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La politique étrangère du Congo-Brazzaville(1997-2007) : jeux et enjeux d'une realpolitik

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par Sylvie Lembe
Institut des Relations internationales du Cameroun - Master II 0000
  

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aphe 3 : La recherche de relations de bon voisinage et d'une coexistence

pacifique

La politique étrangère du Congo vis-à-vis de ses voisins sous le président Sassou NGuesso II se situe dans la droite ligne de ce qui a toujours prévalu. Elle trouve ses principes dans la première Constitution de la République populaire du Congo (celle de 1977). Ils sont repris par celle de 2002.

Traditionnellement, ces principes se structurent autour de la quête de relations de bon voisinage et de coexistence pacifique. Pour Alfredo Varelo159(*), ces notions de bon voisinage et de coexistence pacifique semblent synonymes avec, toutefois des contenus différents. Ainsi, la coexistence pacifique serait plutôt un principe qui régirait les rapports entre les Etats à systèmes socio- politiques différents. Elle aurait pour but principal de favoriser la détente et d'atténuer les conflits.

Alfredo Varelo ajoute que la coexistence pacifique signifie avant tout que les contradictions antagonistes entre les pays socialistes et capitalistes, la confrontation des deux systèmes dont chacun part de ses propres positions de classe, ne rendent aucunement inévitable un conflit militaire entre eux160(*).

Appliqué à l'Etat du Congo, les relations de bon voisinage et de coexistence pacifique excluent l'intervention de celui-ci dans les affaires intérieures d'autres Etats, la violation de leur intégrité territoriale et de leur souveraineté161(*).

Dès lors, il apparaît très clairement que la notion de coexistence pacifique met l'accent sur la sécurité et la paix, la coopération économique, les échanges culturels etc.

Le bon voisinage par contre, implique non seulement le maintien et le développement de bonnes relations politiques, mais aussi et surtout, le renforcement des alliances, de la coopération. Celle-ci doit être souhaitée, active et recherchée.

Comment se vérifient ces postulats dans la structuration des rapports entre le Congo et ses voisins de la sous région ?

A- la recherche d'un voisinage serein avec la R.D.C.

Les relations entre les deux Congo n'ont pas toujours été d'amitié. Si l'on remonte dans l'histoire, on s'apercevra que celles-ci ont été jalonnées de crises. Mais le Congo Brazzaville semble privilégier depuis, le compromis et les réajustements. C'est ainsi que le Manifeste du 16 juin 1970 sur la réconciliation entre les deux Etats fut adopté, dans lequel les présidents Mobutu et Ngouabi s'engageaient solennellement « à tout mettre en oeuvre pour sauvegarder et consolider la paix et la coopération entre les deux Congo, afin d'assurer la coexistence pacifique entre leurs Etats, pour une meilleure compréhension et pour une amitié indéfectible et permanente des peuples frères »162(*). Trente années plus tard, quel bilan peut-on faire de ce Manifeste ?

Les relations entre les deux Etats ont connu des périodes de crispation jusqu'en 2001 de sorte que, à s'en tenir aux propos d'un diplomate anonyme : « à cette période, c'est comme si ces deux pays qui se font face, se tournaient le dos »163(*). Brazzaville est effectivement située en face de Kinshasa sur le Fleuve Congo. Cette proximité géographique naturelle devrait pourtant favoriser de facto des relations diplomatiques intenses. A l'examen cependant, l'on dresse un tableau différent à cause du manque d'affinités politiques entre les deux Etats.

Le président congolais de Brazzaville a toujours soutenu Jean Pierre Mbemba, ancien vice président et leader du Mouvement pour la Libération du Congo démocratique (M.L.C.). Or, ce mouvement a toujours été considéré par les autorités de Kinshasa comme un mouvement rebelle visant à déstabiliser le pouvoir officiel.

Toutefois, le Général Sassou Nguesso ne s'est pas impliqué dans les activités menées par le M.L.C.

D'aucuns pensent que le Congo Brazzaville ne met pas assez à profit toutes les possibilités de coopération qui existent avec la R.D.C.

Aujourd'hui, le Congo (Brazzaville), tente de restructurer ses rapports avec son voisin de l'autre côté du fleuve de manière à ce que ceux-ci lui soient avantageux.

La realpolitik conduit parfois à des accommodements vis-à-vis des acteurs ou des partenaires dont on n'a pas la même perception des affaires.

Ainsi, les relations entre les deux Etats semblent renaître bien qu'il nous ait été difficile d'établir des statistiques sur l'évolution des échanges commerciaux entre les deux Etats par exemple164(*). Il est à noter au demeurant que la R.D.C. est le premier fournisseur de produits alimentaires de base au Congo Brazzaville.

Sur le plan politique, l'on a pu noter des signes d'une reprise de dialogue, avec notamment, la visite officielle du Président Sassou Nguesso à Kinshasa en 2004, au cours de laquelle des entretiens cordiaux ont eu lieu et, ont porté sur la reprise d'une coopération plus pacifique et plus visible entre les deux pays.

S'ajoute à ceci, la présence du président Sassou Nguesso lors de la prestation de serment du nouveau Président de la R.D.C Kabila Joseph ( Junior) sans oublier, le dernier déplacement de Sassou Nguessu en janvier 2007 où il est allé rendre un hommage au cardinal Frédéric Etsou décédé.

Nous pourrons fournir davantage d'exemples qui sont des signes d'une nouvelle impulsion des relations diplomatiques bilatérales entre les deux Etats.

Par ailleurs, nous avons volontairement négligé les périodes de tension aiguë entre les deux Etats pour mettre l'accent sur les efforts déployés par le président Sassou Nguesso en vue de coexister pacifiquement et maintenir un commerce d'amitié avec son voisin, ce d'autant plus que le Congo semble résolument vouloir en finir avec les relations d'hostilités avec ses voisins. Désormais, il est question d'en finir avec les questions qui fâchent.

Somme toute, les relations entre ces deux Etats se déclinent en termes de tensions, de dégel, et de rapprochement, justifiant ainsi, ce que fait valoir Marie-Christine Kessler des rapports qu'un Etat entretient avec les gouvernements étrangers qui peuvent être de rivalité, d'hostilité ou d'amitié 165(*)

En outre, cette alternance dans les relations diplomatiques bilatérales entre ces deux Etats est une caractéristique classique des relations internationales car, comme le concède Raymond ARON, celles-ci, ont toujours étés articulées autour de la double option de la guerre et de la paix, incarnée par le diplomate et le soldat166(*).

Si avec la R.D.C., le Président Sassou Nguesso tente de façonner un nouvel environnement propice à une coexistence pacifique, le commerce avec d'autres pays voisins s'avère plus fluide et plus poussé dans le cadre d'une intégration sous-régionale.

* 159 Alfredo varela « La coexistence pacifique et coopération pacifique »,in La nouvelle revue internationale (Problème de la paix et du socialisme) n°7,22 année, juillet 1979, p.4.

* 160 Idem.

* 161 Article 40 de la Constitution de 1979.

* 162 Le 16 juin 1970, les deux chefs d'Etat s'étaient rencontrés solennellement à Kinshasa et établissaient le cadre d'une nouvelle coopération. A cette occasion fut signé un document officiel portant le nom de Manifeste du 16 juin 1970.

* 163 Informations tirée d'un article intitulé « Congo Brazzaville- Kinshasa : Le strict minimum » disponible sur le site  internet : www.congopages.cg, consulté le 7 juin 2007.

* 164 La réalisation de ce travail a nécessité des interviews avec les représentants de la R.D.C. au Cameroun.

Nous n'avons pas pu obtenir d'eux des données relatives à l'évolution des échanges commerciaux entre le Congo Brazzaville et la R.D.C.

* 165 Marie-Christine Kessler, « La politique étrangère comme politique publique », in Frédéric Charillon, (dir.), Politique étrangère. Nouveaux regards, op..cit,p.75.

* 166 Raymond Aron, Paix et guerre entre les nations, op.cit.,p. 69.

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