WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Populations et aires protégées en Afrique de l'Est

( Télécharger le fichier original )
par Gaspard RWANYIZIRI
Université Michel de Montaigne-Bordeaux III - DEA Géographie 2002
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2.2.3.2 Les dommages causés par le tourisme intensif

A l'heure actuelle, un des plus grands dangers auxquels les aires protégées se trouvent souvent confrontés tient à l'érosion humaine consécutive à l'afflux de touristes. Dans bien des pays, et en particulier dans ceux de l'Afrique de l'Est, l'accès aux espaces protégés n'est plus sévèrement réglementé. En conséquence, ils reçoivent chaque année un nombre de visiteurs qui est très élevé quelquefois par rapport à leur capacité d'accueil. Ce qui n'est pas du tout mauvais pour leurs gestionnaires puisque ces derniers ne visent que les intérêts lucratifs. Par contre, certains d'entre eux ne parviennent pas à réaliser les conséquences de cet afflux des touristes sur le milieu naturel, alors que des études menées dans ce domaine révèlent qu'une fréquentation trop forte entraîne la dégradation de l'écosystème à l'intérieur des espaces protégés. Voilà pourquoi on accuse souvent les défenseurs de la nature d'être des extrémistes, de faire obstacle au progrès, de nuire au bien-être des communautés locales et de vouloir créer ou organiser des aires protégées pour l'usage exclusif des scientifiques ou des fortunés.

En faisant une étude sur le cas des parcs et réserves du Kenya, pays est-africain qui tient le record du nombre de touristes enregistrés annuellement (plus d'un million ces dernières), A. Huetz de Lemps (op. cit.) et C., Dufour (op. cit.) dégagent quelques voies par lesquelles une nuée de touristes entraîne la dégradation du milieu écologique à l'intérieur des espaces protégés kenyans les plus visités.

En premier lieu, C., Dufour évoque le cas d'une dégradation liée à la circulation des automobiles dans les parcs et réserves kenyans. Bien que strictement réglementée en effet, cette circulation se fasse au moyen de minibus ou de 4x4 qui, sensés suivre les mêmes chemins, provoquent une érosion des sols suite au passage répété des véhicules très chargés et trop nombreux, surtout en période pluvieuse. Par conséquent, la strate herbacée y est écrasée et finit par disparaître (voir figures n° 4 et 5).

Figure n° 4: Minibus en promenade dans la Réserve de Maasai-Mara. Au premier plan, des traces d'érosion légère et au second plan, attroupement de plusieurs véhicules

(Photo prise par Céline Dufour, 2001)

Figure n°5: Erosion du couvert végétal sur des pistes lanières par les roues des
véhicules à l'intérieur de la Réserve de Maasai-Mara

(Photo prise par Céline Dufour, 2001)

A part cette photo qui illustre la situation qui prévaut à l'intérieur de la Réserve de Maasai-mara, A. Huetz de Lemps (op. cit.), quant à lui, parle des effets négatifs d'une fréquentation touristique excessive qui se fait dans le Parc national d'Amboseli. Selon lui, ce

parc « est envahi par les Européens qui viennent du littoral: les minibus sont plus nombreux que les éléphants et le parc a tendance à se transformer en zoo. Par leurs parcours incessants le long des pistes, les minibus contribuent à fragiliser un milieu déjà menacé par les remontées salines et l'extension des zones montagneuses. »

En deuxième lieu, les deux auteurs évoquent la pratique du « hors-piste » à MaasaiMara, un geste qui est néfaste suite à ses effets négatifs sur la couverture végétale, mais considéré comme utile afin de donner du plaisir aux touristes, car il permet de voir de plus près les animaux, surtout dans la Réserve de Maasai-Mara, où l'étendue du territoire (son immensité) le permet sans beaucoup de difficultés.

Enfin, une autre zone en danger est celle des nappes aquifères qui, situées en dessous des lodges construits sur pilotis (tree-lodges), reçoivent des eaux usées en provenance de ces lodges, ce qui est très dangereux pour la vie des animaux qui y viennent encore en masse pour boire de l'eau.

Dans tous les cas, il faut dire que le développement du tourisme à grande échelle produit tôt ou tard un conflit aigu entre les exigences de la protection de la nature et l'industrie touristique. En effet, on a constaté que les nombreux cas de dégradation du milieu naturel dus au développement du tourisme intensif amènent souvent ceux qui sont liés professionnellement ou sentimentalement à la protection de la nature à adopter des attitudes restrictives ou complètement négatives, allant parfois jusqu'à l'expulsion des touristes des zones protégées. Devant cette attitude, des réactions de vengeance de la part de ceux qui visent les intérêts lucratifs pourraient être nombreuses.

Pour trouver une solution, ou moins un élément modérateur dans le conflit ci-haut cité, les spécialistes de la conservation ont mis en place le concept de « tourisme écologique », c'est-à-dire par définition le « tourisme qui doit apporter à toutes les parties concernées [associations de protection de la nature, populations locales, industrie touristique] les satisfactions qu'elles attendent, en évitant les effets dommageables pour le milieu naturel. »

(Dabrowaski P., op. cit.)

Pour y arriver, il faut que ces dernières fassent preuve de beaucoup de bonne volonté et échangent des informations exactes. D'une part, les défenseurs de la nature doivent comprendre qu'il est impossible d'exclure le tourisme parce que ce dernier est source de richesses pour le pays, et d'autre part, les autorités chargées de la protection de la nature doivent prendre en considération les aspects écologiques dans l'aménagement d'une région en fixant d'abord des normes pour un usage durable des ressources naturelles, puis en estimant la capacité touristique d'une région. Ce qui n'est pas facile pour les pays du Sud parce que cet aménagement exige des études environnementales, économiques et sociales très poussées.

En définitive, on peut dire que la politique de conservation en Afrique orientale a des avantages et des inconvénients. Parmi ses avantages, la promotion du tourisme dans la région est sans doute l'une de ses mérites même si la manne qu'il procure n'arrive pas aux populations locales. Par contre, elle est à la base de certains conflits fonciers qu'on trouve en Afrique orientale ex-anglaise. De surcroît, elle est aujourd'hui confrontée à beaucoup de défis, comme le problème de pression démographique, celui de la dégradation du milieu écologique suite, d'une part, aux dommages causés par la surpopulation de certaines espèces animales et végétales, et d'autre part, à cause du tourisme intensif.

Conclusion de la deuxième partie

La politique de conservation dans les Etats nouvellement indépendants de l'Afrique orientale a connu, dès le début des années 1970, des orientations différentes suite aux sensibilités politiques qui étaient au pouvoir à l'époque.

Après à peu près quatre décennies de leur action, le bilan reste aujourd'hui « mitigé » car, au-delà de quelques avantages économiques qui permettent aux différents gouvernements d'obtenir des devises, le coté humain reste catastrophique. En effet, l'avenir de populations expulsées de leurs terres reste incertain, sans oublier que les bénéfices tirés dans l'industrie touristique n'arrivent pas à tout le monde.

Face à tous ces problèmes, les spécialistes de la conservation se sont aperçus que cette situation allait à l'encontre des objectifs recherchés, ce qui a poussé les associations de protection de la nature d'élaborer de nouvelles stratégies en la matière. L'objectif premier étant celui de trouver le moyen de préserver la beauté des paysages, de même que les écosystèmes et la diversité biologique, tout en assurant que les aires protégées contribuent le plus possible au bien-être des populations locales.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand