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Le renouvellement du journalisme environnemental au prisme de la décroissance


par Guillaume Lemonnier
Sciences Po Lyon  - Master 1 AlterEurope, Études européennes et internationales 2020
  

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Méthodologie :

Si j'ai choisi de traiter la question du journalisme environnemental sous le prisme de la décroissance, c'est particulièrement parce que la contestation de la croissance et du progrès technologique était à la base des luttes écologiques et du journalisme environnemental naissant des années 1970. Cependant, à la différence des années 1970, le journalisme environnemental n'est plus le pré-carré d'une poignée de militants, mais un vaste ensemble comprenant les quotidiens nationaux et une toile de médias alternatifs indépendants plus ou moins connus.Par ailleurs, il existe une certaine opposition de légitimité entre les journalistes environnementaux officiant dans les médias dits« mainstream » ou classiques et ceux officiant dans les médias alternatifs.Cette opposition s'explique notamment par la présenced'une tension vis-à-vis de la figure du journalisteenvironnemental. On assiste régulièrement à des procès d'intention vis-à-vis des journalistes environnementaux, comme c'était le cas dans les années 1970. On leur reproche un certain militantisme qui biaiserait donc leur parole et la restitution des faits, en d'autres termes, qu'ils ne soient que le « porte-parole de l'espace social dont ils parlent »24(*). On peut modéliser cela avec le départ d'Hervé Kempf du journal Le Monde en 2013, suite à la censure qu'il a subie lorsqu'il a voulu traiter de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

Néanmoins, cette tension n'est pas réservée au seul champ du journalisme environnemental, mais concerne toute la profession journalistique. Selon Sandrine Lévêque, docteur en sciences politiques, « les débats qui animent la profession aujourd'hui peuvent (...) être considérés comme les indicateurs de l'exacerbation (provisoire ?) de la lutte entre deux définitions du métier, d'un côté celle qui cherche à imposer la représentation d'un journaliste libre de toutes attaches, rapporteur des faits bruts et de la réalité, et de l'autre un journalisme auxiliaire de la démocratie, défendant un projet de société, bref d'un journalisme de combat, chargé d'éclairer le peuple y compris en défendant ses propres idées »25(*). Néanmoins, ces deux figures n'ont pas le même poids dans le paradigme journalistique actuel. Bien qu'il y ait un certain renouveau du journalisme militant depuis quelques années, le « mythe professionnel »26(*) du journalisme reste encore de nos jours, celui du journaliste « neutre » et/ou « objectif ».

Dès lors, je me suis demandé comment rendre compte de ce renouvellement du journalisme environnemental autour de la décroissance, et comment les journalistes environnementaux parviennent à concilier rigueur journalistique et engagement militant ? Comment arrivent-ils à influencer la société militante et politique ? Comment arrivent-ils à promouvoir un journalisme environnemental alternatif mais légitime ?

Pour ce faire, j'ai décidé de me focaliser sur deux médias décroissants. Le premier est le journal La Décroissance, qui est vanté par certains comme un journal « dans le souvenir de La Gueule Ouverte »27(*) et jouissant d'une certaine popularité puisqu'il est le premier mensuel d'écologie politique en France. Il est tiré à 45 600 exemplaires chaque mois et diffusé en France, en Allemagne, en Belgique, au Canada, au Gabon, en Grèce, au Luxembourg, auMadagascar, au Portugal, au Sénégal, en Suisse et en Tunisie. Le second est la revue Silence, une revue beaucoup plus discrète (son tirage avoisine les 5000 exemplaires) qui officie depuis 1982, soit le plus vieux mensuel écologique encore présent, et dont le titre est l'antithèse de La Gueule Ouverte.Cette revue a notamment la particularité d'avoir été une rampe de lancement début 2002 pour Vincent Cheynet et Bruno Clémentin, les principaux fondateurs du journal La Décroissance.

Dans un premier temps, ma démarchea donc été de compiler différents travaux de recherche autour du journalisme environnemental, des décroissants et de leur influence sur l'écologie politique. Puis, j'ai analysé quelques numéros du journal La Décroissance et de la revue Silence afin de saisir leurs particularités. Enfin, j'ai interrogé un journaliste de chaque médium, Pierre Thiesset du journal La Décroissance et Guillaume Gamblin de la revue Silence. Ma démarche s'inscrit donc dans le cadre d'une sociologie qualitative avec de l'analyse de contenu et la réalisation de deux entretiens semi-directifs.

* 24 MARCHETTI D., ibid.

* 25 LEVEQUE Sandrine, « Introduction » in LEVEQUE Sandrine (dir.), RUELLAN Denis (dir.), Journaliste engagés, Presses universitaires de Rennes, « Res Publica », 2010, p. 10-11

* 26 LEVEQUE Sandrine, ibid., p. 11

* 27 KEMPF Hervé, « Vivre avec moins et mieux, car le pire est à venir », Le Monde, 4 mars 2004. [Cité le 17 mars 2020]. Disponible sur : https://www.lemonde.fr/archives/article/2004/03/04/vivre-avec-moins-et-mieux-car-le-pire-est-a-venir_355493_1819218.html

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