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La protection du droit de manifester dans l'espace public


par Charles ODIKO LOKANGAKA
Université de Kinshasa - Doctorat 2020
  

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B. Les révisions de la Constitution de 1967

Au total, la Constitution du 24 juin 1967 a connu 17 révisions dont les principales demeurent celles introduites par la loi du 23 septembre 1970. Elle consacra l'institutionnalisation du MPR, par la loi du 15 août 1974 consacrant le mobutisme comme doctrine du MPR et la plénitude de l'exercice du pouvoir par le Président de la République ; par la loi du 15 février 1978 libéralisant l'exercice du pouvoir au sein du MPR en rendant tout organe de l'État responsable par l'abandon de la plénitude de l'exercice du pouvoir par le Président du MPR, Président de la République.

B.1. La Loi n° 70/001 du 23 décembre 1970

Cette loi porte l'institutionnalisation du MPR et la consécration de son rôle dirigeant. Elle avait placé sous la dépendance du parti tous les autres organes de l'État. En général, cette révision constitutionnelle a consisté en une série de réformes : l'article 4 al 2 de la Constitution est supprimé au profit d'une formule qui ne retient que le MPR comme l'unique parti et l'unique institution de l'État. C'est le MPR parti unique. Il en est de même de l'article 19 aux termes duquel les institutions de la République étaient fixées.

A ce stade, disons que, en dépit de l'institutionnalisation de MPR et de la consécration de son rôle dirigeant, il y avait encore possibilité de séparer le MPR de l'État. Paradoxalement, le processus d'encadrement et d'envoutement des institutions de l'État par le parti avait été ainsi déclenché, il connaitra son paroxysme, le sommet culminant ou le couronnement lors de la révision de 1974.

B.2. La Loi n° 74/020 du 15 août 1974

Tout est parti du congrès extraordinaire du MPR qui a tiré un certain nombre de considérations sur l'institutionnalisation du MPR déclenchée lors de la révision de 1970. Plusieurs décisions y ont été prises notamment l'impérieuse nécessité de réviser la Constitution pour l'adapter aux réalités du moment. En effet, en 1974, le MPR proclamé comme seule institution du pays devait exercer son influence sur le plan idéologique par une doctrine appelée « le Mobutisme ». Celui-ci est défini comme cet ensemble d'actes, pensée et idées du Président Mobutu.

Quatre idées paraissent fondamentales dans la Constitution du 15 août 1974 :

- le MPR est conçu comme une famille agrandie aux dimensions de la nation zaïroise devient la nation zaïroise organisée politiquement ;

- le Chef qui incarne cette famille, exerce la plénitude du pouvoir ;

- une place spéciale est réservée au Président fondateur du MPR ;

Le peuple élit le Président du MPR qui est en même temps et de droit et par voie de conséquence, Président de la République.

Tout cela pousse à la conviction selon laquelle et à la confirmation que la loi du 15 août 1974 n'est pas une simple révision de la Constitution comme tente de le soutenir la version du pouvoir, mais plutôt une nouvelle Constitution pour le Zaïre.

Menacé d'asphyxie et de paralysie, après les discours du Président du MPR, Président de la République du 1er juillet 1977 et du 25 novembre 1977, le nouveau régime a été contraint à la libéralisation consacrée par la révision du 15 février 1978.

B.3. La Loi n° 78-010 du 15 février 1978

Cette loi de révision constitutionnelle vient consacrer une sorte de libéralisation au sein des organes du MPR. Il faut reconnaître, par ailleurs, que plusieurs facteurs extérieurs ont concouru ensemble avec la menace de paralysie du MPR, à l'avènement de cette libéralisation. On peut citer les deux guerres du Shaba qui ont mis le régime en face d'une opposition armée.

L'organisation des pouvoirs publics, laisse observer un certain partage dans l'exercice du pouvoir. Désormais, investis des responsabilités, les autres organes du parti devenaient des acteurs sur la scène politique et non des simples spectateurs comme ils étaient en 1974.

Concernant le Président du MPR, Président de la République, les innovations suivantes ont été introduites :

- malgré le partage du pouvoir avec les autres organes, il conserve l'initiative des lois et de la révision constitutionnelle concurremment avec le Conseil législatif, il légifère, dans ce contexte, par voie d'ordonnance-loi en dehors des sessions du Conseil législatif et cela sans une quelconque habilitation ;

- malgré l'institution du Premier commissaire d'État, il demeure selon la forme présidentialiste de gouvernement, le Chef de l'exécutif ;

- le mandat du Président du MPR, Président de la République est fixé à sept ans, cette fois-ci, indéfiniment renouvelable.

- Il cesse d'être le Président de tous les organes, ces derniers disposent de leurs propres présidents.

A propos du Bureau politique, ses membres ne sont plus uniquement nommés par le Président de la République : sur les trente membres que compte cet organe, dix-huit doivent être élus et le Président du MPR se réserve le droit de nommer les douze autres membres dont leur Président.

Le Conseil législatif récupère sa fonction législative et l'exerce pleinement. Il lui est reconnu en plus, le pouvoir de contrôle sur les activités du Conseil exécutif du Conseil judiciaire et des services publics de l'État.

Le Conseil Exécutif n'a pas connu des changements notables, seulement il a été institué un poste de Premier commissaire d'État chargé d'assurer la coordination du Conseil exécutif. Sa mission est exclusivement de veiller au respect et à l'application par tous les Commissaires d'État des directives présidentielles. A ce titre, il doit tenir le Président du MPR, Président de la République pleinement informé de la conduite des affaires de l'État.

Le Conseil judiciaire a subi une réforme importante du fait de la création, à sa tête, d'un Président permanent qui est un haut magistrat. Il est reconnu au Président du Conseil judiciaire le contrôle des décisions des cours et tribunaux, la possibilité d'en suspendre l'exécution et de les faire reformer par la Cour Suprême de Justice, le parti au procès entendus.

En définitive, avec cet effort de libéralisation à l'intérieur du système en place, la loi du 15 février 1978 a institué un régime de séparation des pouvoirs au sein du MPR. Il appert clairement que toutes ces révisions sont provoquées dans le sens d'un durcissement du régime plutôt que vers une démocratisation. Le contexte socio-politique a été caractérisé par une réduction croissante des libertés des citoyens et une répression brutale de toute voix discordante. Toute manifestation réalisée ne l'était que dans le cadre du soutien au régime et jamais dans le but d'exprimer une quelconque revendication.

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"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault