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L'intéret national dans le processus d'intégration régionale en Afrique

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par Yanic KENHOUNG
Institut des Relations Internationales du Cameroun - Master 2014
  

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PARAGRAPHE I - LA CONTROVERSE RÉALISTE DE L'INTÉRET

NATIONAL

Différents auteurs réalistes ont des approches différentes sur la notion d'intérêt national. La controverse réaliste autour de la notion d'intérêt national oppose ici Hans MORGENTHAU qui, considère l'intérêt national comme moteur des relations internationales (I) et Raymond ARON, partisan de la rationalité de la dite notion (II).

I- L'intérêt national comme moteur des relations internationales

Hans MORGENTHAU peut être considéré comme l'un des pionniers de la théorie réaliste. Selon lui, la politique étrangère des États est contrainte par la nature anarchique du système international, qui détermine le comportement des agents. Pour lui, l'absence de pouvoir supranational oblige les États à garantir eux mêmes leur survie en défendant leurs intérêts. L'intérêt national occupe dès lors une place importante dans la pensée réaliste, puisque MORGHENTHAU en fait la clé de compréhension des relations internationales. Ainsi, l'intérêt national « défini en termes de puissance37» guide le comportement des hommes politiques comme il le dit si bien « we assume that statemen think and act in terms of interests defined as power38».

D'après les réalistes, la sécurité d'un État au sens large inclut en plus de sa survie physique, l'intégrité du territoire, l'indépendance politique, l'identité culturelle, elle dépend aussi de la position occupée dans le système international relativement aux autres États39.Cette position étant elle-même déterminée par la configuration générale des puissances, c'est-à-dire par la distribution des capacités essentiellement militaires dont dispose chaque État. La seule façon pour un État d'assurer sa sécurité est de disposer de soi-même de suffisamment de puissance pour dissuader les autres États de tenter de lui imposer leur volonté. MORGENTHAU affirme à ce sujet que, le principal poteau indicateur qui aide le réalisme politique à trouver sa voie à

37Hans J. MORGENTHAU., Politics among nations, 6e edition, New York, Mac Grawhill, 1993, cite par Marie-Claude SMOUTS, Dario BATTISTELA, Pascal VENNESSON, Dictionnaire des relations internationales, Paris, Dalloz, 2006, P.302.

38 Hans J. MORGENTHAU., Politics among nations The Struggle for power and peace, New York: Alfred A. KNOPF, 1967, 4ème edition. P.5.

39Dario BATTISTELA, op. cit. p.144.

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travers le paysage de la politique internationale est le concept d'intérêt défini en termes de puissance.

MORGENTHAU affirme que le monde est « un monde d'opposition d'intérêt ». Il reconnait la nature humaine constante, marquée par un immuable désir de domination, le réalisme repose en fait sur une certaine vision du monde et de l'homme, profondément influencée par l'échec de l'idéalisme et les destructions engendrées par l'idéologie nazie. C'est en réponse à ces errements que MOGHENTHAU tente de concevoir l'intérêt national de manière pragmatique, non idéologique et désillusionnée. Il affirme à ce sujet: « how often have statesmen been motivated by desire to improve the world ,and ended by making it worse?40». Pour ce dernier, si la politique qui est censée promouvoir l'intérêt national varie, l'idée d'intérêt national est invariable comme il le dit si bien « the idea of interest is indeed of the essence of politics and is of unaffected by the circontances of time and place41 ».

MORGENTHAU pense que l'intérêt national constitue le principe supérieur puisque l'État étant lié à la nation par un pacte social et politique défini par la loi fondamentale. L'intérêt de l'État est donc unique et ne s'oppose pas à l'intérêt supérieur de la nation. Pour un réaliste, la puissance est un principe supérieur qui ne saurait être subordonnée à des impératifs économiques, juridiques ou moraux. Cette autonomie du politique engendre une autonomie du décideur par rapport à la société. L'intérêt national est alors davantage l'intérêt de l'État tel que le définit et l'incarne le souverain que l'intérêt général ou le bien public42.

Dans la perspective réaliste, la promotion de l'intérêt national n'est pas qu'une loi théorique issue de l'observation empirique des relations internationales. L'intérêt national est une norme, une exigence politique et un critère d'évaluation de la politique étrangère d'un État. Il affirme à ce sujet: «Intellectually, the political realism contains not only a theoretical but a normative element43». La théorie réaliste se veut normative comme en témoigne la profusion d'études de cas réalisées par des auteurs réalistes appliqués à démontrer que telle politique

40 Ibid. P.6.

41 Ibid. P.8.

42Paul HERAULT, Penser l'intérêt européen. Du compromis entre intérêts nationaux à l'intérêt général européen, mémoire de Master recherche en Science politique, IEP Paris, Paris, Septembre 2009. P.13.

43 Ibid. P11.

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étrangère est ou n'est pas conforme à l'intérêt national44. Cette normativité est source de nombreuses contradictions et critiques. Elle s'énonce sous la forme d'une loi : « les hommes d'Etat pensent et agissent en terme d'intérêt45 », et MORGENTHAU déclare par la suite : « A foreign policy guided by moral abstractions, without consideration of the national interest, is bound to fail46». L'intérêt national des réalistes est essentiellement conservateur puisqu'il fait de la soumission aux lois prétendues universelles, une exigence d'éthique politique47. Il est un intérêt nécessairement égoïste par rapport aux intérêts extra-nationaux. Dans la mesure ou les États se trouvent dans un système de chacun pour soi, synonyme de jeu à somme nulle, la satisfaction de l'intérêt national d'un État ne saurait tenir compte ni des intérêts nationaux des autres États, ni à fortiori d'un quelconque intérêt commun de l'humanité48 : « L'intérêt national indique une politique mise en oeuvre en vue de promouvoir les demandes nationales et non pas celles (...) de l'humanité tout entière49 ». Aussi, l'intérêt national transcende forcément les intérêts privés sub-nationaux. En effet, la satisfaction de l'intérêt national d'un État est synonyme de maintien de sa sécurité et cette sécurité est elle même la condition sine qua non de la possibilité pour les particuliers membres de cet État de poursuivre leurs propres intérêts privés, la satisfaction de l'intérêt national ne se fait pas sans tenir compte de ce dernier: « L'intérêt national n'est pas réductible aux intérêts privés50 ». De la sorte, les observateurs de la politique étrangère des États peuvent la juger conforme ou non à l'intérêt national. C'est cette définition de l'intérêt national en termes de puissance que Raymond ARON remet en cause.

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