III - 4. RECOMMANDATIONS
La spécificité de notre thème veut que
toutes nos recommandations soient formulées à l'endroit des
établissements de crédit afin que les conséquences
néfastes soient au maximum jugulées.
A cet effet nous formulerons deux séries de recommandation
dont une générale et une spécifique.
> Les établissements de crédit
doivent attacher une importance extrême à leur structure de
bilan qui conditionne le coût des ressources : comme tout le
marché connaît l'importance de cette gestion du passif sur la
rentabilité des établissements, les conditions de refinancement
qui leur sont offertes dépendent largement de la qualité de leur
bilan. Un bon bilan permet d'obtenir des financements de marché à
des taux favorables, qui placent l'établissement dans une position
concurrentielle avantageuse. Les banques qui créent de la monnaie
doivent se refinancer en monnaie banque centrale lorsqu'elles perdent la
monnaie qu'elles ont créée. Le coût de ce refinancement
pèse sur leur rentabilité. La pression concurrentielle
entraînant une baisse des marges doit inciter les banques et
établissements financiers à se montrer plus agressifs en terme de
relation client.
> Aux contraintes prudentielles, la
législation oblige les banques et établissements financiers
à détenir des fonds propres suffisants pour couvrir les risques
qu'ils assument. Outre les fonds propres, les divers ratios et normes
devront être rigoureusement respectés. En effet, l'obtention
d'accord de classement de la BCEAO permet à l'établissement qui
le détient plus de crédibilité surtout dans les
prévisions de son besoin de trésorerie. Le pouvoir de
création monétaire revient aux banques primaires, ce qui veut
dire qu'elles
doivent d'abord être confrontées à une
demande de crédit de la part des emprunteurs qui accepteront de payer
les taux d'intérêt en vigueur. Ces banques pour les besoins du
refinancement sur le marché monétaire devront mener une analyse
financière rigoureuse de leurs dossiers de crédit mais aussi
cibler la période où elles sont le plus sollicitées.
Cela pour dire qu'un refinancement à des conditions favorables
est fonction de la qualité des actifs détenus dans le
portefeuille de l'établissement en question.
structurelle, le recours à une source de
financement stable est le mieux indiqué. Il est aussi reconnu
de façon unanime que l'épargne est la source de financement la
moins chère. Tout crédit s'ajoute au volume de monnaie existant
et tout crédit fait de nouveaux dépôts. Les banques devront
drainer le maximum de clientèle c'est-à-dire leur espace bancaire
aux dépens de leurs concurrents. Ce processus de séduction de
nouveaux épargnants ne se fera pas sans une amélioration des
services bancaires et financiers, une réduction des distances entre la
banque et le client, bref une guerre des guichets à laquelle se livrera
la banque pour accroître son portefeuille client.
> Le recours à un refinancement par le marché
monétaire est dans la plupart des cas motivé par les tensions de
trésorerie que connaissent les établissements de crédit.
Les différentes évolutions du secteur bancaire et financier ainsi
que l'instabilité de marché en général doivent
inciter les trésoriers à plus de vigilance. Les impasses de
trésorerie sont courantes lorsque les entrées et sorties ne sont
pas prévues. Ainsi il est fortement recommandé aux
trésoriers une gestion active de la trésorerie. La
gestion de trésorerie ne consiste pas à assurer l'adossement
systématique et parfait des ressources et des emplois mais à
optimiser et à gérer les décalages des
échéanciers d'emplois et de ressources. Il devra
mettre en place une stratégie qui tienne compte de la solvabilité
de l'établissement, du degré de sécurité etc.
Le risque de liquidité ne peut jamais être
complètement éliminé : Il peut simplement être
géré, plus ou moins prudemment10.
B. Recommandations spécifiques
> Lors de nos entretiens, il est ressorti que deux banques
n'avaient pas recours au refinancement sur le marché monétaire.
Leurs
10 Jacques DARMON - Stratégie bancaire et
gestion du bilan - P. 118
raisons s'expliquent soit par leur spécialisation sur
un segment particulier ou par la durée des financements qu'elles
octroient aux ménages. Ces explications fort possibles n'empêchent
pas les fuites monétaires qui interviennent en cas de crédit
octroyé à court, moyen ou long terme. Ces fuites doivent
être compensées sur le marché monétaire. Il y va de
soit que ce marché regroupe tout établissement dont
l'activité principale est le financement de l'économie à
travers l'octroi des crédits. Ces établissements de
crédit gagneront donc à y recourir à chaque fois que le
besoin se fait sentir.
> Le marché des Titres de Créances
Négociables est une composante du marché monétaire.
Cependant au cours de nos recherches, les banques interrogées n'ont pas
fait mention de cette source de refinancement. Il est vrai que sa mise en
oeuvre requiert beaucoup de temps et de moyens notamment les accords de
classement qui certifient la qualité des effets mais cette source
présente de nombreux avantages pour les établissements qui
l'utilisent : les TCN sont souples d'utilisation et de
négociabilité, favorisent la consolidation des ressources et
surtout présentent des opportunités pour le
développement
de nouveaux services bancaires. Une
utilisation de ces instruments ne peut qu'assurer un plus de
rentabilité.
> Les banques et établissements financiers de
l'UEMOA évoluent dans un marché au potentiel énorme. La
mondialisation et la globalisation ont fini de donner les exemples sur le
travail collectif, sur la nécessité d'une franche collaboration
entre les économies. A l'échelle du pays ou de la zone
monétaire commune, les établissements de crédit
gagneront beaucoup plus à se considérer comme des
partenaires. L'union fait la force et c'est dans cet esprit qu'ils
peuvent affronter l'avenir. A ce titre, « la banque de réseau
» dont parlait Monsieur Abboul Mbaye est à considérer au
plus haut niveau.
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