WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Populations et aires protégées en Afrique de l'Est

( Télécharger le fichier original )
par Gaspard RWANYIZIRI
Université Michel de Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.1.2.2 Des apports socio-culturels peu convaincants

Comme nous l'avons vu précédemment, les professionnels de la conservation ont commencé à défendre l'impact social et culturel lié au tourisme comme l'une des plus importantes motivations de la création des aires protégées dans les pays du Sud. Une logique à ne pas catégoriquement nier mais qu'il ne faut pas non plus prendre en considération en toute sa totalité.

Face à cette ambivalence, certaines études ont été faites là-dessus en vue d'éclaircir le sujet. Parmi les résultats obtenus, on a constaté que les impacts sociaux peuvent promouvoir la santé ou la religion dans un pays d'accueil. Ce qui n'est pas facile à vérifier dans la mesure où le contact entre les deux communautés différentes est souvent limité. Mais il y a les touristes euro-américains qui profitent de leurs vacances pour aller annoncer la parole de Dieu dans les pays du Sud. Ceci concerne en général les églises protestantes (d'origine anglo- saxonne en général) en pleine ébullition pour le moment dans certains pays comme le Rwanda ou le Burundi où les croisades qui se tiennent la plupart des fois en été réunissent les chrétiens de toutes provenances.

En outre, ils disent que les contacts avec les étrangers peuvent affecter le comportement moral des populations locales en développant par exemple la prostitution dans les milieux urbains. Ceci est tout à fait vrai dans la mesure où l'on trouve chaque soirée des jeunes filles qui circulent devant les hôtels de Kigali où logent leurs principaux clients (ces derniers sont devenus très nombreux depuis 1994 lors de l'arrivée massive des ONG humanitaires dans le pays). Quant aux impacts culturels, ces études affirment qu'ils dépendent de la communication culturelle à travers la langue. Ceci concerne surtout les traducteurs et les guides qui s'arrangent tant bien que mal pour s'entretenir avec les nouveaux venus. De surcroît, les impacts culturels peuvent promouvoir la vente des arts traditionnels dans les milieux fréquentés par les touristes mais surtout dans les villes où ces objets sont souvent vendus devant les hôtels d'accueil de ces touristes.

En faisant une étude sur le cas du Kenya, C., Dufour (op. cit.) précise qu'il est douteux de dire que les « parcs, générateurs de flux touristiques, permettrait un échange culturel et social entre étrangers et locaux, chacun allant à la rencontre de l'autre, dans un seul élan d'humanisme, de philanthropie, de curiosité et de bonté. » L'auteur ajoute qu'il est impensable de dire qu'un touriste étranger qui débarque dans une ville comme Nairobi, dans le but de maximiser son calendrier de vacances dans les parcs, aurait réellement l'envie d'aller à la rencontre des pauvres paysans de la région. Pour lui, il semble que les « seuls échanges durables qui aient effectivement lieu soient ceux qui modifient les coutumes locales en matière d'habillement, la façon de se nourrir et autres. » C'est ainsi qu'on voit par exemple des jeunes Maasai (vêtus de jeans et de baskets) circuler dans les villes kenyanes (Nairobi, Nakuru, Mombasa, etc.) à la recherche d'un touriste à qui vendre quelques objets artisanaux. Ce qui peut d'ailleurs développer des réseaux de banditisme.

Par ailleurs, l'auteur évoque quelques arguments plus positifs et réalistes par lesquels les espaces protégés sont socialement bénéfiques aux populations locales. C'est le fait par exemple que les aires protégées qui accueillent un plus grand nombre de touristes chaque année auraient pu stimuler le gouvernement kenyan à construire des routes à l'intérieur du pays et à améliorer les services téléphoniques et de santé dans les régions riveraines de ces espaces.

Enfin, l'autre argument social est celui qui est en rapport avec les droits de l'homme dans les pays d'accueil. En effet, pour qu'un pays puisse accueillir un plus grand nombre de touristes étrangers, et surtout occidentaux, il faut qu'il soit stable politiquement avec un système démocratique assez convaincant. C'est ainsi que certains pays est-africains, à l'instar du Kenya, ont compris qu'il fallait garantir aux visiteurs une situation de paix et de sécurité afin qu'ils acceptent de s'y rendre. A contrario, les touristes désertent les pays instables ou dictatoriaux, comme ce fut le cas de l'Ouganda du dictateur Idi Amin Dada dans les années 70 ou moins encore comme c'est le cas aujourd'hui avec les tensions qui règnent dans la région des grands lacs (Rwanda, Burundi, l'Ouest de l'Ouganda).

En définitive, on peut dire (sans se tromper) que les aires protégées apportent beaucoup plus aux gouvernements qu'aux acteurs locaux. Ceci s'explique par le fait que les décideurs politiques épousent les idées qui ont été développées durant l'époque coloniale ou celles qui sont avancées aujourd'hui par les associations de protection de la nature au détriment des intérêts des populations locales. Comme conséquences, les bénéfices tirés dans l'industrie touristique remplissent les caisses des Etats alors que les populations chassées de leurs terres éprouvent des difficultés de survie.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon