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L'etre-là  africain et inculturation: essai d'une relecture théologique de Martin Heidegger pour l'Afrique

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par Roland TECHOU
Grand Séminaire Mgr Louis Parisot Tchanvedji Bénin - Baccalaureat en théologie 2010
  

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CONCLUSION GENERALE

LA REDEMPTION COMME FORCE CREATRICE

DONNEE A NOS TRADITIONS

Le Christ ne vient pas brimer nos traditions mais Il vient leur redonner une force. Il n'est pas venu abolir mais accomplir. Toute culture offre donc des potentialités de rédemption que le Christ par sa rédemption vient porter à son accomplissement.

Comment alors sortir du malaise dans lequel vivent de nombreux chrétiens africains ? Malaise animé par l'incertitude en face de l'avenir, la souffrance et le désespoir, l'emprise des croyances magiques, la prolifération du religieux et du diabolique, les fantasmes et les angoisses qui se font jour. Pour sortir de cette impasse, il faut promouvoir une expression africaine de la foi surgie de notre vision du monde et de notre expérience historique propre. Il s'agit d'un christianisme qui parle à l'africain dans son contexte actuel, qui tienne compte de sa situation historique, économique et politique et qui doit s'exprimer dans sa culture. Ce christianisme est le seul capable de répondre tant aux questions de la tradition africaine qu'aux aspirations du monde aujourd'hui. Autrement dit par notre travail, nous sommes partis de la conviction qu'on ne doit plus se référer à une Afrique qui n'est plus, il nous faut assumer le présent et nous interroger à partir de la situation actuelle de l'être-là africain inséré dans le monde. Ceci est d'autant plus urgent que tous sont d'accord sur la nécessité de l'inculturation, mais il n'y a guère d'entente sur la manière dont cela doit se faire et sur ce qu'en sont les implications. Construit sur le modèle de l'incarnation, le mot inculturation qui ne dit rien dans le concret de son application mérite à présent d'être observé dans un contexte particulier. Autrement dit, il faut l'évaluer dans la perspective de devenir des chrétiens africains. Nous avons donc pu saisir la culture dans sa complexité et comprendre sa place dans la société en relation avec les autres facteurs que sont l'économie et la politique, les relations personnelles et sociales et la religion. On en a retenu combien la transformation culturelle est un élément essentiel de la transformation sociale.

Dans cette perspective, le chemin de la libération pour l'être-là en général et pour l'être-là africain en particulier, transite à travers une réappropriation critique des trois impératifs suivants :

- nécessité de penser comme agir; l'interpellation de Heidegger vis-à-vis de l'être humain à l'exercice de la pensée, n'est pas uniquement pour l'amener à agir, mais également et surtout pour rendre l'être humain capable d'avoir la maîtrise de concepts, de les transcender pour se démarquer de l'essence animale.

- la force de la tradition créatrice. C'est la tradition créatrice qui explique la domination européenne et c'est aussi pour l'être-là africain une opportunité à saisir pour se démarquer de la tradition transmission. C'est la condition pour s'impliquer comme partenaire dans la mondialisation, faisant de sa tradition une création.

- la quête de l'universel - singulier. Aujourd'hui, l'être - là devra être fonctionnaire de l'humanité, un citoyen du monde; la préférence nationale devenant une utopie. La complémentarité dans l'être entre l'Un et le Multiple ainsi que Heidegger le nomme sur le plan ontologique comme Identité et Différence, explique l'urgence d'une préférence de la citoyenneté mondiale.

Il n'y a donc pas à défendre une tradition africaine figée et éternelle. Il ne s'agit pas non plus de vexer dans un relativisme pur. Il s'agit pour nous africains d'inscrire notre combat dans le présent, en prenant la responsabilité de notre futur. La tradition n'est ni un ciel d'idées immuables, ni un corps de valeurs éternelles. Elle est notre mémoire et sa validité provient du fait qu'elle est la plage de valeurs que nous pouvons toujours redécouvrir. En assumant comme première revendication de cet enjeu, notre hypothèse a pris en compte la réalité de la négritude que nous avons essayé de dépasser. La poser dans une appréhension théologique, nous sommes parvenus à la conclusion évidente que le seul et grave problème qui se pose à l'africain est celui de l'inculturation de la foi chrétienne. Nous nous sommes convenus avec le théologien Penoukoun que'' Inculturer la foi signifie insérer le message chrétien dans une culture, y adhérer avec ses modes de penser, d'agir, de vivre; avec ce qu'on est et aspire à être. Il s'agit en l'occurrence d'une volonté et d'un effort concret, pour évangéliser nos traditions, convertir nos mentalités...''80(*) Ce fut la visée de la négritude mais dans un combat purement social voire intellectuel. Or l'identité de l'être-là africain dans sa rencontre avec l'occident évangélisateur oblige à se situer au coeur de la juste problématique. Celle-ci est beaucoup plus axée sur la relation Dieu/Homme. C'est Dieu qui vient s'inscrire dans notre culture pour que celle-ci retrouve son souffle théologique. D'où la pertinence de l'herméneutique à la fois comme voie royale pour atteindre la vraie conception de Dieu ainsi que Heidegger nous y a aidé et aussi comme un autre nom de l'inculturation, ce processus vital de notre être théologique. Nous arrivons au terme de cette réflexion en récapitulant les trois axes de notre hypothèse :

- La foi en Dieu engage tout l'homme dans tout ce qui constitue son être et sa vie ; Or le croyant est une personne précise en situation socioculturelle. Et c'est dans un tel contexte que Dieu se révèle à lui. Il ne peut que l'accueillir au coeur de ce qu'il est et vit. C'est ce que nous avons développé tout au long des lignes qui se sont appesanties sur l'authenticité de l'être-là dans son double enracinement : culturel et théologique.

- Il s'agira pour lui d'ouvrir l'Evangile à sa culture et sa culture à l'Evangile en recherchant les voies nouvelles d'un savoir-dire-Dieu au sein de l'histoire et à partir de ses élaborations culturelles. Le recours à l'herméneutique avec la figure de M. Heidegger nous a maintenus dans l'horizon de cette démarche.

- Le Christ apparaît comme celui qui donne à l'africain de valoriser sa culture, en même temps qu'il l'amène à une conversion profonde. Toute herméneutique étant une inculturation, celle-ci a constitué l'épine dorsale de notre parcours avec la conclusion que l'identité de l'être-là africain est fonction de l'homme africain d'aujourd'hui.

Notre travail comme nous le posons au départ, n'a pas eu pour vocation de donner les traits caractéristiques de l'être-là africain ou encore de proposer l'itinéraire d'inculturation capable de rejoindre ce sujet culturel. Toute autre recherche qui voudrait s'inscrire dans ce sens pourrait s'y investir en sachant que, l'herméneutique, l'Inculturation et l'Evangélisation sont à tenir ensemble. Les trois font appel à la culture et exigent donc une compétence culturelle dans tout son dynamisme d'acculturation et de transculturation. C'est là l'oeuvre d'une personne bien enculturée faisant oeuvre d'un dynamisme qui n'est pas culturellement vierge non plus. Il lui faut simplement se laisser initier par la culture d'accueil. C'est une entreprise héroïque qui demande d'étudier la culture dans ses ramifications les plus inédites. Cela revient en réalité à une écoute des cultures, faisant taire la sienne propre. Nous envisageons pour cela, trois itinéraires d'approches :

-Une approche englobante de la culture ; respecter la culture et éviter tout réductionnisme.

-Une approche qui sait rendre compte des forces qui constituent l'identité particulière de chaque culture ; se familiariser avec la vision du monde de la culture à évangéliser.

-Une approche qui envisage le problème du changement socioculturel ; être attentif aux réalités incontournables d'acculturation ou de transculturation.

Tchanvédji, le 1er Novembre 2007 en la fête de TOUSSAINT

INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES

ADOUKONOU, B., Jalons pour une théologie africaine

Essai d'une herméneutique chrétienne Du vodun Dahoméen

Paris, Léthielleux, 1985, T I et TII

------------------------. , Vodun, Sacré ou Violence ?

Le Sillon Noir (Mewihwêndo) et la question éthique au coeur

du Vodun Sacré. Thèse de doctorat, Sorbonne,

Paris, U.R.F., 1988 TI et TI I

AGOSSOU, M. J., Christianisme africain, Une fraternité au-delà de l'ethnie,

Paris, Karthala, 1987

* 80 _ Efoe-Julien Penoukoun, Eglise d'Afrique, propositions pour l'avenir, Karthala, 1984, p 43

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius