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Populations et aires protégées en Afrique de l'Est

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par Gaspard RWANYIZIRI
Université Michel de Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
  

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2.1.1.3 Conflits armés comme bases du fléchissement du secteur
touristique au Rwanda, au Burundi et en Ouganda

L'histoire récente a montré qu'au cours des trois dernières décennies, les conflits armés ont eu un impact, parfois très important, sur le maintien en l'état des espaces protégés dans certains pays de l'Afrique orientale. Quelles que soient les formes que prend un conflit (international, civil, tribal, rébellion, etc.), ses conséquences possibles sur la faune et ses habitats peuvent être diverses et persistantes, ce qui compromet immédiatement l'avenir du tourisme dans la région.

En Afrique de l'Est, les conséquences des conflits sur les zones protégées sont ici illustrées par des exemples vécus au Rwanda ( et par voie de conséquence en Ouganda), la situation qui prévaut actuellement au Congo-Kinshasa et ses conséquences sur les zones protégées des pays voisins, à savoir le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi; sans oublier bien sûr les tensions politico-sociales qui règnent dans ce dernier pays depuis 1993.

Pour le cas du Rwanda, on a l'habitude de dire que le secteur du tourisme constituait (à la veille des années 90) la troisième source de devises pour le pays, derrière le café et le thé, avec des recettes de 15 millions de $ (soit à peu près 0,5 % du PNB, chiffre 1989). L'industrie touristique semblait avoir atteint un certain degré de développement. Aujourd'hui, le tourisme ne représente plus qu'un très faible pourcentage du Produit Intérieur Brut, mais est toujours la troisième source de devises du pays selon l'Office Rwandais du Tourisme et des Parcs Nationaux (2001), et emploierait environ 5000 personnes.

Ce dynamisme de l'industrie touristique rwandaise des années 1980 a été d'abord perturbé par le début de la guerre, en 1990, puis par les événements de 1994, sans oublier le contexte régional assez difficile qui en a résulté. A l'heure actuelle, tous les espaces protégés du pays connaissent (ou ont connu), depuis à peu près 12 ans, des menaces liées au contexte politico-social du pays ou de sa région.

Le Parc national des Volcans (150 km2), le plus attrayant et sans doute le plus visité des sites touristiques rwandais, abrite notamment les derniers spécimens des fameux Gorilles des montagnes. Ses activités avaient d'abord été perturbées au début des années 1990 par la présence dans cette zone des forces du Front Patriotique Rwandais (FPR). Et, depuis en 1996, les infiltrations des ex-FAR (Forces Armées Rwandaises) et les milices Interahamwe1 à partir de la République Démocratique Rwandaise (le Zaïre de l'époque) voisine ont empêché jusqu'à présent le redémarrage de la fréquentation touristique normale.

Le Parc national de l'Akagera, peuplé de grands mammifères dans une savane arborée et arbustive, est considéré comme le deuxième site touristique le plus visité du pays. Cependant, il a été récemment réduit à 60% de sa superficie (900 km2 en 2002 contre 2500 en avril 1994) en raison de l'installation des anciens réfugiés de 1959 venus d'Ouganda. En outre, il fut le terrain des premiers combats entre le FPR et les ex-FAR en 1990. Son activité était alors devenue quasi-nulle.

1 Nom attribué aux génocidaires rwandais de 1994

Le Parc National de Nyungwe (l'ex-Forêt naturelle du même nom jusqu'au mois d'Avril 2001), localisé entre 1700 m et 2.920 m d'altitude, abrite la plus vaste forêt primaire d'altitude d'Afrique (97.000 ha). Mais, situé non loin de la République Démocratique du Congo, et surtout constituant au Sud le prolongement du Parc National de Kibira au Burundi, elle est réputée très fréquentée par les ex-Forces Armées Rwandaises et leurs milices Interahamwe basés en R.D.C. Et malgré la reprise de ses activités, depuis 1994, les visiteurs ont été très peu nombreux (150 en 1995, 30 en 1997, 300 en 1999, 700 en 2000)1. Il faut signaler aussi que la fréquentation est traditionnellement moindre que celle du Parc National des Birunga et du Parc de l'Akagera.

Comme on le voit, la situation politico-sociale actuelle du pays n'est pas très favorable au développement de l'industrie touristique sur le territoire national, ce qui constitue, pour les donateurs du Nord, un grand obstacle à tout projet de développement à long terme. Et pourtant, les autorités locales y croient toujours et font tout pour redynamiser le secteur. Parmi les projets à long terme, on évoque la possibilité d'une intégration du circuit régional comme c'était le cas avant le drame de 1994, au moment où les parcs nationaux rwandais, en particulier celui des Volcans, recevaient un grand nombre de touristes en provenance du Kenya dans le cadre du prolongement de leur séjour à Nairobi.

En outre, les besoins (réhabilitation, aménagements, bases de données) et les idées de projets ne manquent pas, mais les financements en revanche, sont plus rares suite aux raisons ci-haut évoquées. Notons enfin que dans le but de mobiliser les particuliers (le secteur privé), certains établissements (hôtels) qui jadis appartenaient à l'Etat ont été privatisés ou sont en cours de privatisation.

Pour ce qui est du Burundi, il faut dire que le tourisme des années 80 et début 90 s'affirmait comme un secteur économique en pleine évolution (surtout dans le Parc national de Kibira) et potentiellement très intéressant pour l'avenir. Cependant, suite aux troubles politiques et les conflits armés que connaît ce pays depuis 1993, les infrastructures légères d'accueil, pouvant recevoir quelques visiteurs, qui existaient ont été détruites.

Malheureusement cette situation ne s'améliore pas puisque les aires protégées, à l'instar du Parc National de Kibira au Nord-Ouest, servent de lieux d'approvisionnement des assaillants qui mènent des attaques sporadiques dans les zones habitées, principalement la capitale Bujumbura. De surcroît, la situation à côté de la frontière Est et Ouest, respectivement avec la Tanzanie et le Congo-Kinshasa, n'est pas du tout bonne étant donné que c'est là où se trouvent les camps des réfugiés, considérés par les autorités burundaises comme des bases arrières des assaillants. Cette contrainte majeure, si elle perdurait, pourrait remettre en cause la sécurité des aires protégées de ce pays et par voie de conséquence du tourisme burundais.

En ce qui concerne le développement de l'industrie touristique en Ouganda, il faut dire qu'il a été freiné par les conflits politico-ethniques qui ont ravagé le pays pendant 14 ans (1972-1986). A la fin de ces conflits, l'état de tous les espaces protégés était en général déplorable. La faune, pierre angulaire du tourisme ougandais, avait été décimée par les braconniers et les trafiquants de tout genre. Certaines espèces, comme les éléphants massacrés au Queen Elisabeth en 1977 (Sournia G., op. cit.), étaient menacées d'extinction: ils étaient 12.000 au début des années 70, mais en décembre 1986 ils n'étaient plus que 1.500 d'après

1 In Marchés tropicaux et méditerranéens, n° 2923, Novembre 2001

l'enquête menée par les ONGs de protection de la nature dans le pays. De plus, les équipements des parcs avaient été détériorés, plusieurs hôtels étaient fermés en attendant leur rénovation.

De 1986 à nos jours, plusieurs progrès ont été faits en matière du tourisme mais les menaces liées aux conflits régionaux handicapent toujours son plein essor par rapport à ce qui se passe au Kenya ou en Tanzanie, deux autres pays qui ont bénéficié certains avantages (routes, voies ferrées) de la couronne britannique mais qui, au contraire de l'Ouganda, connaissent une stabilité politique depuis l'indépendance. En effet, les aires protégées localisées à la frontière de l'Ouganda avec les pays là où règnent l'insécurité, à l'instar du Parc national de Kidepo avec le Soudan au Nord ou les Parcs nationaux de Queen Elisabeth, de Ruwenzori et de Murchison Falls avec la République Démocratique du Congo à l'Ouest, ne reçoivent plus beaucoup de touristes, ce qui bloque comme nous l'avons dit, le nouvel essor du tourisme ougandais.

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