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Le baccalauréat: Un rite de passage dans une société moderne occidentale comme la France ?

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par Abdou Khadre LO
Université de Caen Basse-Normandie - Maîtrise de Sociologie 2000
  

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C. LA PREMIERE MOITIE DU 20ème SIECLE

La réforme de 1902 a dans l'étude de l'histoire du baccalauréat, une grande importance dans la mesure où elle a donné à l'examen l'ossature sur laquelle elle se fonde aujourd'hui encore. Le baccalauréat, unique souci d'égalité de standing pour tous les bacheliers, sans distinction de disciplines était considéré comme un acquis fondamental.

Ainsi malgré des critiques récurrentes le baccalauréat unique fut maintenu en l'état.

En 1913, une commission parlementaire s'intéressait au bien fondé des différentes séries du baccalauréat A ( latin, grec), B ( latin, langues vivantes), C (latin, sciences) et D ( sciences, langues vivantes) et au maintien ou non du baccalauréat classique lorsqu'elle fut interrompue dans ses travaux par la première guerre mondiale.

Ce n'est qu'en 1922 que le débat parlementaire reprit ses droits 1(*).

Pendant la guerre, « les compagnons de l'Université nouvelle », un groupe de jeunes enseignants s'agitaient pour une totale réorganisation du système éducatif. Ils proposaient un système qui offre plus de choix de formation aux élèves. Ils voulaient qu'après un tronc commun élémentaire, les élèves puissent s'orienter selon leurs besoins et leurs capacités.

Ainsi en 1923, une nouvelle réforme établissait trois nouvelles sections au lycée. Des séries contenant toutes, le même programme en sciences dans les classes de seconde et de première. Les principales matières pour chaque série étaient :

A : français, latin, grec, mathématiques, sciences.

A' : français, latin, une langue vivante, mathématiques, sciences.

B : français, deux langues vivantes, mathématiques, sciences.

Le but était d'éviter la spécialisation précoce des élèves et de leur apporter une éducation à la fois scientifique et littéraire avec nombre de matières communes : français, mathématiques, sciences, histoire et géographie.

Le 7 août 1927, Herriot, ministre de l'éducation de l'époque présentait un projet de réforme visant à harmoniser les programmes scolaires et l'examen du baccalauréat. Le ministre proposait d'abord une augmentation du nombre d'épreuves écrites. Ces épreuves constituant pour lui le meilleur moyen de juger du niveau réel des élèves. Ensuite, il réorganisait la première partie du baccalauréat qui a eu lieu en fin de classe de première. Cette première partie devait refléter l'équilibre existant entre les trois sections qui correspondaient à trois types de « culture générale » équivalents.

La seconde partie de l'examen ayant lieu à la fin de la terminale, les épreuves écrites de philosophie, de physique et de sciences naturelles étaient devenues obligatoires aussi bien au baccalauréat philosophie qu'au baccalauréat mathématiques.

Après cette réforme, il s'en suivit une longue période de relative tranquillité jusqu'à la seconde guerre mondiale.

Mais avant d'aller plus loin, il serait opportun de revenir sur la situation des filles dans l'enseignement secondaire.

La première tentative pour fonder un enseignement secondaire des jeunes filles fut entreprise par Victor Duruy et elle suscita la farouche opposition de l'église catholique. L'initiative était pourtant modeste. Duruy ne voulait nullement créer des établissements spéciaux pour lesquels les crédits auraient manqué. Il demandait seulement aux municipalités « d'instituer dans des locaux dépendant d'elles des cours publics payants auxquels, les mères pourraient conduire leurs filles, et où des professeurs des lycées de garçons donneraient des conférences plutôt que de vraies leçons »1(*). Mais l'église opposa, par la voix de Mgr Dupanloup, le sexe des professeurs à celui des élèves, et le caractère public des cours à la vocation privée des femmes.

Pour Prost, l'hostilité de l'épiscopat s'expliquait par la crainte d'une concurrence qui pourrait menacer les institutions religieuses dans leur monopôle de fait. Et l'entreprise de V. Duruy n'eut qu'un succès limité. Une quarantaine de cours publics s'ouvrirent, on en comptera 101 avec 4206 élèves en 1881. De plus, il fut impossible d'organiser un cycle régulier d'études, sur trois ou quatre années comme l'avait pensé Duruy. Cependant, l'enseignement secondaire féminin progressait.

Dans les cours privés prospères, le niveau des études s'élevait. Faute de diplôme particulier sanctionnant ces études, le brevet supérieur se voyait recherché par des jeunes filles qui ne se destinaient nullement aux fonctions d'institutrices. Mais très vite lycées et collèges de jeunes filles s'organisèrent : on comptait 23 établissements en 1883 et 138 en 1913 selon Antoine Prost.

Il rajoute que « l'enseignement féminin ressemblait beaucoup à l'enseignement spécial, mais peu avant la guerre de 1914, des cours facultatifs de latin, puis de grec, s'introduisent clandestinement. Le diplôme terminal n'avait jamais été très privé : au lieu du brevet supérieur, on commence à songer au baccalauréat. »2(*)

Par la mutation de la condition féminine qu'elle provoque, la guerre de 1914 accélère la transformation de l'enseignement féminin.

De 1922 à 1924, dans six lycées de la région parisienne, 583 élèves obtiennent la première partie du baccalauréat, 232 le diplôme final.

Le décret du 25 mars 1924 assimile l'enseignement féminin à l'enseignement masculin et les classes prennent les mêmes dénominations. Les programmes et les horaires deviennent identiques (arrêté du juillet 1925) tandis que la section de préparation au diplôme constitue une voie marginale ; bientôt même, elle s'aligne sur les autres, et la scolarité s'y étend à sept années (décret du 15 mars 1928). Quant aux agrégations féminines, elles sont réformées en 1927. Ainsi apparaissent des agrégations de philosophie et de sciences naturelles dont les concours sont communs aux professeurs des deux sexes.

En 1930 enfin, le concours général s'ouvre aux élèves des lycées de jeunes filles : rien désormais, sauf quelques heures de couture, ne distingue plus l'enseignement féminin de l'enseignement masculin 1(*).

Cette assimilation était maintenant inscrite dans les moeurs. Pendant la guerre, les femmes avaient assumé des responsabilités qu'on considérait jusque-là comme typiquement masculines ; plusieurs exerçaient des professions libérales, sans que leur ménage s'en trouvait pour autant ruiné.

Dans les années 1930, d'autres réformes intervinrent. Elles concernaient entre autre l'abolition des frais de scolarité dans les secteurs secondaire et technique de l'enseignement public et la scolarisation obligatoire jusqu'à quatorze ans en 1936 (loi du 9 août).

L'arrivée massive dans l'enseignement secondaire des enfants nés après la première guerre mondiale obligea les politologues à trouver une voie de sélection plus acceptable que la sélection financière. En effet, les législations du 1er septembre 1933 et du 13 février 1934 instituèrent l'examen d'entrée en sixième2(*).

Pendant la seconde guerre mondiale, le gouvernement de Vichy fit quelques réformes mineures : ré-instauration des frais de scolarisation, rétablissement de la suprématie de l'enseignement classique sur l'enseignement moderne etc. A la libération, la plupart de ces réformes furent abolies.

* 1 Gagen. W, The development of the baccalauréat examination (1808-1983) and its role within the french education system,, op. cit., p.63.

* 1 Prost. A, L'enseignement en France 1800-1967, op. cit., p262.

* 2 Prost. A, op. cit., p 264.

* 1 Prost. A, L'enseignement en France 1800-1967, op. cit., p264.

* 2 Gagen. W, The development of the baccalauréat examination (1808-1983) and its role within the french education system, p72.

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