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La cohérence de la double conditionnalité des institutions de Bretton Woods

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par Cédric LAVERIE
Université Paris X - D.E.A. de Droit des Relations Economiques Internationales et Communautaires 2001
  

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B. L'évolution du rôle de la Banque Mondiale

Le Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD), tout comme le Fonds, a été fondée à la conférence monétaire internationale tenue à Bretton-Woods (New Hampshire, Etats-Unis) du 1er au 22 juillet 1944. Ses activités opérationnelles ont débuté le 25 juin 1946.

Destinée par Keynes, dans son aspect reconstruction, à être l'institution en mesure de prêter des capitaux aux pays qui avaient été dévastés par la guerre pour leur permettre de relever leurs économies, la Banque, du moins au début, aurait dû se concentrer sur la reconstruction européenne. Mais la Banque n'a en fait pratiquement pas participé à la reconstruction de l'Europe d'après-guerre. C'est le plan Marshall, mis sur pied par les Etats-Unis seuls, qui a rempli ce rôle. La Banque a destiné seulement quatre prêts à la reconstruction pour un total de 497 millions de dollars tandis que le plan Marshall avait transféré 41,3 milliards de dollars. En tant qu'organisation internationale pour la reconstruction, la Banque n'a donc quasiment pas existé.

Concernant l'aspect développement, la Banque est chargée d'assurer le «développement des ressources productives des Etats membres, contribuant par-là à améliorer, sur leurs territoires, la productivité, le niveau de vie et la condition des travailleurs9(*).».

Les économistes de la Banque mondiale des années 60 appartenaient au même milieu et partageaient le même credo réformiste que les gouvernements de J.F. Kennedy et L. Johnson. Et ce, non seulement parce que l'économie du développement était une ramification de l'économie keynésienne, mais aussi parce que le keynésianisme servait de base idéologique à ces économistes qui voyaient dans l'intervention administrative dans l'économie la solution aux problèmes économiques. Jusqu'en 1973, le raisonnement de la Banque a été que les pays en développement devaient être soutenus dans leurs efforts de croissance. Or l'aide publique au développement (APD) accordée par les pays développés était (et est encore) totalement insuffisante. La Banque devait donc intervenir dans cette situation pour prêter des sommes importantes aux pays en développement pour qu'ils atteignent un rythme de croissance et des revenus suffisants pour rembourser leurs dettes.

A partir de 1973, suite à l'augmentation du prix des produits pétroliers, le raisonnement tenu par la Banque peut être résumé de la manière suivante : en empruntant, les pays en développement vont pouvoir développer leurs infrastructures, augmenter leur production d'énergie et accroître leur production destinée à l'exportation. Prenant comme hypothèse que les prix des produits exportés par ces pays sur le marché mondial allaient augmenter, les recettes d'exportation allaient donc croître de façon importante grâce à l'augmentation cumulée des quantités et des prix. Cela devait permettre aux pays en développement de payer le service de la dette et de réinvestir une partie de leurs revenus dans l'amélioration de leur industrie d'exportation. Ce raisonnement a été contredit par la réalité avec la chute importante des prix des produits exportés dans les années 80 conjuguée à la progression exponentielle des taux d'intérêt dans la même période

Cette stratégie prit donc fin avec l'explosion de la crise de la dette mais aussi avec l'arrivée de R. Reagan au pouvoir en 1981. L'arrivée d'une équipe néo-conservatrice à la Maison Blanche plaça la Banque mondiale en porte-à-faux idéologique avec Washington, à un moment où l'endettement du tiers monde remettait en cause ses pratiques expansionnistes. Elle fut alors perçue comme une bureaucratie dépensière désireuse de se substituer au secteur privé et fut donc « remise sur le droit chemin ».

L'économie restant la science majeure du développement, une nouvelle génération d'économistes, proches de l'école de Chicago, prit la relève. Les concepts libéraux, qui voient dans les acteurs publics des parasites attachés à leurs privilèges et entravant le fonctionnement harmonieux des marchés, deviennent la ligne officielle. Les équipes d'économistes furent changées et les anciennes considérées comme «manquant des compétences économiques et techniques appropriées et restant attaché aux pratiques étatistes du passé 10(*) ».

La révolution libérale de la Banque se caractérisa aussi par un changement dans les techniques employées. En effet, la Banque va aller au-delà de son approche traditionnelle, qui était auparavant essentiellement basée sur le financement de projets, pour se diriger vers une approche de financements de programmes.

Ce qu'on a appelé le consensus de Washington, et qui va orienter l'ensemble des politiques économiques mondiales vers les objectifs d'austérité budgétaire et de libéralisation du commerce et des capitaux, refléta la convergence des stratégies adoptées par ces nouveaux économistes, les néo-conservateurs, et les milieux financiers. La nouvelle idéologie de la Banque et les politiques d'ajustement structurel traduiront ces intérêts en termes de développement. De plus, après 1982, avec le tarissement total des prêts des banques commerciales aux pays en développement, la Banque se retrouve en position de force, celle du prêteur préférentiel et donc capable d'imposer ces nouvelles conditions qui vont au-delà de son champ d'action précédent. La Banque va donc utiliser cette nouvelle position afin de mettre en place sa propre conditionnalité qui va alors s'ajouter à celle du FMI pour créer la double conditionnalité.

* 9 Article I (ii) des statuts de la BIRD

* 10 Devesh Kapur, John P. Lewis et Richard Webb, The World Bank. Its First Half Century, The Brookings Institution, Washington, D.C., 1997, p1193

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