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Connaissance, Développement, division internationale du travail. Quelle place pour les pays émergents? Le cas de la Chine et l'Inde

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par Erick ATANGANA
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master Economie de l'industrie et des services 2006
  

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INTRODUCTION

Pendant les trois dernières décennies, le capitalisme industriel a été affecté par plusieurs changements, dont l'un des plus marquants est la crise du Fordisme. De nombreux économistes ont tenté d'expliquer les mutations qui sont à l'origine de la crise du Fordisme : pour certains, la crise du Fordisme marque à la fois l'épuisement du capitalisme industriel et la transition vers un nouveau capitalisme fondé sur la connaissance ou encore capitalisme cognitif. C'est-à-dire que, la montée en puissance du capitalisme cognitif correspond à une modification des piliers du capitalisme industriel, dans laquelle le savoir, la connaissance et l'immatériel sont des éléments principaux de la valeur au niveau des facteurs travail et capital, mais aussi en termes d'innovations (Lebert, Vercellone 2004). Deux faits importants pour expliquer le passage du capitalisme industriel à l'économie de la connaissance doivent être retenus :

- L'augmentation de la part du capital intangible (brevets, dépenses de r&d, éducation, formation...) par rapport au capital tangible dans le capital total ;

- La montée en puissance des NTIC, qui a permis d'étendre le champ de diffusion de la connaissance, de faciliter son accessibilité, et aussi d'augmenter sa vitesse de diffusion et de transmission (Vercellone, 2003 ; Foray, 2000).

Cette nouvelle économie de la connaissance à tendance à modifier la division internationale du travail notamment en ce qui concerne les logiques et les déterminants de la localisation des activités intensives en connaissance comme par exemple la R&D. Face à la montée du poids des pays émergents dans la production mondiale des biens et aussi des services, la R&D et l'innovation sont souvent présentées comme une réponse possible des pays développés pour conserver leurs avantages comparatifs et leurs écarts technologiques. Cependant on parle de plus en plus de la création de centres de R&D au sein des pays émergents et de transferts de technologies. Aussi, les pays émergents semblent-ils s'intègrent rapidement dans les réseaux mondiaux de R&D et d'innovation. Il se pose donc la question de savoir quelle est la place réelle des pays émergents dans le tableau de la R&D dans le monde ? Question à laquelle ce mémoire se propose d'apporter une réponse en prenant comme exemple le cas de la Chine et de l'Inde.

La littérature économique est très partagée sur cette question, certains auteurs pensent que les activités d'innovation restent très largement concentrées dans les pays de la Triade (Union Européenne, USA, Japon) et celles qui sont délocalisés dans les pays émergents sont uniquement consacrées au développement et non à la recherche, ceci dans le but de d'adapter les produits à la demande locale (Mouhoud, 2003). D'autres développent plutôt une analyse basée sur une logique d'acquisition des savoirs mondiaux et d'accès aux centres d'excellences (Kuemmerle, 1997). Ainsi, la délocalisation de la R&D aurait surtout pour objectif de permettre aux entreprises de profiter de l'offre croissante en ingénieurs et scientifiques de qualité, employables à moindre coût dans les pays émergents (OCDE, 2005). Il ne s'agirait pas que d'un processus incrémenté d'adaptation à l'innovation pour des activités déjà existantes, mais aussi de mettre en place un programme d'innovation plus ambitieux qui consiste à créer et produire de nouvelles connaissances (Hatem, 2006).

Ce mémoire sera composé de trois parties : la première sera consacrée à une revue critique de la littérature, où on présentera les différentes analyses et les critiques. Cette revue critique de la littérature permettra d'une part d'apporter des éclaircissements à des questions comme : Pourquoi et dans quelle mesure peut-on parler de polarisation au sein de la Triade ? Par quelles voies et de quelle manière cette polarisation s'effectue-t-elle ? Et d'autre part est - ce - que ce constat prend en compte tous les paramètres économiques ? N'est-il pas exagéré de parler de polarisation au sein de la Triade, alors que l'économie actuelle est globalisée ? Quels sont donc les éléments de la théorie économique que l'on peut apporter pour relativiser le constat selon lequel il existe une polarisation des activités de recherche et d'innovations au sein des pays de la Triade ? Dans la seconde partie, nous présenterons le cas de la Chine et de l'Inde, nous essaierons, à partir d'analyses théoriques et empiriques, de tirer les enseignements qui nous permettront d'évaluer de manière précise et objective la place de ces deux pays dans les réseaux mondiaux d'innovation et leur positionnement dans la division internationale du travail pour les activités intensives en connaissance. En effet, la Chine et l'Inde sont deux pays émergents qui essaient chacun à sa manière de s'insérer dans les réseaux mondiaux d'innovation. Ces deux pays possèdent des atouts qui leurs sont propres et ont amélioré leurs performances scientifiques ces dix dernières années de manière remarquable. Les politiques d'ouverture engagées dans les années 80 pour la Chine et 90 pour l'Inde ont permis à ces deux pays de développer des avantages comparatifs dans différents domaines technologiques. La Chine est reconnu aujourd'hui comme le premier exportateur de produits TIC (Technologie de l'Information et de la Communication) (Sachwald, 2007) et l'Inde comme le premier exportateur de logiciel et services informatiques (Chauvin et Lemoine, 2003) et de médicaments génériques.

Malgré des faiblesses structurelles que l'on peut déplorer, il n'en demeure pas moins que la course est lancée pour le rattrapage technologique, et les réformes s'accentuent dans ce sens : amélioration des systèmes nationaux d'innovation, renforcement de la coopération entre les universités et les entreprises, augmentation considérable de l'effort de recherche, l'innovation est mise au centre de la politique économique, mise en place de politiques favorisant l'arrivée des investissements directs étrangers, renforcement des droits de propriété intellectuelle, mise en place de politiques d'incitation au retour des chercheurs expatriés dans les grands pays développés etc.

La Chine et l'Inde ne disposant pas des mêmes spécificités (en termes d'ouverture et d'investissements directs étrangers) et des mêmes atouts, leur positionnement dans la division internationale du travail se situe à des degrés et à des niveaux différents (Chauvin et Lemoine, 2004). Le premier dispose d'une main d'oeuvre abondante, lui permettant de réaliser des économies d'échelles par l'exportation de biens technologiques. En effet, la Chine importe principalement de ses voisins asiatiques des pièces et composants de haute intensité technologique, destinés à l'assemblage, pour ensuite exporter les produits finis vers ses clients basés aux USA, en Europe et au Japon (Lemoine et Unal-Kesenci, 2002). Le second à cause de son vivier de talents composés d'ingénieurs et scientifiques de hauts niveaux, attire des projets de R&D d'une grande intensité technologique. Cette présence de scientifiques et ingénieurs qualifiés est d'ailleurs à l'origine de son avantage comparatif créé de manière « accidentelle » (Singh, 2003) dans le domaine des logiciels et des services informatiques.

L'Inde et la Chine ont pris conscience de leurs potentialités et souhaitent jouer un rôle de premier plan dans l'économie mondiale. La science et la technologie sont les deux axes privilégiés par chacun de ces deux pays pour favoriser leur montée en puissance technologique et concrétiser leur développement. Cependant, même si le rattrapage technologique est en cours, pour l'instant on ne peut pas affirmer qu'il pourrait être effectif dans le court terme.

Cette deuxième partie consacrée à la Chine et l'Inde sera composée de deux chapitres, le premier portera principalement sur les performances de la Chine dans l'économie dite de la connaissance et sera composé de quatre sections : Dans la première nous présenterons le système d'innovations chinois : Ses évolutions, ses performances et ses faiblesses. Dans la seconde nous évaluerons la contribution de la Chine à la production scientifique mondiale et la place qu'elle occupe. La troisième section nous permettra de positionner la Chine dans la division internationale des processus productifs, principalement dans les activités intensives en connaissance. Et enfin la quatrième permettra de faire un bilan à la fois sur les facteurs permettant le renforcement du potentiel technologique chinois, les obstacles à l'avancée technologique et les perspectives à venir.

Le deuxième chapitre examinera dans une première section les contours de la politique nationale de R&D indienne. La seconde évaluera comme pour la Chine, le niveau de participation de l'Inde dans les travaux d'ordre scientifique à travers des indicateurs comme les brevets, les publications, la coopération scientifique internationale etc. Dans la troisième section nous présenterons quelques pôles d'excellence de la recherche scientifique en Inde. Dans la quatrième qui sera consacré aux atouts qui pourraient permettre le développement technologique indien, nous établirons une analyse du secteur des TI (Technologie de l'Information) dans le but de dégager des voies et moyens par lesquels ce secteur pourrait jouer le rôle d'entraînement et élargir l'impact de son développement à d'autres secteurs de l'économie nationale. Et enfin la dernière section sera consacrée aux contraintes liées au retard de l'Inde en matière de technologie et d'innovation.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote