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Impacts des conflits liés à  la mobilité pastorale sur le développement et la gouvernance dans la province du Mayo-Kebbi ouest (Tchad)


par Souleymane ALI SALEH
Université de Dschang - Master en Science Politique, spécialité Gouvernance Locale, Décentralisation et Développement  2020
  

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B. Renforcer les capacités des autorités traditionnelles et coutumières pour la gestion des conflits

Dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, sont considérées comme des autorités traditionnelles, les chefs suprêmes113, le Lamido114, les chefs de cantons, les chefs de village, les chefs de ferriques ou les représentants de ces chefs dans une localité. Les litiges entre agriculteurs et éleveurs ne sont soumis à ces autorités que, quand les deux parties n'ont pas pu s'entendre à l'amiable. Les mésententes surviennent généralement quand l'éleveur estime que les dégâts ont été surestimés par l'agriculteur ou quand après s'être entendu sur un montant de dédommagement, l'éleveur tarde à s'en acquitter.

112 LIVEMOIS (Cynthia Colas), Réflexion sur les avantages et désavantages des modes de règlements de différends offerts par le CRDSC, juin 2015, [En ligne] PDF disponible sur http://www.crssc-sdrcc.ca, consulté le 21 juin 2021.

113 Les chefs suprêmes dans la zone septentrionale du pays sont très nombreux et l'équivalent des sultans dans le nord du Nord. Dans la province du Mayo-Kebbi Ouest, il y a deux chefs suprêmes le Gong de Léré et Lamé tous de la communauté Moundang.

114 Le Lamido est un chef suprême des peulhs, il a le même rang que le Gong dans la province, il réside à Binger, c'est d'ailleurs le seul chef suprême des peulhs du pays.

Dans ces cas, l'affaire est tout d'abord portée devant le chef du village sur le territoire duquel se situe la parcelle détruite. Ce n'est que quand celui-ci n'arrive pas à concilier les deux parties que la plainte est orientée chez le chef de canton territorialement compétent. Soulignons que dans beaucoup de cas, cette procédure n'est pas toujours respectée. En effet, il arrive que le chef de canton et le chef suprême soit directement touchés par des plaintes, sans que le chef de village sur le territoire duquel les cultures ont été dévastées ne soit au courant de l'affaire. Très rares autrefois, pour plusieurs raisons principalement le fait que les éleveurs ne sont pas souvent d'accord des jugements de ces derniers, le nombre de plaintes déposées auprès des autorités traditionnelles, à en croire les concernés, serait multiplié dans les cinq (5) dernières années. Théoriquement, dès qu'une de ces autorités traditionnelles reçoit une plainte concernant les dégâts aux cultures, elle doit dépêcher sur les lieux une équipe composée des techniciens de l'ONDR et de ses conseillers pour constater les faits. Le constat en question consisterait en l'évaluation de la superficie dévastée et en l'identification des différents types de cultures qui s'y trouvent, afin de déterminer le coût des dommages subis par l'agriculteur. C'est les agents de l'ONDR qui les seuls compétents à pouvoir déterminer le coût des dommages que l'éleveur doit payer. C'est ce montant qui constitue le dédommagement qu'exigent les chefs traditionnels à l'éleveur au profit du propriétaire du champ, en compensation du préjudice subi. Mais dans les faits, toutes ces dispositions ne sont généralement pas respectées. Le plus souvent, soit les techniciens de l'ONDR sont mis à l'écart, et l'affaire est tranchée au gré des conseillers des chefs (inexpérimentés) envoyés par ce dernier pour constater les faits sur le terrain. Dans ces conditions, les amendes découlent plus du hasard que d'une évaluation objective. Selon les éleveurs, les dommages seraient surestimés de façon structurelle au profit non seulement du paysan mais aussi des chefs et leurs conseillers qui en tireraient un profit. Un des plus grands soucis dans la gestion des conflits agriculteurs et éleveurs est que dans l'évaluation des dégâts champêtres, seuls les techniciens de l'ONDR115 sont compétents et que les techniciens de l'élevage sont mis à l'écart. C'est une injustice flagrante envers les éleveurs. L'Etat doit veiller à ce que les ingénieurs des deux secteurs soient impliqués dans l'évaluation des dégâts, même si les techniciens de l'élevage n'ont pas les compétences qu'il faut pour évaluer les dégâts, ils doivent au moins représenter les éleveurs. L'Etat doit porter main forte à ces chefs qui font de leur mieux pour que la population vive paisiblement. Ils sont manqués de moyens financiers, matériels et de ressources humaines. Ils utilisent des fois leurs propres moyens pour rendre

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115 Les techniciens de l'ONDR sont des ingénieurs agronomes.

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service à l'Etat ou des fois, ils sont rémunérés par les usagers. Pour rendre indépendants ces chefs des usagers, il faut que l'Etat les rémunèrent à leur juste valeur, car un chef dépendant des miettes des citoyens rend des jugements moins clairs et partiaux, l'Etat doit impérativement améliorer les conditions de travail de ces derniers.

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