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Appartenance socioculturelle et scolarisation des enfants au Burkina Faso

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par Lonkila Moussa ZAN
Université de Yaoundé II - DESSD 2007
  

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2.1.3 Les facteurs économiques

Ils sont de nature à déterminer non seulement l'accessibilité financière de l'école mais aussi les motivations en ce qui concerne les choix scolaires. Il s'agit du niveau de revenu, du capital humain dont la théorie est développée par les économistes de l'éducation, et des modes de production.

a- Le niveau de vie du ménage

Le niveau de vie du ménage a une influence sur la scolarisation des enfants dans la mesure où, la mise de l'enfant à l'école entraîne certains coûts relatifs aux frais de scolarisation et des fournitures scolaires. De nombreuses études, cherchant la relation entre le revenu du ménage et la scolarisation, ont montré que le taux de scolarisation est positivement lié au niveau de vie des ménages. Poursuivant dans cette lancée, elles ont découvert que l'accroissement du niveau de vie est susceptible de réduire les discriminations sexuelles des enfants en matière de scolarisation. En outre, plusieurs auteurs comme Pilon (1996), Marcoux (1995) et Kobiané (2002) ont élucidé la relation entre le niveau de vie du ménage et la scolarisation. Partant des effets de la crise économique, ils ont trouvé que la réduction du niveau de vie a pour conséquence la modification de la structure des dépenses familiales avec la relégation au second plan de la scolarisation des enfants. Mais comment donc comprendre que les femmes, qui sont généralement les plus démunies, soient les plus aptes à scolariser les enfants ?

b- La théorie du capital humain

Elle a été développée pour démontrer l'importance de l'éducation et de la formation dans une économie. C'est d'ailleurs de là qu'est venu le terme de « demande d'éducation »13. L'éducation est donc considérée comme un bien économique susceptible,

13

« Faute d'une définition reconnue, nous proposons de considérer la demande d'éducation comme le produit d'un ensemble defacteurs (scolaires, économiques, sociaux, démographiques, politiques, religieux, culturels), que les individus et

comme tout autre bien économique, d'être offert et de répondre à une demande. Sa particularité est qu'elle est immatérielle et susceptible à son tour de produire dès qu'elle est produite.

D'après la Banque mondiale (1990, cité par Loka Kongo, 2002), les agriculteurs africains qui ont été à l'école pendant au moins 4 ans ont une productivité supérieure d'environ 8% en moyenne par rapport à ceux qui n'y ont pas été du tout. L'investissement dans l'éducation fait souvent l'objet de calculs financiers. En effet, les coûts dévolus à l'éducation dans les ménages constituent l'une des causes de la non fréquentation scolaire dans les pays africains. Plus les coûts sont élevés, moins les parents sont motivés à envoyer les enfants à l'école comme le constate Rwehera (1999, p. 163) : « La demande scolaire résulte d'une part des avantages que les familles espèrent tirer de l'accomplissement du cycle d'étude considéré et, d'autre part de la proportion des familles qui soient prêtes à accepter les sacrifices et autres, qu'impose la fréquentation scolaire ».

Ce qui conduit à repenser l'enjeu de l'investissement en « capital humain ». Faut-il choisir le gain relativement certain aujourd'hui ou faut-il investir dans un capital humain avec une espérance de gain futur qui dépendra elle-même des choix scolaires ? La prise de cette décision dépend certes des contraintes monétaires, mais elle relève surtout du social et du culturel. En ce sens, l'objectif des familles ne serait pas uniquement de maximiser les revenus futurs potentiels de l'enfant, mais de lui donner une éducation dans l'optique de la production des biens de subsistances et de la reproduction sociale du groupe d'appartenance.

c- Des modes de production, pauvreté et logiques scolaires

Cette approche stipule que la scolarisation de l'enfant dépend du mode de production sociale du ménage. Très souvent et surtout dans un contexte de pauvreté, le mode de production des subsistances du ménage impose des contraintes aux membres : occupation de l'enfant à la maison, contribution aux activités domestiques, contribution à l'activité du chef de ménage. Dans l'Est du Burkina, où l'agriculture est la principale activité et où la scolarisation est très faible, la totalité des agriculteurs déclaraient que leurs enfants leur apportaient une aide importante dans les activités agricoles (Kobiané, 2002).

les groupes prennent en compte, directement ou indirectement, consciemment ou non, dans leurs pratiques de scolarisation ; ces acteurs conditionnent ainsi la mise à l'école, l'itinéraire scolaire et la durée de la scolarité ». (Bommier et Shapiro, 2001).

C'est dans ce contexte que les filles sont retenues par les occupations domestiques et les travaux ménagers. Tous ces comportements sont dus aux conditions de vie qui nécessitent souvent l'apport du garçon à la subsistance du ménage tandis que la fille est utilisée comme aide ménagère auprès de ses parents. Il ressort que l'activité économique des parents influence la scolarisation de l'enfant à travers leurs revenus comme ceci le confirme : « Le nécessaire recours au travail des enfants, soit pour la survie des familles (Marcoux), soit pour le fonctionnement de l'organisation socio-économique de certains groupes qui inclut la participation des enfants aux tâches productives (Bonini, Yero), constitue également un déterminant essentiel de la scolarisation » (Lange et Martin, 1995 :569). La décision des parents de scolariser l'enfant ou non dépend de son apport au système de production du ménage. Plus son apport est estimé, moins grande sera sa chance d'être scolarisé.

Les parents peuvent par ailleurs financer la formation de l'enfant `'sur le tas», vu le manque d'adéquation entre formation et emploi. Et cela d'autant plus s'ils observent un échec scolaire ou une difficile insertion socio professionnelle des aînés à travers le chômage des nouveaux diplômés comme l'a remarqué Lange (1987) : « le refus de l'école constitue la réponse des parents à la dégradation du niveau de vie et au chômage des diplômés occasionnés par les mesures de rigueur économique ». Ainsi la prise en compte du rang de naissance de l'enfant dans les analyses pourrait permettre de comprendre l'impact de la situation des aînés sur la scolarisation des plus jeunes. C'est tout au moins ce que nous insuffle Pilon (1996) en disant que l' « influence du rang de la naissance reste une inconnue de taille. En l'absence de données biographiques, il convient de réfléchir aux possibilités d'analyse, même partielles : à partir de sous échantillons créés sous certaines conditions issues de l' « histoire génésique » des femmes, des ménages, etc. »

La crise a eu pour conséquence direct une baisse drastique des revenus et une augmentation du coût de l'offre scolaire. Une étude de M. Verlet (1996) au Ghana a montré que la conséquence de la détérioration des conditions de vie est la mise au travail des enfants. Avec la crise se développe une nouvelle logique scolaire du fait du déclin de solidarité familiale qui aura sans doute un effet négatif sur la scolarisation des enfants. Cela prive les enfants de la scolarisation, donc de tous les acquis éducatifs qui pourraient augmenter leur productivité future au profit des gains actuels.

Cet angle d'approche de la scolarisation a montré ses limites sur au moins deux points. Premièrement elle s'est, en effet, trop focalisée sur le travail des enfants, trop sur le

monde rural avec une tendance à considérer le mode de production agricole comme un tout homogène. De ce fait, il n'épuise pas l'ensemble des facettes des déterminants scolaires. La prise en compte des facteurs sociaux et culturels est capitale et riche d'enseignement (Kobiané, 2002). Deuxièmement, les indicateurs qu'elle utilise et qui ne rendent compte que des caractéristiques économiques du ménage ne peuvent pas bien expliquer la scolarisation. En effet, dans un contexte comme celui de l'Afrique, empreint de solidarité, la couverture de certains frais peut provenir des personnes extérieures au ménage. Ainsi, un ménage ayant un chef de faible revenu peut supporter tous les coûts liés à la scolarisation. Cela montre la limite de la prise en compte des seules caractéristiques économiques du ménage.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille