3. Le service militaire.
Au travers de nos recherches, le service militaire n'a pas
été mentionné dans la liste des rites déclinants.
Les auteurs sont peu expressifs à son sujet. Il faut dire que les
changements intervenus depuis la décision de Jacques Chirac de supprimer
le service militaire obligatoire sont trop récents pour pouvoir en tirer
toutes les conclusions sociologiques nécessaires.
Selon certains auteurs comme Chamboredon, l'allongement de la
jeunesse, l'indétermination plus marquée des frontières
pratiques qui l'encadrent et surtout la déconnexion des
différents seuils d'accès à la maturité font perdre
de leur efficacité à des rites de passage qui ne sanctionnent
plus qu'un accès partiel et peut-être provisoire à
l'âge adulte. Quid du service militaire? Il était sans
aucun doute un rite de passage.
La fin du service militaire obligatoire constitue un
véritable événement pour tous ceux qui
s'intéressent aux rites de passages.
En effet, autrefois le service était très
marqué et représentait, du moins dans les classes populaires, un
seuil important parce qu'il était suivi du départ de chez les
parents, d'une entrée au travail et souvent du mariage. Aujourd'hui, un
tel déroulement est tout à fait aléatoire et la fin du
service ne signifie plus l'accès à l'âge adulte. Mais aussi
et surtout, le fait majeur est que le service militaire ne concerne plus tous
les garçons ayant atteint la majorité.
Depuis une décision présidentielle (de Jacques
Chirac), ceux qui sont nés après le 1er janvier 1981
ne sont plus concernés par le service, dans son ancienne formule. les
appelés sous les drapeaux doivent désormais accomplir « la
journée citoyenne » en lieu et place du service qui durait dix
mois. Un autre fait nouveau est l'égale entrée des filles et des
garçons dans les différents corps de l'armée. La
génération intermédiaire, c'est-à-dire celle qui
est née avant cette date du 1er janvier 1981 constituera la
dernière à vivre le « véritable »
service militaire. Cela soulève d'ailleurs un certain nombre de
problèmes. En effet, des jeunes de cette génération se
sont constitués en collectif intitulé « Sans
Nous ». L'argument majeur que ces hommes opposent à leur
incorporation est qu'ils ont un travail bien rémunéré.
Quelques-uns uns occupant des postes de responsabilité qu'ils ne sont
pas sûrs de retrouver à la fin de leur service. Ils ne veulent pas
faire « leur » service militaire parce qu'ils jugent qu'en
s'y soumettant, ils risquent pour la plupart de changer radicalement leur vie.
Il y a bien un avant et un après le service dont ils sont conscients.
Donc en cela, il y a bien pour ces derniers, un rite de passage. Il y avait
pour les garçons une coupure radicale entre l'avant et l'après
service militaire ; il en sera de même, pour d'autres raisons
certes, pour les derniers appelés.
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