2.1.1.2 La relève du tourisme tanzanien
Le paysage tanzanien, rappelons-le, est d'une beauté
extraordinaire. Le volcan aux neiges éternelles, le Kilimandjaro, est un
atout touristique de 5895 m de hauteur; sans oublier la présence
d'autres sommets plus importants (Mont Méru, Cratère de
Ngorongoro) auxquels il faut associer les plus grands lacs de la région
à savoir Tanganyika, Victoria et Malawi. En
plus, le pays dispose des ressources naturelles (surtout la
faune sauvage) assez exceptionnelles dont le célèbre Parc
National du Serengeti (14.763 Km2) au Nord et dans le Sud, la
Réserve de chasse de Selous (43.000 km2).
Toutes ces potentialités touristiques montrent que le
tourisme pourrait être le secteur de tête en ce qui concerne
l'économie du pays. Et pourtant, l'exploitation de cet incroyable
potentiel ne fait que sérieusement démarrer suite à une
prise de conscience assez tardive, consécutivement à la
déclaration du Président Nyerere, en 1967, qui préconisait
une politique de socialisme et d'autosuffisance pour réussir son
développement, politique baptisée Ujamaa1.
Depuis cette date, tous les choix qui ont présidé à la
mise en oeuvre d'une politique de conservation néo-coloniale devraient
se débarrasser de toute ingérence occidentale, idéologique
en particulier; comme conséquences, le pays s'est privé de tout
investissement en provenance de l'occident.
Au départ, ce choix semble satisfaisant puisque la
fréquentation touristique des zones protégées augmente de
11 % par an entre 1969 et 1976. Puis, les recettes se stabilisent un peu avant
de baisser ensuite jusqu'en 1986, de telle sorte qu'à fin des
années 80, le secteur touristique tanzanien tenait une place
médiocre (seulement 2 % du PIB). La stagnation de ce secteur durant les
années Nyerere s'explique par son souci d'éviter selon lui,
« la pollution idéologique apportée par ces ? hordes
barbares ? occidentales » (Baroin C.; Constantin F., op. cit.), mais
aussi par son incapacité à réaliser son
développement parce que sans aide ou investissement des pays riches, la
Tanzanie ne parvient pas à faire face à la concurrence farouche
du Kenya qui, en phase avec l'économie capitaliste du monde occidental,
développe un tourisme de qualité par rapport à ses
concurrents directs de l'Afrique orientale en matière de gestion des
réserves de faune sauvage.
Les nouvelles tendances économiques affichées
par les autorités tanzaniennes qui se confirment après le
départ de Nyerere en retraite au milieu des années 1980
entraînent un changement d'orientation très net en ce qui concerne
la politique du tourisme dans le pays. Ce changement est à associer
aussi avec le début des réformes économiques entreprises
dans les années 1986-1987 dans le cadre du Programme d'Ajustement
Structurel négocié entre l'Etat tanzanien et les institutions de
Bretton Woods. Au début des années 90, le nombre de touristes a
augmenté petit à petit grâce à cette ouverture vers
l'extérieur, de nouveaux hôtels se sont implantés, des
lodges et camps de toile luxueux se sont augmentés à
l'intérieur des aires protégées, etc.
Outre le bénéfice accru pour l'Etat,
l'augmentation de nombre de visiteurs, 351.000 visiteurs en 1998 contre 100.000
en 1987, a des répercussions positives sur l'emploi (services, artisanat
local, etc.). La Tanzanie semble vouloir donc suivre la voie empruntée
il y a longtemps par le Kenya et la superficie de ses sanctuaires est telle
qu'elle peut développer un tourisme efficace et lucratif semblable
à celui de son voisin Kenya.
1 Le principe étant de « Compter sur
ses propres forces: self reliance »
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