2.1.4 Dynamiser le tissu économique dans les pays du
Sud
Comme nous l'avons vu précédemment, les
gestionnaires des aires protégées dans les pays du Sud ont depuis
longtemps fait savoir que les rentrées financières directes (le
tourisme en particulier) ne sont pas à mesure d'équilibrer les
coûts dépensés lors de l'entretien de ces espaces. De
surcroît, il a été aussi constaté que le maintien de
ces espaces reste aujourd'hui l'affaire qui concerne beaucoup plus les Etats du
Nord que ceux du Sud.
Partant de ce dernier constat, les bailleurs de fonds sont
aujourd'hui persuadés que ce schéma classique des relations
Nord/Sud va en l'encontre du contexte socio-économique et
environnemental actuel de « développement durable »
puisqu'ils considèrent que « tout projet sous financement
international doit avoir une durée limitée » afin
finalement d'être pris (au bout de quelques années) en charge par
l'Etat bénéficiaire, c'est-à-dire sur le territoire duquel
le projet est localisé.
En réalité, cette logique est parfaitement
convaincante dans le cadre d'une action de développement en long terme
telle que les projets de conservation participative, mais le problème
est de savoir si certains gouvernements du Sud seront capables de prendre
durablement le relais de ces projets compte tenu des autres exigences
économiques auxquelles ils sont confrontés. Pour éviter ce
déséquilibre, certaines mesures doivent être prises au Nord
comme au Sud.
D'une part, tous les gouvernements du Sud doivent
désormais adopter de nouvelles stratégies en matière de
conservation, c'est-à-dire en reconnaissant officiellement que les
populations riveraines des aires protégées doivent être les
premiers bénéficiaires de ces espaces, c'est-à-dire en
développant les projets de conservation participative où ces
populations sont invitées à jouer un rôle de premier plan.
En outre, ils doivent renoncer à cette mauvaise habitude de compter sur
les aides en provenance de l'extérieur. Au contraire, des projets locaux
de conservation participative doivent être financièrement soutenus
(dans la mesure du possible bien sûr).
D'autre part, puisque nous savons que les principaux
bénéficiaires des parcs et réserves analogues sont
plutôt les personnes du monde occidental, à la recherche du «
Jardin d'Eden » qu'elles ont perdu chez elles, et les tours
opérateurs (tours operators), d'origine occidentale en
général, qui sont capables de transformer ces espaces en produits
rentables, il convient que les gouvernements du Nord puissent continuer, tout
en rompant avec leur politique d'ingérence, à apporter leur
soutien financier et matériel (là où le besoin se fait
sérieusement sentir) afin que le patrimoine faunistique et floristique
dans les pays du Sud soit protégé le plus longtemps possible et
bénéfique au profit des populations locales.
En somme, on peut dire que les nouvelles bases conceptuelles
prévues pour les aires protégées du
21ème siècle sont considérées comme des
objectifs supplémentaires qui viennent renforcer les progrès
atteints jusqu'à présent dans le domaine de la conservation. Leur
but ultime est celui de développer le pays en commençant par les
populations vivant aux alentours des aires protégées.
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