WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

L'adaptation cinematographique de On se chamaille pour un siege de Hyacinte Kakou

( Télécharger le fichier original )
par AKAFOU JOEL RICHMOND MATHIEU
INSAAC - DESA 2011
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

II- L'OEUVRE ON SE CHAMAILLE POUR UN SIÈGE

1-les contextes d'émergences

1-1 contexte historique

Le contexte d'une pièce de théâtre est  « l'ensemble des circonstances qui entourent l'émission du texte linguistique et /ou de la production de la représentation, circonstances qui facilitent ou permettent la compréhension »

Jean Pierre Makouta5(*) renchérit sur cette définition en soulignant que « le contexte de production est comme une loi inviolable, l'oeuvre ne doit jamais sortir de son contexte pour être saisie »

Il nous revient ici d'indiquer les circonstances qui ont prévalu à la genèse de on se chamaille pour un siège. Pour mieux appréhender ces circonstances, nous allons développer une approche du contexte sociohistorique, du contexte politique ainsi que du contexte économique.

L'espace sociohistorique est de façon générale l'Afrique et en particulier la cote d'ivoire. Les indices textuels en rapport avec la société ivoirienne qui transparaissent dans l'oeuvre sont révélés par des noms de certains personnages. Par exemple, les noms comme DJINAN, KOKOTI, DOUE, BOKA ont respectivement une consonance malinké, baoulé, guéré, abey. Relativement à la période historique de faits de l'oeuvre, elle est dévoilée par la lettre que les « autorités centrales » ont adressée au chef du village IKPO. Il est marqué en son en tête  « Abidjan le vingt aout mille neuf cent quatre vingt » (III, P.59). Les faits datent alors de vingt ans après les indépendances. Ici le texte nous montre bien qu'il s'agit de la côte d'Ivoire et d'une de ses contrées.

1-2contexte économique

Les années 80 en Côte d'Ivoire ont été marquées par « la difficile conjoncture économique (III, P .63) ». Cette crise économique est survenue à la suite de la baisse des cours mondiaux du café et du cacao. Elle va entrainer la paupérisation au village d'IKPO, bien que à son sein sont issus « les premiers cultivateurs de café et cacao de la région, et même du pays tout entier (III, P.82) ». Cette crise a eu une répercussion sur les ménages qui seront marqués par une pauvreté extrême. Les populations deviennent vulnérables et exposent leurs difficultés économiques sur la place du village.

Pour certain, c'est le vin  « qu'ils prennent à crédit (III P63) ». pour d'autre, c'est «  la dot de vingt deux mille cinq cent quinze francs( III.P63) »qu'ils n'arrivent plus à payer. Les membres de cette population se bousculent dès qu'on leur tend de l'argent.

Il n'aura fallu qu'une dizaine d'années pour que le « miracle » ivoirien s'efface comme s'il n'avait été qu'un mirage et se transforme en une crise aux racines profondes. Les causes de cette crise sont complexes et s'entrecroisent à la fois dans l'espace et dans le temps.
Depuis la fin des années 1980, la Côte d'Ivoire connaît de graves difficultés économiques qui ont poussé l'État ivoirien dans les programmes d'ajustements structurels des institutions de Bretton Woods. Cette crise économique, accompagnée d'une augmentation du chômage et d'une baisse du niveau de vie, a provoqué l'émergence de conflits inter-ethniques entre autochtones et immigrés qui se disputent l'exploitation de la terre.

1-3 contexte sociopolitique

En 1980, Le premier président ivoirien, Félix Houphouët Boigny, procède à la démocratisation du paysage politique. Il instaure en lieu et place de la désignation, des consultations électorales pour tous les postes politiques. Cela donne lieu à une sorte de recomposition sociologique des familles, villages, villes et même du pays.( L'on assiste à toutes sortes de déchirement entre les frères politiques et même consanguins). Le père s'oppose à sa fille, la mère à son époux... « Tinanoh, désormais, tu n'es plus ma fille ! Je ne suis plus ton père ! Trouve-toi un autre père ! ». Page 92. Pour un problème électoral, on se renie et on renie même son propre sang. Outre ce reniement, c'est le rôle de la femme qui est mis en relief ici. « Toi, ta mère ! Oui, ta mère ! Pendant la guerre, où était ta mère ? Aux temps héroïques, elle mourait de peur dans les greniers ! Oui ! Lorsqu'on arrachait notre liberté aux Toubabous, on ne savait où les trouver, vos mères ! Et maintenant que nous avons notre liberté, ce n'est pas une simple femme, une fillette comme elle, qui va prétendre nous diriger, nous les hommes ! Pouah, ta mère ! » PP77-78.

Comme on le constate, l'auteur, tel un féru militant du féminisme, se sert de Tinanoh pour briser les barrières existant entre l'homme et la femme tout en valorisant la femme. En sus, pour sortir de l'image stéréotypée de la fille-femme-épouse-mère.

Le contexte sociopolitique donc est en rapport avec l'accès à un siège au parlement. Avant les années 80, les députés étaient nommés par le chef de l'Etat. C'est le cas du député BOKA du village d'IKPO (IV, P.96). Le régime politique d'alors était celui du parti unique.

Au début des années 80, cette situation va connaitre un changement grâce aux intellectuels sortis des universités. Le pays va, quelques années plus tard, être confronté à des difficultés politiques : tentative de coup d'état, troubles sociaux et contestations des étudiants. Le régime en place va s'ouvrir partiellement. Nous assistons ainsi aux premières élections ouvertes. « Désormais tout le monde peut être député (III, P63) » et « il y aura d'abord des élections (I, P.22) ».

« C'est désormais le peuple qui décide. On ne s'impose pas soi-même (I, P.22) »

2- thème centrale de l'oeuvre

Ce texte joyeux est sans doute l'un des plus marrants du répertoire théâtral ivoirien et africain. « On se chamaille pour un siège », en effet, charrie le rire de bout en bout. Mais ne vous y méprenez pas ; ce rire enrobe une grave satire sociale et politique. Une petite communauté presque tranquille à la veille des élections législatives, étale au grand jour, sur fond de querelles de clocher et chapelles, de combats d'arrière-garde, ses contradictions internes. A l'image de la lutte impitoyable pour la course au pouvoir, qui fait rage entre un homme et sa propre fille, au sein d'une famille naguère soudée, dont les fondements volent aux éclats.

Une atmosphère préélectorale délétère qui rappelle hélas fortement la grande chamaille qui prévaut dans l'univers politique ivoirien et même africain, avec ses excès et ses dérapages.

* 5 Jean Pierre MAKOUTA : cité par N'GORAN Loukou in La conquête du pouvoir dans on se chamaille pour un siège, mémoire de fin de cycle, session Juillet 2008, inedit 76P.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"En amour, en art, en politique, il faut nous arranger pour que notre légèreté pèse lourd dans la balance."   Sacha Guitry