WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Le renouvellement du journalisme environnemental au prisme de la décroissance


par Guillaume Lemonnier
Sciences Po Lyon  - Master 1 AlterEurope, Études européennes et internationales 2020
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

_

Institut d'études politiques de Lyon

Master 1 AlterEurope

Séminaire « Politique et environnement : causes, controverses, mobilisations »

Guillaume LEMONNIER

Etat d'avancement portant sur :

Le renouvellement du journalisme environnemental au prisme de la décroissance

Sous la direction de Stéphane CADIOU

2019-2020

Rappel du droit d'auteur

L'étudiant qui rédige un mémoire ou une thèse en est considéré comme l'auteur unique par la jurisprudence et par la loi (notamment le Code de propriété intellectuelle, article L112-2). Il est donc totalement protégé par le droit d'auteur. Il est donc indispensable d'obtenir de l'auteur du mémoire une autorisation de diffusion.

Remerciements

Je tiens à remercier toutes les personnes qui m'ont aider pour ce travail. J'aimerai remercier en premier lieu Monsieur Stéphane Cadiou qui m'a guidé dans ma recherche durant cette année universitaire. J'aimerai également remercier la revue Silence et le journal La Décroissance de m'avoir accordé un peu de leur temps. Enfin j'aimerai particulièrement remercier ma mère pour les différentes relectures de ce travail de recherche.

Déclaration anti-plagiat

1. Je déclare que ce travail ne peut être suspecteì de plagiat. Il constitue l'aboutissement d'un travail personnel.

2. A ce titre, les citations sont identifiables (utilisation des guillemets lorsque la pensée d'un auteur autre que moi est reprise de manière littérale).

3. L'ensemble des sources (écrits, images) qui ont alimenteì ma réflexion sont clairement référencées selon les règles bibliographiques préconisées.

Nom : LEMONNIER

Prénom : GUILLAUME

Date : 19 juillet 2020

Table des matières

Introduction : 1

Cadre théorique : 7

Méthodologie : 11

I. La décroissance, un courant « obus » qui frappe les esprits mais qui peine à s'unifier 14

A) Un concept qui s'impose progressivement dans le champ du militantisme écologique 14

B) Une critique radicale pour peser sur l'écologie politique 16

C) Un courant qui n'est autre qu'une galaxie hétérogène 18

II. Être journaliste et militant décroissant : un dilemme ou une solution pour la cause écologique ? 22

A) La construction d'une légitimité alternative pour sortir de ce dilemme 22

1. Déconstruire le récit du mythe journalistique 22

2. Le combat « anti-pub », un référent symbolique et légitimant dans le milieu écologique 24

B) Une tension plus ou moins persistante en fonction des individus et des milieux 26

1. Journaliste professionnel, engagé, militant ? 26

2. Quelques éléments de comparaison avec le journalisme agricole 30

C) Un rapport aux sources d'informations favorisant un modèle participatif et pluraliste 31

Conclusion : 35

Bibliographie : 37

Annexes 44

Annexe entretiens 64

Abréviations :

ZAD : Zone à défendre

EELV : parti Europe Ecologie Les Verts

PPLD : Parti pour la décroissance

GPA : Gestation pour autrui

PMA : Procréation médicalement assisté

OVNI : Objet volant non identifié

Introduction :

Né à partir de luttes écologiques fondatrices dans les années 1970, le journalisme environnemental connaît depuis quelques années un renouveau avec l'avènement de nouveaux acteurs se revendiquant de la décroissance et renouant avec des registres discursifs plus politisés et militants.Ce regain de militantisme au sein du journalisme environnemental fait suite à toute une période de digestion institutionnelle de l'écologie. En effet, depuis la disparition de journaux qui structuraient la lutte écologique comme La Gueule Ouverte ou Sauvage, faute de ressources économiques et d'audimat, nous avions assisté à deux processus. Un processus d'institutionnalisation de l'écologie au sein du champ politique avec la création du parti écologique Les Verts en 1984 et au sein du champ journalistique. Cela se modélise notamment par la création de l'Association des journalistes pour l'Environnement en 1994, avec comme condition d'adhésion, de disposer d'une carte de presse. C'est à partir de ce moment qu'on assiste à l'institutionnalisation de la cause environnementale au sein du journalisme classique avec l'apparition des premières rubriques « environnement » au sein des grands quotidiens nationaux. Maiscette institutionnalisation a eu pour conséquence un second processus, un processus de dépolitisation du journalisme environnemental. En effet, selon Jean-Baptiste Comby1(*), cette institutionnalisation« tend à gommer progressivement les dispositions politiques ». L'écologie comme combat politique va dès lors se transformer pendant un temps en « éco-conseil » vis-à-vis du grand public.

Par ailleurs, bien que « le mouvement écologiste ne désignait plus seulement un groupe de barbus utopistes »2(*) et que la crise écologique « n'existait plus seulement dans la tête des écologistes »3(*), la sphère militante écologiste renoue depuis une dizaine d'années avec une radicalité qui la caractérisait autrefois. Cette radicalité s'exprime à la fois dans des actions (la ZAD de Notre-Dame-des-Landes) et à la fois dans des discours comme ceux des partisans de la décroissance. C'est sur ce deuxième aspect que notre recherche va porter, car comme l'a montré Damien Zavrsnik4(*), « le «mot obus« de décroissance re-politise la question environnementale qui s'était dernièrement banalisée et questionne les valeurs qui sous-tendent un véritable projet de société écologique ». L'enjeu de ce travail de recherche est donc d'évaluer l'influence des discours décroissants dans l'écologie politique et le journalisme environnemental mais aussi de dresser un portrait des journalistes décroissants que j'ai pu interroger.

Cadre théorique :

Avant d'entamer la lecture de ce travail de recherche, il convient de préciser de quoi nous parlons afin de ne pas faire l'économie de définitions nécessaires pour borner le sujet. Tout d'abord, il convient de définir ce qu'on entend par le terme de décroissance. Le premier constat que l'on peut faire, c'est que ce terme est l'antonyme du terme de croissance et que cette opposition s'effectue en premier lieu dans le champ économique. La décroissance apparaît en effet à partir d'une oeuvre d'un économiste roumain, The Entropy Law and the EconomicProcess publiée en 1971 où il montre tout simplement à partir du deuxième principe de la thermodynamique (l'entropie) que la croissance économique est inéluctablement vouée à se ralentir puisque les ressources énergétiques sur lesquelles se base notre système économique sont limitées et finies. La décroissance économique est donc inévitable. Ce livre va être traduit en français par Jacques Grinevald et Ivo Rens en 1979 sous la forme suivante Demain la décroissance : Entropie, écologie, économieet va être progressivement récupéré par les militants et experts écologistespour montrer qu'il faut rompre avec le paradigme jusqu'au-boutiste de poursuite de la croissance économique dans nos sociétés contemporaines. Cette première conceptualisation du terme est l'une des premières sources de la décroissance.

En effet, selon Fabrice Flipo, il y aurait cinq sources de la décroissance5(*). Il y ala « source bioéconomiste » avec Nicholas Georgescu-Roegen et le Club de Rome6(*). Ici, la décroissance n'est pas comprise comme une politique à pratiquer ou une norme à imposer, c'est un« fait dur et têtu avec lequel nous devrons tôt ou tard composer »7(*), nous ne pouvons que ralentir la décroissance économique mais pas l'empêcher. Nous allons irrémédiablement vers un Etat stationnaire (« steady state »).

Nous trouvons également la « source écologiste »représentée pardes partisans écologistes radicaux qui prônent et voudraient la décroissanceimmédiatement pour empêcher le désastre écologique en cours (réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, pollution des sols, de l'air et de l'eau, risques technologiques et industriels, urbanisation illimitée, etc...). Ces partisansdécroissants sont apparus en France à partir des années 1970 avec certaines luttes écologiques charnières(manifestations et mouvements contre l'installation de centrales atomiques à Bugey en 1970 et contre l'extension du camp militaire de Larzac en 1973 notamment). On retrouve ici des figures pré-décroissantes fondatrices telles que Bernard Charbonneau ou Pierre Fournier, fondateur du journal La Gueule Ouverte en 1972 mais aussi toute l'oeuvre politique de René Dumont (candidat à l'élection présidentielle de 1974) qui a posé les bases de l'existence d'un parti écologiste en France.

Puis, nous trouvons la « source anthropologique » qui pourrait se résumer à un seul nom selon Fabrice Flipo : Serge Latouche. Pour modéliser de manière concise la pensée de Serge Latouche, « la croissance c'est un mode d'habiter le monde »8(*), une civilisation. Selon Serge Latouche, les systèmes politiquesont fondu la croissance avec la modernité et la rationalité. Par conséquent, toute notre vie tournerait autour du concept de la croissance et le seul moyen de sortir du paradigme de la croissance infinie serait de « décoloniser nos imaginaires »9(*) d'homo oeconomicus en premier lieu. Un exemple concret serait une forme de retour à une société plus primitive (en opposition à la modernité) pour revenir à une société plus écologique, frugale et moins destructrice de l'environnement. Selon Fabrice Flipo, « Serge Latouche estime que les modes de vie non-modernes n'étaient pas moins rationnels, ils se fondaient simplement sur d'autres rapports au monde »10(*). Pour Serge Latouche et ses partisans, la rationalité économique n'est pas forcément une rationalité écologique et c'est bel et bien le monde « moderne » qui est irrationnel et qui fonce dans le mur de la crise écologique.

La quatrième source est la « source démocratique ». Dans ce cadre, nous retrouvons selon Fabrice Flipo « les critiques de la société du spectacle comme le journal La Décroissance »11(*). Selon lui, ces critiques porteraient plus sur « l'idée de la dépossession des besoins ». En d'autres termes, les êtres humains ne maitriseraient plus leurs besoins à cause de « l'industrialisation du manque »12(*). Cette « industrialisation du manque »serait organisée par le système publicitaire. La question centrale de ces acteurs selon Fabrice Flipo serait « Qui construit les besoins ? ». Empêcher la crise écologique passerait donc par le fait sortir des dépendances construites artificiellement par le système, jugées facultatives voire inutiles. Pour lutter contre ces dépendances, le combat passe alors par la lutte anti-pub.

Enfin, la dernière source est la « source spirituelle » symbolisée par toute l'oeuvre de Pierre Rahbi et de son Mouvement Colibrisoù « le problème, c'est le désir »13(*). Ici on se situe dans le cadre de la « réappropriation des besoins à une échelle individuelle ». L'enjeu se situe ici surla « maîtrise des désirs » malgré la pression sociale qui nous pousse à surconsommer et à ne pas se débrouiller seul. Ce courant est celui de la « simplicité volontaire ». C'est une démarche plus personnelle que la « source démocratique » avec des principes cardinaux définis par Pierre Rahbi tels que « la sobriété au sens d'un ménage dans les objets et les attitudes » ; « l'autosuffisance des actes : essayer de se réapproprier un maximum de choses » ; « révision des choix de consommation » ; « relation à la terre » ; « la non-violence »14(*).

D'une manière plus concise, Paul Ariès définit la décroissance comme étant« une nouvelle pensée philosophique et politique qui propose d'auto-limiter ses besoins, de renouer avec la pensée de la finitude environnementale et humaine, car elle seule peut nous permettre de sortir de la dictature de l'économie »15(*).

Après avoir défini ce que l'on entendait par le terme de décroissance, il convient maintenant de définir ce qu'est le journalisme environnemental. Pour comprendre ce qu'est le journalisme environnemental, il convient de revenir sur ce qu'est le journalisme. Pour définir ce qu'est le journalisme, nous pouvons reprendre la théorie des champs de Bourdieu. Selon Anne Catherine Wagner, un champ « est un microcosme social relativement autonome à l'intérieur du macrocosme social. Chaque champ (politique, religieux, médical, journalistique, universitaire, juridique, footballistique...) est régi par des règles qui lui sont propres et se caractérise par la poursuite d'une fin spécifique. (...) La logique d'un champ s'institue à l'état incorporé chez les individus engagés dans le champ sous la forme d'un sens du jeu et d'un habitus spécifique »16(*).Le journalisme est un champ dont l'habitus est formé entre autres par les normes sociales et économiques en vigueur (acceptation de la publicité, des contraintes de temps, etc...), les critères professionnelsdu journalisme (déontologie, vérification des sources, etc...) mais également par le mythe intériorisé de l'objectivité et de la neutralité des journalistes. J'entends par mythe « un signe qui se base sur les valeurs (souvent idéologiques) d'une société et les fait paraître naturels »17(*). Le récit du mythe journalistique serait que la parole journalistique soit objective et neutre, et elle se doit de rester ainsi, sous peine de se voir disqualifier par le corps majoritaire du champ journalistique (qui adhère à ce mythe et le défend).

Par ailleurs, « les champs reposent sur une coupure entre les professionnels (de la politique, de la religion, etc.) et les profanes. La délimitation des frontières d'un champ est elle-même objet de lutte »18(*).En d'autres termes, tout le monde ne peut s'improviser journaliste ou alors ils risquent de se faire délégitimer par le corps majoritaire du champ journalistique. Dans la conception et la production d'un journal par exemple, qu'il soit généraliste ou spécialisé, il faut reprendre un minimum de critères journalistiques pour être reconnu légitime. Dans le cas contraire,il faut se confronter aux normes majoritaires du champ journalistique et tenter d'imposer les siennes (via des stratégies de lutte plus ou moins symbolique) comme étant également légitimes si ce n'est plus légitimes que les normes majoritaires.

Comme tout autre champ, le champ journalistique est une« configuration de positions qui se situent les unes par rapport aux autres, est toujours un espace de conflits et de concurrence pour le contrôle dudit champ. À l'intérieur de chaque champ, on trouve des dominants et des dominés, des anciens et des nouveaux venus. Ceux qui détiennent le plus de capital spécifique au champ sont portés à adopter des positions conservatrices ; les stratégies de subversion émaneront de groupes concurrents, moins dotés en capital orthodoxe »19(*).

Le journalisme est donc un champ où une multitude d'acteurs s'affrontent pour la captation de l'information et de l'audimat et où les journalistes subissent des contraintes multiples (de légitimation, d'espace, de temps, de normes, de moyens) dont certaines sont issues d'autres champs qui dominent le champ journalistique (le champ économique et politique)20(*).

Dans le champ journalistique, il y a des « sous-champs spécialisés »21(*) qui correspondent aux différents journalismes spécialisés (journalisme économique, sportif, environnemental). Ces « sous-champs » restent dépendants des structures et de l'habitus du champ auquel ils appartiennent, c'est-à-dire le champ journalistique, mais ils dépendent également du secteur d'information et d'activité qu'ils couvrent. Le journalisme environnemental traitera donc des questions qui se rapportent à l'environnement de près ou de loin en fonction des définitions choisies de l'« environnement » et ses limites. Pour définir l'environnement, nous pouvons reprendre les termes de Dimitri Crozet22(*), à savoir, l'environnement « est défini comme «un patchwork d'objets de questions très variées« par AkilaNedjar (2000)23(*). On peut ainsi y regrouper les questions globales liées au changement climatique, mais aussi des questions scientifiques telles que la cultures des Organismes génétiquement Modifiés (OGM) ou, dans le cas du barrage de Sivens, des dossiers qui demandent une expertise scientifique. Cette disparité est l'une des spécificités du journalisme environnemental, qui gravite entre des questions politiques, sociales et scientifiques ».

Dans le cadre de mon travail de recherche j'ai décidé de me focaliser sur deux médias décroissants faisant partie de ce sous-champ spécialisé qu'est le journalisme environnemental, le journal La Décroissance et la revue Silence. Toutefois, ces deux médias sont très clairement les « dominés » dans le champ journalistique au sens de Bourdieu, puisqu'ils rejettent le modèle économique du journalisme classique ainsi que le mythe majoritaire du journalisme neutre et objectif.Ils sont ou peuvent êtredonc considérés commeillégitimes. Ils rejettent également radicalement le paradigme politique du « développement durable » en ce qui concerne l'écologie. Toutefois, ces « nouveaux venus » bénéficient d'un soutien militant relativement important et arrivent à parasiter le sous-champ du journalisme environnemental enmettant en avant une autre légitimité, celle de médias indépendants financièrement et se revendiquant comme étant les seuls représentants de la « vraie écologie », celle qui ne pourra jamais être récupérée et tronquée pour faire du « greenwashing » ou du capitalisme vert, la décroissance.

Méthodologie :

Si j'ai choisi de traiter la question du journalisme environnemental sous le prisme de la décroissance, c'est particulièrement parce que la contestation de la croissance et du progrès technologique était à la base des luttes écologiques et du journalisme environnemental naissant des années 1970. Cependant, à la différence des années 1970, le journalisme environnemental n'est plus le pré-carré d'une poignée de militants, mais un vaste ensemble comprenant les quotidiens nationaux et une toile de médias alternatifs indépendants plus ou moins connus.Par ailleurs, il existe une certaine opposition de légitimité entre les journalistes environnementaux officiant dans les médias dits« mainstream » ou classiques et ceux officiant dans les médias alternatifs.Cette opposition s'explique notamment par la présenced'une tension vis-à-vis de la figure du journalisteenvironnemental. On assiste régulièrement à des procès d'intention vis-à-vis des journalistes environnementaux, comme c'était le cas dans les années 1970. On leur reproche un certain militantisme qui biaiserait donc leur parole et la restitution des faits, en d'autres termes, qu'ils ne soient que le « porte-parole de l'espace social dont ils parlent »24(*). On peut modéliser cela avec le départ d'Hervé Kempf du journal Le Monde en 2013, suite à la censure qu'il a subie lorsqu'il a voulu traiter de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Néanmoins, cette tension n'est pas réservée au seul champ du journalisme environnemental, mais concerne toute la profession journalistique. Selon Sandrine Lévêque, docteur en sciences politiques, « les débats qui animent la profession aujourd'hui peuvent (...) être considérés comme les indicateurs de l'exacerbation (provisoire ?) de la lutte entre deux définitions du métier, d'un côté celle qui cherche à imposer la représentation d'un journaliste libre de toutes attaches, rapporteur des faits bruts et de la réalité, et de l'autre un journalisme auxiliaire de la démocratie, défendant un projet de société, bref d'un journalisme de combat, chargé d'éclairer le peuple y compris en défendant ses propres idées »25(*). Néanmoins, ces deux figures n'ont pas le même poids dans le paradigme journalistique actuel. Bien qu'il y ait un certain renouveau du journalisme militant depuis quelques années, le « mythe professionnel »26(*) du journalisme reste encore de nos jours, celui du journaliste « neutre » et/ou « objectif ».

Dès lors, je me suis demandé comment rendre compte de ce renouvellement du journalisme environnemental autour de la décroissance, et comment les journalistes environnementaux parviennent à concilier rigueur journalistique et engagement militant ? Comment arrivent-ils à influencer la société militante et politique ? Comment arrivent-ils à promouvoir un journalisme environnemental alternatif mais légitime ?

Pour ce faire, j'ai décidé de me focaliser sur deux médias décroissants. Le premier est le journal La Décroissance, qui est vanté par certains comme un journal « dans le souvenir de La Gueule Ouverte »27(*) et jouissant d'une certaine popularité puisqu'il est le premier mensuel d'écologie politique en France. Il est tiré à 45 600 exemplaires chaque mois et diffusé en France, en Allemagne, en Belgique, au Canada, au Gabon, en Grèce, au Luxembourg, auMadagascar, au Portugal, au Sénégal, en Suisse et en Tunisie. Le second est la revue Silence, une revue beaucoup plus discrète (son tirage avoisine les 5000 exemplaires) qui officie depuis 1982, soit le plus vieux mensuel écologique encore présent, et dont le titre est l'antithèse de La Gueule Ouverte.Cette revue a notamment la particularité d'avoir été une rampe de lancement début 2002 pour Vincent Cheynet et Bruno Clémentin, les principaux fondateurs du journal La Décroissance.

Dans un premier temps, ma démarchea donc été de compiler différents travaux de recherche autour du journalisme environnemental, des décroissants et de leur influence sur l'écologie politique. Puis, j'ai analysé quelques numéros du journal La Décroissance et de la revue Silence afin de saisir leurs particularités. Enfin, j'ai interrogé un journaliste de chaque médium, Pierre Thiesset du journal La Décroissance et Guillaume Gamblin de la revue Silence. Ma démarche s'inscrit donc dans le cadre d'une sociologie qualitative avec de l'analyse de contenu et la réalisation de deux entretiens semi-directifs.

I. La décroissance, un courant « obus » qui frappe les esprits mais qui peine à s'unifier

A) Un concept qui s'impose progressivement dans le champ du militantisme écologique

Bien que la décroissance soit un concept apparu subtilement dès les années 1970 avec le « rapport Meadows » et les travaux de Nicholas Georgescu-Roegen, sa popularisation au sein du champ du militantisme écologique ne débute qu'à partir des années 2000. Dans les travaux de recherche portant sur la décroissance, on attribue souvent à Vincent Cheynet et Bruno Clémentin l'entrée du terme décroissance dans le militantisme écologique français. Ces militants écologistes qui oeuvrent dans la contestation « anti-pub » depuis 1999 via leur association Casseurs de pubvont diriger deux numéros de la revue écologiqueSilence, le numéro 280 de février 2002 et le numéro 281 de mars 2002. Ces deux numéros vont être particulièrement populaires auprès des militants écologistes et la décroissance va se diffuser petit à petit. Un événement particulier va aussi permettre d'ouvrir une fenêtre d'opportunité pour la militantisation de ce terme, il s'agitdu colloque international réalisé par l'association La ligne d'horizon de l'économiste François Partant, une association critique du développement, etpar Le Monde Diplomatique au palais de l'UNESCO en mars 2002. Le sujet de ce colloque international portait sur « l'après-développement » et consistait en la discussion d'alternatives au développement. Ce colloque international a connu un succès important au regard de la médiatisation qu'il a suscité et par la présence de nombreux intellectuels, comme Ivan Illich, intellectuel qui estconstamment cité par les écologistes et les décroissants. Par ailleurs, ce colloque a débouché sur la publication d'un livre intituléDéfaire le développement, refaire le monde en 2003 avec un collectif d'auteurs internationaux rassemblant des intellectuels comme Serge Latouche, Ivan Illich mais également des hommes politiques comme José Bové. A partir de 2004, le terme de décroissance commence à être repris par différents projets comme la création du journal La Décroissancepar Vincent Cheynet, Bruno Clémentin et Sophie Divry ou encore du « Parti pour la Décroissance ». La particularité de ce courant décroissant que l'on pourrait croire marginal,est que,certains de ses penseursbénéficient assez vite d'une visibilité internationalecomme l'économiste français Serge Latouche. Ce dernier est régulièrement cité dans les études anglo-saxonnes pour avoir conceptualisé la décroissance (« leadingthinker on degrowth »)28(*), bien que le terme existait déjà de manière implicite auparavant. Les colloques internationaux vont également se poursuivre : Paris en 2008, Berlin en 2011, Istanbul en juin 2011, Vienne en avril 2012, Montréal en mai 2012 ou encore Venise en septembre 201229(*). Pour en revenir à la sphère militante française, il y aura également des actions structurantes comme les multiples « marches pour la décroissance »dans plusieurs villes de France ou encore le contre-grenelle de l'environnement en 2007, tout cela à l'appel de Vincent Cheynet, Serge Latouche ou Paul Ariès.La popularisation de la décroissance dans le militantisme écologique s'explique également par la radicalité que ce mot est venu apporter. Il rompt avec la mollesse, voire l'oxymore de certains concepts comme celui de « développement durable » et redonne du sens à la lutte écologique. C'est notamment ce que pensent Fabrice Flipo, Denis Bayon et François Schneider qui, selon eux, « après la poussée des années 1970, le mouvement écologiste s'est institutionnalisé, il a vieilli, s'est «embourgeoisé« et peut paraître en manque d'inspiration. Être écologiste renvoyait à l'imaginaire des années hippies, des fumeurs de haschich sur les chemins de Katmandou, ce qui ne fait pas davantage rêver que de devenir cadre dans une «multinationale« écolo telle que Greenpeace ou le World WildlifeFund, ou élu sans pouvoir dans une «gauche plurielle« dont les relations avec le monde des affaires sont par tropévidentes. Dans ce paysage, les mouvements de la décroissance ont créé un clivage plus large, plus lisible. Et le «mot-obus« offrait la radicalité souhaitée par certains, notamment les plus jeunes des militants »30(*). Malgré la radicalité de ce mot, la décroissance s'est inscrite durablement dans la sphère militante écologiste.Une manière de quantifier cela est tout simplement le fait que, comme l'évoque Mathieu Arnaudet31(*), « la décroissance s'incarne (...) dans un large répertoire d'actions mais peine à se faire reconnaître comme telle ». En d'autres termes, la décroissance peut être présente un peu partout sans qu'on la revendique forcément, c'est notamment le cas des expérimentations collectives d'agriculture locale (AMAP et circuit court). Par ailleurs, une des particularités des militants décroissants, c'est qu'ils disposent d'un capital culturel et social relativement élevé, ce qui est utilepour faciliter la circulation du « vocabulaire décroissant et des textes références en la matière »32(*).

B) Une critique radicale pour peser sur l'écologie politique

Après avoir évoqué l'influence des idées décroissantes sur le champ militant non conventionnel, il convient ici d'aborder le poids qu'a pu exercer ce nouveau courant écologique sur le champ politique. Au-delà du fait que les décroissants peuvent être très critiques à l'égard du parti Europe Ecologie Les Verts (EELV), ils partagent en commun l'antiproductivisme. C'est ce qui a été à la base de la création du parti en 1984 et constitue selon Damien Zavrsnik, un « invariant politique de long terme »33(*). Les décroissants ont une stratégie de peser sur le débat public et sur le parti EELV. La décroissance, bien que radicale, a également influencé les débats politiques internesdu parti écologique. On peut notamment évoquer la motion ponctuelle proposée à l'automne 2004 au sein du parti EELV et intitulée « Pour une décroissance sélection et équitable : concept à apprivoiser (d'urgence), non à écarter ! »34(*). Une motion adoptée par une majorité d'adhérents (55%) et intégrant donc les fondements du parti écologiste, malgré l'opposition de la plupart des hommes politiques du parti. On retrouve également le dépôt, par Franck Pupunat, d'une motion décroissante dénommée « Utopia »35(*) lors du congrès du parti socialiste de 2005 mais qui ne sera pas soutenue par les adhérents et cadres du parti (1,05% des voix). La mouvance décroissante n'a donc pas uniquement comme but d'influencer culturellement les militants écologistes mais également de trouver des relais sur la scène politique. La pénétration des débats internes du parti écologique a été un moyen de pression afin d'influencer les cadres du parti. A cet égard, on retrouve plusieurs ténors du parti comme Yves Cochet, Noël Mamère, Mireille Ferrin, Alain Liepietz et Denis Baupinqui ont signé un tribune intitulée « Pour une décroissance solidaire »36(*) à la veille de l'Université d'été de 2009 du parti. Selon Damien Zvarsnik, le courant décroissant oeuvre sous une double stratégie afin d'influencer le jeu politique, « une stratégie de minorité active » et une stratégie faisant le jeu des élections. La première stratégie est un concept repris d'un livre de psychologie sociale de Serge Moscovici37(*) qui désigne les actions d'une minorité ayant pourfinalité d'imposer ses points de vue à la majorité.Cette stratégie a notamment été revendiquée par Serge Latouche, dans son livre Petit traité de la décroissance sereine publié en 2007 où il affirme que la principale ambition des objecteurs de croissance devrait être de « peser dans le débat, d'infléchir les positions des uns et des autres, de faire prendre en considération, certains arguments, de contribuer à faire évoluer les mentalités ».L'objectif ici est de tenter d'influencer le débat public sans passer par le système partisan et électif. Cette question divise chez les décroissants car il y a un effectivement un sentiment « anti-parti » et une critique de l'institutionnalisation du parti écologique qui aurait modéré son discours pour maximiser les gains électoraux. Par ailleurs, de par son influence au sein du parti écologique et de par les critiques régulières qu'elle produit envers ce dernier - on peut citer ici les multiples « éco-tartufes » désignés par le journal La Décroissance comme Dominique Voynet qui avait fait campagne sur le thème du développement durable lors de l'élection présidentielle de 2007- le courant décroissant arrive à conserver l'orientation du débat de l'écologie politique. A titre d'exemple, le dernier « projet écologiste », issu de multiples commissions thématiques, affiché sur le site du parti EELV38(*), comporte une partie entière dénommée « Vers une société post-croissance » dans laquelle on retrouve sous des termes plus nuancés les idées du courant décroissant. En outre, il faut aussi concevoir le courant décroissant dans un champ pris par des luttes symboliques avec d'autres acteurs, qui sont les associations écologistes. Fabrice Flipo, Denis Bayon et François Schneider soulignent notamment que « l'objection de croissance met aussi en cause les associations «écologistes«, que les partis écologistes considèrent généralement comme leur vivier naturel. Il y a un accord fort [au sein des décroissants] pour estimer que l'action de ces associations reste dangereusement confinée à l'«environnementalisme«, c'est-à-dire à un souci de la protection des milieux naturels sans réelle prise en compte des implications sociales et politiques »39(*). Enfin, l'autre stratégie du courant décroissant est de faire le jeu du légalisme et de se présenter à certaines élections. Toutefois, il serait vain de penser que les décroissants sont unis politiquement et ne sont pas traversés par des divergences idéologiques. En effet, il y a mille et une façon d'être décroissant, certains penseurs s'arriment volontiers à l'extrême gauche comme Paul Ariès ou Serge Latouche, d'autres prônent le « ni gauche ni droite » comme Vincent Cheynet y voyant là le même mal productiviste, d'autres, comme Alain De Benoist sont d'extrême droite. Toutefois, il y a eu des tentatives de rassemblement des décroissants au sein d'un parti, le Parti pour la Décroissance (PPLD), créé en avril 2006 par Vincent Cheynet et Bruno Clémentin et qui présente huit candidats aux élections législatives de 2007 dans le département du Rhône et de la Loire, obtenant des scores symboliques. Cette tentative d'union ne serait que temporaire, puisqu'une scission apparaîtra rapidement au sein de ce parti et une autre structure verra le jour, le « Mouvement des Objecteurs de Croissance » (MOC). Malgré cela, il y a quand même des moments de convergence pour certaines élections comme les élections européennes où les deux structures partisanes principales, le PPLD et le MOC, se réunissent au sein de « l'Association des Objecteurs de Croissance » pour présenter une liste commune intitulée « Europe Décroissance » dès les élections européennes de 2009. De plus, les deux structures présentent régulièrement, chacune de leur côté, des candidats aux différentes élections, quel que soit l'échelon, comme aux élections présidentielles de 2012,où le militant écologiste Clément Wittmann avait été désigné pour représenter le PPLD. En outre, l'utilisation de la politique n'est pas tant de réaliser des bons scores que de médiatiser la cause décroissante, de frapper les esprits. En réalité, comme l'évoque Mathieu Arnaudet, « le rapport au politique s'avère distancié et apparaît seulement comme un levier supplémentaire pour la création d'une éventuelle société de «décroissance soutenable« »40(*). Il faut donc concevoir l'engagement politique, non pas comme des tentations individualistes de récupérer un mouvement (qui est tout sauf homogène idéologiquement), mais comme un moyen, un outil complémentaire à la stratégie de minorité active.

C) Un courant qui n'est autre qu'une galaxie hétérogène

Si la décroissance est certes un courant de plus en plus écouté et pris au sérieux dans le militantisme écologique, il est tout sauf homogène. On peut définir ce courant de « galaxie » comme le fait Fabrice Flipo41(*).En effet, s'il y a eu dans le passé des tentatives d'union des décroissants avec certaines structures comme le PPLD, il y a en réalité autant de décroissances que de décroissants. De manière générale, on met un peu ce que l'on veut derrière le terme de « décroissance », à condition de ne pas remettre en cause la volonté de décroissance économique qui est un invariant de toute la galaxie décroissante.Pour modéliser cette pluralité au sein de la galaxie décroissante, nous nous devons d'évoquer la période 2011-2012 qui est particulièrement charnière dans la mise en lumière des divergences politiques. En effet, c'est à cette période que des chroniqueurs réguliers au sein du journal La Décroissance comme Paul Ariès signent une lettre ouverte (soutenue par Serge Latouche et Jean Gadrey notamment) en mai 2011 reprochant un certain sectarisme au journal42(*). Il est par la suite exclu du journal, ce qui va entraîner toute une bataille de mots entre Paul Ariès et Vincent Cheynet. Le premier reprochant au second d'être de droite en se proclamant « ni gauche ni droite » et le second reprochant au premier une « rhétorique stalinienne » en voulant arrimer à tout prix la décroissance à une (extrême) gauche qu'il juge autant productiviste que la droite43(*). Nous assistons dès lors à certaines implosions au sein de la galaxie décroissante, modélisées par certains départs du journal La Décroissance. Lorsque vient l'année 2012, nous assistons à une condamnation (sous un titre assez violent symboliquement44(*)) du journal La Décroissance par le PPLD, alors même que Vincent Cheynet faisait partie des fondateurs clés de ce parti politique. Le PPLD lui reproche une « posture autoritaire globale du journal »45(*) et l'exacerbation des conflits au sein de la galaxie décroissante par Vincent Cheynet car il s'oppose aux mesures phares du PPLD comme le revenu universel ou « l'extension de la sphère de la gratuité ». Vincent Cheynet avait également créé un autre parti, le Parti des Objecteurs de Croissance (POC) en 2010, une initiative mal vue par le PPLD qui croyait encore à l'union des décroissants.

En fait, nous pouvons observer la galaxie décroissante en action lors des différentes élections politiques. Par exemple en 2012, lors des élections législatives, il y a « trois familles de décroissants »46(*) visibleset qui s'opposent dans le Rhône. Nous trouvons « les indépendants très à gauche » représentés par le Mouvement des objecteurs de croissance (MOC) et le PPLD qui se revendiquent « anticapitaliste, anti-productiviste, écologiste, féministe, et internationaliste » avec comme mesure phare de leur programme politique, le « revenu inconditionnel ». Nous trouvons ensuite « les indépendants «ni gauche, ni droite« » qui sont républicanistes, proches des idées incarnées par Vincent Cheynet et qui estiment que la décroissance ne peut être ni de gauche ni de droite car ces derniers sont tous les deux productivistes. Enfin, il y a les « objecteurs de croissance » s'affiliant au Front de gauche. Ces derniers font clairement le jeu de la politique traditionnelle en acceptant d'être au sein d'un parti politique classique. En 2012, ces candidats « objecteurs de croissance » étaient par exemple Anne Charmasson-Creus de la Gauche unitaire (candidate dans la 2ème circonscription du Rhône), Bernard Genin, le maire PCF de Vaulx en Velin (candidat dans la 7ème circonscription du Rhône) ou encore René Balme, le maire du Parti de Gauche à Grigny (candidat dans la 11ème circonscription du Rhône). En réalité, derrière ces divisions politiques se cachent aussi des batailles de leadership politique, culturel mais aussi des problèmes d'ordre plus personnel, des batailles d'égo, c'est notamment ce que m'ont confié Pierre Thiesset et Guillaume Gamblin lors des entretiens47(*).

Pour saisir de manière plus précise ces divergences politiques au sein de la galaxie décroissante, nous pouvons tout simplement analyser les différents discours au sein de la revue Silence et du journal La Décroissance. En lisant ces différents médias, nous pouvons nous rendre compte qu'il y a une décroissance conservatrice représentée par le journal La Décroissance et une autre qui se veut « inclusive » et « intersectionnelle », c'est notamment ce que revendique la revue Silence. Sur chaque numéro de leur revue, nous retrouvons dès la deuxième page la ligne éditoriale affichée qui est la suivante : « Silence porte un projet de transformation de la société dans le sens de la décroissance et de l'écologie sociale. La revue explore les alternatives concrètes et cherche à aborder tout sujet non seulement sous l'angle économique mais aussi au regard du féminisme, du post-colonialisme, de la non-violence, etc. »48(*). On retrouve cet engagement inclusif y compris dans la production écrite puisque la revue utilise l'écriture inclusive car « le masculin universel est l'une des formes de la domination patriarcale dans la langue française »49(*). C'est pour cette raison qu'au sein de la revue Silence, nous ne trouvons pas exclusivement des sujets qui traitent de l'écologie ou de la décroissance, mais également des sujets qui traitent de la domination néocoloniale ou patriarcale50(*). A contrario, Vincent Cheynet et le journal La Décroissance ont un raisonnement très opposé à celui de la revue Silence. Pour Vincent Cheynet, la croissance est un système anthropologique total et n'est pas qu'un problème d'ordre économique. La lutte doit se faire non seulement contre la croissance économique mais aussi contre la société du désir, que ce soit dans la consommation mais aussi dans les moeurs. Par exemple, à la différence deSilence mais également d'autres penseurs comme Paul Ariès ou Serge Latouche, Vincent Cheynet pense que ce n'est pas en abolissant le patriarcat que nous irons vers une société plus écologiste et égalitariste51(*).Au contraire, selon lui, il peut y avoir un danger en voulant tuer le « père symbolique ». Dans son livre Décroissance ou décadence publié en 2014 et dont le raisonnement est souvent repris dans le journal La Décroissance, notre époque serait le règne du matriarcat et nous aurions rejeté le rôle du père symbolique et aussi toute idée de limite qui lui estassociée. Selon lui, « la société veut ainsi nous faire régresser à l'état de nourrisson, mais comme on ne redevient pas un petit enfant, elle fait des adultes malades, comme ces légions d'obèses aux Etats-Unis »52(*). Pour Vincent Cheynet « le père symbolique est le frein à la société capitaliste, productiviste, matérialiste, de croissance » et par conséquent « cette dernière va donc tout mettre en oeuvre pour le disqualifier »53(*). C'est pour cette raison que selon Vincent Cheynet, la décroissance ne peut pas être de gauche car « on ne peut pas réclamer la fin du «sans limites« dans le domaine économique et être en même temps le plus ardent promoteur de la destruction de toute limite, notamment dans le domaine des moeurs »54(*). Dans la pratique, nous retrouvons donc ces divergences. Lorsque nous feuilletons la revue Silence, nous retrouvons des articles et des brèves en faveur de l'écoféminisme, de la PMA pour les couples lesbiens55(*). En revanche, dans le journal La Décroissance nous retrouvons des articles très à charge contre la théorie du genre, la GPA mais aussi la PMA56(*). Ce raisonnement particulier de La Décroissance leur a d'ailleurs valu des menaces voire des destructions matérielles. En effet, lors de la dernière édition du festival « les Bure'lesques » en 2019 (un festival écolo qui rassemble beaucoup d'acteurs de la galaxie décroissante), un kiosque du journal qui était installé lors de cet évènement s'est fait dégrader en raison d'une supposée ligne confusionniste, sexiste et transphobe du journal57(*).

II. Être journaliste et militant décroissant : un dilemme ou une solution pour la cause écologique ?

A) La construction d'une légitimité alternative pour sortir de ce dilemme

1. Déconstruire le récit du mythe journalistique

Le mythe professionnel du journalisme neutre et apolitique conduit à la marginalisation des journalistes qui sont considérés comme engagés ou militants. Les journalistes environnementaux qui souhaiteraient donc traiter la question écologique - tout en étant engagés - verraient donc leur discours discrédités ou censurés, comme je l'évoquaisau tout début pour le cas d'Hervé Kempf. Néanmoins, les problématiques autour de ce mythe professionnel ne concernent pas que les journalistes environnementaux mais toute la profession journalistique.Il convient donc d'évoquer quelques aspects historiques et sociologiques qui ont structuré ce mythe.

Selon la sociologue Eugénie Saitta, ce mythe s'est construit en partie grâce à des phases de dépolitisation du journalisme. Elle identifie la première phase de dépolitisation au début des années 1980. Cette première phase s'exprime par « un désengagement militant et partisan ou, pour reprendre le terme de Juhem58(*), d'une «neutralisation« des quotidiens français de gauche qui se désolidarisent des positionnements des partis qu'ils avaient soutenus jusque-là ». Selon elle, « (...) jusqu'au tournant des années quatre-vingt, la PQN française était polarisée :  «Une presse de gauche« comprenant le Monde, Le nouvel Observateur, Le Canard Enchaîné, Libération, L'Humanité (...) », qui « s'opposait à une presse de «droite« incluant Le Figaro, France Soir, L'Aurore, Le Point et l'Express »59(*). Les années 1980 sont marquées par un désenchantement politique qui touchent toutes les strates du système médiatique. Pour Eugénie Saitta, ce désenchantement politique au sein des médias s'exprime à travers plusieurs choses. Tout d'abord, il y a un effet générationnel. Selon elle, « «l'ancienne« génération de journalistes » issue du baby-boom « a été socialisée à la politique dans un contexte différent ».Un contexte où l'antagonisme politique entre la gauche et la droite était fortement marqué. Quant à la génération suivante, « (...) elle entretient une familiarisation à la politique qu'elle considère «négative« caractérisée par des alternances successives, des dysfonctionnements (cohabitations, affaires politico-financières impliquant d'ailleurs parfois des journalistes, etc.) et un amenuisement du sentiment d'appartenance partisan »60(*). Si cette appartenance partisane est moindre, c'est également parce que le recrutement des journalistes ne va plus se faire sur une base partisane, comme c'était le cas auparavant. C'est également la fin des journalistes spécialisés au sein des grands journaux, les « rubricards » qui restaient des années sur un même thème, une même rubrique. A partir des années 1980, on va avoir l'apparition de journalistes flexibles, qui touchent à tout, avec pour effet, une certaine déconnexion avec le terrain empirique, partisan.

Par ailleurs, les changements du modèle économique du journalisme ont aussi participé à l'avènement de ce mythe professionnel. On pourra ici évoquer la place grandissante des acteurs privés dans le marché de l'information. Pierre Bourdieu a notamment fait remarquer que le degré d'autonomie d'un journaliste « (...) dépend d'abord du degré de concentration de la presse (qui, en réduisant le nombre d'employeurs potentiels, accroît l'insécurité de l'emploi) (...) »61(*). Ce nouveau modèle économique se modélise par une situation de propriété oligopolistique (des journaux) et une place croissante de la publicité en tant que manne financière. Cela conduit à des effets structurels de neutralisation d'un journaliste militant, au profit d'un journaliste « neutre », « objectif » et qui ne remet pas en cause les intérêts économiques et politiques qui l'entourent dans son champ.

Ce mythe professionnel ainsi que la place grandissante de la publicité au sein du journalismeont été un point d'accroche pour l'apparition de nombreux médias alternatifs écologiques comme Reporterre, Silenceou La Décroissance. Par exemple, avant de créer le journal La Décroissance, Vincent Cheynet et Bruno Clémentin avaient créé une association en 1999 dénommée Casseurs de pub, puis une revue éponyme annuelle. La présentation internet de l'association révèle cette critique du modèle journalistique actuel mais également la critique de la figure du journaliste « mainstream », aseptisé et « cassé » par la publicité.

Voici par exemple quelques phrases que l'on peut trouver sur le site internet de l'association62(*) en guise de présentation :

Sommes-nous des « casseurs », des gens « pas bien dans leur tête », comme s'emploient à le faire croire les publicitaires ? Non, bien sûr. Au contraire, nous menons un combat non-violent fondé sur l'argumentation. Si nous sommes des « Casseurs de pub », c'est parce que la pub est une machine à casser.

Une machine à casser la nature, l'humain, la société, la démocratie, la liberté de la presse, la culture et les cultures, l'économie ou encore l'éducation.

La pub est une machine à casser la liberté de la presse. Aujourd'hui, la presse, la radio, la télévision vivent de la pub que payent les multinationales pour y montrer leurs produits. Résultat : les journalistes ne critiquent que très exceptionnellement la pub ou la logique des multinationales. Les journalistes ou les intellectuels qui peuvent s'exprimer largement sont ceux qui collaborent à cette logique. Ceux qui la refusent n'ont plus la parole que dans des médias confidentiels. Pourquoi ne lit-on plus d'articles comme celui-ci dans les journaux les plus connus ? Les journalistes des médias dominants décrivent ceux qui contestent la pub comme des « extrémistes ». Ainsi, la pub transforme la presse en catalogue publicitaire qui noie la presse libre et indépendante.

On aperçoit donc les bases d'un cheminement intellectuel qui les amènerait à se fondre dans un militantisme plus large et plus radical qui est celui de la décroissance. Mais on retrouve également, comme je l'évoquais, une critique très forte à l'égard de la figure du journaliste mainstream. Les termes utilisés sont lourds de symbolique, ils assimilent les journalistes des médias dominants à des collaborateurs de l'ordre établi, un ordre régi par la publicité. Et ceux qui contesteraient cet ordre ou qui refuseraient de se fondre dans cette « neutralité » supposée seraient dépeints comme des « extrémistes » ayant tribune dans des « médias confidentiels ».

2. Le combat « anti-pub », un référent symbolique et légitimant dans le milieu écologique

Cette critique radicale du journalisme mainstreamque l'on vient d'évoquer n'est pas vaine. Elle vise à instaurer une autre légitimité, mais également un autre modèle. Un modèle alternatif où ces journalistes veulent montrer qu'on peut être à la fois journaliste et militant et que cela n'est pas dépréciatif mais au contraire « un gage d'excellence ». C'est notamment ce qu'a étudié le sociologue Benjamin Ferron, à travers une recherche sur les différentes stratégies médiatiques de mouvements altermondialistes lors du sommet de Cancun de l'OMC en 2003, un sommet unique où toute une contre-société altermondialiste s'était faite autour de l'événement, avec leurs propres médias et journalistes. A travers l'étude de cet événement et de ce qu'il a suscité, Benjamin Ferron s'est notamment posé la question suivante : « Comment cherchent-ils [les journalistes militants] à faire de leur engagement un gage de leur excellence, rompant en cela avec les définitions socialement dominantes de la profession journalistique, tout en maintenant un rapport distinctif avec les discours et pratiques des (autres) militants ? »63(*).Selon lui, les journalistes militants sont capables de combiner rigueur journalistique et engagement, et ils savent très bien jouer de ces deux aspects. Son étude amontré que ces journalistes construisent une légitimité alternative, un gage d'excellence via une « double stratégie médiatique »64(*). Une stratégie à la fois de « parasitage des médias de masse » et à la fois d'une « constitution d'un réseau médiatique propre ».

Si nous faisons le parallèle avec mon terrain d'étude, le journal La Décroissancea constitué son réseau médiatique propre et s'est pérennisé financièrement avec un audimat stable et fidèle. Ce journal est particulièrement apprécié pour la présence d'articles de fond rédigés via la participation occasionnelle d'intellectuels (décroissants ou non) connuscomme Serge Latouche ou Paul Ariès dans les premières années du journal. On y retrouve également des chroniqueurs réguliers qui sont des personnalités connus comme François Brune, les sociologues Alain Accardo et Alain Gras ou encore le militant anti-nucléaire Stéphane Lhomme. Par ailleurs, avant le lancement du journal en 2004, les deux fondateurs disposaient déjà d'un capital culturel et social important de par leurs expériences professionnelles (Vincent Cheynet est un ancien publicitaire de chez Publicis Lyon) et de par leur association Casseurs de pub, qui avait déjà permis d'ameuter un audimat, une certaine sphère militante via leurs actions comme la « journée sans achat » (manifestations dans toute la France).Comme l'a montré la chercheuse Justine Simon au sein d'une étude consacrée à l'analyse « sémio-discursive » de Casseurs de pub65(*),Vincent Cheynet a su réutiliser les codes de son ancien métier et son capital relationnelpour promouvoir le combat « anti-pub »66(*). Lorsque la transition s'opère entre son premier combat « anti-pub » et son nouveau combat pour la décroissance via la transformation de la revue Casseurs de pub en journal La Décroissanceen 2004, il parvient à préserver le petit lectorat et le capital militant qu'il avait constitués en créant une rubrique dénommée « Casseurs de pub » au sein du journalet dirigée par l'écrivain et dessinateur Jean-Luc Coudray67(*). Il transforme également son ancienne revue en dossier annuel joint au journal La Décroissance.

En outre, lors de son apparition, le journal acontribué à parasiter la scène médiatique, en premier lieu grâce à son titre qui fait office de « mot obus »68(*), sa couverture polémique mensuelle69(*), la présence d'illustrateurs connus comme Pierre Druilhe ou Andy Singermais aussi grâce à certaines de ses rubriques. On peut citer ici des rubriques comme « la saloperie que nous n'achèterons pas »70(*) qui est un objet ou une chose physique qu'il faut boycotter ou encore l'« écotartufe du mois »71(*) qui met à l'honneur ironiquement (et de manière très critique) certaines personnalités comme Nicolas Hulot ou Daniel Cohn Bendit. La construction d'une légitimité alternative passe donc par la (pré)disposition d'un certain capital relationnel et la construction de cette rhétorique radicale et bien ficelée. Une rhétorique qui rappelle à bien des égardsles discours de La Gueule Ouverte, notamment sur la critique et le refus de la publicité comme source de financement.

B) Une tension plus ou moins persistante en fonction des individus et des milieux

1. Journaliste professionnel, engagé, militant ?

Bien que les journalistes environnementaux alternatifs sachent conjuguer rigueur journalistique et militantisme, mes recherches m'indiquent néanmoins qu'il y a un certain refus du terme « journaliste militant ». Lors du premier entretien que j'ai réalisé avec le journaliste Pierre Thiesset du journal La Décroissance,à la question « Au sein du journalLa Décroissance, vous concevez-vous comme des militants, des professionnels ou les deux à la fois ? », le journaliste Pierre Thiesset répond :

« Oui alors justement, humm.... J'ai dû mal à me consi... Enfin, moi je n'aime pas trop le terme de journaliste militant... justement, parce que je pense qu'on fait vraiment un travail de journaliste. Alors, certes, on a... on a un engagement et puis on revendique notre subjectivité, on revendique... on revendique notre ligne éditoriale très clairement. Humm, comparativement à des médias qui se disent neutre, objectif, mais qui... mais qui en fait, ont aussi un engagement. Et il y avait une lettre d'Hervé Kempf je crois, quand il est... quand il a démissionné du Monde où... fait intéressant là-dessus, où il disait que lui était considéré comme un journaliste militant en gros, parce qu'il défendait... enfin parce qu'il était écologiste tout simplement. Et, humm... il disait «mais par contre on ne considère jamais comme militant les journalistes... humm, spécialisés dans la rubrique économie par exemple, qui, qui vont sans-cesse défendre la croissance, le... le capitalisme mais qui, qui vont paraître neutres, etc...« Et je trouvais ça... moi je me reconnais pas mal dans ces propos-là.»

Un refus qui peut s'expliquer par le fait que, dans beaucoup de médias alternatifs, il y a des journalistes qui ont fait des études de journalisme et quiont travaillé dans la presse quotidienne nationale, régionale ou locale. C'est notamment le cas de Pierre Thiesset qui, avant d'intégrer La décroissance, a fait un IUT de journalisme à Lannion. Puis, il a travaillé dans la presse locale au seind'un journal intitulé Le Béret Républicain, quotidien diffusé dans le département du Cher. Il dirige également la collection « Le pas de Côté » (qui était anciennement une maison d'édition) au sein d'une maison d'édition indépendante appelée L'échappée. Dès lors, il est compréhensible qu'il y ait un refus de ce terme, surtout qu'il peut être connoté négativement et utilisé à des fins de discréditation de la parole donnée. Cette tension entre la figure du journaliste et du militant, bien que persistante, n'est pour certains comme Hervé Kempf, qu'un faux débat.Invité lors d'une émission de France Culture sur le sujet « Peut-on être journaliste environnemental sans être militant »72(*), Hervé Kempf était confronté au journaliste environnemental Marc Cherki du Figaro.Durant leurs échanges, Hervé Kempf évoque qu'il peut y avoir « 2 façons d'aborder et de traiter (...) un sujet [écologique] qui est le même » sans pour autant refuser la rigueur journalistique. Il peut y avoir une façon factuelle et une façon plus indignée et engagée. De plus, ilsouligne que Reporterre - l'ancien mensuel écologique qu'il a créé en 1989, puis qu'il a relancé en format internet depuis 2007 - utilise, comme les autres médias, « les instruments journalistiques de vérification de l'information, de pertinence, de sens de la contradiction, de vérification des faits, etc... ». Il en va de même pour le journaliste Pierre Thiesset de La Décroissance. A cet égard, voici la suite de sa réponse concernant la question que j'ai déjà évoquée plus haut.

« Et... quand je dis qu'on, qu'on.... qu'on... enfin que je me considère avant tout comme journaliste, c'est que le travail, c'est vraiment un travail de journaliste qui est basé sur une énorme documentation notamment, sur... des recherches assez... assez... enfin très longues, en fait on y passe énormément de temps à faire notre journal, euh... Et c'est voilà, on n'est pas seulement dans, dans l'affirmation de notre message... On a un soucis de rechercher... de faire des recherches historiques, de faire... voilà, d'alimenter toujours nos réflexions à partir de toute cette base documentaire quoi. »

Cependant, il apparaît que la réfutation de l'appellation « journaliste militant » est beaucoup plus variable en fonction du parcours professionnel et personnel des individus. En effet, lorsque j'ai entretenu le rédacteur de la revue Silence, Guillaume Gamblin, il s'est avéré que l'appellation « journaliste militant » n'est pas forcément perçuede façon péjorative. Lorsque je lui ai posé la même question que j'avais posée à Pierre Thiessetlors du premier entretien, à savoir : « Au sein de la revue, vous concevez-vous comme des militants, des professionnels ou les deux à la fois ? », voici ce que Guillaume Gamblin m'a répondu :

« (Rires) Oui c'est toujours un peu la question qui est (rires) pas évidente à dire. Est-ce qu'on est des militants, des professionnels ou les deux à la fois ? Moi je dirai que oui, on est un peu les deux à la fois. C'est-à-dire qu'à la fois on est des militants car clairement euh... il faut être militant pour être salarié et bien dans sa peau et bien dans le reste de l'équipe et du projet. Une personne qui serait à Silence juste pour ses attributions techniques ça ne marcherait pas quoi. Euh... et euh... aussi on a envie de... notre but c'est de transformer la société dans le sens de la décroissance, de l'écologie sociale, etc... Et professionnel dans le sens où on adopte quand même une éthique journalistique, on a des compétences, que ce soit au niveau de la gestion administrative, de la compta ou de... ou du journalisme. Euh... on a des compétences assez strictes, assez professionnelles euh... puis... et donc au niveau du journalisme on... on... bah voilà on essaye... on a une éthique de dire, de pas dire de choses fausses, de recouper les sources, de, de tant que possible... qui se rapproche des autres pratiques journalistiques plus classiques. Mais avec... ça n'empêche pas de le faire au service d'un combat global. »

Cette conception différente des choses peut notamment s'expliquer par le fait que les journalistes au sein de la revue Silence n'ont pas suivi des études de journalisme mais se sont formés sur le tas. En effet, lorsque je lui ai posé la question suivante, « Est-ce que vous avez suivi des études de journalisme ou pas du tout ? », voici ce que Guillaume Gamblin m'a répondu :

« Euh non non, je n'ai pas du tout suivi des études de journalisme et à Silence en fait, personne n'a jamais suivi des études de journalisme depuis la création de la revue en 1982 parmi les gens qui sont salariés ou les gens qui sont permanents, permanentes de la rédaction. C'est vraiment des personnes qui, qui se sont formées sur le tas, en tant que personnes qui sont d'abord pour leur engagement militant on va dire. »

Cela nous permet de comprendre pourquoi Guillaume Gamblin ne réfute pas frontalement le terme de « journaliste militant » puisqu'il n'a pas connu la même intériorisation des normes journalistiques que peuvent le connaître des personnes ayant eu un parcours journalistique classique comme Pierre Thiesset ou Hervé Kempf. J'entends par « parcours journalistique classique » un parcours dans lequel un individua suivi des études de journalisme et a officié dans la presse traditionnelle, qu'elle soit locale, départementale, régionale ou nationale.

Le fait que les rédacteurs et journalistes de la revue Silence n'aient pas suivi d'études de journalisme n'est pas quelque chose de disqualifiant. Par ailleurs, en feuilletant les différents numéros de la revue Silence, nous pouvons nous apercevoir qu'il n'y a pas vraiment de différence dans la reproduction des normes journalistiques. A titre d'exemple, nous retrouvons au sein de la revue Silence un sommaire clair et précis contenant quatre rubriques. Les rubriques ne sont pas classées par thèmes comme dans le journal La Décroissance mais par façon de traiter l'information73(*). Tout au long de la revue Silence, nous retrouvons perpétuellement des sources qui sont citées avec de nombreuses notes de bas de page, à la différence du journal La Décroissance qui en compte moins. Cela est sûrement dû au format du journal qui est plus contraignant que celui d'une revue, mais également parce que la revue Silenceva davantage surle terrain empirique (en relayant les alternatives écologiques dans les différentes régions de France74(*)) que le journal La Décroissance qui relève plus du journalisme de bureau, de combat des idées. C'est notamment ce que confirme Pierre Thiesset lors de notre entretien où il confie que le journal La Décroissance est davantage « un journal d'analyse et de réflexion »qui se consacre moins à des reportages de terrain que Reporterre par exemple.

2. Quelques éléments de comparaison avec le journalisme agricole

En outre, la question de la « formation sur le tas » et de la neutralité journalistique ne se pose pas que dans le cadre du journalisme environnemental. Dans d'autres « sous-champs spécialisés » du journalisme, comme le journalisme agricole, nous retrouvons beaucoup de personnes qui se sont également formées sur le tas. Pour appuyer notre propos, nous pouvons citer les travaux d'Ivan Chupin et Pierre Mayance qui ont étudié l'échec de la création d'une filière de journalisme agricole à l'Ecole Supérieure du Journalisme de Lille75(*).Ils ont notamment montré que les « bonnes pratiques » de la presse généraliste, le mythe de l'objectivité et de la distanciation vis-à-vis des sources est assez difficile à exporter dans une presse agricole où les journalistes ont eux-mêmes été des acteurs du champ agricole ou des individus socialisés aux valeurs du monde agricole et qui se sont formés journalistes sur le tas. Ils mettent en lumière que le paradigme dominant dans la presse agricole est que « la formation sur le tas est la seule formation légitime et largement répandue ». Par ailleurs, même lorsque cette filière à l'ESJ de Lille était opérationnelle, « les directeurs de journauxcontinu[ai]ent d'avoir recours principalement à des candidats diplômés de BTA (brevet de technicien agricole) et BTS (brevet de technicien supérieur) ou à des ingénieurs spécialisés dans des domaines agricoles pour écrire dans leurs titres »76(*).

Si on compare avec le journalisme environnemental, ce n'est pas la même configuration que dans la presse agricole. Si à un certain moment, notamment dans les années 1970, il y a pu avoir une sorte de pré-carré médiatique réservé aux « militants écolos purs et durs », très vite les journalistes classiques ont eu accèsau journalisme environnemental, y compris dans La Gueule Ouverte(notamment après la mort de Pierre Fournier) et surtout Sauvage.

Dorénavant, que ce soit dans les rubriques « écologie » ou « environnement » deLibération, Le Mondeou Le Figaro, il s'agit avant tout de personnes ayant suivi des études de journalisme classique. Si on s'intéresse au modèle alternatif de Silence ou La Décroissance, on retrouve aussi bien des parcours classiques comme Pierre Thiesset que des militants formés journalistes sur le tas comme Guillaume Gamblin. Il en va de même pour le premier site d'information écologique alternatif de France,Reporterre, où leur équipe est composée de parcours mixtes. Cette différence entre ces deux sous-champs spécialisés (journalisme agricole et journalisme environnemental) peut notamment s'expliquer par des parcours de socialisation différents qui permettent une institutionnalisation beaucoup plus simple de l'écologie, de l'environnement au sein du champ journalistique que le « monde agricole ». Par ailleurs, disposer en son sein de personnes ayant eu un pied dans le système médiatique dominant (Vincent Cheynet) ou le journalisme traditionnel (Pierre Thiesset) peut être une véritable ressource pour la pérennité d'un journal, que ce soit en termes de capital relationnel ou de connaissances du système pour mieux le parasiter avec ses propres codes et capter des nouveaux lecteurs.

A la lumière de ces éléments, nous pouvons avancer qu'il est tout à fait possible d'être un journaliste alternatif et d'avoir les mêmes contraintes de rigueur et de restitution des faits qu'un journaliste mainstream. Comme l'évoque Benjamin Ferron, un journaliste alternatif est donc pris dans un équilibre « entre engagement et distanciation »en raison d'un double enjeu de légitimation, à la fois auprès des militants et à la fois auprès du corps journalistique et du grand public. De plus, les contraintes qui pèsent autant sur un journal (contraintes financières, cohérence éditoriale, éviter les critiques) que sur leurs journalistes (intériorisation des normes grâce au passé étudiant et professionnel) rendent difficile l'existence d'un discours entièrement militant visant à manipuler l'opinion. Par ailleurs, face à la montée de certains discours climato-sceptiques, des médias comme Silence, La Décroissance ou Reporterre ne peuvent se permettre de produire ou de relayer des fausses informations car cela pourrait d'autant plus se retourner contre eux et ainsi décrédibiliser leur image.

C) Un rapport aux sources d'informations favorisant un modèle participatif et pluraliste

La promotion d'un modèle journalistique alternatif ne passe pas que par la déconstruction du mythe majoritaire et le combat « anti-pub » mais également par un renversement partiel du rapport aux sources d'information. Selon les travaux du sociologue britannique Stuart Hall repris par Phillip Schlesinger77(*), les médias s'appuient sur des sources dites « autorisées ». Ces sources sont dites « autorisées » car leur position apparaît objective et faisant autorité auprès du médium concerné. Ces sources autorisées peuvent être à la fois des représentants d'institutions sociales, des représentants du peuple, des représentants de groupes d'intérêts, mais aussi l'expert qui serait vanté pour sa « recherche «désintéressée« du savoir et non sa position ou sa représentativité »78(*). Selon Stuart Hall qui adhère à une conception marxiste des médias, tout le monde ne peut pas devenir une source d'information mais uniquement des personnes accréditées par le pouvoir ou la position qu'elles représentent, généralement ce sont les puissants, les dominants.Stuart Hall définit ces personnes comme les « premiers définisseurs » des thèmes (du débat). Dès lors, selon Philippe Schlesinger, le sociologue Stuart Hall pense que « les contre-définitions ne peuvent jamais supplanter la première définition, qui domine de manière conséquente »79(*). Dans ce cadre de pensée structuraliste, les médias seraient des complices des dominants lorsqu'ils élaborent des informations puisqu'ils ne choisiraient que des sources « autorisées » ou « officielles ». Ils ne véhiculeraient donc que les définitions dominantes des informations, des débats. Selon Philippe Schlesinger, le sociologue Stuart Hall pense que « la pratique journalistique favorise généralement les intérêts des sources faisant autorité, notamment celles qui se situent à l'intérieur de l'appareil gouvernemental et étatique »80(*). Cependant, il convient de relativiser cette théorie et ce, pour plusieurs raisons. Tout d'abord, la sociologie empirique du journalisme a montré qu'il y avait, certes, un accès structuré aux médias en fonction de notre position dans la hiérarchie social, mais il n'y a pas pour autant un déterminisme absolu et une impossibilité d'accès aux médias pour une personne « lambda » ou une source « non officielle ». De plus, cette théorie date des années 1970 et le régime médiatique a évolué depuis, les médias peuvent être eux-mêmes les « premiers définisseurs » et la fenêtre d'accession aux médias pour les « sources non officielles » s'est élargie.

En effet, selon Nicolas Kaciaf et Jérémie Nollet, « le régime médiatique est profondément bousculé » depuis les années 1990 « par un ensemble de mutations techniques et industrielles (explosion du nombre de chaînes de télévision, développement d'Internet) qui multiplierait les sources d'information, renforcerait la concurrence entre médias, rendrait possible de nouveaux usages (militants notamment) et brouillerait la frontière entre producteurs et consommateurs de contenus médiatiques »81(*). Il y a eu, selon Nicolas Kaciaf et Jérémie Nollet, « une multiplication des points d'entrée dans l'espace médiatique » qui « aurait conduit à une diversification des acteurs qui participent aux luttes pour façonner l'environnement discursif de la vie politique »82(*). Toutefois, la théorie structuraliste de Stuart Hall n'est pas obsolète pour autant car ces différents changements ne signifient pas la fin de l'hégémonie idéologique des élites politiques et journalistiques traditionnelles et par conséquent de leur mythe (d'objectivité, neutralité). De plus, il faut encore disposer d'une des trois ressources suivantes pour être une source ayant un accès aisé aux médias, « une ressource institutionnelle (institutions étatiques, groupes d'intérêts, etc...), financière (et organisationnelle) ou culturelle (légitimité et autorité sociale) »83(*).

Ce modèle journalistique classique est progressivement remis en cause, d'autant plus au sein du journalisme alternatif qui donne souvent la parole à des sources dites « nonofficielles ». De plus, comme l'évoquent Nicolas Kaciaf et Jérémie Nollet, Internet peut renouveler (en termes de pratiques) certains sous-champs du journalisme, comme c'est le cas avec Reporterre, premier site d'information écologique de France (32 000 visites par jour), indépendant financièrement (pas de publicités et site financé par ses lecteurs et donateurs)84(*) et qui fait beaucoup de reportages de terrain.

Concernant le journalLa Décroissance et la revue Silence, nous retrouvons également des pratiques différentes concernant leur rapport aux sources d'informations. Dans la construction de leur journal ou revue, leurs sourcesd'informations principales ne sont pas l'acteur étatique ou des acteurs organisationnels classiques mais dans la majorité des cas des « experts » écologistes, décroissants qui sont sollicités (qui sont souvent des chercheurs académiques85(*))mais également des militants. En feuilletant les différents numéros du journal La Décroissance et la revue Silence, nous pouvonsvoir qu'ils ne choisissent pas leurs sources en fonction de ressources institutionnelles ou financières dont elles pourraient disposer mais surtout en fonction de la troisième ressource, la ressource culturelle. Ainsi, nous retrouvons dans ces deux médias la présence de nombreux chercheurs, intellectuels, sociologues. C'est quelque chose qui est légitimant d'avoir des experts « alliés » ayant une certaine crédibilité et influence. On peut aussi concevoir le fait d'ameuter au sein de son média des « sources officielles » que sontles experts (disposant d'une certaine aura)comme une stratégie afin de relayer la parole de sources « non officielles » (initiatives de militants écologistes, décroissants).

Concernant les « sources non officielles », il faut savoir que le journal La Décroissance mais surtout la revue Silence concèdent une part non négligeable de leurs numéros aux initiatives militantes. Ainsi, dans chaque numéro du journal La Décroissance, nous retrouvons une rubrique intitulée « Simplicité volontaire » où on met à l'honneur des militants sous un format d'interview86(*). Quant à la revue Silence, nous pouvons par exemple retrouver un numéro entier consacré à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes87(*)et dans lequel nous pouvons retrouver un entretien de deux militants ayant installé un jardin aromatique et médicinal88(*).

Cependant, bien que La Décroissance et Silence se réclament de la décroissance, la couverture médiatique du champ écologique qu'ils font au sein de leur mensuel reflète aussi les divisions qui s'expriment au sein de la galaxie décroissante. En effet, comme l'a montré Daniel Hallin dans son étude de la couverture médiatique de la guerre du Vietnam89(*), les journalistes sont à la fois des « miroirs » du terrain qu'ils couvrent mais aussi des « gatekeepers »à savoir des individus « qui filtre[nt] et élimine[nt] les informations indésirables, inintéressantes ou insignifiantes et s'occupe[nt] d'informations de plus ample importance »90(*).En d'autres termes, ils sélectionnent un minimum l'information donnée par leurs sources (si ce n'est les sources elles-mêmes) pour qu'elle soit adaptée un minimum aux critères journalistiques, à leur idéologie et aux attentes de leur lectorat. Toutefois, les deux médias étudiés conçoivent surtout un modèle alternatif au gatekeeping du journalisme traditionnel car ils donnent souvent la parole aux militants, aux initiatives individuelles et ne cherchent pas l'information sensationnelle ou à prendre un point de vue « neutre » ou « objectif ». Leur souci principal est surtout la véracité et la « newsworthiness » (utilité et intérêt) de l'information choisie pour conserver leur lectorat (il y a une certaine dépendance vis-à-vis de leurs militants) et en capter davantage. Concernant l'analogie entre les journalistes et le miroir,comme nous l'avons évoqué précédemment, les décroissants sont une galaxie traversée par certaines divisions insurmontables et à ce titre, on verra davantage la revue Silence faire la promotion de combats sociétaux et de luttes intersectionnelles que le journal La Décroissance.

Conclusion :

Si la décroissance est un thème qui parle à plus en plus de monde, que ce soit auprès des militants écologistes ou auprès du grand public comme le révèlentdeux récents sondages91(*), elle reste majoritairement un OVNI, que ce soitdans le débat politique oumédiatique dominants. Pour autant, une des choses intéressantes à souligner est que la décroissance, malgré ou grâce à sa radicalité sémantique (et intellectuelle) continue à faire parler d'elle et gagne en crédibilité au fur et à mesure que la crise écologique s'aggrave. Si la traduction politique de la décroissance est un échec pour le moment, sa traduction au sein du militantisme écologique et du journalisme environnemental est plutôt une réussite. La revue Silence existe depuis 1982 et a réussi à faire un certain travail de fond idéologique pour la décroissance au début des années 2000. Le journal La Décroissance existe depuis 2004 et a réussi à ameuter un lectorat conséquent et fidèle, ce qui est louable pour un projet qui disposait de peu de moyens au départ, en comparaison à d'autres initiatives dans le journalisme alternatif comme Médiapart ou Reporterre. Nous pouvons également citer l'agriculteur Pierre Rahbi, l'économiste Serge Latouche et le politologue Paul Ariès qui sont trois piliers de la galaxie décroissante qui jouissent d'une certaine popularité et qui ont des entrées régulières au sein de médias dominants. De plus, si la galaxie décroissante a trouvé quelques relais en politique chez Les Verts, elle dispose surtout de puissants relais au sein du monde académique avec des expertscomme Jean-Marc Jancovici ou Aurélien Barrau et qui sont d'ailleurs très populaires sur les réseaux sociaux.La décroissance a également pavé la voie pour un courant encore plus radical, celui de la collapsologie avec à sa tête le français Pablo Servigne qui cumule plus de 120 000 ventes pour son premier livre Comment tout peut s'effondrer, publié en 2015. Nous pourrions également citer deux thinkthanks importants de la décroissance comme l'Institut Momenthum fondé par Agnès Sinaï (une ancienne du journal La Décroissance) et présidé par Yves Cochet ou encore le Comité Adrastia (fondé à Lyon) qui réfléchissent à une sortie de la société industrielle moderne et aux risques d'effondrement.

En outre, la survie des idées décroissantes au sein du journalisme environnemental et du militantisme écologique peut également s'expliquer par le fait que la décroissance renoue avec une certaine forme de radicalité qui fascine et qui plaît face à des politiques de « développement durable » qui ont déçu. En ce sens, si nous reprenons les travaux dePhillip Schlesinger et élargissons la focale, nous pourrions avancer que les différentes organisations, associations ou médias décroissants (comme le journal La Décroissance ou le revue Silence) sont ou pourraient être des « forces de contradiction, des collectifs bien organisées qui apportent des contre-définitions » de ce que doit êtrele journalisme environnemental et l'écologie politique. Un journalisme environnemental indépendant, rigoureux et cohérent où la rubrique écologie ne se trouve pas entre la publicité et la rubrique économie où des positions pro-croissance s'affichent clairement92(*). Une écologie politique qui fait le pari de la décroissance pour ralentir le réchauffement climatique et les destructions environnementales. Mais, comme le souligne Phillip Schlesinger, la portée des contre-définisseurs « dépend en partie de leurs poids », s'ils représentent une « majorité organisée » ou une « minorité conséquente » et s'ils ont une « légitimité à l'intérieur du système » ou s'ils souhaitent renverser la table et mettre en avant une autre légitimité93(*). Il est clair que la période de pandémie mondiale que le monde a connu en cette année 2020 a incontestablement permis de donner « un nouveau souffle au mouvement décroissantiste »94(*) et a pu donner raison à certaines prévisions de la galaxie décroissante. Néanmoins, le paradigme de la croissance économique et du « capitalisme vert » a encore de beaux jours devant lui.

S'il fallait approfondir cette étude qui comporte certaines limites, il serait intéressant d'enquêter davantage sur l'image de Lyon, qui est souvent considéré comme une, si ce n'est la « terre décroissante » de France. Il serait intéressant aussi d'analyser les idées et discours des journalistes environnementaux officiant dans les médias traditionnels pour tenter de saisir leur proximité ou leur distanciation par rapport à la décroissance et aux journalistes environnementaux alternatifs. Enfin, faire une analyse qualitative et quantitative des militants d'EELV (encartés) peut être un angle de recherche intéressant afin d'estimer de manière plus précise le poids des idées décroissantes, les logiques internes du parti et ses futures stratégies électorales.

Bibliographie :

Ouvrage :

ARIES Paul, Décroissance ou barbarie, EditionsGolias, Paris, 2005, 162 pages

BAYON Denis, FLIPO Fabrice, SCHNEIDER François, La décroissance. La Découverte, 2012, 256 pages

CHEYNET Vincent, Décroissance ou decadence, Le Pas de côté, 2014, 192 pages

GEORGESCU-ROEGEN Nicholas, The Entropy Law and the Economic Process, Harvard University Press, 1971, 457 pages

HALLIN Daniel, The Uncensored War: The Media and Vietnam, Oxford University Press, 1986, 292 pages

ILLICH Ivan,La Convivialité, in OEuvres complètes, Fayard, Paris, 2004, 792 pages

LATOUCHE Serge, Décoloniser l'imaginaire : La pensée contre l'économie de l'absurde,Parangon, 2011, 188 pages

LATOUCHE Serge, Petit traité de la décroissance sereine, Fayard/Mille et une nuits, 2007, 176 pages

LATOUCHE Serge, Vers une société d'abondance frugale : Contresens et controverses de la décroissance, Fayard/Mille et une nuits, 2011, 208 pages

MEADOW Dennis, MEADOWS Donella, RANDER Jorgen, Halte à la croissance ?, Paris, Fayard, 1972, 205 pages

MOSCOVICI Serge, Psychologie des minorités actives.Traduit de l'anglais par Anne Rivière. Paris : Les Presses universitaires de France, 3e édition, 1991, 275 pages.

SERVIGNE Pablo, STEVENS Raphaël , Comment tout peut s'effondrer. Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes, Le Seuil, 2015, 301 pages

Ouvrage collectif :

FRANKLIN Bob (dir.), Key Concepts in JournalismStudies, London, Thousand Oaks, SAGE Publications, 2005, 384 pages

LEVEQUE Sandrine (dir.), RUELLAN Denis (dir.), Journaliste engagés, Presses universitaires de Rennes, « Res Publica », 2010, 180 pages

The WorldwatchInstitude, State of the World 2012, Moving toward sustainable prosperity, 2012.[En ligne]. [Consulté le 6 mai 2020]. Disponible sur : < https://www.researchgate.net/publication/283415624_The_Path_to_Degrowth_in_Overdeveloped_Countries>

Mémoire et thèse :

ARNAUDET Mathieu, Militer pour la décroissance. Enquête sur la genèse d'un "mouvement politique" de la décroissance en France. Mémoire de M1 Sciences Politiques, Université Rennes 1. [En ligne]. [Consulté le 5 mai 2020] Disponible sur :< https://www.memoireonline.com/11/10/4117/m_Militer-pour-la-decroissance-Enqute-sur-la-genese-dun-mouvement-politique-de-la-decroissa19.html>

CROZET Dimitri, Le journalisme environnemental face aux nouveaux conflits écologiques : une spécialisation en mutation. L'exemple de Sivens. Mémoire de Master professionnel journalisme, Université Stendhal Grenoble 3, UFR Llasic Département journalisme, 2015, 61 pages.[En ligne]. [Consulté le 5 mai 2020] Disponible sur : < https://pdfs.semanticscholar.org/0125/dcedbb512c2d4dd3a958823132dc11a2a53c.pdf>

NEDJAR Akila. Le thème de l'environnement dans les médias généralistes. Thèse, école

normale supérieure lettres et sciences humaines, Lyon, 2000

ZAVRSNIK Damien, La question de la décroissance chez les verts français, Mémoire, Université Aix-Marseille : Institut d'Etudes Politiques, 2012, 209 pages. [En ligne]. [Consulté le 3 mai 2020]. Disponible sur : < https://www.memoireonline.com/11/13/7912/La-question-de-la-decroissance-chez-les-verts-franais.html#fnref128>

Article universitaire :

BOURDIEU Pierre, « L'emprise du journalisme » in: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 101-102, mars 1994, p. 4.[En ligne]. [Consulté le 2 mai 2020]. Disponible sur : < https://www.persee.fr/doc/arss_0335-5322_1994_num_101_1_3078>

CHAMPAGNE Patrick, « La vision médiatique » in BOURDIEU Pierre, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p 61-79

CHUPIN Ivan, MAYANCE Pierre. « Une formation hors de son champ. L'échec de la filière journalisme agricole à l'ESJ », Études rurales, vol. 198, no. 2, 2016, pp. 39-58. [En ligne]. [Consulté le 20 juin 2020]. Disponible sur : < https://journals.openedition.org/etudesrurales/11164#xd_co_f=MTgwZDdjMjgtMjI4Yi00NmRiLWE4M2MtZjY3MzViN2QyZjMx~>

COMBY Jean-Baptiste, « Quand l'environnement devient «médiatique« », Réseaux, n° 157-158, 2009, p. 157-190. [En ligne]. [Consulté le 1er mai 2020]. Disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-reseaux-2009-5-page-157.htm>

FLIPO Fabrice « Les cinq sources de la décroissance », Implications philosophiques, 16 janvier 2015. [En ligne]. [Consulté le 13juin 2020]. Disponible sur : < http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/les-cinq-sources-de-la-decroissance/#_ftn2>

FLIPO Fabrice, « Voyage dans la galaxie décroissante », Mouvements, vol. 50, no. 2, 2007, pp. 143-151.[En ligne]. [Consulté le 25 avril 2020]. Disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-mouvements-2007-2-page-143.htm>

JUHEM Philippe, « Alternances politiques et transformation du champ de l'information en France après 1981 », Politix, vol. 14, n°56, 2001, p. 185-208.

KACIAF Nicolas, NOLLET Jérémie. « Présentation du dossier. Journalisme : retour aux sources », Politiques de communication, vol. 1, no. 1, 2013, pp. 5-34. [En ligne]. [Consulté le 14 juin 2020]. Disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-politiques-de-communication-2013-1-page-5.htm>

MARCHETTI D., « Les sous-champs spécialisés du journalisme », Réseaux, n°111, 2002, p.22-55. [En ligne]. [Consulté le 28 avril 2020]. Disponible sur : < https://www.cairn.info/revue-reseaux1-2002-1-page-22.htm>

SCHLESINGER Phillip. Traducteurs : ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne. « Repenser la sociologie du journalisme. Les stratégies de la source d'information et les limites du média-centrisme » in Réseaux, volume 10, n°51, 1992. Sociologie des journalistes. pp. 75-98. [En ligne]. [Consulté le 14 juin 2020]. Disponible sur : < https://www.persee.fr/doc/reso_0751-7971_1992_num_10_51_1926>

SIMON Justine, « Les Casseurs de pub contre la société de consommation ! Stratégies de détournement pour convaincre », Mots. Les langages du politique, n°98, 2012. [En ligne].[Consulté le 16 juin 2020]. Disponible sur : < http://journals.openedition.org/mots/20602>

WAGNER Anne-Catherine, « Champ », Sociologie, Les 100 mots de la sociologie, 2016. [En ligne]. [Consulté le 15 juin 2020]. Disponible sur : < http://journals.openedition.org/sociologie/3206>

Articles journalistiques :

BURLET Laurent, « L'écologie radicale se déchire : «décroissance de gauche« contre «décroissance de droite« », Rue89Lyon, 8 juin 2012. [En ligne]. [Consulté le 17 juin 2020]. Disponible sur : < https://www.rue89lyon.fr/2012/06/08/ecologie-radicale-dechire-decroissance-gauche-contre-decroissance-droite%E2%80%A8%E2%80%A8/>

COCHET Yves, MAMERE Noël, FERRIN Mireille, LIPIETZ Alain et BAUPIN Denis, « Point de vue : Pour une décroissance solidaire », le 20 août 2008. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https://www.lesechos.fr/2008/08/point-de-vue-pour-une-decroissance-solidaire-513490>

KEATING Juliette, « Portrait d'Arthur, La Gueule Ouverte », Médiapart, 18 août 2015. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https://blogs.mediapart.fr/edition/je-me-souviens/article/180815/portrait-darthur-la-gueule-ouverte>

KEMPF Hervé, « Vivre avec moins et mieux, car le pire est à venir », Le Monde, 4 mars 2004. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/03/04/vivre-avec-moins-et-mieux-car-le-pire-est-a-venir_355493_1819218.html>

LESNE Philippe, « Décroissance », Le Monde Diplomatique, août 2009. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/A/18185>

Parti pour la décroissance, « Des objecteurs de croissance critiquent le journal «La Décroissance« », Reporterre, 6 janvier 2012. [Internet]. [Consulté le 17 juin 2020]. Disponible sur : < https://reporterre.net/Des-objecteurs-de-croissance>

VAIRLET Florent, « Le nouveau poids du lobby de la «décroissance« », Les Echos Start, 25 juin 2020. [En ligne]. [Consultéle 10 juillet 2020]. Disponible sur : < https://start.lesechos.fr/societe/environnement/le-nouveau-poids-du-lobby-de-la-decroissance-1218643>

Journal, revue :

Journal La Décroissance

Revue Silence

Site internet :

La Décroissance [En ligne]. [Cité le 17 juin 2020]. Disponible sur : < http://www.ladecroissance.net/>

Reporterre [En ligne]. [Cité le 17 juin 2020]. Disponible sur:< https://reporterre.net/>

Page internet :

Casseurs de pub. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < http://www.casseursdepub.org/index.php?menu=pourquoi>

EELV, « Le projet bien vivre ». [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https ://eelv.fr/bienvivre/>

Les OC parlent aux OC, « Lettre ouverte à Vincent Cheynet et au journal la décroissance », Bellaciao, 18 mai 2011. [En ligne]. [Consulté le 17 juin 2020]. Disponible sur : < http://bellaciao.org/fr/spip.php?article117184>

Podcast, conférence :

Conférence de FLIPO Fabrice à l'ENS de Lyon, « La solution de la décroissance », publié le 20/02/2016. [En ligne]. [Consulté le 13 juin 2020]. Disponible sur : < http://ses.ens-lyon.fr/articles/la-solution-de-la-decroissance>

France Culture : « Peut-on être journaliste environnemental sans être militant ? », 9 juin 2018. [En ligne]. [Consulté le 17 mars 2020]. Disponible sur : < https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-mediatique/peut-etre-journaliste-environnemental-sans-etre-militant>

Sondage, enquête d'opinion :

Institut Viavoice, « Le baromètre politique Viavoice - Libération. «Coronavirus : quel monde d'après ?«, publié en avril 2020. [En ligne]. [Consulté le 17 juillet 2020]. Disponible sur :

< http://www.institut-viavoice.com/wp-content/uploads/2020/03/Barometre-Viavoice-Liberation-Avril2020-Coronavirus.pdf>

Odoxa « Les Français, plus «écolos« que jamais », sondage pour Aviva Assurance, BFM et Challenges, publié le 03/10/2019. [En ligne]. [Consulté le 17 juillet 2020]. Disponible sur :

< http://www.odoxa.fr/sondage/barometre-economique-doctobre-francais-plus-ecolos-jamais/>

Annexes

Annexe 1 : ligne éditoriale de Silence

Source : revue Silence, n°483, novembre 2019, p.2

Annexe 2 : utilisation de l'écriture inclusive au sein de la revue Silence

Source : revue Silence, n°483, novembre 2019, p.2

Annexe 3 : exemple d'article contre le patriarcat

Source : GILSON Martha, « La mode : une industrie sexiste » avec la participation de la chercheuse américaine Cynthia Enloe. Revue Silence, n°483, novembre 2019, p.36-37

Annexe 4 : exemple d'article en faveur de la PMA pour les couples lesbiens

Source : GUERIN Coline, « PMA, maternité et écologie, rencontre avec Gouines contre nature », revue Silence, n°487, mars 2020, p.25

Annexe 5 : exemple d'article à charge contre la GPA et la PMA

Source : Pièces et main d'oeuvre, Resistenze al nanomondo, « Contre l'eugénisme et l'anthropocide. Appel pour l'abolition de toute reproduction artificielle de l'humain », journal La Décroissance, n°163, octobre 2019, p.3-4

Annexe 6 : exemplaire du journal La Décroissance brûlé lors du festival « les Bure'lesques » en août 2019

Source : journal La Décroissance, n°163, octobre 2019, p.2

Annexe 7 : exemple d'images satiriques créées par Casseurs de pub

Sources : Figure 1, « Super lessive », Casseurs de pub, 1999, p.40 ; Figure 2, « Auchan », Casseurs de pub, 2002, p.15

Annexe 8 : rubrique « Casseurs de pub » au sein du journal La Décroissance

Source : Jean-Luc Coudray pour la rubrique « Casseurs de pub », Journal La Décroissance, n°163, octobre 2019, p. 11

Annexe 9 : exemples de couverture mensuelle

Sources : Journal La Décroissance, n°163, octobre 2019 ; journal La Décroissance, n°166, février 2020.

Annexe 10 : rubrique « La saloperie que nous n'achèterons pas »

Source : Vincent Cheynet pour la rubrique « La saloperie que nous n'achèterons pas », Journal La Décroissance, n°163, octobre 2019, p.6

Annexe 11 : exemple d'« écotartufe du mois »

Source : Vincent Cheynet pour la rubrique « L'écotartufe du mois », Journal La Décroissance,n°166, février 2020, p. 6

Annexe 12 : sommaire de la revue Silence

Source : revue Silence, n°487, mars 2020, p.3

Annexe 13 : brèves d'alternatives écologiques

Source : revue Silence, n°487, mars 2020, p.16-17

Annexe 14 : exemples de chercheuses alliées

Source : GILSON Martha, « La mode : une industrie sexiste » avec la participation de la chercheuse américaine Cynthia Enloe. Revue Silence, n°483, novembre 2019, p.36-37

Source : GAMBLIN Guillaume, « La ZAD et son avenir en débats » avec la participation de Geneviève Coiffard, Maud du Collectif de solidarité du Rhône, et d'AnahitaGrisoni, chercheuse et membre du collectif GPII. Revue Silence, n°483, p.11-15.

Annexe 15 : rubrique « simplicité volontaire » mettant à l'honneur des militants

Source : rubrique « Simplicité volontaire », journal La Décroissance, n°166, février 2020, p.7

Annexe 16 : numéro de la revue Silence dédié à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

Source : revue Silence, n°483, novembre 2019

Annexe 17 : un dossier consacré à une alternative militante au sein de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes

Source : GILSON Martha, « Réussites et échecs de l'autogestion dans la ZAD », revue Silence, n°483, novembre 2019, p.8-10

Annexe entretiens

Pour des raisons de confidentialité des propos tenus, les entretiens en intégralité ne sont pas disponibles à la lecture.

* 1 COMBY Jean-Baptiste, « Quand l'environnement devient «médiatique« », Réseaux, n° 157-158, 2009, p. 157-190.

* 2 KEATING Juliette, « Portrait d'Arthur, La Gueule Ouverte », Médiapart, 18 août 2015. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://blogs.mediapart.fr/edition/je-me-souviens/article/180815/portrait-darthur-la-gueule-ouverte

* 3 BAYON Denis, FLIPO Fabrice, SCHNEIDER François, La décroissance. La Découverte, 2012, p. 62

* 4 ZAVRSNIK Damien, La question de la décroissance chez les verts français, Mémoire, Université Aix-Marseille : Institut d'Etudes Politiques, 2012, 209 p.

* 5 FLIPO Fabrice « Les cinq sources de la décroissance », Implications philosophiques, 16 janvier 2015. [Cité le 13juin 2020]. Disponible sur : http://www.implications-philosophiques.org/actualite/une/les-cinq-sources-de-la-decroissance/#_ftn2

* 6 MEADOWS Dennis, MEADOWS Donella, RANDER Jorgen, Halte à la croissance ?, Paris, Fayard, 1972

* 7 FLIPO Fabrice, ibid.

* 8 Conférence de FLIPO Fabrice à l'ENS de Lyon, « La solution de la décroissance », publié le 20/02/2016. [Consulté le 13juin 2020]. Disponible sur : http://ses.ens-lyon.fr/articles/la-solution-de-la-decroissance

* 9 LATOUCHE Serge, Décoloniser l'imaginaire : La pensée contre l'économie de l'absurde, Parangon, 2011.

* 10 FLIPO Fabrice, ibid.

* 11 Conférence de Flipo Fabrice à l'ENS de Lyon, ibid.

* 12 ILLICH Ivan,La Convivialité, in OEuvres complètes, Fayard, Paris, 2004, p.479

* 13 Conférence de FLIPO Fabrice à l'ENS de Lyon, ibid.

* 14 Conférence de FLIPO Fabrice à l'ENS de Lyon, ibid.

* 15 ARIES Paul, Décroissance ou barbarie, Editions Golias, Paris, 2005

* 16WAGNER Anne-Catherine, « Champ », Sociologie, [en ligne], Les 100 mots de la sociologie, publié le01/02/2016, consulté le 15 juin 2020. Disponible sur : http://journals.openedition.org/sociologie/3206

* 17 FRANLKIN Bob, Key Concepts in Journalism Studies, London, Thousand Oaks, SAGE Publications, 2005., p.157

* 18 WAGNER Anne-Catherine, ibid.

* 19 WAGNER Anne-Catherine, ibid.

* 20 CHAMPAGNE Patrick, « La vision médiatique » in BOURDIEU Pierre, La misère du monde, Paris, Seuil, 1993, p 61-79

* 21MARCHETTI D., « Les sous-champs spécialisés du journalisme », Réseaux, n°111, 2002, p.22-55

* 22 CROZET Dimitri, Le journalisme environnemental face auxnouveaux conflits écologiques : unespécialisation en mutation. L'exemple de Sivens. Mémoire de Master professionnel journalisme, Université Stendhal Grenoble 3, UFR LlasicDépartement journalisme, 2015, 61 p.

* 23 NEDJAR Akila. Le thème de l'environnement dans les médias généralistes. Thèse, école

normale supérieure lettres et sciences humaines, Lyon, 2000

* 24 MARCHETTI D., ibid.

* 25 LEVEQUE Sandrine, « Introduction » in LEVEQUE Sandrine (dir.), RUELLAN Denis (dir.), Journaliste engagés, Presses universitaires de Rennes, « Res Publica », 2010, p. 10-11

* 26 LEVEQUE Sandrine, ibid., p. 11

* 27 KEMPF Hervé, « Vivre avec moins et mieux, car le pire est à venir », Le Monde, 4 mars 2004. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/03/04/vivre-avec-moins-et-mieux-car-le-pire-est-a-venir_355493_1819218.html

* 28ASSADOURIAN Erik, « The Path to Degrowth in Overdeveloped Countries » in The Worldwatch Institude, State of the World 2012, Moving toward sustainable prosperity, 2012.

* 29 Le colloque de Paris réalisé par l'association Recherche et décroissance ; le colloque de Berlin réalisé par ATTAC Allemagne ; le colloque d'Istanbul réalisé par la European Society for Ecological Econoics ; le colloque de Vienne réalisé par le Sustainable Europe Research Institute ; la « Conférence internationale sur la décroissance dans les Amériques » à Montréal ; le colloque de Venise intitulé « La grande transition, la décroissance comme changement de civilisation ».

* 30 BAYON Denis, FLIPO Fabrice, et SCHNEIDER François, ibid., p.62-63

* 31 ARNAUDET Mathieu, Militer pour la décroissance. Enquête sur la genèse d'un "mouvement politique" de la décroissance en France. Mémoire de M1 Sciences Politiques, Université Rennes 1 

* 32 ARNAUDET Mathieu, ibid.

* 33 ZAVRSNIK Damien, ibid.

* 34 LESNE Philippe, « Décroissance », Le Monde Diplomatique, août 2009. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://www.monde-diplomatique.fr/2009/09/A/18185

* 35 BAYON Denis, FLIPO Fabrice, et SCHNEIDER François, ibid., p.13

* 36COCHET Yves,MAMERE Noël, FERRIN Mireille, LIPIETZ Alain et BAUPIN Denis, « Point de vue : Pour une décroissance solidaire », le 20 août 2008. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://www.lesechos.fr/2008/08/point-de-vue-pour-une-decroissance-solidaire-513490

* 37 MOSCOVICI Serge, Psychologies des minorités actives. Presses Universitaire de France, 19991

* 38 EELV, « Le projet bien vivre ». [Internet]. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://eelv.fr/bienvivre/

* 39 BAYON Denis, FLIPO Fabrice, et SCHNEIDER François, ibid., p.71

* 40 ARNAUDET Mathieu, ibid.

* 41 FLIPO Fabrice, « Voyage dans la galaxie décroissante », Mouvements, vol. 50, no. 2, 2007, pp. 143-151.

* 42 Les OC parlent aux OC, « Lettre ouverte à Vincent Cheynet et au journal la décroissance », Bellaciao, 18 mai 2011. [Internet]. [Consulté le 17 juin 2020]. Disponible sur : http://bellaciao.org/fr/spip.php?article117184

* 43 BURLET Laurent, « L'écologie radicale se déchire : «décroissance de gauche« contre «décroissance de droite« », Rue89Lyon, 8 juin 2012. [Internet]. [Consulté le 17 juin 2020]. Disponible sur : https://www.rue89lyon.fr/2012/06/08/ecologie-radicale-dechire-decroissance-gauche-contre-decroissance-droite%E2%80%A8%E2%80%A8/

* 44 Le PPLD reprend une des rubriques phares du journal, « La saloperie que nous n'achèterons pas » pour se désolidariser du journal.

* 45 Parti pour la décroissance, « Des objecteurs de croissance critiquent le journal «La Décroissance« », Reporterre, 6 janvier 2012. [Internet]. [Consultéle 17 juin 2020]. Disponible sur: https://reporterre.net/Des-objecteurs-de-croissance

* 46 BURLET Laurent, ibid.

* 47 Voir annexe partie « entretiens »

* 48 Voir annexe 1

* 49 Voir annexe 2

* 50 Voir annexe 3

* 51 Cette idée qu'une société plus écologique passera par l'abolition du patriarcat est assez répandue auprès des militants écologistes. C'est une idée qui se base sur les travaux de certains intellectuels comme Erich Fromm ou Wilhelm Reich. Cette théorie est souvent reprise par certains décroissants comme Serge Latouche qui en parle dans un livre publié en 2011 et intitulé Vers une société d'abondance frugale.

* 52 CHEYNET Vincent, Décroissance ou décadence, Le Pas de côté, 2014, p.42

* 53 CHEYNET Vincent, ibid, p.43

* 54 CHEYNET Vincent, ibid, p.89

* 55 Voir annexe 4

* 56 Voir annexe 5

* 57 Voir annexe 6

* 58 JUHEM Philippe, « Alternances politiques et transformation du champ de l'information en France après 1981 », Politix, vol. 14, n°56, 2001, p. 185-208

* 59 SAITTA Eugénie, « Les transformations des rapports entre journalisme et politique » in LEVEQUE Sandrine (dir.), RUELLAN Denis (dir.), Journaliste engagés, Presses universitaires de Rennes, « Res Publica », 2010 p. 33.

* 60 SAITTA Eugénie, ibid., p. 39

* 61 BOURDIEU Pierre, « L'emprise du journalisme » in: Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 101-102, mars 1994, p. 4.

* 62Casseurs de pub [Internet]. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur: http://www.casseursdepub.org/index.php?menu=pourquoi

* 63 FERRON Benjamin, « Le journalisme alternatif entre engagement et distanciation » in LEVEQUE Sandrine (dir.), RUELLAN Denis (dir.), Journaliste engagés, Presses universitaires de Rennes, « Res Publica », 2010, p. 110

* 64 FERRON Benjamin, ibid., p. 111

* 65 SIMON Justine, « Les Casseurs de pub contre la société de consommation ! Stratégies de détournement pour convaincre », Mots. Les langages du politique [en ligne], n°98, 2012. [Consulté le 16 juin 2020], disponible sur : http://journals.openedition.org/mots/20602

* 66 Voir annexe 7

* 67 Voir annexe 8

* 68 ARIES Paul, Décroissance ou barbarie, éd. Golias, 2005, 163 p.

* 69 Voir annexe 9

* 70 Voir annexe 10

* 71 Voir annexe 11

* 72 France Culture : « Peut-on être journaliste environnemental sans être militant ? », 9 juin 2018. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-mediatique/peut-etre-journaliste-environnemental-sans-etre-militant

* 73 Voir annexe 12

* 74 Voir annexe 13

* 75 CHUPIN Ivan, MAYANCE Pierre. « Une formation hors de son champ. L'échec de la filière journalisme agricole à l'ESJ », Études rurales, vol. 198, no. 2, 2016, pp. 39-58.

* 76 CHUPIN Ivan, MAYANCE Pierre, ibid.

* 77 SCHLESINGER Phillip. Traducteurs : ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne. « Repenser la sociologie du journalisme. Les stratégies de la source d'information et les limites du média-centrisme » in Réseaux, volume 10, n°51, 1992. Sociologie des journalistes. pp. 75-98

* 78 SCHLESINGER Phillip, ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne, ibid.

* 79 SCHLESINGER Phillip,ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne,ibid.

* 80 SCHLESINGER Phillip,ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne,ibid.

* 81KACIAF Nicolas, NOLLET Jérémie. « Présentation du dossier. Journalisme : retour aux sources », Politiques de communication, vol. 1, no. 1, 2013, pp. 5-34.

* 82 KACIAF Nicolas, NOLLET Jérémie, ibid.

* 83 KACIAF Nicolas, NOLLET Jérémie, ibid.

* 84Reporterre [Internet]. [Cité le 17 juin 2020]. Disponible sur: https://reporterre.net/

* 85 On retrouve par exemple Anahita Grisoni, chercheuse à l'ENS de Lyon et membre du collectif contre les Grands Projets Inutiles et Imposés (GPII) ou encore la chercheuse américaine Cynthia Enloe sur le féminisme qui ont participé au n°483 de la revue Silence, plus de détails en annexe 14.

* 86 Voir annexe 15

* 87 Voir annexe 16

* 88 Voir annexe 17

* 89 HALLIN Daniel, The Uncensored War: The Media and Vietnam, Oxford University Press, 1986

* 90 FRANKLIN Bob, ibid, p.92.

* 91 En octobre 2019, un sondage Odoxa montre que 54% des français préfèrent le terme de décroissance à celui de croissance verte et pensent que le moyen le plus efficace pour résoudre les problèmes écologiques et climatiques actuels et futurs et de « changer fondamentalement notre mode de vie, nos déplacements et réduire drastiquement notre consommation ». En avril 2020, un sondage réalisée par l'institut Viavoice montre que 69% des français jugent nécessaire de « ralentir le productivisme et la recherche perpétuelle de rentabilité ».

* 92 Durant l'entretien avec Pierre Thiesset, il a notamment reproché aux journalistes environnementaux officiant dans les média traditionnels « le manque de cohérence », avec d'un côté la présence « d'articles qui peuvent aller dans notre sens en décrivant la situation écologique de manière objective comme dans le journal Le Monde », et de l'autre côté la présence de « prises de position qui vont être libérales et défendre l'intérêt des propriétaires du Monde ». Selon lui, « c'est pas vraiment avec eux qu'on pourrait construire une société plus écologiste ».

* 93 SCHLESINGER Phillip, ZEITLIN Edith, RIZZI Suzanne, ibid.

* 94 VAIRLET Florent, « Le nouveau poids du lobby de la «décroissance« », Les Echos Start, 25 juin 2020. [Internet]. [Consultéle 10 juillet 2020]. Disponible sur : https://start.lesechos.fr/societe/environnement/le-nouveau-poids-du-lobby-de-la-decroissance-1218643






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit."   La Rochefoucault