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Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

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B. Les conflits des droits

Sur le même territoire, le juge applique le droit moderne notamment le droit positif et les chefs traditionnels appliquent le droit coutumier. Les pasteurs nomades exigent et obtiennent le plus souvent l'application du droit islamique soit entre eux, soit entre eux et les communautés non concernées par ce droit.

Les cultivateurs de toute la zone méridionale font recours au droit coutumier pour régler les conflits entre eux. L'esprit de ces coutumes est de ne pas percevoir ni exiger une compensation financière en cas de crime. Le sang n'a pas de prix pour ces communautés.

Cette situation de pluralité de droit est très accentuée dans la province du Mayo-Kebbi Ouest où le peuple Moundang, Zimé et Gamabaye ne connaissent pas le monnayage du sang alors que les pasteurs nomades et une partie de la population autochtone (le peuple peul) réclament l'application de la dia. À la lumière du conflit entre un bouvier et un agriculteur à

Déli dans le Logone Occidental en date du 29 novembre 2009 que nous allons expliquer les conflits entre le droit coutumier et le droit musulman d'une manière générale et la question de monnayage du sang particulièrement sont à la recrudescence des conflits liés à la mobilité pastorale. Le 29 novembre 2009, une bagarre éclate entre un bouvier et un agriculteur sans qu'il y ait preuve de dévastation de son champ, l'agriculteur tue le bouvier. Le lendemain, une deuxième bagarre éclate entre les deux communautés. La brigade a enregistré des blessés de part et d'autre. Le soir du même jour, les éleveurs ont constaté la disparition d'un de leurs. Alertées, les autorités traditionnelles, administratives et militaires se sont rendues le lendemain sur les lieux et ont organisé une battue dans la brousse et ont retrouvé le corps du disparu. Un des parents de la victime présent sur les lieux, donne un coup de machette au chef de village et le blesse grièvement. La bagarre a pu, une troisième fois, être évitée grâce à un tir de sommation du Commandant de Brigade présent sur les lieux. Le fils du chef de village blessé organise des représailles. Ils investissent la brousse, tuent trois bouviers et abattent quatre boeufs. Les autorités provinciales et locales, le juge d'instruction, les agents de l'ONDR, la presse, les parents des dernières victimes se sont rendus sur les lieux pour constater les derniers crimes. Un cadavre se trouvait dans un champ de sésame récolté, un deuxième sous un arbre et un troisième au bord de la route. Il n'y a eu ni dévastation, ni traces des boeufs dans le champ de sésame. Dans cette affaire, le juge d'instruction a un rendu une ordonnance de non-lieu partiel et transmission des pièces au parquet général pour poursuite. Vingt-six (26) personnes sont accusées pour meurtre, assassinat et complicité d'assassinat dont deux (2) femmes. Le juge a demandé l'inculpation de quatre (4) d'entre eux pour assassinat, sept (7) pour complicité d'assassinat, un (1) pour meurtre. Les deux femmes sont mises en liberté provisoire. L'une est veuve avec six (6) orphelins, l'autre est enceinte de plus de six (6) mois. Les parents des victimes ont réclamé huit (8) millions de dia par victime. Les cultivateurs refusent de verser la somme réclamée. Ce refus serait à terme source d'un autre conflit.107

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107 MARTY (André) et al. op cit. p.10.

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