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Les répercutions de la crise financière internationale sur les pays émergents

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par Elie Chanson NJOUMENE
Economics School of Louvain (ESL) - Advanced Masters 2009
  

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B. Canaux de transmission de la crise, état des lieux et réactions dans les pays émergents d'Afrique

Cette deuxième section a pour but de répertorier et d'analyser les principaux canaux de transmission de la crise aux économies africaines. Elle est divisée en deux sous-sections. La sous-section B.1 présente la typologie des canaux de transmission et analyse en détail chaque canal. Cette partie servira de cadre de base d'application de notre étude sur le cas du Cameroun. La sous-section B.2 aborde succinctement les préoccupations de l'Afrique dans une perspective de résister face à la crise financière internationale. Celles-ci apparaissent sous forme de questions auxquelles devrait répondre chaque pays africain et que nous essayerons de répondre dans l'étude du cas du Cameroun.

B-1. Typologies des canaux de transmission de la crise

Dans notre analyse, nous distinguerons trois principaux groupes de canaux de transmission de la crise aux économies africaines. Le premier groupe sera constitué des canaux de transmission liés au secteur financier. Le deuxième groupe quant à lui rassemblera les canaux de transmission liés à l'économie réelle. Le dernier groupe sera celui des canaux de transmission tributaires aux finances publiques.

B-1.1 Canaux tributaires au système financier

Trois canaux de propagation de la crise aux économies africaines sont examinés dans cette rubrique. Il s'agit de l'interdépendance entre le système bancaire des pays africains et celui des banques occidentales, l'arrêt des flux financiers en direction de l'Afrique et le resserrement du crédit.

B-1.1.1. Interdépendance entre le système bancaire des pays africains et les banques internationales

Depuis le début des années 1970, on assiste à une expansion des institutions bancaires internationales dans les pays émergents. Le nombre de banques d'origine étrangère installées dans les pays émergents est passé de 575 en 1995 à 897 banques en 2006. Ces dernières représentaient 40% des avoirs des banques étrangères internationales en 2006 contre 20% en 1995. L'Afrique sub-saharienne possède 6% de ces avoirs extérieurs des banques internationales (Banque Mondiale, 2008). En moyenne, la part du capital détenue par les banques étrangères dans le capital des banques installées dans les pays d'Afrique subsaharienne6 a presque doublé entre 2000 et 2005 comme l'indique la figure B.1.

6 Ce groupe inclus les pays suivants : l'Angola, le Benin, le Botswana, le Burkina Faso, le Burundi, le Cameroun, la Côte d'Ivoire , l'Ethiopie, le Ghana, le Kenya, le Lesotho, Madagascar, le Malawi, le Mali, l'Île Maurice, le Mozambique, la Namibie, le Niger, le Nigeria, le Rwanda, le Sénégal, les Seychelles, le Sierra Leone, l'Afrique du Sud, le Soudan, le Swaziland, la Tanzanie, l'Uganda, la Zambie et le Zimbabwe.

Figure B.1 : Part du capital des banques domestiques détenues par les banques étrangères par région (en % des capitaux totaux du secteur bancaire domestique)

60,0%

All
developped
Regions

South Asia Middle East & North Africa

East Asia &
Pacific

Latin
America &
Caribbean

Sub-Saharan
Africa

Eastern
Europe &
central Asia

1995 2000 2005

50,0%

40,0%

30,0%

20,0%

10,0%

0,0%

Source: La Banque Mondiale (2008), CULL R. et PERIA M. (2007)

Il ressort de ce graphique que l'Afrique sub-saharienne serait l'un des groupes de pays exposés aujourd'hui à la crise à travers son système bancaire, les propriétaires majoritaires étrangers détenant en moyenne plus de 50% du capital7. On a des cas extrêmes comme celui de Madagascar, du Mozambique, du Swaziland ou de la Zambie où les propriétaires étrangers détiennent la quasi-totalité du capital (c'est-à-dire plus de 90%).

La majorité de ces banques étrangères sont d'origine européenne (73,4%), les autres étant le plus souvent d'origine américaine (11,9%), japonaise (4,3%), ou canadienne (1,5%). Cette diversification géographique des banques internationales qui les exposaient hier au risque pays, expose aujourd'hui les pays émergents à la crise. En effet, cette implantation abondante des banques étrangères en Afrique est source de contagion, en temps de crise, des défaillances du système bancaire des pays avancés.

La première source de contagion est la perte bancaire. En effet, l'interdépendance entre les banques installées en Afrique et celles des pays avancés a créé des marchés de gré à gré. La surliquidité des banques en Afrique, due principalement à l'imperfection du marché local du crédit, a amené ces succursales à opérer des placements dans les banques des pays avancés. Le solde de la position extérieure des banques d'Afrique sub-saharienne vis-à-vis des banques étrangères est resté créditeur et consistant après la crise (situation de septembre 2008, (BRI, 2009)). Ainsi, si cette situation ne change pas, une éventuelle faillite des banques « mères » ferait perdre énormément de ressources aux banques domestiques. Si aucune perte bancaire n'est annoncée explicitement en Afrique, il ne fait guère de doute que par ce mécanisme, les banques des pays d'Afrique sub-saharienne sont exposées aux créances désormais douteuses des banques « mères ».

La deuxième source de contagion pourrait être un bank run, causé par la panique des déposants suite à l'augmentation du risque de faillite des banques « mères ». En effet, la faillite d'une banque européenne dont une filiale se trouve en Afrique pourrait précipiter les déposants aux guichets. Le soutien des gouvernements européens aux banques « mères » a, jusqu'à présent, permis d'éviter la panique dans les filiales en Afrique. Cependant, les menaces de faillite pèsent toujours, car toutes les pertes dues aux « subprimes » n'ont pas

7 Les pays dans lesquels les banques étrangères détiennent moins de 50% du système bancaire sont le Burkina Faso (30,4%), le Burundi (21, 5%), l'Ethiopie (0,0%), le Malawi (27,9%), l'Ile Maurice (24,7%), le Nigeria (11,2%), l'Afrique du Sud (10,8%), le Soudan (4,7%) et le Zimbabwe (33,3%).

encore été répertoriées et provisionnées. Le FMI a d'ailleurs déclaré que 75% des banques européennes étaient exposées aux actifs toxiques, ce qui les exposerait autant à la faillite que leurs homologues américaines. En bref, un risque de bank run pèse sur les banques d'Afrique sub-saharienne à cause de l'augmentation du risque de faillite des banques « mères ».

La troisième source de contagion pourrait être une crise de liquidité. En cas de panique conduisant à l'assèchement des banques locales, ces dernières ne pourraient pas reprendre leurs créances auprès de leurs banques « mères ». En effet, en cherchant à restaurer leur liquidité, les banques « mères » se trouveraient dans l'incapacité de rembourser ou de prêter à leurs filiales d'Afrique sub-saharienne. Dans cette situation, ces filiales se retourneraient vers le marché interbancaire domestique. Or ces filiales des banques étrangères y sont majoritaires, ce qui pourrait se traduire par une demande de liquidités nettement supérieure à l'offre. De plus, connaissant leur situation, les autres banques pourraient refuser de leur prêter des liquidités. On pourrait ainsi arriver à une situation où les banques refuseraient de se prêter entre elles, ce qui aboutirait à un arrêt du marché interbancaire. Dans ce cas, les banques centrales africaines devraient jouer leur rôle de prêteur en dernier ressort et réguler plus que jamais les sorties de capitaux pour éviter leur fuite (par exemple, les placements extérieurs excessifs au moment où le marché interbancaire ne fonctionne pas).

En résumé, l'interdépendance entre le système bancaire domestique et les banques européennes et américaines expose l'Afrique sub-saharienne à la crise. Les sources de contagion sont : les probables pertes bancaires dues aux placements dans les banques européennes, un bank run dont l'origine serait l'augmentation du risque de faillite des banques « mères » ou une crise de liquidité, conséquence du bank run et de la rareté des ressources financières dans les banques « mères » ou de l'arrêt du marché interbancaire.

B-1.1.2. Les Investissements Directs Etrangers (ou IDE) et les autres flux financiers en direction de l'Afrique

Pour les pays émergents, les IDE sont des entrées de capitaux susceptibles de créer des emplois productifs. Ils facilitent aussi le transfert de technologie et de savoir-faire qui se transforme en gains de productivité pour les entreprises locales. Enfin, les IDE améliorent les possibilités d'exportation du pays-hôte grâce au commerce international (ZIMMERMANN, 2008).

Selon la Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement (ou CNUCED), l'Afrique ne reçoit qu'une très faible part de flux mondiaux d'IDE (environ 3% en 2007, ce qui représente quand même une nette amélioration par rapport aux 1% reçus en 2001 par exemple). Cette situation est due à un environnement économique, juridique et judiciaire « peu attractif », caractérisé par une instabilité politique, des guerres civiles, l'absence de transparence institutionnelle et des relations contractuelles peu développées. Malgré cette part relativement faible, ces flux de capitaux constituent un moteur indéniable pour la croissance des pays africains grâce aux mécanismes exposés ci-dessus, d'autant que l'épargne locale nécessaire pour financer les projets à moyen ou long terme, est presque nulle.

Or, après le déclenchement de la crise dans les pays avancés, on a assisté à une stagnation des flux d'entrée d'IDE, voire une raréfaction des flux financiers en direction de l'Afrique (figure B.2). Sachant qu'il existe un risque de crise financière suite à la décroissance des IDE (FAOUZI, 2004), comme ce fût le cas pour la Crise Asiatique, on se doit de s'interroger sur ce risque en Afrique.

Figure B.2 : Evolution des flux financiers vers l'Afrique (en milliards de US $)

Source : FMI (Octobre (2008 b))

Globalement, le taux de croissance annuel des flux financiers vers l'Afrique a baissé en 2008. Les flux de portefeuille sont devenus négatifs tandis que les transferts des migrants, les IDE et les aides ont stagnés. La Banque Mondiale ((2009 a), P. 3) prévoit une contraction encore plus significative de ces transferts de capitaux en 2009. Ce ralentissement des flux d'IDE et de portefeuille auront pour conséquence la diminution des activités au niveau des entreprises. Quant aux transferts des migrants, leur diminution aura un impact négatif sur la pauvreté des ménages par le ralentissement de la consommation et des activités informelles, principale source de revenu des ménages pauvres. La situation est préoccupante dans certains pays, par exemple le Lesotho, où les transferts de capitaux des migrants représentent 29% du PIB. Le soutien financier ne pourra pas non plus provenir de l'Aide Publique au Développement (ou APD), en faible progression depuis plusieurs années (SOGGE, 2004). En outre, l'objectif de consacrer 0,7% du PIB à l'APD annoncé par les pays riches8 depuis le début des années 1970 n'a jamais été atteint et ne le sera pas à fortiori avec la crise actuelle.

En définitive, la raréfaction des flux financiers et en particulier des IDE en direction de l'Afrique est l'un des canaux de transmission de la crise à l'Afrique, et par lequel celle-ci pourrait avoir un effet négatif sur la pauvreté.

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore