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La laà¯cisation de l'espace politique en république démocratique du Congo. une analyse critique des rapports église catholique-état de l'indépendance à  2008

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par Sylvain CIRHUZA BALAGIZI
UOB - Licence 2008
  

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Chapitre IIème : DE L'IMBRICATION DU RELIGIEUX ET DU

POLITIQUE EN RDC : Une Approche évolutive

Section Ière : La situation pendant la colonisation

A l'époque coloniale, les relations de l'Eglise à l'Etat étaient confuses. L'Eglise catholique qui apparaît vis-à-vis du pouvoir colonial comme une Eglise au service de ce dernier, était aussi considérée comme une religion d'Etat. Ainsi, il sied de faire une réflexion sur cet aspect des choses en montrant comment l'Eglise catholique était marquée par la colonisation avant de faire un regard sur son attitude face au pouvoir politique depuis l'accession du pays à l'indépendance.

I.1. Une Eglise au service de la colonisation

Si l'on essaie de faire la configuration globale de l'Eglise catholique en RDC, on s'aperçoit qu'elle s'inscrit selon Isidore Ndaywel97, dans son histoire, sa théologie et surtout ses relations avec l'Etat. Cette Eglise est largement tributaire de la colonisation belge qui a marqué le pays.

Elle s'inscrit dans son histoire dans la mesure où, l'on part de la date de l'accord signé le 26 mai 1906 entre le Saint siège et Léopold II portant l'introduction du catholicisme au Congo. Mais en réalité les premiers contacts s'établirent dès le XVè siècle avec l'arrivée des portugais. Il faut préciser ici que notre propos porte sur le catholicisme romain officiel qui a accompagné la colonisation et qui s'est poursuivi sans discontinuité depuis lors jusqu'à ce jour.

En effet, lorsqu'en 1908 le roi Léopold II légua à la Belgique « l'Etat indépendant du Congo >> pour en faire une colonie, le « Congo belge >>, il fit baser son action colonisatrice sur trois piliers. Le premier était l'Eglise catholique, dite Eglise nationale, chargée de « pacifier >> les coeurs des indigènes par la conversion au christianisme ; le deuxième fut le commercial et les sociétés coloniales chargées de rentabiliser la colonisation par l'exploitation des richesses du pays ; le troisième était l'administration et son armée, la force publique, chargées d'installer le pouvoir colonial en lieu et place des pouvoirs traditionnels des chefs indigènes.

Cependant, l'opération de rentabilisation de la colonie par le deuxième pilier de cette tripartite va vite dégénérer en abus dans l'exploitation des richesses locales. A cet effet, l'indigène qui n'aura pas livré la quantité d'ivoire ou de caoutchouc imposée aura la main captée ; ce fut le scandale dit du « caoutchouc rouge >> que les missionnaires protestants d'origine britannique et américaine

97 I. NDAYWEL cité par W. OYOTAMBWE, Eglise catholique et pouvoir politique au Congo-Zaïre. La quête

démocratique, Paris, Harmattan, 1997, p. 17.

<< dénoncèrent avec véhémence, alors que l'Eglise catholique se murait dans un
silence prudent que lui imposait son rôle du premier pilier de l'aventure coloniale >>98.

Il en sera de même lorsque, pour la construction des routes et surtout, des chemins de fer, plusieurs milliers des colonisés perdirent la vie à cause de la dureté des travaux ; l'Eglise se taira pour préserver ses relations avec le pouvoir établi.

Dès lors les relations entre l'Eglise et l'Etat vont suivre le principe du << do ut des >> qui résume les enjeux de leur étroite collaboration.

L'Etat colonial confia, moyennant subsides, aux Eglises et principalement à l'Eglise catholique, toutes les oeuvres sociales : l'enseignement et la santé notamment. L'Eglise catholique va s'arroger un quasi-monopole notamment sur la formation scolaire, tandis que les protestants, peu subventionnés, et les musulmans, ouvertement combattus, se contenteront d'une portion congrue. A cette époque, les missionnaires avaient le statut d'agents administratifs, allant jusqu'au pouvoir judiciaire.

A la demande explicite ou implicite de l'Eglise catholique, l'Etat va également se mettre à la rescousse du catholicisme dans sa lutte contre les autres confessions religieuses99. L'insistance sur l'aspect politique vient du fait que le prélat savait très bien sur quelle corde il fallait tirer pour toucher la sensibilité du pouvoir colonial et le pousser à agir dans un sens précis. Cette attitude belliqueuse des catholiques prévaudra également à l'égard des autres mouvements religieux, et en particulier contre les messianismes indigènes dont le Kimbanguisme et le Kitawala, tous deux sévèrement réprimés par l'autorité coloniale. Mais il faut dire que Léopold II avait manifesté la même méfiance à l'égard des missions catholiques non belges (notamment les pères blancs) ; dès 1906, un concordat négocié avec le Vatican mettait en avant le principe qui resta en vigueur jusqu'en 1960 : << l'effort missionnaire devrait être principalement belge >>100 .

Si l'on ne peut réduire purement et simplement le projet missionnaire à l'entreprise coloniale, il est certain que, fondamentalement, les deux mouvements se sont appuyés l'un sur l'autre. Les missions avaient besoin de l'ordre colonial pour mener à bien leur action. Inversement, l'administration coloniale pouvait se reposer sur les missions dans l'exercice de certaines tâches qu'elle n'avait pas les moyens ou le désir de prendre à son compte. En échange, des retombées, positives pour elles, de la colonisation, les missions se devaient de respecter cet ordre colonial.

En retour, l'Eglise catholique s'acquittait de la mission lui impartie par le colon. Somme toute, autant la colonisation a profité de la mission pour exploiter les

98 L. TERRAS., (dir.), Petit atlas des Eglises africaines. Pour comprendre l'enjeu du christianisme en Afrique, Paris, Golias, 1994, p. 176.

99 L. TERRAS, Op. cit., p177.

100 C. YOUNG, Introduction à la politique congolaise, C.R.I.S.P., Bruxelles, 1994, p. 14.

indigènes, autant la mission a profité à la colonisation pour s'implanter. Alors que les buts de la colonisation étaient néfastes pour l'homme noir considéré comme « inférieur », des missionnaires s'y étaient compromis jusqu'à la légitimer. On retiendra ici qu'en accompagnant la colonisation, l'Eglise catholique a utilisé ses méthodes de destruction des cultures autochtones et s'est ainsi, en quelque sorte, piégée.

Il ressort de ce qui précède que les rapports entre l'Etat colonial et l'Eglise catholique sont de nature à ignorer catégoriquement le principe de la séparation des deux structures sociales et de la non immixtion dans les domaines respectifs ; dans la mesure où le pouvoir colonial avait la prétention à institutionnaliser l'Eglise catholique comme une religion d'Etat et ne reconnaître donc l'existence juridique des autres confessions religieuses.

Par ailleurs, l'intervention de l'Eglise dans presque tous les services sociaux de l'Etat vient contrebalancer dans une certaine mesure le rôle fonctionnel de l'Etat qui est celui de garantir les conditions sociales de son peuple.

Ici, il suffit de reconnaître le fait que le pouvoir colonial n'était pas au service du peuple congolais comme il l'était au peuple belge. C'est dans ce contexte que l'Eglise s'est montrée puissante dans ce domaine. Cependant, les gènes de cette mentalité coloniale dans les rapports Religion-Etat produisent encore d'effets jusqu'à atteindre leur paroxysme aujourd'hui en RDC. C'est autant dire que les rapports actuels entre l'Eglise et l'Etat congolais dépendent des conditions initiales de la construction de l'Etat. En effet, la construction de l'Etat en RDC s'est appuyée sur base de l'influence de l'Eglise catholique qui, ayant réussi un espace privilégié auprès du politique et du social notamment dans divers domaines : enseignement, éducation, santé, etc.,

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand