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L'intéret national dans le processus d'intégration régionale en Afrique

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par Yanic KENHOUNG
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2014
  

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VIII- plan de travail

Ce travail est reparti en deux parties. La première partie établie une relation entre l'intérêt national et l'intégration régionale en Afrique, elle cadre et analyse les concepts et est subdivisée en deux chapitres.

Le chapitre I intitulé « des théories de l'intérêt national à la dynamique d'intégration régionale en Afrique » définit les théories de l'intérêt national et établit une relation entre lesdites théories et le processus d'intégration en Afrique. Ce chapitre démontre que la notion d'intérêt national est ambivalente. Sous le prisme réaliste et libéral la notion d'intérêt national est essentiellement égoïste; c'est ainsi que les États notamment africains qui s'engagent dans le processus d'intégration régionale avec cette vision de l'intérêt national n'y vont que pour consolider leur intérêt national égoïste. Pour les constructivistes la notion d'intérêt national est altruiste et en rapport avec le processus d'intégration régional, elle est en faveur de la consolidation des intérêts mutuels des États inscrits dans ledit processus. En observant l'application des deux conceptions de l'intérêt national, il ressort que le processus d'intégration régionale en Afrique est régi simultanément par celle-ci.

Le chapitre II est intitulé « l'intérêt national dans le processus d'intégration régionale en Afrique a la lumière des théories générales de l'intégration », définit les théories générales de l'intégration régionale, les opérationnalise à la réalité de l'intégration régionale en Afrique. Ce chapitre montre que l'opérationnalisation des approches de l'institutionnalisme libéral à la réalité

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de l'intégration régionale africaine est en faveur de la consolidation des intérêts fonctionnels communs des États partis au processus. Aussi, il montre que l'application de l'approche intergouvernementaliste audit processus participe de la consolidation de l'intérêt national égoïste des États membres.

La deuxième partie montre l'influence de l'ambivalence de la notion d'intérêt national sur le processus d'intégration régionale en Afrique. Elle s'étend sur les chapitres III et IV.

Le chapitre III est intitulé « l'intérêt national égoïste : un frein à l'intégration régionale en Afrique ». Il démontre les manifestations de l'intérêt national égoïste dans le processus d'intégration régionale en Afrique et montre leurs impacts sur ledit processus. Ce chapitre permet de comprendre comment le retrait du Maroc de l'OUA et la non application des textes communautaires sur la libre circulation des personnes par les États est une attitude égoïste qui freine l'intégration régionale en Afrique.

Le chapitre IV intitulé « l'intérêt national altruiste : un facteur de dynamisation de l'intégration régionale en Afrique » recense les manifestions de l'intérêt national altruiste à travers une interprétation des comportements stratégiques des États dans le processus d'intégration. Ce chapitre démontre que l'adhésion de la Guinée Équatoriale à l'UDEAC/CEMAC et l'adhésion de l'Afrique du Sud à la SADC participent de la recherche de l'intérêt national altruiste de ces derniers. Il y ressort qu'un tel intérêt national est à la faveur de la dynamique d'intégration régionale en Afrique.

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PREMIÈRE PARTIE : INTÉRÊT NATIONAL ET INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE : CADRAGE ET ANALYSE CONCEPTUELS

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Il est indispensable de revisiter la pertinence analytique de la notion d'intérêt national avant d'analyser l'influence de son ambivalence sur le processus d'intégration régionale en Afrique dans la mesure où la référence à celle ci pourrait prêter à confusion. Comme le montre James ROSENAU22, la notion d'intérêt national est équivoque dans la mesure où elle est employée à la fois par les hommes politiques dans leurs discours et par certains universitaires en théorie des relations internationales.

Dans la pratique politique, l'intérêt national est brandi par les responsables politiques lorsqu'ils exposent les raisons de leurs actions et de leurs décisions de politique étrangère : « Je le fais parce que c'est dans l'intérêt de la France23 » a par exemple répondu François MITTERRAND lorsque des journalistes lui ont reproché l'accueil du général JARUZELSKI à l'Élysée en décembre 1985; quant à Jacques CHIRAC, à peine arrivé à l'Élysée en 1995, il justifie sa décision de reprendre les essais nucléaires français dans le Pacifique par les exigences de « la sécurité et des intérêts supérieurs de la nation24 ». L'intérêt national est également invoqué par les conseillers des princes. Régis Debray, membre de l'entourage de François MITTERRAND au début des années 1980, fait ainsi un plaidoyer en faveur de l'intérêt national dont il dit qu'il existe et qu'il est définissable25.

La notion est omniprésente dans le champ universitaire des relations internationales; car de Hans MORGENTHAU à Alexander WENDT en passant par Raymond ARON, il n'y a qu' « un seul impératif catégorique, un seul critère de raisonnement, un seul principe d'action : l'intérêt national26 », qu'elle est l' « art de gérer le commerce avec les autres États au mieux de l'intérêt national27 », « personne ne nie que les États agissent sur la base des intérêts tels qu'ils les perçoivent28».

22 James ROSENAU, « National Interest », in SILL David, International Encyclopedia of the Social Sciences,Vol, 11, New York: Macmillan Company and free press, 1968, cite par Dario BATTISTELLA, « L'intérêt national. Une notion, trois discours », in Politique étrangère. Nouveaux regards, Frédéric CHARILLON, (dir), Presses de Sciences Po, Paris, 2002, p 142.

23 Propos tenus le 9 décembre 1985 sur Europe 1, cités par Dario BATTISTELLA, op.cit. p. 142.

24 Propos tenus le 13 juin 1995.

25 Régis DEBRAY, La puissance et les rêves, Paris, Gallimard, 1984, p. 122.

26 Hans MORGENTHAU, Defense of national interest, New York, Knopf, 1952, P. 242.

27Raymond ARON, Paix et guerres entre les nations, Paris, Calmant Levy, 1984, P.37.

28 Alexander WENDT, Social Theory of International Politics, Cambridge University Press, 1999, P.113.

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Au regard de l'omniprésence de la notion d'intérêt national, il est nécessaire d'analyser plus profondément la notion d'intérêt national afin de distinguer les éléments utiles à notre travail et abandonner certains préjugés. C'est dans ce but que nous examinerons les théories de l'intérêt national face à la dynamique d'intégration en Afrique (Chapitre I).

Aussi, nous analyserons l'intérêt national dans le processus d'intégration régionale en Afrique à la lumière des théories générales de l'intégration (Chapitre II), pour ressortir la nature de l'intérêt national contenu dans chaque vision. Ainsi, nous analyserons l'intérêt national en rapport avec les approches fonctionnaliste et intergouvernementaliste de l'intégration régionale en Afrique. Ces rapprochements visent à montrer le lien de dépendance ou la relation qui existe entre l'intérêt national et l'intégration régionale en Afrique.

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CHAPITRE 1 : DES THÉORIES DE L'INTÉRÊT NATIONAL À LA DYNAMIQUE D'INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE

Le premier ouvrage dans lequel la politique étrangère est analysée en termes d'intérêt date de l'époque de la guerre de trente ans. En effet, en 1639, le Duc Henri de ROHAN, adversaire de la politique intérieure de Richelieu, mais partisan de la diplomatie de celui-ci, publie un essai intitulé : « De l'intérêt des princes et des États de la Chrétienté », dans lequel il plaide en faveur d'une politique étrangère menée sur la base de l'intérêt national. Depuis lors, cette idée a connu un succès qui est allé croissant; citons pour mémoire l'aphorisme le plus célèbre du Britannique Lord PALMERSTON : « L'Angleterre n'a ni amis, ni ennemis; elle n'a que des intérêts29».

La notion d'intérêt national est devenue très populaire en relations internationales, elle est omniprésente dans les discours des praticiens de la politique étrangère et dans les analyses savantes de la politique étrangère. Ainsi, tous les hommes politiques pensent et disent agir pour l'intérêt national. Il en est de même des diplomates qui se persuadent que : « la diplomatie exprime, défend et développe l'intérêt national30». La notion est également invoquée par tous les gouvernants y compris ceux qui prennent la moindre décision et les courants de pensée politique. Les néoconservateurs américains Irving KRISTOL, Robert TUCKER, Owen HARRIES par exemple, désireux de contribuer à rendre la politique étrangère américaine plus « efficace et cohérente31 », ont lancé une revue de politique internationale appelée The National Interest, parce que le premier et principal objectif de la politique extérieure américaine doit être la défense et la promotion de l'intérêt national des États-Unis32. C'est aussi en rapport à l'intérêt national que les commentateurs de l'actualité politique internationale évaluent et jugent la politique étrangère d'un gouvernement.

29 Dario BATTISTELLA, « L'intérêt national. Une notion trois discours », in Frédéric CHARILLON, Politique étrangère. Nouveaux regards, (dir), Presses de Sciences Po, Paris, 2002, P.141.

30 Alain PLANTEY, De la politique entre les États. Principe de diplomatie, Paris, Pedone (2è éd.), 1991, P. 96.

31 Dario BATTISTELLA, Op. Cit. p. 141.

32 Dario BATTISTELLA, Op. Cit. p140.

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L'ubiquité33de l'expression « intérêt national » démontre à suffisance que la notion peut faire l'objet d'une compréhension rationnelle, d'une définition concrète, d'un usage spécifique et ne saurait faire l'objet d'aucun doute sur la suprématie de l'intérêt national comme la balise de la politique extérieure d'un État34. Il faut cependant noter que le consensus relatif au recours universel à la notion d'intérêt national n'implique aucune unanimité quant à sa signification substantielle35. En effet, en 1952, Arnold WOLFERS constatait que la popularité dont jouissaient certaines formules politiques telles que l'intérêt national ou la sécurité nationale dans les rangs d'hommes d'État, et théoriciens réalistes tendait plutôt à démontrer qu'elles peuvent ne pas avoir les mêmes significations, voire qu'elles sont susceptibles de permettre à qui que ce soit de recouvrir une politique quelconque d'un label attractif mais trompeur36. De plus en plus, le jugement sceptique à l'égard de la notion d'intérêt national est d'actualité et à sa conception réaliste s'est ajouté la conception libérale qui est stato-centrée comme la précédente, mais aussi une approche constructiviste.

La notion d'intérêt national est donc essentiellement variable et évolutive, et sous chaque conception, une lecture du processus d'intégration régionale est possible; car en rapprochant sa conception réaliste à l'intégration régionale notamment africaine (SECTION I), elle diffère du rapprochement de sa conception constructiviste de cette même intégration (SECTION II), chaque conception favorisant une perception particulière de l'intégration régionale en Afrique par les États.

SECTION I : LES THÉORIES RÉALISTES DE L'INTÉRET NATIONAL ET L'INTÉGRATION RÉGIONALE EN AFRIQUE

L'intérêt national fait l'objet d'une controverse chez les auteurs réalistes. Nous présenterons cette controverse entre les réalistes sur ladite notion (PARAGRAPHE. I) avant de rapprocher cette vision de l'intégration régionale africaine (PARAGRAPHE. II).

33 Dario BATTISTELLA, Op. Cit. p.141.

34 Charles BEARD, The idea of the National Interest. An Analytical Study in American Foreign Policy, New York, MacMillan, 1934, PP.22 et 26.

35 Dario BATTISTELLA, ibid. p.142.

36 Arnold WOLFERS, Discord and Collaboration. Essay on International Politics, Baltimore, The Johns University Press, 1962, cite par Dario BATTISTELLA, Op. Cit. P.142.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe