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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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Section 2: Du réalisme et du pragmatisme dans la politique étrangère du Congo

La realpolitik comme définie précédemment, est une stratégie que l'acteur étatique peut faire prévaloir dans une situation donnée, l'efficacité étant son objectif. C'est une posture, qui rend compte du comportement réaliste de l'acteur étatique dans ses choix en matière de politique étrangère. Vu sous cet angle, l'action de l'acteur étatique est supposée être une réponse délibérément calculée, stratégiquement pensée. L'on parle dès lors de rationalité de la décision qui, Elle-même, est le résultat d'une analyse « utilitariste en termes de coût- bénéfices ». Autrement dit, face à une situation désavantageuse, de multiples options s'offrent à l'acteur politique qui doit avoir une capacité d'anticiper les conséquences de la décision à prendre.

Dans cette logique, le décideur suprême dégage un choix optimal, le plus conforme à l'intérêt national et à la raison d'Etat. A cela, il faut ajouter l'intentionnalité de la décision. En politique étrangère, l'action de l'acteur étatique est supposée être une réponse délibérément choisie en vue de réaliser un objectif précis87(*).

Le comportement des acteurs de la scène congolaise en matière de politique étrangère peut être appréhendé comme une stratégie relevant de la realpolitik et du pragmatisme.

En fait, les six premières années qui ont suivi les guerres civiles se révèlent difficiles pour le Congo : le constat est loin d'être réjouissant.

Le Congo sort d'une guerre aux répercussions énormes, de quoi a-t-il besoin ? Il est désormais isolé, discrédité. Comment faire pour le relever et gagner à nouveau la crédibilité auprès des bailleurs de fonds internationaux ? Comment repositionner avantageusement le Congo ? Comment gérer efficacement ses relations avec les autres acteurs de la vie internationale ?

Le poids de plus en plus croissant de l'opinion publique interne et internationale88(*) a contraint les acteurs de la scène politique congolaise à une prise de conscience, il y a donc urgence d'adopter des lignes directrices qui tiennent compte de la réalité, et tenter de façonner un nouvel environnement international pour le Congo. Les enjeux y sont multiples. Mais comment y procéder ?

La présente section sera consacrée à la présentation des besoins vitaux pour la survie internationale du Congo post-guerres civiles (paragraphe1), les stratégies déployées sur le plan interne (paragraphe 2) et voir comment, l'aménagement interne a fait la politique extérieure (paragraphe 3).

Paragraphe 1 : La recherche d'une légitimité interne et d'une reconnaissance

internationale

A partir de 2002, le Congo comprend qu'une normalisation de sa situation internationale passe impérativement par un aggiornamento (aménagement)  de sa politique intérieure. Il est désormais impératif d'améliorer son image auprès de ses partenaires, de paraître « correct » aux yeux de l'opinion internationale, de sortir de l'isolement. Il faut s'efforcer d'être transparent dans ses méthodes de gestion et crédible sur le plan international, notamment à travers la participation du Congo dans les grands forums internationaux. Il s'agit surtout de faire revenir les grands bailleurs de fonds pour gagner en crédibilité. Finalement, Sassou Nguesso est résolument décidé à résoudre les « questions qui fâchent ».

Pour mener à bien un tel revirement stratégique, le Président Sassou Nguesso est désormais conscient qu'il est fondamental de procéder à des réglages d'abord au plan interne. Mais, cela ne se fera pas de manière improvisée. Comme l'affirme Marie Christine Kessler , les Etats ont généralement un programme d'action (...)exprimé dans les déclarations des autorités officielles avant et après les conférences internationales,dans les discours et interventions devant les parlements lors des visites à l'étranger89(*).

Ainsi, dans l'obligation d'adhérer au mot d'ordre international, d'accéder à plus d'ouverture et à l'équilibre diplomatique, le Général Sassou Nguesso déclare en 2000 que le Congo est à «  refonder, à rebâtir, à reconstruire, il est tout simplement à développer »90(*). Et c'est ici que le « va » et « vient »91(*) entre l'interne et l'externe énoncé par Marcel Merle prend toute sa valeur, en ce sens que, le Congo doit d'abord aménager sa situation interne qui sera à son tour fonction de sa situation externe. Le nouveau gouvernement prend effectivement conscience de l'impératif de repenser sa politique interne, source de son malaise international.

Comment Sassou Nguesso envisage-t-il une décontamination de l'environnement externe du Congo ? Car il faut à tout jamais inscrire le pays sur les devants de la scène internationale. Il faut soigner la maladie interne du Congo car comme le précise Marcel Merle, ce sont les « raisons du dedans » qui inspirent le plus souvent les solutions des « questions du dehors », d'où le linkage politic. Ce qui n'est pas sans rappeler la définition de Charles Zorgbibe de la politique étrangère : « l'effort d'une société nationale de contrôler un environnement externe par la préservation des situations défavorables en organisant son environnement interne, en ordonnant les instruments clé : économie, stratégie, culture etc »92(*).

Le traitement de la question nationale en politique étrangère devient dès lors du point de vue de la Foreign policy analysis, un véritable art du gouvernement « The statecraft », un véritable processus décisionnel est mis en marche. Il faut restaurer l'image internationale du Congo tout en tenant compte de la réalité et des moyens dont il dispose, d'où le pragmatisme et le réalisme politiques.

Le comportement de l'acteur principal du théâtre congolais en matière de politique étrangère peut être appréhendé dans le sens de la realpolitik pure. De fait, les six premières années qui ont suivi les guerres civiles se révèlent très difficiles pour le Congo. Non seulement, il traverse une situation socio-économique peu envieuse, mais encore, assiste-t-il à une période de turbulences politiques. Tout ce tableau peu brillant, sera assombri davantage par les « sanctions » et l'isolement de la Communauté internationale. Celle-ci est de plus en plus irritée par les actes commis par le gouvernement congolais. Ceux-ci sont contraires aussi bien à la gestion des Etats qu'à la morale internationale. Les pratiques du Congo post crises s'avèrent en rupture avec les valeurs éthiques, violation des droits de l'Homme, massacres des populations civiles, exactions93(*), pillage etc. L'irruption, le renforcement de l'exigence internationale et le poids croissant de l'opinion publique interne et externe94(*) ont contraint les acteurs du marché politique congolais à repenser et à façonner un nouvel environnement international pour le Congo.

* 87 Philippe Braillard, Mohammad-Reza Djalili, Les relations internationales, op.cit., p. 16.

* 88 En France, les Verts, sous la houlette du député Noel Mamere avaient organisé plusieurs manifestations visant à dénoncer les méthodes de gestion de l'Etat par le nouveau gouvernement congolais, accusant par là même, un régime qui avait chassé un président démocratiquement choisi par le peuple.

* 89 Marie Christine Kessler, « La politique étrangère comme politique publique », in Frédéric Charillon (dir.) Politique étrangère. Nouveaux regards, op.cit, p. 72.

* 90 Cf l'interview du général Sassou in Jeune afrique l'Intelligent du 20 févier, 2000, p.19.

* 91 Marcel Merle, La politique étrangère, op.cit., p. 16.

* 92 Charles Zorgbibe, Les relations internationales, Paris, Presses universitaires de France, 5è éd., 1994, p.45.

* 93 Pierre Salignon et Marc Le pape, La guerre civile congolaise : une catastrophe humaine majeure, op.cit., p.33.

* 94 Les verts, sous la houlette de Noël Mamere en France ont organisé plusieurs manifestations pour dénoncer ce qui se passaient au Congo à partir de l'année 1998.

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