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Evolution et incidences de la Technologie sur les pratiques de communication en France des années 1960 à nos jours

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par Quinchy RIYA
Université Paris-Est Marne-La-Vallée - M1 2011
  

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Chapitre III : Déclin ou mutation du modèle traditionnel ?

3) Une « évolution » plus qu'une « révolution » des formes et des pratiques du schéma traditionnel.

3.A) Télévision et Radio : Des vieux médias qui conservent leurs positions.

Le schéma traditionnel connaît, avec le web, des évolutions structurelles notables. En effet, on pense notamment aux nouvelles possibilités offertes par ce nouvel outil en termes de fréquence d'échanges. Le web a également modifié la structure et la place du débat public qui se passe désormais beaucoup plus sur Internet qu'à la télévision156(*).

Le web bien qu'extrêmement important depuis environ six ans en termes de d'images et de potentialités de mobilisation politique, reste essentiellement un outil d'informations et de débat public. La structure audiovisuelle, la télévision notamment, reste dominante comme outil de diffusion de la parole politique en direction de l'opinion et cela reste vrai depuis les années 1960157(*). Ce qui atteste de cette réalité c'est la quantité importante d'émissions traitant de sujets politiques. On notera également l'augmentation à la radio et à la télévision du nombre d'émissions traitant de politique ou invitant des personnalités politiques depuis le milieu des années 2000. A titre d'exemple, pour le mois d'Avril 2011, Radio Classique, I-Télé, France 2, Direct 8 et TF1 ont annoncé chacune la création d'une nouvelle émission politique sur leurs chaînes et stations158(*).

La télévision et la radio demeurent importantes pour la médiation politique, d'autant qu'elles constituent un enjeu déterminant pour les chaînes et les stations en raison du succès des émissions qui invitent des professionnels de la politique. Par exemple, lorsqu'on regarde la grille des programmes pour le mois d'Avril 2011 des six chaînes leaders, à savoir, TF1, France 2, France 3, Canal +, France 5 et M6, on dénombre un total de plus de quinze émissions ou de magazines traitant de sujets politiques ou invitant des personnalités politiques. Pour celles qui connaissent le meilleur taux d'audiences on citera notamment les JT des chaînes, très regardées, Face aux Français, Dimanche + ou encore le Grand Journal159(*).

Le constat est similaire lorsqu'on s'attarde sur la grille des programmes des quatre plus grandes stations radiophoniques, à savoir, RMC, Europe 1, le groupe Radio France et RTL. En effet, on remarque qu'il y a sur l'ensemble de la grille des programmes plus de quinze émissions traitant de sujets politiques ou au sein desquelles les personnalités politiques sont invitées à débattre ou à répondre à des questions160(*). On a donc au total près de trente émissions ou de magazines politiques sur un total d'à peine dix chaînes et stations. On peut même y ajouter les chroniques politiques régulières ou encore les éditions ou émissions spéciales créée par les chaînes de télévision et les stations radio en période pré-électorale ou en plein période électorale. C'est d'autant plus visible lorsqu'on regarde les parts d'audience réalisées par les six chaînes de télévisions et les stations de radios. Selon une étude de l'agence Médiamétrie, sur la période allant du 28 Février au 3 Avril 2011, les six chaînes nationales ont réalisé plus de 66,3% de parts d'audience. On note également que l'intervention télévisée du premier ministre, François Fillon et l'émission politique sur le 2e tour des élections cantonales font partie des meilleures audiences des chaînes France 2 et France 3161(*).Quant aux stations radios elles-mêmes, toujours selon une étude de l'agence Médiamétrie, réalisée pour la période Janvier-Mars 2011, Europe 1, France Bleu, France Inter, RMC et RTL, qui sont généralement définies comme des stations généralistes, réalisent à elles seuls 43% de parts d'audience pour la période Lundi-Vendredi162(*).Ce qu'il faut donc comprendre, c'est que toutes ces émissions drainent une audience extrêmement importante. Autre exemple, l'émission «  L'Invité de RTL » de Jean-Michel Apathie, qui prend la forme d'une interview politique, parvient à avoir en moyenne, selon la station de radio, jusqu'à 2 millions d'auditeurs.

Cependant, nous pouvons faire deux remarques. La première, c'est que l'on voit que la parole politique à la télévision s'effectue de plus en plus dans des émissions de divertissement, plus attractives, au sein desquelles, les personnalités politiques sont invitées à répondre à des questions d'actualités. A cet égard, les émissions grand public de France 2 telles que «  On n'est pas couché » et «  Face au Français » sont très illustratives de cette tendance163(*). La seconde, c'est qu'il y a tous les jours de la semaine des émissions invitant une personnalité politique ou traitant d'un sujet politique à la radio comme à la télévision, et cela même le Dimanche, ce qui souligne très largement l'intérêt de l'opinion pour la vie politique164(*). En outre, on parvient très nettement à distinguer une tendance générale dans la répartition de ces émissions. La radio apparaît clairement l'outil du matin, avec notamment la multiplication des matinales, en revanche, la télévision apparaît davantage comme outil de médiation du soir, avec notamment les émissions de plateaux. Cependant, que ce soit le matin ou le soir, toutes ces émissions sont diffusées à des horaires où l'audience est très importante165(*). Le souci de l'audimat est en réalité un héritage direct de la structure traditionnelle dans la communication politique, car un taux d'audimat élevé permet une diffusion plus large de la parole politique auprès de l'opinion.

Par ailleurs, on sait que ces magazines et émissions jouent un rôle important dans la médiation politique puisqu'elles permettent, bien plus que le web, de s'exprimer avec un niveau de discours plus adapté au grand public que des émissions politiques très spécialisées que l'on pouvait voir dans les années 1970-1980, tels que «  Le club de la presse » d'Etienne Mougeotte ou «  à porté de gifles » de J.P. Elkabbach166(*).

Malgré cela, il faut préciser que les médias traditionnels et grand public sont privilégiés par les personnalités politiques les plus médiatiques. C'est-à-dire, celles qui ont le plus facilement accès à ces canaux et qui sont très souvent, soit les plus cotées dans les sondages, ou soit qui les plus connues. A l'inverse, les personnalités politiques de moindre envergure, elles, sont tentées de privilégier les outils de web 2.0 pour faire porter leurs voix. Benoît Thieulin confirme cette logique lorsqu'il évoque l'importance de la télévision pour la strate politique :

«Oui, elle y consacre plus de temps qu'avant mais elle y consacre moins de temps que pour les médias traditionnels et elle a bien raison. Cependant, il faut être précis. Par exemple, D. Strauss-Kahn et S. Royale vont au J.T de 20h mais il est normal qu'ils consacrent plus d'énergie et de temps pour passer au 20h ou d'avoir une Interview dans «  Le Monde » que d'animer leur page Facebook »167(*).

Les médias traditionnels sont aussi privilégiés par le public pour l'information politique pour deux raisons, l'habitude et l'accessibilité plus facile de la radio et de la télévision de façon générale, qui demande très peu de compétences.

Utilisons un autre exemple pour illustrer l'importance de la structure audiovisuelle et l'impact encore très profond de celle-ci. Lors des récentes élections cantonales de Mars 2011, le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel a décidé de limiter, dans le cadre de la campagne officielle de ces élections, la parole des politiques dans les médias par le système du décompte du temps de parole168(*). Les chaînes de télévision et les radios étaient sommées faire en sorte de donner aux politiques un temps de parole équivalent. Ce «  moratoire communicationnel », émanant de la plus haute autorité audiovisuelle a provoqué une situation très compliquée au sein de la structure audiovisuelle, qui a dû composer avec cela. En effet, dans la mesure où actuellement beaucoup d'émissions télévisuelles et radiophoniques fonctionnent sur le principe de l'invitation de professionnels de la politique, le bridage de la parole de personnalités politiques peut s'avérer très gênante pour les chaînes et les politiques. Ce bridage de la parole politique dans les médias traditionnels illustre l'importance encore effective des médias traditionnels sur l'opinion.

Pour autant, l'importance encore très présente de la structure audiovisuelle ne doit pas occulter le fait que le web a aussi très largement impacté la façon dont les politiques s'expriment à la télévision et à la radio. Le centre d'archives que constitue le web ajouté au fait que l'information circule à une vitesse jusqu'à présente jamais atteinte, pratiquement en temps réel, pousse les politiques à être plus prudents lorsqu'ils parlent et les chaînes et les stations de radio à produire une information de qualité.

La télévision et la radio sont bien plus des outils de diffusion d'idées que de véritables lieux de débats comme peut être le web 2.0. Ils constituent un enjeu central dans une stratégie communicationnelle appliquée par les politiques car l'audience que les émissions peuvent réaliser et l'impact du message véhiculé par ces canaux peut s'avérer extrêmement puissant.

En effet, le web apporte un outil supplémentaire à la communication politique et, il s'inscrit davantage dans une logique de médium alternatif ou d'approfondissement de l'information, que dans une logique de substitution des vieux média. Pour le dire autrement, il est d'avantage un outil d'expertise de la parole et de l'information politique. En réalité, l'évolution la plus importante observée, c'est que l'opinion combine de plus en plus Internet avec les médias traditionnels pour l'information politique pour juger de la qualité des contenus livrés par ces vieux médias169(*). La structure traditionnelle médiatique connaît plus une évolution des formes et des pratiques qu'une révolution à proprement parler. Ainsi, on constate que les pratiques se trouvent plus dans la continuité du modèle traditionnel.

* 156 Sur le sujet voir MOUCHON J., « Le résistible déclin du débat public à la télévision », Mots, ENS LSH Lyon, n° 67, 2001, 8 pp.

* 157 Sur la question voir l'ouvrage de LE FOULGOC AURELIEN, «  Politique & télévision : Extension du domaine politique », Paris, I.N.A, Médias essais, 2010, 210pp.

* 158 Sources : http://www.france-communication.com/actualites-en-regions/ile-de-france/profile-pr/2244-une-nouvelle-emission-politique-sur-i-tele-et-radio-classique.html; http://www.katorze.com/le-mag/actus-media/direct-8-une-nouvelle-emission-politique-pour-la-compagne-de-francois-hollande; http://www.hellocoton.fr/laurence-ferrari-explique-sa-nouvelle-emission-politique-2484199; http://www.lejdd.fr/Medias/Television/Actualite/France-3-prepare-son-emission-politique-303177/?sitemapnews.

* 159 Pour cette étude, nous avons procédé à l'étude des émissions invitant des professionnels de la politique et traitant de sujets politiques, les émissions peuvent avoir la forme de magazines, d'émissions de plateaux spécialisées ou de divertissement. Voir Annexes : N°17 « Cartographie des émissions télévisuelles ».

* 160 Similaire à la note précédente. Voir Annexes : N°18 « Cartographie des émissions radiophoniques ».

* 161 Etude réalisée par l'agence www.mediametrie.fr sur les PDA réalisées par les chaînes de télévision pour la période Fév.-Avril 2011. Source : http://www.mediametrie.fr/television/communiques/l-audience-de-la-television-en-mars-2011.php?id=431.

* 162 Etude réalisée par l'agence www.mediametrie.fr sur les PDA réalisées par les stations de radio pour la période Janvier-Mars 2011. Source : http://www.mediametrie.fr/radio/communiques/l-audience-de-la-radio-en-france-sur-la-periode-janvier-mars-2011.php?id=433.

* 163 Voir en exemple un extrait de l'émission «  On n'est pas couché » du 13/10/2011 où Dominique de Villepin était invité. Source : http://www.youtube.com/watch?v=Vl46tP4FCP0; Voir également un extrait de l'émission «  Face aux Français » du 26/01/2011 où Ségolène Royal était invitée. Source : http://www.youtube.com/watch?v=qd5zMsEQyQ8.

* 164 Voir en exemple un extrait de l'émission « Dimanche + » du 24/04/2011 où Christian Estrosi était invité. Source : http://www.canalplus.fr/c-infos-documentaires/pid3354-c-dimanche.html; Voir également l'ouvrage de LE FOULGOC AURELIEN, «  Politique & télévision : Extension du domaine politique », Paris, I.N.A, Médias essais, 2010, 210pp.

* 165 Sur le sujet consulter l'ouvrage de CAYROL ROLAND, « La revanche de l'opinion : Médias, sondages, Internet », Paris, Jacob Duvernet Ed, Quelle France Demain, 2007, 205 pp.

* 166 Sur le sujet, voir l'article de Libération. Sources : http://www.liberation.fr/medias/0101135750-les-emissions-politiques-du-debat-ideologique-au-regne-des-sondages. (Consulté le 13/04/2011).

* 167 Citation extraite de l'entretien menée en compagnie de Benoît Thieulin en date du 11/04/2011. Voir Annexes : N°3.

* 168 Sur le sujet, voir l'article du journal du «  Point » en ligne. Source : http://www.lepoint.fr/chroniqueurs-du-point/emmanuel-berretta/les-cantonales-brident-la-presence-des-politiques-a-la-tele-07-02-2011-136385_52.php.

* 169 Voir l'étude en ligne intitulée «  Internet creuse la facture civique » de T. VEDEL. Source : http://www.iceta.org/tv210610.pdf. (Consulté le 24/04/2011).

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery