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La laà¯cisation de l'espace politique en république démocratique du Congo. une analyse critique des rapports église catholique-état de l'indépendance à  2008

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par Sylvain CIRHUZA BALAGIZI
UOB - Licence 2008
  

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Section IVème : De la Transition démocratique à la troisième République

Les transitions démocratiques ont mis en évidence, un peu partout en Afrique subsaharienne, la visibilité retrouvée des Eglises chrétiennes. Selon les cas, elles ont été soit conviées à assurer un rôle de médiation entre le pouvoir et leurs oppositions, en assurant parfois la direction des institutions transitoires.

Au début des années quatre vingt-dix, la RDC a été le théâtre des changements politiques intenses inaugurés par le discours présidentiels du 24 avril qui annonçait l'avènement des pratiques démocratiques (multipartisme, régime des libertés, transition démocratique, élaboration d'une nouvelle constitution, préparation des élections, marginalisation tendancielle du MPR Parti-Etat).

Dans la suite des événements, une conférence nationale souveraine incluant toutes les représentations sociales sera tenue tout en subissant les contre-

141 E. DUNGIA, Mobutu et l'argent du Zaire. Révelations d'un diplomate, ex-agent des Services secrets, Paris, L'Harmattan, 1992, pp. 71-72.

coups des manipulations présidentielles qui feront d'elle une assemblée incapable d'imposer ses résolutions.

Tous ces indicateurs de changement s'inscrivent dans ce qu'il convient d'appeler « processus de démocratisation ». L'une des particularités de ce changement politique réside dans le fait que, il a été négocié sans succès, par les hauts dirigeants du clergé catholique. Après plusieurs années de soutien mutuel, cette paroxystique et spectaculaire irruption de l'Eglise catholique dans le champ politique a eu comme conséquence, la participation du clergé à un mouvement profond de remise en cause du caractère régalien et dispensateur du social de l'Etat.

Pour preuve, nous pouvons épingler quelques faits :

- le clergé participait au conseil de sécurité du Sud Kivu avant la guerre (1996). Ceci fait de l'Eglise un partenaire sécuritaire de l'Etat et non seulement une institution sociale qui doit être protégée par lui.

- Le clergé exerce une énorme capacité d'influence sur les masses qu'elle peut mobiliser à tout moment pour ou contre les pouvoirs publics. Les mobilisations protestataires de la résistance de 1998 à 2001 à Bukavu nous le prouvent.

- Le clergé bénéficie des privilèges et immunités tacites allant de l'inviolabilité des locaux à des exonérations fiscales sans oublier des avantages protocolaires dans les manifestations publiques ou les réunions des personnalités influentes tant en province qu'au plan national.

- Le clergé bénéficie d'une plus grande liberté d'expression et d'opinions qui exposerait d'autres catégories sociales à des poursuites judiciaires. En d'autres termes, il est presque impossible d'arrêter et de poursuivre en justice un clergé sur les questions politiques. Le cas de l'abbé Jean-Bosco Bahalaokwibale ou de l'archevêque Kataliko en témoigne.

IV.1. L'Eglise et l'Etat entre 1990 et 1996

Le 24 avril 1990, dans son discours inaugurant la période dite de transition, le président reconnut l'échec de son régime et annonça de nouvelles orientations répondant cette fois là, aux aspirations du peuple : l'introduction du multipartisme, l'abolition de l'institutionnalisation du MPR et la mise sur pied d'une commission chargée d'élaborer une nouvelle constitution pour la troisième République.

Ces déclarations suscitèrent une explosion de joie et de grandes espérances. Curieusement de violentes manifestations s'en suivirent, l'assemblée plénière de l'épiscopat se réunit et confirma dans un message intitulé : « libérer de toute peur au service de la nation » qui dénonçait en outre, la limitation de fait de la

démocratisation à la seule ville de Kinshasa et plaidait aussi pour une conférence nationale pour la recherche d'un consensus national non seulement entre les hommes politiques, mais aussi de toutes les couches de la population.

L'Eglise jouera un rôle de premier rang dans l'organisation des travaux de la conférence nationale souveraine. La présidence de celle-ci sera même confiée à un prélat à la personne de Mosengwo, archevêque de Kisangani mais les autorités politiques de l'époque tenteront à maintes reprises de remettre en cause la composition de l'équipe dirigeante de la conférence nationale en rappelant la laïcité de l'Etat congolais et la non immixtion de l'Eglise dans les affaires de l'Etat. Cette immixtion présentait à leurs yeux un danger quant à l'avenir de l'Etat avec le retour en force du religieux dans le politique. Le déroulement des travaux ne sera donc pas facile car il connaîtra des interruptions mais quelque soit la pression, l'Eglise finira par diriger les assises de la conférence.

Après la conférence nationale souveraine, le comité permanent des évêques publia un nouveau message intitulé : « un effort supplémentaire pour sauver la nation » dans lequel, il revendiquait l'application des résolutions issues de la conférence nationale. La situation de blocage de la vie socio-économique et politique persista, l'assemblée plénière publia à son tour un message « Tenez bon dans la foi » accompagné d'un mémorandum adressé personnellement au chef de l'Etat. Ces textes étaient pour le clergé, la définition des conditions requises pour des véritables élections démocratiques.

En 1994, le comité permanent des évêques du Congo, au terme d'une session tenue à Goma, publia le message : pour une nation mieux préparée à ses responsabilités. Il y réaffirmait son attachement aux acquis de la conférence nationale souveraine et assurait à Monsengwo leur soutien dans les efforts qu'il avait déployé pour mettre fin aux institutions autoritaires. Il appelait surtout les chrétiens à s'organiser pour la formation de la population à la démocratie notamment par des sessions sur les élections. Cette attitude suscita des réactions du pouvoir politique suffisamment grave car les autorités politiques se décidèrent d'agresser systématiquement les membres du clergé catholique.

Si l'on essaie d'en faire une analyse approfondie quant à leur résultante, on s'aperçoit que les assises de la conférence nationale dirigées par ce prélat catholique étaient vouées à l'échec en dépit de diverses interpellations du pouvoir. Les causes de cet échec seraient dues au fait que le prélat président de la dite conférence y était entré avec un code religieux au lieu d'un code politique usuel car les fonctions qu'il venait d'embrasser étaient aussi politiques.

C'est ce que démontre Nicklas Luhmann142 quant il analyse les systèmes sociaux. L'auteur en distinguant dans un système social global, des sous systèmes

142 Cité par MISIMBI MUGANZA, Syllabus d'analyse du système social : structures et pouvoirs, UOB, L2 Sociologie, 2007-2008.

sociaux. Il en évoque plusieurs dont nous retenons trois à savoir, le système politique, le système religieux et le système médiatique. Pour lui, chaque système a un code qu'il appelle code binaire pour son fonctionnement et lorsque l'on utilise un même code pour deux ou tous les trois systèmes, on est en face d'une affaire où tout est bloqué. C'est ce qui a justifié l'échec de l'Eglise catholique dans le processus de démocratisation de la RDC sous la formule de la conférence nationale souveraine.

IV. 2. L'Eglise et le régime issu de l'AFDL de 1996 a 1998

En septembre, les premiers accrochages furent signalés à l'Est du pays entre les forces armées zaïroises de l'époque et les Banyamulenge. Des journaux accusèrent l'évêque d'Uvira de servir de lieu de transit pour les armes qui leur avaient été acheminées du Burundi. On saura plus tard que la création de l'alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo avait été signée à Lemera. Le 29 octobre les troupes de cette alliance, soutenues par les élément Rwandais entrèrent à partir de la ville de Bukavu et assassinèrent un évêque du nom de Muzihirwa, dès lors la rébellion rencontrèrent l'opposition de l'Eglise. Rappelons que dès le début de la guerre conduite par Laurent Désiré Kabila, l'Eglise par l'entremise de son pasteur de Bukavu, l'Archevêque Munzihirwa dénonçait sans complaisance les violences et les exactions exercées par les rebelles autour de son archidiocèse et appelait l'armée régulière, la population à la vigilance et à la résistance. (On verra plus tard infra le discours du pasteur à ce sujet).

On verra également à travers le discours du pasteur Munzihirwa que l'Eglise se montra incrédule par rapport aux infiltrations signalées, aux exactions et aux assassinats dans la ville de Bukavu.

<< (...) Sans doute, nous entendons par ci par là des coups de fusils. Sachons que ce ne sont pas des coups de fusils de nos ennemis mais de nos militaires qui, je crois, sont en train de s'exercer à tirer et à manifester parmi nous leur présence (...) »143.

Ici l'Eglise semblait soutenir le régime de Mobutu à qui elle témoigna son soutien par des prières pour le retour de l'ordre et de la paix.

Paradoxalement, après la prise du pouvoir par Mzee Laurent Désiré Kabila, les évêques congolais publient un message sous le titre << lève- toi et marche » comme pour reconnaître le nouveau régime sans ménager l'ancien et en communiant aux espoirs de la population de voir enfin se réaliser un Etat de droit longtemps attendu.

Ils exprimaient néanmoins leur regret que le changement réalisé ait été obtenu par la violence et leurs inquiétudes devant le rejet par le nouveau régime du projet de société élaboré par la légendaire conférence nationale.

143 Message du Pasteur Munzihirwa à la population de Bukavu à l'entrée d'AFDL

IV.3. Attitude de l'Eglise face à l'occupation rwandaise couverte localement par le R.C.D

Le 02 août 1998, une nouvelle guerre éclata à partir de l'Est précisément dans la province du Sud-Kivu, elle est conduite par presque les mêmes personnes qui accompagnaient l'AFDL lesquelles ont réalisé que leurs intérêts politiques étaient insatisfaits.

Il faut préciser ici que les rapports de l'Eglise à la rébellion du RCD étaient conflictuels. L'Eglise exerçait une contre-politique à l'émergence et la progression du RCD. Pour rappel, l'Eglise a contribué à l'animation de la résistance et à la déqualification publique des thèses politiques du RCD et du Rwanda. L'homélie de la Noël 1999 par l'archevêque Kataliko en constitue une preuve. Nous y reviendrons plus bas.

Les persécutions subies par le clergé accréditent également cette thèse. Ce qui a fait que ce dernier ait du mal à s'adapter et par conséquent, le RCD s'imposait par la violence en l'occurrence contre tous ceux qui étaient hostiles au mouvement par quelque moyen que ce soit, y compris les prêtres, pasteurs et autres religieux de l'Eglise catholique. L'Eglise de l'Est du pays témoignait fidélité et soutien au gouvernement central. Cette opposition de l'Eglise catholique au RCD n'avait pas seulement pour cause la défense de l'intégrité territoriale face à l'agression étrangère, mais peut-être aussi voir le fait que ses intérêts matériels et symboliques étaient menacés voir en péril. On cite par exemple, la taxation de ses véhicules pourtant toujours exonérés de l'imposition.

IV.4. L'Eglise catholique et les accords de paix

Le comité permanent des évêques de la République Démocratique du Congo manifestait de l'intérêt aux accords de paix en partie parce que le contexte de guerre aménuisait les intérêts matériels et symboliques habituels de l'Eglise mais également parce que sa doctrine sociale et politique lui interdisait de rester muet et inactive face à une situation devenue mélodramatique en défaveur des populations qui subissaient des persécutions inouïes (massacres, viols, tortures, emprisonnements,...).

C'est ainsi qu'en mars 2003, dans son message : « J'ai vu la misère de mon peuple, Trop c'est trop », le comité permanent des évêques a montré que la tenue du dialogue inter-congolais était une nécessité incontournable et une urgence, il exprimait aussi par la même occasion son regret de voir que les finalités des accords déjà signés et surtout celles de l'accord partiel conclu à SUN-CITY n'ont pas été atteintes et que cet accord partiel n'a fait qu'accroître la crise, et que la misère de la population avait atteint un degré insupportable, mais le manque de

volonté politique et de patriotisme consistaient à caractériser la classe politique congolaise comme l'indique cet extrait tiré de ce message : << les atermoiements et les tergiversations qui entourent l'application de l'accord global et inclusif, prouvent suffisamment le manque de volonté politique et de patriotisme des partis en cause dans la crise congolaise >>.

C'est ce qui explique leur prise de position en ce terme : << la multiplication des obstacles sur le chemin de la paix en RDC a atteint les limites du tolérable. Considérant les responsabilités qui sont les nôtres dans cette société, nous faisons une mise en garde aux belligérants et à la classe politique, le peuple ne supportera plus longtemps leurs tergiversations. Si la crise perdure encore, l'Eglise catholique utilisera des moyens appropriés pour hâter le retour de la paix >>144.

Tout en s'appropriant le peuple, l'Eglise annonce par ce message, la reprise des responsabilités politiques au cas où les politiques sont incapables de trouver des solutions à la crise dont le peuple est victime.

Mais ici, la question qui nous vient est de savoir par quels moyens va-t-elle s'y prendre pendant qu'elle n'a ni l'armée, ni la bureaucratie, encore moins la police ; ces dernières fonctions étant traditionnellement celles essentielles de l'Etat et elles constituent donc, son appareil répressif selon le langage de Louis Althusser. Cette déclaration traduit une certaine remise en cause du monopole de la contrainte physique légitime. Or, nous savons que l'Eglise au sens de Antonio Gramsci constitue l'un des appareils idéologiques de l'Etat et à ce titre, elle est capable par persuasion, d'amener le peuple à soutenir un régime ou encore à s'opposer à un autre qui n'est pas de son choix. Qu'en serait-il alors, si elle récupérait des fonctions de l'Etat et se tournait contre l'Etat lui-même et son autorité ? Nous nous imaginons le scénario sans pour autant croire à une société sans Etat mais tout au moins à une << confessionnalisation >> de l'Etat congolais où l'Eglise prend la relève des institutions étatiques laïques défaillantes ; l'Eglise apparaît sous cette forme comme une source alternative sinon concurrentielle du pouvoir politique ou de dissuasion, chose traduisant l'effondrement de celui-ci ou du moins sa fragilité.

IV. 5. L'Eglise et le Gouvernement de Transition

A l'entrée du gouvernement 1+4 en RDC, l'Eglise n'a pas gardé silence face à la formule adoptée par les belligérants qu'elle ne partageait pas du tout. C'est alors que le comité permanent des évêques congolais déclarent : « de part et d'autre, une poignée des gens à la culture politique douteuse prennent tout un peuple en otage. Ils signent des accords, mais ne s'engagent pas à les respecter et refusent de les appliquer (...) les hommes politiques de notre pays ne font pas preuve de patriotisme. Préoccupés par des intérêts égoïstes, ils font de la politique un gagne pain, qui n'a rien à voir avec la recherche du bien-être de la population et le souci

144 Message du comité permanent des évêques de la RDC aux fidèles catholiques et aux hommes de bonne volonté << j'ai vu la misère de mon peuple, trop c'est trop >> du 15 mars 2003.

de la démocratie. Les spectacles désolants qu'ils ont livrés à SUN-CITY, les divisions internes, la course au positionnement et les querelles de préséance qui caractérisent leurs moeurs politiques en sont une preuve (...) les appétits effrénés pour le pouvoir ont conduit à l'adoption du fameux schéma « 1+4 » qui contient les germes de conflit au sommet de l'Etat »145.

Cependant, par rapport à la position de l'Eglise vis-à-vis du schéma 1+4, d'après nos observations, il y a eu des divergences d'opinions au sein même du clergé catholique. Celui-ci s'est vu scindé en deux blocs. D'où les divergences d'opinions de l'Est à l 'Ouest au sein du clergé catholique.

En effet, l'Eglise de l'Ouest se voulait pessimiste au processus conduisant selon ses meneurs, à la démocratie et semblait vouloir réinitialiser la fameuse formule de Monsengwo issu de la conférence nationale souveraine considérée selon lui, comme la seule voix efficace pour la recherche de la paix et de la démocratie en RDC. L'Eglise de l'Ouest reproche à la formule 1+4 de n'avoir été signée que par les ex-seigneurs de guerre et de n'avoir pas associé l'Eglise aux pourparlers de SUN-CITY pourtant qu'elle est le reflet des opinions populaires.

En revanche, l'Eglise de l'Est ne cachait jamais son soutien à ce qu'elle a appelé « processus de la recherche de la démocratie » mené selon elle, par Joseph Kabila même si il n'a pas emprunté le schéma de la conférence nationale souveraine.

Force était de constater le caractère discriminatoire de l'Eglise de l'Est. En effet, cette Eglise témoignait par des nombreuses pratiques, discours et déclarations leur soutien, aux moyens des ses médians et autres, particulièrement au président de la République Joseph Kabila Kabange dont elle mystifiait la personnalité et généralement à sa famille politique PPRD. Le président sera sacré « David», « artisan de la paix », « l'enfant de Dieu », « le seul des 5 qui n'a pas touché le sang », etc. propos qui irons jusqu'à la période électorale et qui influença avec succès son électorat.

De ce qui précède, il y a lieu de dire que c'est l'Eglise qui a battu campagne pour les comptes du président de la République et de sa famille politique actuellement au pouvoir. D'où les prémisses de la non édification d'une culture politique particulière non teinté des croyances étant donné que l'église sert de terrain ou base privilégiée pour la mobilisation politique et pourquoi pas dans l'option ou la détermination du choix populaire. Aussi la présence manifeste des autorités politiques aux manifestations religieuses réaffirme le soutien indéfectible ou tout simplement la communion de voeux et des objectifs ; ces manifestations offrant aux politiciens de couloir d'expression.

On le comprendra à l'issu de ce chapitre que, chaque fois qu'il y a un régime ou une autorité investie par quelque moyen que se soit, et qui ne partage

145 Message du comité permanent des évêques, Op. cit.

l'idéologie de l'Eglise ou encore qui s'y oppose, il rencontre indubitablement d'oppositions de cette dernière, cela est encore plus patent lorsqu'elle s'aperçoit que ce régime menace ses intérêts socio-politiques et même symbolico-économiques ou tout simplement lorsqu'il n'y concourt pas. Il en est de même lorsqu'il n'est pas de cette obédience religieuse. Il est donc vite combattu et confronté à d'autres forces.

En revanche, lorsque le régime ou l'autorité investie est le sien c'est-à-dire dont l'idéologie rencontre la vision de l'Eglise catholique, cette dernière développe avec lui, un climat d'appui, de clientélisme, de promiscuité renforçant une confusion fonctionnelle existante, soit encore que ses membres apparaissent vis-à-vis des acteurs politiques, en conseillers, soit encore qu'ils prennent l'ascenseur aux postes publics afin de bien canaliser les intérêts symbolico-économiques, protéger les acquis de l'Eglise ; mais faut-il dire que c'est l'intérêt matériel personnel, le goût de l'argent ou d'une promotion sociale qui reste la motivation de ces professionnelles de la foi. L'élévation de l'abbé Jean Bosco Bahalaokwibale à la dignité de porte parole de la délégation gouvernementale aux négociations de Nairobi avec le CNDP en ce début 2009 ne peut plus alors étonner. C'est ce que J.-F., Bayart et A. Mbembe appellent « la gouvernementalité du ventre »146. C'est également le cas de l'abbé Malu-malu aujourd'hui président de la commission électorale nationale indépendante ainsi que de Mgr Monsengwo ancien président de la CNS.

Il ressort de ce qui précède qu'en dépit du contexte, la logique de l'Eglise transcende ou en tout cas, ambitionne de transcender celle du système politique congolais compte tenu des pertes fonctionnelles de ce dernier, une façon de sacraliser la croyance dans la sphère politique au détriment de la participation ; de la conviction idéologique et de l'adhésion aux projets de société.

En ce qui concerne l'impact de cette situation sur la gouvernance, il sied de souligner avec Jean Leca et même Jean Padioleau que depuis les années 1970 le paradigme de la gouvernance par les instances étatiques elles mêmes a été déqualifié, les politiques publiques initiées n'ont pas produit les résultats attendus, les acteurs d'en-haut et ceux d'en bas ( acteurs de terrain ) sont tombés dans une contradiction en partie parce que les acteurs sociaux à la base n'ont pas été associés à la détermination des choix et des politiques de développement de leur milieu ; il n'y a pas eu par conséquent problématisation des enjeux à la base. D'où, il fallait trouver une formule de rechange qui vise à faire participer la population à la problématisation des enjeux et à la détermination des politiques et des stratégies. C'est donc l'émergence de la gouvernance participative dans laquelle les instances étatiques et les acteurs sociaux interviennent pour améliorer l'action et dans laquelle aucune partie ne peut imposer ni dicter sa volonté aux autres.147

Dans la mesure où l'Eglise en tant que partenaire de l'Etat obéit à des logiques rationnelles de renforcement des capacités gouvernantes pour l'intérêt des

146 J.-F., BAYART et Alii, Op. cit., p. 69.

147 J. LECA,

gouvernés, et se comporte en tant que tel dans le processus d'élaboration des politiques publiques aux cotés des sphères politique et administrative en plus d'autres clercs de la société civile et des ténors du monde du capital, sans pour autant vouloir soumettre l'Etat à son contrôle, il y a lieu de considérer qu'il existe dans pareil cas ce que nous appelons gouvernance participative positive étant entendu que le peuple y trouve son compte et échappe à la marginalisation culturelle et économique. Dans le cas contraire, nous pensons qu'il y a gouvernance participative négative ou mal gouvernance concertée entre l'Etat et l'Eglise soucieuse de protéger des intérêts sectoriels portant le masques des intérêts collectifs des congolais qui à ce jour pourtant supportent dans la grogne les injustices socioéconomiques intolérables dans la civilisation moderne.

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"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus