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Populations et aires protégées en Afrique de l'Est

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par Gaspard RWANYIZIRI
Université Michel de Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
  

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2.2 Les défis auxquels la politique de conservation est confrontée

En dehors des problèmes liés au braconnage ou à la dégradation de l'environnement à l'intérieur des parcs suite au tourisme de masse dans certains espaces protégés de l'Afrique de l'Est, le grand défi actuel auquel sont confrontés les gestionnaires des zones protégées de cette partie de l'Afrique et ceux qui sont chargés de leur apporter un appui au niveau international, tant technique que financier, est de jongler entre les conflits pour la terre autour et dans les aires protégées de telle manière à satisfaire et les besoins humains, et les besoins animaux.

En effet, les problèmes liés à la création des aires protégées découlent non seulement de la pression démographique qui remet en cause leur existence comme c'est le cas au Rwanda et au Burundi, mais aussi de l'expropriation des terres touchées par ces classements à l'instar de ce qui se passe au Kenya, en Tanzanie ou en Ouganda, voire au Rwanda et au Burundi.

2.2.1 La pression démographique comme menace potentielle pour la protection de la nature au Rwanda et au Burundi. Illustration par l'étude des cas.

La partie septentrionale de la région des Grands Lacs (Burundi, Rwanda et Kivu montagneux) enregistre des densités humaines qui atteignent aujourd'hui des seuils asiatiques, la raison pour laquelle C. Thibon (1992) souligne que « cette zone serait à l'Afrique, toutes propositions gardées, ce que le Golfe du Bengale est au sous-continent indien. » Les densités rurales au Rwanda et au Burundi sont élevées puisqu'elles ont dépassé la moyenne nationale (mi-1993) de 214habitants/ km2 (100 en 1960, 124 en 1970) au Burundi, allant, au niveau communal, de 50 à 900habitants/km2 (Thibon C., 1992; May J., 1996; Cochet H., 2001).

Au Rwanda, la pression démographique est plus forte encore, la densité physique nationale atteignant 307 habitants/km2 au début d'avril 1994 (143 en 1970, 188 en 1978, 272 en 1991), avec des densités communales du plateau central dépassant les 1000 habitants/km2

Carte n° 7: Evolution de la forêt d'altitude sur la Crête Congo-Nil et dans le Nord-Ouest du Rwanda

(Twarabamenye E. et Karibana M., 1997; Imbs F., 1997). En excluant les parcs naturels et les forêts, la densité physiologique atteint 378 habitants/km2. Entre fin avril 1994 jusqu'à nos jours, période du génocide et les conséquences qui l'ont suivi, le pays n'a connu qu'un dépeuplement partiel parce que le nombre des morts et des départs a été vite rattrapé dès fin juin 1997, suite au retour des anciens et nouveaux réfugiés qui, pour la majorité, étaient dans les pays limitrophes. A l'heure actuelle, la population rwandaise s'élève à 8.109.754, soit une densité physique de 308 habitants/km2 (MINIFINECO: Direction des Statistiques, 2001).

Cependant, même s'il existe en Afrique d'autres régions où les densités physiques sont aussi très élevées, à l'instar des pays Ibo et Kano au Nigeria, le Fouta Djalon en Guinée Conakry ou le Pays Bamiléké ou Monts du Mandara au Cameroun, l'Afrique des Grands Lacs constitue un cas particulier dans la mesure où ces fortes densités se sont construites en l'absence totale de ville, et que l'urbanisation de la région est restée l'une des plus basses du monde (Bidou J. E., op. cit.).

Ces fortes densités ont un impact assez important dans des pays essentiellement agricoles comme le Rwanda et le Burundi (94% de la population totale) puisqu'une augmentation de la densité signifie une réduction de la superficie cultivée par habitant ou encore celle des Exploitations Agricoles Familiales (EAF) car le nombre de ménages ne cesse d'augmenter.

Au Rwanda par exemple, J. D. Nduwayezu estimait à 0,91 ha (1990) la taille moyenne d'une Exploitation Agricole Familiale. Au rythme de la croissance démographique actuelle (3,1 % en 1997), cette taille sera inférieure à 60 ares en l'an 2013 et chaque habitant ne disposera que de 15 ares de terre arable (Voir Tableau n° VI).

Tableau n° VI: Comparaison entre densités de population et terre arable par habitant au Rwanda (de 1950 à 2013)

Année

Population

Densité physiologique (18.740km2)

Terre arable par habitant en are

1950

1.954.870

104

-

1960

2.694.990

144

-

1964

-

-

54

1970

3.756.607

200

47

1976

-

-

39

1978

4.831.522

263

37

1982

-

-

34

1987

-

-

28

1991

7.155.391

382

-

2000

8.109.754

433

-

2002

-

-

23

2005

9.446.559

504

-

2013

12.059.889

644

15

Source: - Nduwayezu, J. D. (op. cit.)

- MINEFINECO: Direction des statistiques (2001) - Projections

En ce qui concerne le Burundi, la situation est presque semblable à celle du Rwanda car, selon J. E. Bidou (op. cit.), le paysan burundais vivait, en 1988, sur une Exploitation Agricole Familiale de O, 71 ares, soit cinq fois plus petite que le minimum vital de 1952, c'est-à-dire 3,5ha. Avec un taux de croissance qui se stabilise autour de 3% depuis 1990 (Thibon C, op. cit.), la taille moyenne de l'Exploitation Agricole Familiale sera encore plus petite dans les années à venir.

Cette situation reste préoccupante de telle manière qu'en l'absence de mouvements d'émigration de grande envergure ou des processus d'urbanisation1 ou tout simplement l'ouverture à d'autres activités (non agricoles bien sûr), le doublement de la population aura pour corollaire une densification extrême du milieu rural qui, à son tour, engendrera de fortes perturbations sur l'environnement et le mode d'organisation de l'espace.

En vue de satisfaire à ses besoins, la population procède à l'intensification de l'agriculture. L'utilisation du sol et sa conservation, l'activité agricole, base de l'économie des deux pays sont grandement affectés. Les exploitations agricoles familiales sont devenues de plus en plus petites. La pression sur les parcs nationaux, les réserves naturelles, les milieux marécageux ou les espaces boisés est très grande.

Face à cette forte demande de nouvelles terres à cultiver, une conclusion peut être tirée: la logique de la « bonne adéquation ressources-populations » qui est recherchée dans tous les plans de développement est remise en cause dans les deux pays. Ceci a (ou aura) sans doute un impact sur la politique de conservation dans les deux pays étant donné qu'il sera finalement impossible de continuer à geler de grands espaces destinés à la protection de la nature alors que les populations riveraines de ces espaces n'ont pas de terres à exploiter.

Le Rwanda, avec sa densité moyenne dépassant 300 habitants/ km2 et où toutes les collines sont cultivées jusqu'au sommet, est l'exemple typique de ce qui risque d'être la situation de plusieurs régions d'Afrique dans les années à venir.

Pour bien analyser cette problématique, nous avons préféré étudier deux types de cas, l'un ancien, l'autre nouveau, afin de mieux cerner l'emprise de la pression démographique sur la souveraineté des aires protégées dans un pays densément peuplé de cette partie de l'Afrique, c'est-à-dire le Rwanda.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault