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Connaissance, Développement, division internationale du travail. Quelle place pour les pays émergents? Le cas de la Chine et l'Inde

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par Erick ATANGANA
Université Paris 1 Panthéon Sorbonne - Master Economie de l'industrie et des services 2006
  

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2.2.4.2. La voie des TI (Technologie de l'Information)

L'avantage comparatif que détient l'Inde dans les logiciels et services informatiques est soutenu à la fois (au-delà de la forte présence d'ingénieurs et scientifiques de haut niveau) par une industrie nationale de composants informatiques, une large présence de centre de R&D établis par les multinationales étrangères et enfin une demande croissante de logiciels sur le marché national et international.

Il serait intéressant de voir dans quelle mesure le secteur des TI pourraient jouer un rôle d'entraînement et élargir l'impact de son développement à d'autres secteurs de l'économie nationale.

- Un avantage comparatif réel

Selon la NASSCOM (2007), l'industrie du logiciel et des services informatiques (BPO y compris) en Inde a enregistré une croissance de 31% entre 2005 et 2006 atteignant 29,6 Milliards de dollars, contre 22,5 en 2004-2005 (Tableau 22). Les exportations ont augmenté de 33% soit 23,6 milliards de dollars contre 17,7 en 2004-2005.

Ce secteur comptabilise environ un million d'emplois directs de haute qualification et trois millions d'emplois indirects dans le Pays. Le segment ITES-BPO a crée environ 100000 emplois de haut niveau de qualification pendant la même période, celui des logiciels et des services en a créé 120000 (Tableau 23).

Tableau 22. : Revenus issus de l'industrie des logiciels et des services informatiques en Inde (En milliards de dollars).

Segment

2004-2005

2005-2006

Exportations de logiciels et services

13,1

17,3

ITES-BPO

4,6

6,3

Marché domestique

4,8

6,0

TOTAL

22,5

29,6

Source : NASSCOM (2007)

Tableau 23. : Emplois de hautes qualifications dans l'industrie indienne de logiciels et de

Services informatiques (En milliards de dollars).

Segment

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

Logiciel, R&D et services exportations

110000

162000

17000

205000

296000

390000

513000

ITES-BPO

42000

70000

106000

180000

216000

316000

409000

Marché domestique

132000

198114

246250

295000

318000

352000

365000

TOTAL

284000

430114

522250

670000

830000

1158000

1287000

Source : NASSCOM (2007)

L'avantage comparatif de l'Inde en matière de services informatiques réside principalement dans l'existence des institutions d'enseignement scientifique de haut niveau tels que les IIT qui produisent des ingénieurs très qualifiés en grande quantité, (étant donné que l'activité de développement de logiciel, en passant par la modélisation, le codage, les tests et les finitions nécessitent une main d'oeuvre très expérimentée et possédant des compétences élevées en technologie de l'information), l'utilisation de la langue anglaise, les coûts de production bas. La construction de cet avantage a surtout bénéficié de l'augmentation de la demande née de la croissance générale du secteur des TIC dans les années 90 (Singh, 2003).

Les TI sont envisagés par les dirigeants indiens comme un levier économique pour tout le pays. L'objectif de devenir une « superpuissance des technologies de l'information » était encore réaffirmé dans les années 90, avec la création de clusters spécialisés TI (Pune, Bangalore, Hyderabad), la construction d'infrastructures telles qu'un réseau à fibre optique reliant toutes les grandes villes indiennes, et le renforcement de la formation des ingénieurs.

L'agglomération de Bangalore est un pôle de compétence de niveau mondiale, on la surnomme la Silicon Valley indienne. Les autorités indiennes ont contribué à l'attractivité de Bangalore en faisant la capitale intellectuelle du pays. D'ailleurs les plus grandes institutions d'enseignement scientifique de l'Inde se trouvent à Bangalore, dont le très célèbre Indian Institute of Science.

Au milieu des années 80, la politique de libéralisation économique engagée dans le domaine des hautes technologies et la volonté montrée par le gouvernement de soutenir tout projet qui pouvait permettre d'attirer les entreprisses de haute technologie ont permis la mise en place des parcs technologiques et des concessions fiscales aux entreprises dont la production était destinée exclusivement à l'exportation. Ainsi, en 1985 la première multinationale à s'installer à Bangalore fut Texas Instruments48(*). Le rapport « Digital India49(*) » établie en 2001, stipule que la ville de Bangalore accueillait 160 sièges d'entreprises spécialisées dans les Softwares (Bangalore produit 35 % des logiciels indiens), 55 000 professionnels spécialisés dans les TIC, 103 établissements de R & D et 35 % des investissements par capital-risque en Inde. En 2004, lors de son bilan annuel, le Software Technology Parks of India (STPI) y recensait 746 raisons sociales. Cette ville compte actuellement plus d'ingénieurs que la Silicon Valley.

- Un avantage comparatif à exploiter

En général, les économistes identifient plusieurs facteurs pour expliquer la concentration des activités productives un seul lieu : les économies d'échelle, les économies d'agglomération qui découlent de la présence d'infrastructures publiques, et les externalités de connaissances.

La spécialisation d'un territoire profite aux entreprises à proximité à cause du développement des infrastructures et les effets d'entraînement inter-sectoriels, ensuite l'intégration économique croissante et surtout l'intensité des externalités de connaissances permet de répartir l'activité sur l'ensemble du territoire (Catin et Al, 2001).

Le développement des TI qui a entraîné la numérisation de l'information a permis de réduire considérablement les coûts de transaction dans les pays développés. Cela à également permis de réduire les coûts de recherche et de circulation de l'information, et aussi de limiter les contraintes liées aux coûts élevés des transports. D'où la montée en puissance du Webcommerce et des politiques de numérisation des services publiques dans les pays développés (fiche d'imposition en France).

Pour Arrow (1962) l'information est un bien non rival, c'est-à-dire qu'un nouvel usager ne diminue pas l'information disponible pour autrui, cela implique donc que le coût marginal pour satisfaire un consommateur supplémentaire est nul.

Un pays dit émergent comme l'Inde pourrait tirer parti de cette baisse du coût de production et de diffusion de l'information en facilitant l'extension des TI dans d'autres secteurs comme le secteur agricole, le secteur manufacturier et les activités sociales (Singh, 2003).

Même si le marché des logiciels et des services en Inde est spécialement tourné vers une demande basée à l'étranger, l'Inde pourrait envisager de développer son potentiel en direction du marché local. Les firmes indiennes pourraient bénéficier dans ce cas de la proximité avec la demande, et donc une meilleure connaissance des besoins de celle-ci. Mais cela nécessiterai un effort supplémentaire de la part des autorités en termes de développement d'infrastructures de télécommunications et de banalisation des outils TIC au sein de la population. Cette difficulté pour les firmes indiennes de pouvoir développer un marché domestique pourrait avoir un impact négatif sur leur compétitivité dans le long terme, en ce sens qu'elles seraient privées d'un cadre dans lequel pourrait être mis en place le système du « learning by doing », qui facilite l'apprentissage et favorise l'innovation. Ce qui n'est pas le cas de leurs concurrents américains et irlandais par exemple (Desai, 2002).

Toutefois il existe une très grande complémentarité, entre les TI et les autres secteurs de l'économie. Quand on voit la montée en puissance de l'ITES-BPO (37% de croissance entre 2005 et 2006, selon la NASSCOM), on peut penser que l'Inde pourrait réellement tirer parti de son avantage comparatif. Il existe la possibilité de créer des nouveaux produits et services disponibles à un large public en évitant de gros investissements en infrastructures de télécommunications.

Il a par exemple été mis en place dans certains pays en développement souvent peu bancarisé, un système permettant de trouver des solutions alternatives innovantes au payement en espèce. Il s'agit pour les clients d'effectuer des transactions bancaires à partir de leurs téléphones portables. Au Nigéria, "Chezola Pay" permet le transfert, la réception d'argent, et le paiement de factures avec un compte rechargeable par carte prépayée. Au Kenya "M-Pesa" lancé par un opérateur de la place, est un service de paiement par SMS qui permet des transferts d'argent (jusqu'à 400 dollars) par le système de peer to peer. En Afrique du Sud, où plus de 70 % de la population possède un téléphone portable, trois millions de personnes auraient utilisé quotidiennement leur mobile, l'an dernier, pour accéder à des services bancaires. En Zambie, l'équivalent de 2 % du PNB du pays transiterait par la solution de paiement par mobiles50(*).

Une autre approche serait de considérer les TI comme un secteur d'entraînement à l'instar du Japon dans les années 50, avec l'industrie automobile. L'avantage comparatif que détient l'Inde aujourd'hui dans le secteur des logiciels et des services informatiques pourrait constituer un levier permettant de réaliser à long terme cet objectif. Même si dans le cas du Japon, l'avantage comparatif dans l'industrie automobile s'est construit par une volonté politique de faire de ce secteur le pilier de la croissance, alors que l'avantage comparatif de l'Inde s'est construit de manière « accidentelle » (Singh, 2003), grâce à son vivier technologique et aussi grâce à l'augmentation de la demande globale dans le secteur des logiciels et services informatiques à partir des années 90. En outre, le secteur automobile avait été choisi comme levier de croissance et d'entraînement pour deux raisons : premièrement le potentiel de croissance du secteur automobile à cette époque, et aussi la diversité des technologies utilisées dans cette industrie, dont la maîtrise permettrait le développement à d'autres secteurs.

Le gouvernement indien a mis sur pied de nombreux projets et initiatives pour bénéficier des retombées économiques des TI et faciliter leur extension à d'autres secteurs de l'économie. On peut citer :

- La possibilité pour les agriculteurs de l'Etat de l'Andra Pradesh, d'un enregistrement assisté par ordinateur des titres de propriété et les droits de timbres. Diminuant ainsi la dépendance vis-à-vis des courtiers et les risques de corruption ;

- La mise en place des cartes d'identité informatisées pour tous les citoyens de l'Andra Pradesh. Ce qui a permis de réduire considérablement les délais ;

- Un poste de contrôle informatique, pour la perception d'impôts locaux dans l'Etat du Gujarat. Les données recueillies sont transférées et stockées par l'intermédiaire d'un serveur central, réduisant ainsi les risques de corruption ;

- Création d'un site de payement automatique de factures d'électricité à Kertala. La mise en place de ce payement automatique à permis de regrouper un en seul site des payements qui s'effectuaient dans 17 sites différents (Singh, 2003)...

* 48 http://www.mgm.fr/PUB/Mappemonde/M203/Didelon.pdf

* 49 http://www.lestamp.com/publications_mondialisation/publication.grondeau.htm

* 50 www.lesafriques.com

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius