1.2.2 Etude d'une aire protégée: approche
développementaliste
Le mariage entre la politique de conservation et le
développement a démarré en 1971 au moment où
l'UNESCO avait lancé le programme intitulé « L'homme et
la Biosphère (Man and Biosphere: MAB) à l'échelle
planétaire. Il s'agit d'un programme de coopération scientifique
portant sur les interactions entre les activités humaines et
l'environnement. Le but ultime de ce programme est d'avoir une meilleure
connaissance de la structure, du fonctionnement des écosystèmes
et des conséquences des actions anthropiques sur ces
écosystèmes. A partir de là s'est mise en place la «
notion de la biosphère » qui fait partie des espaces
protégés dont une partie est destinée à
l'utilisation traditionnelle au profit des populations autochtones.
Au début des années 80, les principales
organisations de conservation de la nature (UICN, WWF et PNUE) ont jugé
bon de suivre cette voie en publiant un document cher (Stratégie
mondiale de la conservation) en matière de conservation car il
reconnaît pour la première fois la participation effective des
populations autochtones en mettant en valeur leurs savoirs, mais surtout en
adoptant désormais une politique de valorisation économique de la
biodiversité avec redistribution des bénéfices aux acteurs
locaux (Devies G., 1998). Bref, les populations locales sont reconnues
officiellement comme les acteurs en jeu dans la politique de conservation au
même titre que l'Etat ou les ONG de protection de la nature.
Depuis la conférence de Rio de 1992, cette politique de
conservation en associant les populations locales a intégré des
questions environnementales dans ce qu'on appelle aujourd'hui «
le développement durable. » A cet effet, le
principe 22 de la déclaration de Rio est très clair: «
les populations et les communautés autochtones et les autres
collectivités locales ont un rôle vital à jouer dans la
gestion de l'environnement et le développement du fait de leurs
connaissances du milieu, de leurs pratiques traditionnelles. Les Etats
devraient reconnaître leur identité, leur culture et leurs
intérêts, leur accorder tout l'appui nécessaire à la
réalisation d'un développement durable. » (ONU, 1992
repris par D. Chartier et B. Sellato, 1998)
Dès lors, ce concept de « développement
durable » est le leitmotiv de tous les projets de conservation et de
gestion de l'environnement dans le monde, étant donné que la
finalité de ce concept est aujourd'hui de satisfaire aux besoins des
générations présentes sans priver celles de demain des
moyens de satisfaire aux leurs. De ce fait, on constate que l'effort fourni
par les organisations de protection de la nature et les autres
bailleurs de fonds dans le financement des projets a remarquablement
augmenté ces dernières années. En outre, ces ONG
reconnaissent désormais que la participation des acteurs locaux dans la
planification, dans le développement et la mise en oeuvre de tels
projets est très nécessaire même si sur le terrain beaucoup
de choses sont à revoir comme nous le verrons pour le cas des Projets
Intégrés de Conservation et de Développement en Afrique
orientale.
En définitive, il faut dire que la politique actuelle
de conservation qui associe les populations autochtones et autres acteurs
locaux est une bonne chose puisqu'elle est bénéfique à ces
populations contrairement aux différentes politiques menées
depuis le début du 20ème siècle par
l'administration coloniale, puis par les autorités des Etats
indépendants. Avant d'étudier l'état d'avancement de cette
nouvelle politique en Afrique de l'Est, nous allons d'abord retracer
l'historique des politiques qui l'ont précédée.
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