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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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C. Les enjeux du Congo dans cette initiative

Incontestablement, l'initiative prise par le président Sassou Nguesso qui, faut-il le rappeler, avait déjà présidé aux destinées du continent entre 1986-1987, de mettre sur pied un cadre juridique et institutionnel indispensable à l'U.A. présente aussi de nombreux enjeux pour cet acteur politique.

Sa motivation véritable est qu'il voudrait se positionner comme l'une des figures de proue dans les nouvelles dynamiques de l'intégration africaine aux côtés du Guide libyen Mouammar kadhafi. Pour avoir  montré un intérêt particulier pour l'adoption par plus des deux quarts des Etats membres de l'UA et un investissement personnel et financier154(*), le Général traduit assurément en actes son ambition de faire partie d'un ensemble géopolitique plus grand avec peut-être, la prétention d'en être un jour, l'un des éléments clé.

Cela ne fait aucun doute, car, il y a bel et bien des enjeux géopolitiques dans la politique africaine du président congolais, étant donné que la motivation politique est de placer le Congo au coeur des enjeux africains. La mise en perspective d'un tel comportement est possible et nous permet de postuler que l'objectif du président Sassou Nguesso est clair : rendre le Congo incontournable dans la diplomatie africaine.

Michel Rocard n'a pas manqué le couvrir d'éloges à ce titre, en comparant le Pacte contre l'agression avec le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD). Pour lui, celui-ci est l'initiative de cinq chefs d'Etats alors que là c'est « un seul homme qui prend sur lui le destin sécuritaire de l'Afrique, c'est courageux de la part du président congolais, on ne pourra plus parler de NEPAD sans parler de la Doctrine Sassou »155(*).

Au terme de cette analyse l'on peut affirmer que les orientations de la politique africaine du Congo sous Sassou II depuis son retour sur la scène politique congolaise, ne sont pas neutres, mais traduisent des motivations politiques bien précises.

L'action politique du Congo pour l'Afrique est passée de l'hésitation à une vitesse supérieure. Cet engagement est aussi perceptible à l'endroit des pays voisins, c'est-à-dire face à des pays avec lesquels, il partage les mêmes frontières.

Paragr La pertinence du Pacte contre l'agression

Il convient de noter tout d'abord que le Pacte contre l'agression est un vaste projet dont le processus d'évaluation d'efficacité ou d'opérationnalité est à inscrire dans la durée. Il serait bien trop tôt de dresser le bilan alors que tous les Etats membres de l'U.A. n'ont pas jusqu'à ce jour, souscrit au dit Pacte.

Toutefois, une défense commune revêt une importance inéluctable sans laquelle, tout effort sur le plan sécuritaire ne pourrait que se solder par des résultats que l'on connaît jusqu'à ce jour.

Le développement de l'Afrique sera tributaire de la capacité des africains à établir la paix sur le Continent.

Ensuite, les conflits sont loin d'avoir été évacués du continent et que bien que l'Afrique centrale et celle des Grands Lacs ne se trouvent pratiquement plus au bord de l'effondrement général et ne risquent plus de passer demain pour l'épicentre d'une implosion continentale156(*) ,une défense commune est nécessaire.

Le continent abrite encore d'autres foyers de tensions. Les conflits au niveau de la Corne de l'Afrique, et bien d'autres latents ou ouverts dans d'autres régions du Continent sont loin d'avoir été complètement éteints.

Mais l'argument en faveur d'une institution pour une défense commune pour l'Afrique est qu'à l'heure actuelle tout comme avant, les intérêts économiques des anciennes métropoles y sont prépondérants. Il s'agit des  « puissances d'argent » qui manifestent de moins en moins d'intérêt vis-à-vis des problèmes sécuritaires du continent.

Des statistiques montrent que l'effectif global des armes en Afrique se situe à 2,2 millions pour 14 milliards de dollars par an157(*). Or, nul n'ignore que ces armes servent le plus souvent à la déstabilisation du continent. Aussi la défense commune devient-elle indispensable ne serait-ce que pour cette raison.

La présence d'une  force africaine au Darfour bien que ne disposant pas pour le moment des moyens logistiques, apparaît comme le signe tangible de la marche vers la défense commune en question.

L'adoption d'un cadre institutionnel, pouvant servir de base juridique d'une armée africaine unique et supranationale qui interviendrait dans les conflits frontaliers et autres formes d'agression inter-Etats, s'avère donc salutaire.

La dernière question que l'on peut se poser tout naturellement est de savoir quels sont les enjeux du Congo, mieux, les gains recherchés par l'un des initiateurs de ce projet,  le Président Sassou Nguesso? Autrement dit, que gagne le Congo dans ce projet ? Car il nous faut, comme le préconiserait l'analyse géopolitique, chercher les motivations, les visées profondes pour comprendre l'action des acteurs internationaux158(*).

* 154 Rodolphe Adada (Ministre d'Etat,Ministre des affaires étrangère de la République du Congo), « Un instrument à la disposition de l'Union africaine », in Géopolitique africaine, n° 22, avril, 2006, pp. 24-28.

* 155 Michel Rocard, « Le Pacte contre l'agression, un système de solidarité entre Etats », in Géopolitique africaine, revue trimestrielle, n°12, automne, octobre, 2003, p. 9.

* 156 L'expression est de Roland Pourtier, «  L'Afrique centrale dans la tourmente : Les enjeux de la guerre au Congo et alentour », Tragédies africaines, Hérodote, n°11, Paris, la Découverte, 4 è trimestre, 2003, pp. 11-39. Cet auteur soutient qu'étant donné les crises politiques chroniques observées dans la région des Grands Lacs, celles-ci se transformeraient en un véritable embrassement et se répercuteraient sur l'ensemble de l'Afrique centrale. Aujourd'hui,les faits démontent cette thèse car on assiste depuis peu de temps à une accalmie généralisée dans les turbulences dans cette région symbolisée par la fin de la guerre au Congo, en Centrafrique ,au Tchad.

* 157 Bashir Sahel Bashir « L'Afrique, pourquoi une défense commune ?», op.cit., p. 9.

* 158 François Thual, Méthodes de la Géopolitique : Apprendre à déchiffrer l'actualité, op.cit., p. 26.

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