2.1.3 Réformes administratives
Parmi les réformes administratives à faire en
vue de faciliter la mise en oeuvre de la politique de conservation associant
les populations locales, le principe de «
décentralisation » est à l'honneur
à cause de son principal avantage de donner la parole au monde d'en bas,
c'est-à-dire les paysans. Théoriquement, certains auteurs dont R.
Passet (1994, repris par F. Busson, op. cit.) fondent aujourd'hui ce principe
sur une perspective systémique du fonctionnement des
sociétés. Selon cet auteur, le « dynamisme d'un
système repose sur l'activité des sous-systèmes qui le
composent, pour autant que celle-ci ne mette pas en cause les finalités
d'un niveau d'organisation supérieur. » Dans cette logique, il
est tout à fait normal que toute décision devrait être
prise au niveau, et par le niveau où elle développe ses
conséquences. Ce qui explique bel et bien le mode de fonctionnement des
systèmes administratifs décentralisés et comment ces
derniers faciliteraient l'intégration des populations au processus de
gestion des aires protégées.
C'est d'ailleurs sur ce point que l'expérience des
programmes ADMADE (Zambie) et CAMPFIRE (Zimbabwe) semble
particulièrement convaincante et enrichissante en la matière,
même si certains leur reprochent d'une certaine dépendance
vis-à-vis de leurs Etats respectifs. En effet, il se pourrait que les
deux Etats s'ingèrent davantage dans les affaires internes de ces
programmes, ce qui ne serait pas intéressant puisque les
décisions prises par les communautés locales n'auraient pas de
poids comme il le faudrait. Mais au moins une chose est sûre dans ces
pays: la décentralisation du pouvoir est une chose au moins comprise et
son influence est très grande en faveur du monde d'en bas,
c'est-à-dire les populations locales.
Ainsi, pour la bonne marche de cette structuration, il
faudrait que toutes les initiatives de gestion de l'espace
protégé naissent des acteurs de terrain, à savoir les
communautés locales. Quant à l'Etat, son rôle doit
être celui de canaliser ces initiatives dans l'axe de la conservation et
de la protection. On espère que les fameux Programmes d'Ajustement
Structurel (dans leur volet politique de décentralisation) qui sont en
cours dans les pays du Sud pourront servir de bases en matière de
réaménagement des aires protégées de ces pays
même si leurs résultats actuels laissent à désirer.
De surcroît, on espère que la récente création
de l' « Union africaine » sera une sorte
d'impulsion pour la mise en place de cette politique de décentralisation
dans tous les Etats du continent.
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