690). De l'autre côté, il y a le XVIIIème siècle, les Lumières, où nous avons remarqué l'apport considérable de J.J. ROUSSEAU (1712-1718) avec son Du contrat social ou principe du droit politique (1762), et E. KANT (1724-1804) avec ses Conjectures sur les débuts de l'histoire humaine et de son Traité de paix perpétuelle (1795).

Ces penseurs ont donné une nouvelle configuration conceptuelle à la notion et à la doctrine du contrat social. Mais, leurs différentes conceptions y relatives restent protéiformes et très controversées. Dès qu'on les confronte, on ne sait plus exactement : le contrat social est-il l'acte par lequel se forme la société ou se fonde le gouvernement, est-il conclu entre les particuliers ou entre ces derniers et le souverain ? Résout-il un problème de fondement ou d'origine, de genèse ou de structure, de constitution sociale ou de légitimité politique ? Enfin, le contrat est-il un acte unique ou se décompose-t-il en deux ou trois actes différents, ces actes sont- ils successifs ou simultanés ?

Ce qui est certain, c'est que ces inquiétudes traduisent une évidence. L'idée de « contrat social » est devenue une plate-forme de la philosophie politique et s'est chargée des équivoques au point de rendre sa nature difficile à cerner. C'est dans cette optique qu'il faudra comprendre les premières critiques qui lui étaient adressées. Nous pensons ici à celles de SHAFTESBURY (1617-1713)29, de MONTESQUIEU (1689-1755)30, surtout à celle de D. HUME (171 1-1776)31, la plus virulente de toutes.

Au-delà de cette controverse constatée entre ces théoriciens, leurs

28Idem, p. 73.

29Il s'agit d'A. ASHLEY COOPER III, 3ème comte de Shaftesbury, petit-fils de l'ami de LOCKE, dans son ouvrage intitulé, les Characteristics.

31D. HUME, Essai sur le contrat primitif, Vrin, 1972, p. 136. Egalement S. GOYARD-FABRE, Op. Cit., pp. 204- 210.

30MONTESQUIEU, 44ème Lettre persane. L. ALTHUSSER en a donné un remarquable résumé : MONTESQUIEU, la
politique et l'histoire
, P.U.F., 1985, p. 21 & pp. 26-29. Egalement S. GOYARD-FABRE, Op. Cit., pp. 203-204.

32J. RAWLS, Théorie de la justice, Seuil, 1987, p. 91 : « En premier lieu : chaque personne doit avoir un droit égal au système le plus étendu de liberté de base égale pour tous qui soit compatible avec le même système pour les autres. Deuxièmement : que les inégalités sociales et économiques doivent être organisées de façon à ce que, à la fois, (a) l'on puisse raisonnablement s'attendre à ce qu'elles soient à l'avantage de chacun et (b) qu'elles soient attachées à des positions et à des fonctions ouvertes à tous ».

différentes conceptions se recoupent dans son organisation en trois moments. A l'origine, l'état de nature. Ensuite le contrat ou le pacte social. Enfin, l'état civil ou la communauté politique. Ce paradigme du contrat montre qu'on ne fait plus appel à une légitimité de type religieux ou transcendant pour approuver l'autorité politique. Et que la base de l'autorité n'est rien d'autre qu'un contrat volontaire, passé tacitement entre l'ensemble des individus ayant consenti à vivre en communauté politique les uns avec les autres. Ceci, en vue de leur épanouissement, de leur bonheur et de leur sécurité.

Même à notre époque, l'intuition contractualiste de l'origine de la société est loin d'être parvenue au terme de son parcours. Elle est présente dans la monumentale Theory of justice (1971) de J. RAWLS. Ce livre est une tentative de redéfinition de l'idée de la justice distributive. C'est-à-dire : du principe d'allocation et de redistribution des richesses économiques, sociales et symboliques dans le contexte des sociétés contemporaines traversées par le « fait du pluralisme » et de son corollaire d'inégalités. RAWLS soutient que, dans une société bien organisée, l'accord sur « Deux principes de justice »32 devraient fonder l'adhésion des populations aux institutions démocratiques.

D'un côté, le premier principe reconnaît à tous les individus des libertés égales. D'un autre côté, et à condition que le premier principe soit respecté et conçu comme prioritaire, il faut que tous les membres de la société puissent se représenter la répartition des biens et des richesses comme équitable au sens où ils ne puissent imaginer une autre répartition plus « juste ». Ainsi, même les plus défavorisés devront considérer que les inégalités existantes sont à leur avantage. Pour une démocratie, RAWLS estime qu'il ne s'agit pas de supprimer toutes les injustices. Mais de s'interroger sur celles qui sont compatibles avec le respect des libertés fondamentales, de la dignité anthropologique et sur celles qui ne le sont pas, et qui doivent être réformées.

Pour réaliser cette entreprise, RAWLS recourt à une fiction méthodologique qui place les individus dans une situation idéale afin de choisir les meilleurs principes de justice sociale acceptables par tous. Cette situation idéale ou « position originelle » correspond au « voile d'ignorance »33. Là dedans, les individus ignorent la place qu'ils occuperont et les conditions du monde dans lequel ils vivront une fois le contrat passé. Cette « position originelle » dans laquelle les hommes adoptent les normes de leur société future est l'équivalent «post-moderne» de l'idée de « contrat social ».

Comme nous pouvons le voir, la réflexion philosophico-politique n'a pas fait fortune égale entre la thèse naturaliste et la thèse conventionnaliste de l'origine de la société. On dénote la prépondérance de la dernière sur la première, dont elle démontre l'incohérence en raison et anéantit la perspicacité. Après avoir traversée le monde païen et le monde chrétien, cette idée de « contrat social » est devenue avec les Modernes, une manière communément admise de penser le problème de l'origine des sociétés civiles et de l'autorité politique. En d'autres termes, un lieu commun de la philosophie politique classique. Elle est une «re-conception» de l'homme ayant atteint majorité et autonomie, arraché aux superstitions éthiques et au pluralisme politique dont s'était encombrée son histoire au Moyen Age. De cette «re-conception» de l'homme, est née une nouvelle manière de voir, la silhouette d'un homme nouveau, séduisante, riche et pleine d'espérance. C'est ce message d'optimisme politique que J. LOCKE véhicule dans son anthropologie politique.

33J. RAWLS, Op. Cit.,pp. 168-169.

34J. LOCKE, T.G.C., GF-Flammarion, 1992, Chapitre II : De l'état de nature, § 04, p. 143.

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