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Des mécanismes de collaboration entre le conseil de sécurité de l'ONU et le conseil de paix et de sécurité de l'UA en matière de sécurité collectivepar Victor MPIENEMAGU Université de Lubumbashi - Licence (Bac+5) 2018 |
B. IMPLICATION DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALEDès le départ, le soutien de la communauté internationale a été un aspect important de l'initiative régionale. L'UE en particulier a été étroitement associée au travail de l'UA, notamment en fournissant des fonds pour la phase initiale de mise en oeuvre dans le cadre du Mécanisme de réponse précoce de la Facilité de l'UE pour la paix en Afrique. L'UE fournit également un appui à la protection des civils, aux programmes de détection, aux camps de déplacés et aux centres qui prennent en charge les enfants enlevés. Durant l'été 2011, la France affirme pour sa part souhaiter que la Centrafrique, la RDC, le Soudan du Sud et le Soudan, coordonnent leurs actions sous l'égide de l'UA afin de lutter contre le groupe rebelle de la LRA220(*). L'ONU a également appuyé l'initiative de coopération régionale de l'UA. La Commission de l'Union Africaine a d'ailleurs participé à deux réunions du Conseil de sécurité de l'ONU consacrées à la LRA, réunions qui se sont tenues respectivement le 21 juillet et le 14 novembre 2011. Suite à la première réunion, le Conseil de Sécurité a adopté une déclaration dans laquelle ses membres ont, entre autres, fermement condamné les attaques en cours menées par la LRA, salué les efforts importants déployés pour faire face à la menace que constitue la LRA et souligné l'importance d'une action coordonnée soutenue par les gouvernements des pays touchés. Le Conseil de Sécurité a également demandé au Secrétaire général de l'ONU d'apporter un soutien à l'UA au cours du processus de planification pour la mise en oeuvre des décisions de l'UA sur la LRA. Le Conseil a également prié le Bureau de l'ONU pour l'Afrique centrale (UNOCA), en collaboration avec le Bureau de l'ONU auprès de I'UA (UNOAU), de travailler avec l'UA afin de faciliter la coopération entre les deux organisations dans la lutte contre la LRA. Durant la deuxième réunion en novembre, les membres du Conseil de sécurité ont encouragé l'UA à mettre en oeuvre sa stratégie globale de lutte contre la LRA. De plus, des membres de la MONUSCO ont pour leur part demandé à plusieurs reprises que la mission soit renforcée pour lutter contre la LRA, soulignant l'effet déstabilisateur des violences sur la RDC.L'ONU travaille ainsi avec l'UA dans le cadre de cette mission, en apportant un soutien logistique et opérationnel aux troupes par le biais de la MONUSCO et de la MINUSS (Mission des Nations Unies au Sud-Soudan)221(*). Le 27 juin 2011, une réunion à laquelle participe la Commission de l'Union Africaine est organisée à Washington par le Groupe international de travail sur la LRA afin de partager des informations sur le groupe, de discuter des progrès réalisés dans le règlement des problèmes posés, et d'identifier les opportunités de coopération et de coordination. Le Groupe international de travail sur la LRA est présidé par la Banque mondiale et comprend plusieurs organisations internationales, y compris I'UE et l'ONU, ainsi que la Conférence internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL). La Commission a aussi pris part à une réunion de la CIRGL à Kigali le 9 septembre 2011, dont l'objectif était de partager des informations sur les activités des forces négatives dans la région, y compris celles de la LRA, et d'élaborer des plans opérationnels conjoints pour renforcer la coopération. Les participants à la réunion ont exprimé le plein appui des pays de la CIRGL à cette initiative et ont souligné la nécessité d'un soutien efficace de la communauté internationale pour sa réussite. Finalement, les États-Unis ont également travaillé en collaboration avec l'UA dans sa lutte contre la LRA, notamment à travers la Mission américaine auprès de I'UA. En août 2011, le commandement militaire américain pour l'Afrique (AFRICOM), promet une assistance militaire aux Forces armées de la RDC (FARDC). Afin d'aider le gouvernement congolais à protéger les civils et à lutter contre les groupes armés dans l'Est du pays, le gouvernement américain propose de prendre en charge la formation du bataillon des FARDC qui va travailler dans une des régions où la LRA est active. À la mi-octobre, le gouvernement américain annonce avoir déployé une centaine de conseillers militaires dans la région pour soutenir la lutte contre la LRA. Le gouvernement américain a indiqué que ces conseillers n'engageront pas de combat avec les forces de la LRA, sauf en cas de légitime défense, et travailleront avec des partenaires régionaux et l'UA, afin de renforcer le partage d'informations, d'améliorer la coordination et la planification, ainsi que l'efficacité globale des opérations militaires et de la protection des civils. Ce déploiement fait partie d'une stratégie américaine globale contre la LRA, conformément à l'Acte sur le désarmement de la LRA et la reconstruction du Nord de l'Ouganda signé en août 2011222(*). Le 22 mai 2012, le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Union Africaine renouvelle le mandat de l'ICR-LRA pour une année supplémentaire. Les composantes de la ICR-LRA comprennent alors le Mécanisme conjoint de coordination (MCC), présidé par le Commissaire de l'UA à la Paix et à la Sécurité et composé des Ministres de la Défense des pays touchés, la Force régionale d'intervention (FRI), qui comprend des troupes provenant des pays concernés, d'un effectif de 5000 soldats, et le Quartier général de la FRI. L'Envoyé spécial Francisco Madeira a également été chargé de la coopération entre les Nations Unies et l'Union Africaine sur la question de la LRA. Nommé par la Conseil de Paix et de Sécurité de l'UA, il travaille étroitement avec le Représentant spécial des Nations Unies pour l'Afrique centrale (UNOCA), dont le rôle est de coordonner les actions de l'ONU dans le cadre de l'ICR-LRA. En novembre 2012, un sommet mondial sur la LRA a lieu à Washington, permettant de renforcer la collaboration entre les différentes entités dans la lutte contre la LRA. Afin d'opérationnaliser la ICR-LRA, le MCC prend des mesures qui ont permis d'importants progrès. En juin 2013, le nombre de soldats fournis par les pays membres atteint 3350 hommes, dont une majorité qui provient d'Ouganda. Depuis février 2013, le QG de la FRI est pleinement opérationnel et comprend 19 officiers.L'année 2013 voit ainsi l'accomplissement de progrès considérables dans la lutte contre la LRA, allant de la neutralisation de commandants importants à la reddition de certains éléments223(*). Une mobilisation mondiale se met en place afin de contrer la LRA, ainsi Washington promet une récompense aux personnes qui indiqueront où KONY et ses associés se trouvent, et une réunion du Conseil de Sécurité a lieu dans la région des Grands Lacs, dirigée par en juillet 2013 par John Kerry. La pression est telle que fin septembre, plus de deux milliers de combattants de la LRA déclarent cesser le combat, et se réunissent afin d'être désarmés. Ces combattants sont également composés de femmes et d'enfants, et doivent être pris en charge afin de les réintégrer dans les sphères socioprofessionnelles. En avril 2014, le commandant de la LRA, Charles OKELLO, recherché par la Cour Pénale Internationale, est arrêté par l'armée ougandaise. La LRA continue néanmoins à sévir et à profiter de l'instabilité des pays d'Afrique centrale. Les combattants opèrent par petits groupes dispersés, et sont aidés, la logique n'est plus de type politique ou religieuse, mais bien de survie : persister en continuant à commettre des exactions224(*). * 220Réseau de Recherche sur les Opérations de Paix, Opérations MINUAD et ICR/LRA. Sur www.operationspaix.net. * 221 Idem * 222Réseau de Recherche sur les Opérations de Paix, Opérations MINUAD et ICR/LRA. Sur www.operationspaix.net * 223Réseau de Recherche sur les Opérations de Paix, Opérations MINUAD et ICR/LRA. Sur www.operationspaix.net * 224 Idem |
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