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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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Section II : Le Congo au coeur des enjeux africains

La politique africaine du Congo de cette première décennie du XXIè siècle peut être appréhendée comme une action en discontinuité avec celle qu'il a menée durant les années qui ont suivi les indépendances jusqu'à la fin de l'ère Sassou I ( 1979 -1992). Les nouvelles orientations politiques de Sassou Nguesso dans les dynamiques de l'intégration du Continent sont clairement définies. Ce dernier semble accorder plus de place à l'Afrique dans son agenda diplomatique. Le Président congolais affiche désormais un engagement et un enthousiasme à la vaste ambition d'une Afrique unie économiquement et politiquement.

A quelles logiques répond ce dévouement de plus en plus affiché pour le Continent ? Quels sont les enjeux sous-jacents à cet autre recentrage de la politique étrangère du Congo ? Si l'on s'en tient au fait que chez l'acteur politique aucun acte n'est gratuit, tout porte à croire que Sassou Nguesso souhaite réconforter la place du Congo en Afrique et accroître son influence auprès de ses pairs africains.

De ce fait, il voudrait se positionner comme l'une des nouvelles figures de proue, l'un des portes flambeau des idéaux panafricanistes résumés par la réflexion de Nkrumah «  Africa must unite »136(*)? Comment expliquer cette nouvelle stratégie ? Nouvelle stratégie car en remontant dans le temps, on s'aperçoit que toute la politique africaine du Congo a toujours été empreinte de signes de sa préférence ainsi que son alignement derrière la France. Cette dernière l'avait fait capitale de ses colonies d'Afrique noire. Aussi, son engagement vis-à-vis de l'Afrique ne pouvait être que partielle. Jouissant effectivement d'une position stratégique avantageuse, le Congo jouait un double jeu pendant les années qui ont suivi les indépendances, dans la mesure où ses dirigeants de cette époque étaient davantage en faveur de regroupements de moindre envergure, car cela représentait des enjeux pour le Congo. Aujourd'hui, une vingtaine d'années après, on assiste à une sorte de revirement stratégique de la diplomatie africaine du Congo.

Afin de mesurer la portée des nouveaux choix dans la politique africaine du Congo aujourd'hui, nous pensons opportun de remonter dans le temps pour saisir le « comment « et le «  pourquoi » du manque d'enthousiasme dans les actes du Congo en ce qui concerne l'ambition d'unir politiquement les entités africaines nouvellement indépendantes (Paragraphe1)et tenter d'analyser les motivations profondes qui sous- tendent l'option politique d'un recentrage de la politique africaine du Congo en passant par la définition des relations entre le Congo et ses partenaires de la Communauté économique et monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC) (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Le manque d'enthousiasme au projet des Etats-Unis d'Afrique

« L'Afrique ne prendra conscience de son destin, ne réalisera son unité, ne fera entendre sa voix dans le concert des nations que lorsque les Africains penseront eux-mêmes leurs problèmes, élaboreront eux-mêmes leurs propres solutions »137(*).

Telle est en substance l'argument avancé par l'un des promoteurs et idéologues d'une intégration politique des Etats africains. S'agit t-il là d'une véritable invitation à tout acteur africain, dont l'action peut influencer le cours de l'histoire de ce continent ? Il faut regretter que cette initiative n'avait pas trouvé d'écho favorable sur l'ensemble du continent et encore moins en République Populaire du Congo (R.P.C.) qui, dans ses actes manifesta son opposition et ce, en dépit du fait qu'elle avait pourtant souscrit aux principes et objectifs fondamentaux contenus dans la Charte de l'Organisation de l'unité africaine. Qu'est-ce qui justifie cette position?

Bien avant les indépendances, le Congo, encore sous colonisation française est considéré, comme « l'enfant affectionné de la France », Sassou Nguesso le soutient encore aujourd'hui : «  Nous savons toujours ce que nous devons à Savorgnan de Brazza, les autres (...) pour tout ce que la France a fait pour le Congo » 138(*) .

Incontestablement, cela lui confère un atout que ne possède alors ni le Gabon, ni le Tchad, ni la R.C.A, ni le Cameroun. La R.P.C. en fait un véritable atout stratégique en sa faveur. Elle est la capitale des colonies françaises d'Afrique (A.E.F.) dans les années 1940 avec des retombées énormes pour cet Etat.

Alors que la France et l'Europe sont sous la domination nazie, le Général De gaulle à Londres, choisit Brazzaville (qui est s'est ralliée à la France dite libre) pour abriter le Conseil pour la défense de l'Empire français en février 1944.

Ce détail est très important pour la R.P.C ; cela lui permet de maintenir l'illusion qu'il a acquis une certaine influence parmi les autres entités de l'A.E.F. ayant effectivement retourné ce facteur en sa faveur et qu'il pouvait à coup sûr brandir à tout moment.

C'est ainsi qu'il peut à cette époque espérer dissuader, persuader et susciter de l'attention. En outre, il se croit capable d'imposer ses vues aux autres.

A titre d'illustration, devenue une entité politique indépendante, à l'Assemblée générale de l'ONU, la R.P.C. est à la tête du groupe qui porte le nom de sa capitale politique : le groupe de Brazzaville139(*) composé de 15 Etats tous « indépendants ». La stratégie de la R.P.C. vise peut-être à maintenir son influence en s'unissant à 15 plutôt qu'au sein d'un cadre plus grand.

A la vérité, l'idée que toutes les entités politiques africaines devraient former un seul bloc homogène constituait à coup sûr une menace pour la R.P.C. qui, à ce moment avait accumulé bien des atouts à sa faveur. En conséquence, elle ne voudrait en aucun cas voir se diluer sa «puissance » dans une grande et seule entité où elle n'aurait certainement plus « d'autorité »140(*) . En plus, ses antécédents avec la France ont fait que l'Afrique n'avait pas une place prioritaire dans son agenda de politique extérieure.

Une vingtaine d'années plus tard, l'Afrique semble désormais occuper une place de choix dans le nouvel agenda de politique étrangère du Congo. Le Congo de la première moitié du XXIè siècle réconforte sa position et manifeste des signes en faveur d'une Afrique qui doit être « le sujet de sa propre histoire et non plus l'objet des manipulations extérieures »141(*). (Voir l'annexe 3 à la fin de cette étude) De nouveau à la tête du Congo, Sassou Nguesso modifie la trajectoire de la politique du Congo face à l'Afrique. Ceci n'est pas sans susciter des interrogations de notre part. Comment expliquer ce rôle ? Son action à la tête d'un Etat d'à peine quatre millions d'habitants pèse-t-elle vraiment sur le devenir du continent ? Ce recentrage vise-t-il les intérêts du continent entier, ou répond-t-il à des besoins particuliers, quelles sont les significations, sinon la finalité de cette politique ?

* 136 Africa must unite est le maître ouvrage de Kwame Nkrumah publié en 1963, après les indépendances politiques des territoires coloniaux de l'Afrique noire dans lequel il expose ses idéaux en faveur d'une intégration politique du continent africain. Cet ouvrage est considéré comme la bible de l'idéologie du Panafricanisme.

* 137 Boutros-Boutros, Ghali, L'organisation de l'Unité africaine, Paris, Armand colin, 1969, p.5.

* 138 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris, op.cit, p. 47.

* 139 Le groupe de Brazzaville s'est constitué lors de la XVè Session de l'AGNU, avec l'admission massive en septembre 1960 de 15 Etats africains dont 11 territoires anciennement sous colonisation française. Il s'agissait du Congo, de la Côte d'Ivoire, du Dahomey (l'actuel Bénin), du Gabon, de la Haute volta (l'actuel Burkina Faso) de Madagascar, du Niger, de la R.C.A, du Sénégal, et du Tchad.

* 140 David Sinou, Le phénomène des groupes à l'OUA : Fondements, dynamiques et incidences (1963-1983), Thèse de 3è cycle en Relations internationales, option : Diplomatie, IRIC, Yaoundé, décembre, 1987, pp. 46-48.

* 141 Sassou Nguesso, Le manguier, le fleuve et la souris, op.cit., p.57.

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