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L'aspect verbal en français et en arabepar Feryel Essaidi ISEAHG - Master de recherche 2021 |
Chapitre II:Le fonctionnement de l'aspect dans le système verbal Français et Arabe 17 1-Le fonctionnement de l'aspect dans le système verbal français: 1.1. L'étude de l'aspect en relation étroite avec les autres catégories grammaticales: Dans le système verbal français, le verbe est un élément essentiel dans la structure d'une phrase, puisqu'il possède grammaticalement cinq catégories grammaticales qui sont les suivantes (le temps, le mode, la voix, la personne et dernièrement l'aspect). En fait, ces catégories grammaticales jouent un rôle important au niveau de la construction d'une « forme verbale ». Cette dernière est exprimée par l'entrecroissement de toutes ces catégories. D'ailleurs ces catégories semblent fondamentales et universelles dans les langues naturelles. C'est pour cela, nous voulons dans ce cadre prendre à l'analyse une forme verbale comme exemple pour mieux expliquer le lien étroit entre toutes ces catégories grammaticales. Nous prenons alors cette forme verbale «Il a chanté ». Cette forme verbale véhicule d'un point de vue de TAM26, les informations suivantes. Tout d'abord, nous remarquons que cette forme verbale d'un point de vue aspectuel indique précisément le type de la situation décrite, car il s'agit d'une activité. Cette dernière est exprimée par l'emploi d'un verbe (+dynamqiue), c'est-à-dire un verbe qui comporte en lui- même « une certaine durée ». Cette interprétation est d'un point de vue lexical, puisque nous mettons l'accent dans ce cadre sur le sens du verbe. Par la suite, cette forme verbale exprime aussi l'antériorité par rapport au moment de la parole, puisque l'acte de (chanter) est antérieure par rapport au moment ou le locuteur parle. Cette antériorité est marquée par l'emploi d'un temps passé (le passé composé). Ce dernier situe l'action comme accomplie. Et par conséquent, nous déduisons que cette forme verbale souligne d'une part une valeur temporelle (l'antériorité) et de l'autre part une valeur aspectuelle (l'accomplissement de l'action). Cette explication montre le rapport étroit entre les deux notions le temps et l'aspect. Par ailleurs, cette forme verbale exprime aussi un fait réel en s'accentuant sur l'emploi de l'indicatif comme mode personnel et temporel. En résumé, nous constatons à travers ce que nous avons vu précédemment que ces trois catégories grammaticales sont étroitement liées entre eux. En effet, ces catégories sont plus ou moins liées à la représentation de la temporalité. De plus, la temporalité et l'Aspectualité désignent tous les deux des informations temporelles. Ces informations peuvent être externes, c'est-à-dire les relations temporelles entre le temps de la situation et le moment de l'énonciation. Et internes à travers les propriétés temporelles de la situation (cf.Comrie 1976). C'est pour cela, les deux approches « la temporalité et l'Aspectualité » vont de paire à la situation. Du fait que, la temporalité renvoie de son côté à des données 26 TAM: abréviation de: Temporalité/ Aspectualité/ Modalité. 18 temporelles externes et l'aspectualité marquent de l'autre coté des valeurs temporelles internes de la situation (Guillaume 1964/ Vetters 1996/ Klein 2009). Quant à la modalité, cette dernière de sa part désigne le statut assertif de la proposition par laquelle la situation est décrite (Nuyts 2005/Gosselin 2010). Dans ce cadre, nous pouvons citer ce qui a mentionné Gougenheim en ce qui concerne la notion de l'aspect : «La façon de voir l'action exprimée par le verbe, l'attitude du sujet parlant vis-à-vis du procés verbal, la façon dont le sujet se répresente l'action27 ». C'est également, le sujet parlant peut répresnter l'action de plusieurs manières. Il peut par exemple la représenter comme passée, présente ou future, c'est-à-dire antérieure, contemporaine ou postérieure par rapport au moment ou il parle. Cette premiére répresentation montre le lien étroit entre l'aspect et le temps. De même, le locuteur peut la répresenter comme référant à lui-même ou à son interlocuteur. Cette seconde représentation confirme par excellence la relation entre la personne et l'aspect. Inutile de souligner à ce propos que le mode n'est pas exclu. Car il indique « l'attitude du sujet parlant vis-à-vis du procès verbal 28». Ce sont aussi les mêmes termes par lesquels Marouzeau (1951, 147) définit la modalité. 1.2- L'aspect et ses manifestations dans le système verbal Français: La notion d'aspect est fortement liée au verbe. Ce dernier est défini grammaticalement comme un constituant syntaxique et sémantique à la fois. Et cela s'explique par sa composition, puisque le verbe est composé d'un lexème (un radical/une forme de base) Et d'un morphème (les terminaisons des temps verbaux). C'est pour cela, la linguistique traite le verbe comme une catégorie grammaticalisée et lexicalisée. En effet, Le verbe en tant qu'une catégorie grammaticalisée basée sur des critères grammaticaux qui lui sont attribués comme par exemple (la terminaison des temps verbale, les semi-auxiliaires...). Et comme une catégorie lexicalisée fondée sur un contenu sémantique. Par ailleurs, les verbes ou (les procès29) servent à présenter l'action en relation avec le temps. Ce dernier est divisé en deux types selon la théorie guillaumienne(1964). Le premier type est appelé « temps externe », qui situe l'action selon les trois dimensions temporelles (passé, présent, futur) à travers des déictiques syntaxiques à titre d'exemple (les temps morphologiques, les semi-auxiliaires...). Et le second type qui est nommé « temps interne ». Celui-ci indique que chaque verbe 27 Gougenheim 1938, p206. 28 Gougenheim 1938, 206. 29 « Généralement, on précis par ailleurs que la notion de procés renvoie à des entités qui douées d'une durée interne doivent se situer dans le temps ce qui expliquerait aussi au moins pour les langues indo-européenes l'association (nécessaire) du verbe avec les morphémes de temps et d'aspects » (A.Lipsky, défintion du verbe et type de procés). 19 comporte sa propre durée, impliquée dans son contenu lexical. De ce point de vue, nous trouvons que les linguistes proclament que l'aspect peut être identifié comme une catégorie grammaticale selon des critères grammaticaux déterminés par le temps linguistique. À ce propos nous citons ce qui a été déclaré par Gosselin en ce qui concerne l'aspect comme une catégorie grammaticale: « L'aspect grammatical définit le monde de présentation du procés (accompli, inaccompli, itératif...) tel qu'il est indiqué essentiellement par les marques grammaticaux (temps morphologiques, semi-auxiliaires, adverbes d'aspect30...»). Et aussi comme une catégorie lexicale par le sens propre du verbe. D'ailleurs, l'aspect lexical est défini aussi par le même linguiste comme suit : « L'aspect lexical correspond au type de procés (Activité, état, accomplissement) exprimé par le lexéme verbal et son environnement actanciel31 ». Donc, l'aspect est identifié dans le domaine de la linguistique générale, d'un côté, comme une catégorie qui s'est manifestée grammaticalement par des moyens purement grammaticaux. Et de l'autre côté, il peut être exprimé aussi comme une catégorie lexicale selon l'emploi des outils lexicaux. 1.3- L'étude de l'aspect comme une catégorie grammaticale: Nous avons vu précédemment que les linguistes distinguent deux types d'aspect. D'une part, l'aspect lexical qui concerne les types de procès (les états! les activités! les accomplissements et dernièrement les achèvements). ET de l'autre part, l'aspect grammatical qui sert à exprimer la présentation du procès comme par exemple (accompli! inaccompli) selon des moyens grammaticaux. Dans ce cadre, nous allons étudier l'aspect comme une catégorie grammaticale qui est exprimée essentiellement par le temps grammatical. Ce dernier est défini dans la grammaire comme suit : « le processus d'actualisation qui permet de situer le procès par rapport au moment de l'acte d'énonciation : trois positions Avant/Pendant/Après, sont possibles qui déterminent trois temps Passé/Présent/Futur 32». Cette définition nous a montré que le temps grammatical indique principalement le positionnement du procès par rapport au locuteur qui est à la fois (l'observateur et le raconteur). La présence du locuteur et le moment ou ce dernier parle (Moment de la parole) sont réservés comme des indications temporelles dans la détermination temporelle (Passé ! 30 Gosselin 1996, p10. 31 Gosselin 1996, p10. 32 S.R.Giraud « les grilles de Procuste »: description comparé de l'infinitif en français, grec ancien, allemand, anglais et arabe »p26. 20 Présent / Futur). Par ailleurs, dans le système verbal français, nous remarquons le grand écart qui existe entre les notions de temps et leurs marqueurs formels par exemple dans le Passé, nous avons (imparfait/ passé composé/ passé simple...). Et dans le futur aussi nous distinguons (Futur catégorique/ futur.Hypothétique). Pour mieux expliquer cette diversité des temps verbaux. Nous allons présenter ce schéma qui sert à nous montrer de façon plus claire cette multiplicité des temps verbaux en Français: Schéma1: Répartition des Temps Verbaux En Français33. À travers ce schéma, nous avons constaté que l'indicatif comme un mode personnel et temporel à la fois, est le seul mode qui permette grâce à ses nombreux temps de situer le procès dans l'une des trois époques (passé/présent/futur). C'est pour cela, nous pouvons le considérer comme le mode « d'actualisation du procès ». En effet, il comporte cinq formes simples auxquelles correspondent cinq formes composées, puisque les formes simples et les formes composées semblent symétriques de manière que les formes simples expriment l'aspect comme inaccompli (en cours de déroulement) et les formes composées marquent l'aspect (accompli/achevé). C'est ce que nous allons voir ultérieurement en établissant une distinction entre les oppositions aspectuelles. 1.3.1-L'aspect accompli: L'accompli sert à exprimer le procès comme parvenu à son terme, englobe même l'état de son accomplissement. C'est le fait de présenter la prédication (l'idée verbale) en tant qu'un événement advenu et non de la mise en marche d'un processus34 . Dans ce sens, le linguiste Gosselin a défini l'aspect accompli comme: « montre l'état résultant du procès 35». En outre, l'accompli est le plus souvent accompagné avec l'emploi (des formes composées) c'est-à - dire des formes verbales qui renvoient au temps du passé. Et pour mieux expliquer, nous 33 Le conjugueur.le Figaro.fr 34 David Cohen l'Aspect Verbal: p89. 35 Gosselin, 2005, p36. 21 allons traiter quelques exemples des « formes verbales » qui soulignent l'accomplissement du procès: (les exemples36 tirés de l'oeuvre « le Pain Nu de: Mohamed Chokri):
36 Le Pain Nu : p5/36/30/40 22
Pour résumer ce que nous avons vu dans le tableau qui précède. Nous constatons que parfois il faut prendre en considération, que l'accompli peut être aussi indiqué par les formes verbales simples. C'est ce que nous avons vu dans le tableau précéde, puisque le passé simple est employé dans l'exemple (5) par une forme verbale simple, mais il marque l'accompli. D'ailleurs, ce temps revient toujours à présenter le procès comme déjà accompli au passé et qui marque l'antériorité par rapport au moment de l'énonciation(ME). Il exprime le plus souvent l'aspect aoristique, global et accompli. Dans ce contexte, nous allons citer la déclaration de R, Martin concernant le passé simple : « Un noyau indivis, comme un tout fermé sur lui même et en offre une vision globale, indifférenciée, non sécante 37». Et dans le même sens il a ajouté aussi: « Il parcourt l'espace temporel du procès de sa limite initiale à sa limite finale sans le pénétrer38 ». Et par conséquent, nous avons constaté que toutes les formes verbales composées appartiennent à la catégorie « des accomplis » alors que les formes simples appartiennent soit à « l'accompli », soit à « l'inaccompli ». 1.3.2-L'aspect inaccompli: L'inaccompli c'est contrairement à l'aspect accompli. Le non-accompli indique que le procès est vu en cours de déroulement, pas encore achevé. L'inaccompli s'exprime le plus souvent par l'emploi des formes verbales simples. Le linguiste Gosselin a ajouté en ce qui concerne l'inaccompli: « ne présent qu'une partie du procès (..), l'intervalle de référence est 37 R.Martin 1971:70. 38 R.Martin 1971:95. 23 inclus dans celui du procès, les bornes initiale et finale ne sont pas prises en compte...39» . À ce propos, nous allons prendre à l'analyse quelques exemples à traiter dans ce tableau: (les exemples sont tirés de même ouvrage40):
Conséquemment, nous avons constaté selon le tableau qui précède. Les formes verbales simples indiquent par excellence l'aspect « inaccompli ». C'est également l'action s'est manifestée comme (en cours de déroulement). Et nous avons remarqué que l'imparfait exprime « l'aspect inaccompli », car il peut donner une vision ralentie du procès, c'est-à-dire l'absence de limites marquées dans le verbe.Dans ce sens, Gosselin a déclaré en ce qui concerne la valeur temporelle de l'imparfait: L'imparfait renvoie donc typiquement à un moment du passé pendant lequel le procès se déroule, sans préciser la situation temporelle du début et de la fin du procès, ce temps apparait non autonome (anaphorique) et situe le procès comme simultané par rapport à d'autres procès du contexte et comme se déroulant en un même lieu .... 41. 39 Gosselin, 2005, p36. 40 Le Pain Nu, p 40/32/75 41 Gosselin, 1996, p199 24 Généralement, l'aspect accompli situe le procès dans sa globalité comme terminé, limité. En revanche, l'aspect inaccompli exprime le procès comme en cours de déroulement. Autrement dit duratif, inachevé. D'ailleurs, l'aspect en français est divisé en deux sortes principales qui surgissent pour exprimer l'idée verbale. D'une part, il l'a exprimée comme durative (inaccomplie). Et de l'autre part comme limitée (accomplie). Comme le montrent les deux figures suivantes : Figure242: La catégorie de L'aspect en français. Figure343: L'opposition Aspectuelle: Accompli/ Inaccompli. 1.3.3- L'aspect inchoatif: L'inchoatif sert à exprimer le commencement de l'action. Il marque la simultanéité par rapport au (Moment de l'énonciation). De plus, l'inchoatif s'est manifesté à l'aide des semi-auxiliaires aspectuels comme par exemple (se mettre à/ commencer à) + verbe infinitif. Ce qui indique le déclenchement du procès verbal. Comme dans les exemples suivants44 : EXP1: « Elle commençait à m'énerver ». (Aux (commencer à) +verbe INF). 42 Le verbe: linguistes.com 43 Aspect : fr.m.wikipedia.org 44 Le Pain Nu: Mohamed Chokri, p 56 25 EXP2: « Il se mit à envoyer des signaux lumineux ». (Aux (mettre à) + vrb INF). 1.3.4- L'aspect Progressif: Le progressif sert à démontrer à l'aide de la locution (être en train de) + verbe à l'infinitif, que l'action est en cours de déroulement (la continuité) comme dans cet exemple45 : EXP1: Vous étes en train d'acheter. (Être en train de+ vrb INF) 1.5.3- L'aspect Immédiat: L'immédiat s'est manifesté à l'aide de la locution (être sur le point de) + verbe à l'infinitif ou par un semi-auxiliaire aspectuel de (v.aller) + verbe à l'infinitif. Cet aspect est employé pour exprimer une action se produira dans un futur immédiat ou futur proche. Comme dans les exemples suivants46 :
Bref, l'aspect grammatical est divisé en plusieurs types selon l'état de l'action. En commençant par l'accompli qui indique que l'action est terminée, totalement coupée du présent. L'accompli est exprimé le plus souvent par les formes verbales composés, en d'autres termes par les temps composées (Aux (être ou avoir) + participe passé). Et l'inaccompli qu'indique que l'action est en cours de déroulement, pas encore achevée. Ainsi il peut être exprimé par (les formes verbales simples) ou les temps simples ou à travers les périphrases aspectuelles qui servent à décrire l'état du procès entre autres, commencement (l'inchoatif) /déroulement (duratif)... 45 Le Pain NU : Mohamed Chokri p78 46 Le Pain Nu: Mohamed Chokri. P44/83 26 1.4- L'étude de l'aspect comme une catégorie lexicale: L'aspect d'un verbe est dans une certaine mesure tout au moins lié à sa valeur sémantique. En effet, l'aspect fait partie de la définition lexicale du verbe et dans ce sens nous pouvons citer quelques désignations illustrées par des linguistes. Nous trouvons l'aspect lexical est appelé encore « Aktionsart » (Hinrichs, 1985), « Aspect inhérent » (Comrie 1976), ou encore plus « télicité » (Verkuyl, 1993). L'aspect lexical renvoie : « au sens lexical du verbe ayant trait à la présence ou à l'absence des bornes intrinsèques du procès dénoté par le prédicat verbal 47 ». Et par conséquent, nous constatons que l'aspect lexical exclusivement lié au sens du verbe avec lequel l'environnement contextuel peut interagir. C'est pour cela, la langue nous confère de multiples moyens qui servent à décrire l'aspect du verbe entre autres « le lexème verbal ». Ce dernier peut être perfectif ou imperfectif (Halba 2002). De plus, il s'agit des adverbes ou compléments circonstanciels en rapport avec l'expression de la durée comme les adverbes itératifs, numéraux, des préfixes et suffixes qui portent des valeurs aspectuelles. C'est également ce que nous allons voir en distinguant les différents critères qui servent à exprimer l'aspect comme partie du sens du verbe, c'est-à-dire l'aspect comme catégorie lexicalisée. 1.4.1-L'opposition itératif/ semelfactif: L'aspect itératif sert à décrire un procès comme impliquant une certaine sorte de répétition. C'est contrairement à l'aspect semelfactif. Ce dernier envisage le procès comme n'a lieu qu'une seule fois comme le montrent les exemples suivants48 :
Donc, nous avons constaté que le bornage et la durée du procès se déduisent selon le sémantisme du verbe et parfois par des indications contextuelles. Premièrement, en parlant de l'aspect itératif , nous avons remarqué dans l'exemple (1) que l'emploi de l'adverbe de temps (souvent) comme un indicateur contextuel souligne par excellence la valeur répétitive 47 Stanojevic, asic 2010, p 108. 48 Le Pain Nu: Mohamed Chokri,, p18/26/7/25. 27 du procès. De plus, l'utilisation de l'imparfait sert à annuler le caractère ponctuel, non duratif du procès, puisque, l'imparfait est associé dans une interprétation itérative notamment avec l'emploi d'un verbe imperfectif pour marquer la répétition du procès, ce que nous appelons dans la grammaire « l'emploi de l'imparfait d'habitude ». Et dans l'exemple (2), l'aspect itératif est exprimé par la dérivation affixale, en effet, le (R) associé au verbe voir (revoir) indique que le procès est répété plus qu'une fois à côté de l'emploi de l'imparfait qui s'accorde bien avec le sémantisme des verbes imperfectifs. Comme le verbe (voir) qui apparaît comme un verbe (+dynamique49 ). Néanmoins, à l'aspect semelfactif. Ce dernier est exprimé dans les deux exemples (3+4) avec l'emploi des verbes perfectifs qui comportent en eux-mêmes « une limitation du procès ». Cette limitation est bien manifestée avec l'emploi des deux verbes (acheter/ tuer). Ces deux verbes sont de nature (-dynamique50). Et dans ce contexte, nous pouvons affimer que l'action est envisagée et sa limite finale est fixée. 1.4.2- L'opposition perfectif/ imperfectif: L'aspect Perfectif ou ponctuel met l'accent sur le résultat final du procès. Il exprime une action achevée, terminée au passé et totalement coupé de présent : « l'aspect perfectif ou résultatif qui ajoute la notion supplémentaire de terme au sens du verbe51 ». C'est contrairement à l'aspect imperfectif ou linéaire, ce dernier envisage l'action dans sa durée. Il la présente comme un processus en cours de déroulement : « l'aspect imperfectif ou duratif ou continu qui exprime l'action dans sa durée ininterrompue ou sa continuité52 ». Dans ce cadre, nous traitons les deux exemples suivant53 pour faire la distinction entre ces deux types d'aspect lexical: Exp1: Nous traversâmes la rivière .... Nous passâmes une nuit à Oujda.
Dans l'exemple précédent, l'emploi de passé simple sert à conférer une vision synthétique et compacte au procès, puisqu'il l'envisage comme : « un noyau indivis comme un tout fermé sur lui-même et en offre une vision globale indifférenciée, non sécante54 ». Et dans le même sens, il a ajouté en ce qui concerne l'emploi de passé simple : « parcourt l'espace temporel du 49 Z, Vendler, Le critère de dynamicité, 50 Z, Vendler, Le critère de dynamicité 51 David Cohen, l'Aspect Verbal, p 20. 52 David Cohen, L'Aspect Verbal, p20. 53 Le Pain Nu : Mohamed Chokri, p23/10 54 R.Martin 1971, p70. 28 procès de sa limite initiale à sa limite finale sans le pénétrer55 ». En réalité, nous trouvons le processus est perçu dans sa globalité sans qu'une action incidente puisse en interrompre le déroulement. Par conséquent, L'emploi de passé simple sert à présenter le procès comme nettement délimité dans son déroulement et orienté vers son terme final. Dans cette perspective, nous pouvons déduire que l'emploi de passé simple souligne l'aspect perfectif, c'est-à-dire le procès est coupé de la situation d'énonciation et il le rejette dans un passé révolu nettement délimité. Sa valeur générale est limitée temporellement. Exp2: J'observais la jeune fille qui s'activait à laver le parterre.
Dans l'exemple plus haut, nous remarquons que l'emploi de l'imparfait annule le caractère ponctuel, non sécant au procès. Par opposition au passé simple, puisque l'imparfait n'envisage pas les limites du procès auquel il n'assigne ni commencement, ni fin. De plus, l'imparfait s'accorde avec l'expression de la durée selon le sens du verbe ou le procès n'est pas forcément long objectivement. Mais il est perçu de l'intérieur dans son écoulement, dans la continuité de son déroulement, sans terme final marqué. De sorte que L'imparfait s'accorde avec les verbes imperfectifs comme dans l'exemple (2), nous remarquons que les deux verbes (observer/activer) sont deux verbes (+dynamiques). En conclusion, nous déduisons que l'aspect perfectif vise à marquer l'accomplissement du procès. Par contre l'aspect imperfectif sert à montrer la continuité, la progression de l'action. Dans ce contexte, nous allons proposer la figure suivante afin d'indiquer les valeurs aspectuelles des deux aspects lexicales : Figure456: Les valeurs aspectuelles de L'aspect Perfectif ET Imperfectif. 55 R.Martin 1971, p 95. 56 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Les_aspects_(selon_Marc_Wilmet).svg 29 1.4.3-Les valeurs aspectuelles de formes verbales: Le système de la conjugaison des verbes français comporte essentiellement deux formes. En effet, la distinction entre ces deux formes est au même temps morphologique et aspectuel. En commençant par La forme simple. Cette dernière, elle présente l'action dans son déroulement comme inaccompli, car le verbe exprime un aspect non ponctuel du procès. Dans cette perspective, nous rappelons la définition Guillaumienne : « un aspect simple, tensif ou immanent, tient la pensée en dedans du procès et éveille dans l'esprit l'image même du verbe et dans son déroulement57 ». Par la suite, La forme composée. Cette dernière exprime un procès présenté dans son achèvement. En d'autres termes, la pensée dépasse le point de réalisation de l'acte pour l'envisager comme une totalité : « l'aspect composé, extensif ou transcendant, qui porte la pensée au- delà du procès et éveille dans l'esprit non plus le déroulement même de l'image mais le déroulement d'une séquelle de cette image 58». Dans ce cadre, nous proposons ce tableau pour établir une distinction entre les valeurs aspectuelles des formes simples et composées (les exemples59 tirés de l'oeuvre: Le Pain Nu) :
Tableau2: Les formes verbales et leurs valeurs aspectuelles. Donc, nous admettons selon le tableau qui précède que toutes les formes composées soient achevées, accomplies. Mais, nous rejetons l'idée que toutes les formes simples soient 57 Gustave. Guillaume (temps ET verbe), Théories des aspects, des modes et des temps, Paris1970, p21. 58 Guillaume, (temps ET verbe), Théories des aspects, des modes ET des temps, Paris 1970:p21. 59 Le Pain Nu, p10/11/12/43 30 obligatoirement inachevées, inaccomplies, car le passé simple malgré sa forme verbale simple exprime le plus souvent l'accomplissement de l'action. 1.4.4- Les périphrases verbales: La périphrase verbale est une forme verbale complexe constituée d'un semi-auxiliaire conjugué et d'une forme non conjugué (à l'infinitif). En outre, les périphrases verbales peuvent exprimer des valeurs temporelles et aspectuelles. De plus, les périphrases aspectuelles visent par excellence à présenter l'état de l'action à titre d'exemple (Commencement/ déroulement/achèvement). Dans ce cadre, nous proposons le tableau suivant de Halba dans lequel il classifie les périphrases verbales comme suit:
Tableau 3: Classement de périphrases verbales60. Et pour expliquer davantage ce que nous avons vu dans le tableau qui précède en ce qui concerne les différents types de périphrases verbales. Nous prenons ces exemples pour marquer les valeurs aspectuelles de périphrases verbales. (Les exemples sont tirés de même ouvrage61):
(En train de +inf): L'aspect Progressif. 60 Classement de periphrases verbales selon Halba 2002. 61 Le Pain NU: Mohamed Chokri, p45/73/22 31 Par conséquent, les périphrases verbales servent à exprimer des valeurs aspectuelles et temporelles à travers des formes verbales composées d'un semi-auxiliaire conjugué + un verbe à l'infinitif. Et selon le linguiste Bruneau, les périphrases verbales visent à conférer principalement des valeurs aspectuelles que des valeurs temporelles notamment dans le système verbal français : « les périphrases verbales, c'est au fond le seul moyen que nous ayons en français d'exprimer nettement les aspects62 ». Grosso Modo, nous avons constaté plus vite que le système verbal du français repose sur une véritable inflation terminologique notamment dans la description des phénomènes aspectuels. En fait, nous trouvons que les termes (accompli! achevé! terminé! ponctuel! !perfectif) qui sont utilisés comme des synonymes pour désigner que l'action est en état d'accomplissement. Cette variété de vocables facilite le traitement des aspects. En outre le système verbal de la langue française met en lumière des différentes procédures qui se manifestent comme des piliers par lesquels nous pouvons déterminer « le positionnement du procès », c'est-à-dire le procès en « commencement! achèvement! progression... ». D'ailleurs, l'Aspectualité dans le système verbal du français est fortement liée à la temporalité. Du fait que, les deux notions « aspect et temps » vont de pair pour décrire l'idée verbale. De façon que les temps composés comme par exemple (Le passé antérieur! le plus que parfait ! le passé composé..) désignent « L'accompli » par l'emploi des formes verbales composées (voir chapitre II ! aspect accompli ! tableau 1). Autrement dit les temps composés indiquent que l'action est terminée au passé. C'est contrairement aux temps simples comme « L'imparfait ! le présent ! le futur simple » qui renvoient à « L'inaccompli » par des formes verbales simples (voir chapitre II ! aspect Inaccompli !tableau 2). Sauf dans quelques cas, comme par exemple le passé simple. Ce dernier exprime l'aspect accompli malgré sa forme verbale simple (voir chapitre II : partie1). Ainsi que le système verbal français est caractérisé par le grand écart qu'il y a entre les notions de temps et leurs marqueurs formels63 par exemple les temps du passé ou il y a « le passé simple! le passé antérieur! le passé composé.. ». Seulement le présent apparaît unique. Même le futur se répartit en futur simple et futur antérieur. Par ailleurs, l'emploi de périphrases verbales qui fonctionnent comme des marqueurs aspectuels. En fait, les périphrases aspectuelles servent à préciser l'état exact du procès à travers des formes verbales composées d'un (semi-auxiliaire conjugué+verbe à 62 Bruneau, 1931,271. 63 Voir le schéma de la répartition des temps verbaux en français, Chapitre II, partie1. 32 l'infinitif). Ces périphrases servent à présenter le procès comme en état de « commencement! progression / d'accomplissement » (voir chapitre II partie1). Sans oublier dans ce cadre de parler sur le rôle de la dérivation affixale (la préfixation et la suffixation). Cette dernière sert à exprimer des valeurs aspectuelles à titre d'exemple (L'itération). De même, la notion d'aspect dans le système verbal du français peut être exprimée comme une catégorie « lexicalisée » (partie1! chapitre II). Et comme une catégorie « grammaticalisée ». En effet, l'aspect est lié au sens du verbe, c'est-à-dire au « lexème verbal ». Ce dernier peut être perfectif (non duratif) ou imperfectif (duratif). Dans le même sens, nous pouvons déduire que le contexte de son coté jouit un rôle essentiel au niveau de la vérification de « l'aspect du verbe » par l'emploi des adverbes temporels entre autres « souvent! brusquement! hier! après quelques minutes.. ». De même, l'aspect dans le système français est reconnu par la matérialisation morphologique en d'autres termes l'aspect est manifesté comme une catégorie grammaticale explicite, c'est-à- dire par des critères grammaticaux observables en particulier (les formes verbales, la derivation affixale, les locutions adverbiales...). Et pour clarifier cette classification, nous présentons ces deux figures comme suit : Schéma5: Aspect Grammatical64. 64 Danielle Leeman Bouix: Grammaire du verbe français: Des Forms au sens. 33 Schéma6: Aspect Lexical65 Nous avons vu précédemment les manifestations de l'aspect dans le système verbal français en tant qu'une catégorie grammaticale et lexicale. Mais la question qui se pose dans cette perspective: Est-ce que l'aspect est-il exprimé dans toutes les langues par les mêmes critères grammaticaux et lexicaux? Nous essaierons dans la mesure du possible dans notre deuxième partie de ce travail de répondre à cette question en traitant le fonctionnement de l'aspect dans le système de la langue arabe comme (langue sémitique). 2-Le Fonctionnement de L'aspect dans le Système Verbal Arabe: 2.1- La divergence de points de vue sur la nature du système verbal Arabe entre « Aspectuel/Temporel/ Aspectuo-Temporel »: Les points de vue divergent autour la nature du système verbal arabe. En effet, certains linguistes pensent que la langue arabe est avant tout une langue principalement aspectuelle. Mais après avoir mené plusieurs études par des grammairiens arabes sur la nature de ce système. Il a été démontré que la langue arabe combine entre les deux notions « le temps et l'aspect », c'est-à-dire la langue arabe est une langue « Aspecto-Temporelle ». 2.1.1- La langue Arabe comme langue aspectuelle: Selon certains linguistes, la langue arabe est une langue sémitique apparaît comme une langue aspectuelle par excellence. En outre, le verbe arabe peut se mettre à l'aspect accompli ou ce qu'on appelle en arabe (El-Madhi). Et aussi à l'aspect inaccompli (El-Moudharaa). Cela nous a montré que le système verbal arabe repose principalement sur une opposition 65 https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Les_aspects_(selon_Marc_Wilmet).svg 34 aspectuelle de l'accompli et l'inaccompli. Du fait que les formes verbales de l'arabe ne paraissent pas déterminées par le temps tel qu'il vient d'être défini dans le système verbal des langues romanes comme le « Français », puisque chacune de trois époques (passé/présent/futur) se trouve couverte simultanément par deux formes de nature aspectuelle en arabe (l'accompli et l'inaccompli). Premièrement et en ce qui concerne l'accompli, ce dernier est exprimé par la forme verbale de (Faala). Deuxièmement, l'inaccompli est exprimé par la forme verbale (Yafaalo). Par conséquent, certains linguistes ne voient dans l'opposition de ces deux formes verbales qu'une opposition purement aspectuelle. Dans cette perspective, le linguiste Marcel Cohen dans son ouvrage précisément dans(le chapitre II) a ajouté concernant la notion d'aspect dans le système verbal arabe : « il s'y rencontre deux formes qu'on dénomme en général d'une manière « impropre » des temps, ces deux formes servent à distinguer deux aspects de l'action qui sont l'accompli et l'inaccompli66 ». Dans ce contexte, nous remarquons que le mot « impropre » de la nomination de temps indique sa désapprobation à une analyse purement temporelle du système verbal arabe. De plus, David Cohen dans son ouvrage « l'aspect verbal » a mentionné en ce qui concerne le système arabe: « de cette « pureté » de l'expression de l'aspect dans son indépendance par rapport à l'expression du temps67 ». Ce qui montre que l'arabe comme une langue dont le système verbal serait fondamentalement aspectuel et non pas temporel. À cet égard, le linguiste David Cohen a insisté sur cette classification qui diminue la valeur de temps dans le système arabe: « Le système repose comme en ougaritique essentiellement sur l'opposition aspective inaccompli/accompli68 ». C'est pour cela, le temps dans le système verbal arabe est manifesté comme un élément secondaire ou le contexte qui rend compte des indicateurs temporels, et dans cette perspective nous citons ce qui ajouté David.Cohen dans son ouvrage concernant le positionnement de temps dans le système verbal arabe : « de manière générale le contexte au sens le plus général du terme peut fournir par lui même les indications d'ordre temporel et permettre éventuellement de référer le procès à un moment ou une situation donnés. 69». Dans le même sens, nous pouvons rappeler Fleisch lorsqu'il a affirmé que le système verbal arabe est un système aspectuel, puisque la forme verbale soit à l'accompli avec la forme de (Faala) ou à l'inaccompli avec la forme (Yafaalo), c'est-à-dire l'opposition aspectuelle semble comme suffisante pour décrire la situation. De ce fait, nous déduisons que les deux paradigmes de 66 Marcel Cohen, Chapitre II 67 David Cohen, L'aspect verbal, p171. 68 David Cohen, L'aspect verbal p 183. 69 David Cohen, L'aspect verbal, p183 35 l'accompli et l'inaccompli sont suffisants pour décrire l'état de procès comme duratif ou non duratif en rejetant toute temporalité incluse. En conséquence, la langue arabe est une langue aspectuelle qui repose principalement sur les deux formes verbales de L'accompli/L'inaccompli70. En définitive, les linguistes qui rejettent la notion de temps du système verbal arabe, ils n'excluent pas son existence d'une manière différente. C'est juste dans une seule image celle de la morphologie verbale, puisque la morphologie verbale en arabe n'indique pas « explicitement » le temps du verbe. Mais la temporalité est exprimée par l'utilisation de quelques indicateurs temporels dans l'environnement contextuel. 2.1.2- La langue Arabe comme une langue temporelle : Certains grammairiens ont établi un lien étroit entre la forme verbale et le temps. D'ailleurs, les linguistes arabes répartissent le temps en trois époques (le présent : ÑÖÇÍáÇ), (le passé : íÖÇãáÇ) et (le futur : áÈÞÊÓãáÇ). En effet, nous pouvons déterminer le temps du verbe à partir de la morphologie verbale, par exemple les verbes qui ont pris la forme de (Faala : áÚ) ou (Faalto : ÊáÚ ) particuliérement avec ces verbes : « áÎÏ /ÐÎ /ÊÏÌæ ». Ces verbes indiquent le temps du (passé :íÖÇãáÇ ), c'est-à-dire le procès est accompli au passé de point de vue aspectuel. En revanche les verbes qui ont pris la forme de (Yafaalo : áÚí). Ceux-ci servent à indiquer (Le présent / le Futur/ El-Moudharaa : ÚÑÇÖãáÇ). Par ailleurs, le temps de (El-Moudharaa : ÚÑÇÖãáÇ) comme les verbes suivants (áÚÓí /Ëåáí /ÌÑÎí) indiquent que le procès est inachevé (en cours de déroulement) de point de vue aspectuel. De plus, certains linguistes affirment que le temps dans le système verbal arabe peut être indiqué par le contexte. Autrement dit, par l'illustration de quelques indicateurs temporels ou des particules à titre d'exemple (Kana :äÇß / Sawfa : æÓ). Dans cette perspective, nous pouvons citer ce qui a ajouté le linguiste Aartun. Ce dernier a démontré que le système verbal arabe est fondé sur le temps71 . En ajoutant dans le même sens ce qui a dit Khrakovsky en clarifiant le point de vue précédente de Aartun que la morphologie verbale de l'arabe indique le temps et non pas l'aspect. Conséquemment, les études modernes en grammaire arabe démontrent que la langue arabe s'est manifestée comme une langue temporelle et non pas uniquement aspectuelle. En effet, nous remarquons l'existence de la notion de temps à travers « la forme verbale » comme nous avons déjà mentionné précédemment ou par « les indicateurs temporelles » qui sont 70 H.Fleisch : l'arabe classique : Esquisse d'une structure linguistique/Beirut Dar El Mashreq 1968, p111 71 Kjell Aartun, Zur Frage altarabischer Tempora (Universitetsforlget, Oslo, 1963). 36 développés pour situer « le temps de l'événement » comme (Passé/ Présent/ Futur). Comme le montre la figure suivante: Figure7: Répartition Des Temps Verbaux En Arabe72. Cette répartition des temps verbaux en Arabe, nous a montré qu'elle repose principalement sur deux temps principaux qui sont d'origine deux formes aspectuelles et non pas temporelles. La première est la forme de l'accompli qui sert à exprimer une action comme terminée dans le (Passé / EL-Madhi). Et la deuxième la forme de l'inaccompli, qui vise à présenter l'action comme inaccomplie (en cours de déroulement) dans un moment présent ou qui peut se réaliser au futur (Présent-Futur : El Moudharaa). 2.1.3- La langue Arabe comme langue Aspectuo-Temporelle: L'Arabe est une langue qui combine entre la notion d'aspect et celle de temps. En effet, le linguiste Comrie a affirmé que le verbe arabe exprime le temps et l'aspect à la fois.73 Par ailleurs, la langue arabe comporte « deux formes verbales » qui expriment des valeurs aspectuelles et temporelles. Dans ce cadre, nous citons ce qui a mentionné P. Larcher dans son analyse concernant l'encroisement de (Aspect/Temps): Pour les grammairiens arabes (Faala) s'opposait à (Yafaalo) comme (passé à non-passé (présent/futur) et pour les grammairiens arabisants comme (accompli/Inaccompli) autrement dit les premiers voient dans le temps et les seconds dans l'aspect, le principe de corrélation entre les deux formes du système verbal de l'arabe74 . 73 B.Comrie:op.cit.p78. 74 P. Larcher, le système verbal de l'arabe classique, publications de l'université de provence, Aix-en provence 2003, p137. 37 Par conséquent, nous admettons que les deux concepts (Temps/Aspect) semblent comme fusionnés. Bien qu'il y ait des grammairiens qui aient convenu que le système arabe est fondamentalement aspectuel, d'autres ont évoqué le temps dans la définition même de deux termes (accompli/inaccompli). Dans ce contexte, P. Larcher a ajouté concernant la mise en relief entre Temps/ Aspect: le temps c'est la relation entre ce dont on parle et le moment ou l'on parle : un procès est présenté comme antérieur , simultané ou postérieur au moment de l'énonciation , l'aspect c'est la façon dont un procès se déroule dans le temps , si le procès se déroule dans la période de temps concernée par l'énonciation , l'aspect est inaccompli : « inaccompli » veut donc dire « s'accomplissant » s'il est présenté comme la trace dans cette période d'un accomplissement ultérieur , l'aspect est inaccompli75. Ce point de vue admet que la langue arabe est une langue Aspectuo-temporelle. En effet, de nombreux linguistes comme: Marcel. Cohen/ M.Gaudefroy.Demombynes / Comrie ont confirmé que le système arabe combine entre les deux notions «le temps et l'aspect ». Les temps en arabe sont au coeur des deux formes verbales (Faala áÚ / Yafaalo áÚí ). Du fait que, l'appartenance de temps ne soit pas déclarée d'une manière explicite par des marqueurs temporels, mais le temps s'est manifesté d'une manière implicite dans les deux formes aspectuelles l'accompli et l'inaccompli. Ces deux formes portent des valeurs aspectuelles et temporelles. C'est pour cela, nous constatons que « la temporalité et l'Aspectualité » coexistent dans la langue arabe. 2.2- L'aspect et ses manifestations dans le système verbal Arabe: La notion d'aspect s'est manifestée dans le système verbal arabe en deux sortes principales. Dans un premier temps, l'aspect se manifeste comme une catégorie grammaticale (ÉíáßÔáÇ ÉåÌáÇ), en effet cette notion est exprimée par des procédures grammaticales (Morphosyntaxiques) par exemple (la forme du verbe, les faits de conjugaison, les particules verbales, la dérivation ...). Et dans un second temps, l'aspect peut être exprimé comme une catégorie lexicale (ÉíãÌÚãáÇ ÉåÌáÇ), c'est-à-dire, la notion d'aspect est exprimée par le sens du verbe (le critère de dynamicité76) et aussi par l'environnement contextuel. Ce dernier emporte des moyens lexicaux qui servent par excellence de préciser « l'Aspectualité », en d'autres 75 Op.Cit.P.Larcher, p138. 76 Voir chapitre 1, l'aspect lexical. 38 termes (la valeur aspectuelle). D'ailleurs la langue arabe a établi des multiples moyens qui se soient grammaticaux ou lexicaux pour exprimer le sens de l'aspect. Dans ce contexte, nous citons ce qui a mentionné Gosselin en parlant de l'aspect comme une catégorie grammaticale et lexicale à la fois : La catégorie de l'aspect se décompose en aspect lexical correspond au type de procès (activité, état, accomplissement) exprimé par le lexème verbal et son environnement actanciel (....), l'aspect grammatical définit le monde de présentation du procès (accompli, inaccompli, itératif.)Tel qu'il est indiqué essentiellement par les marques grammaticales (temps morphologiques semi-auxiliaires, adverbes d'aspect77. Ce point de vue implique les différentes manifestations de l'aspect dans un système verbal soit dans la langue arabe comme étant une langue sémitique ou même dans la langue française comme étant une langue romane. En outre, les deux systèmes verbaux (l'Arabe et le Français) se ressemblent beaucoup particulièrement au niveau de la manière par laquelle la catégorie de l'aspect est exprimée. Du fait que, les deux langues ont convenu que l'aspect peut être une catégorie à la fois « grammaticalisée » et « lexicalisée ». La seule différence à noter entre les deux langues s'est manifestée précisément au niveau des procédures soient grammaticaux ou lexicaux que chacune des deux langues utilise pour exprimer la notion d'aspect. De plus dans le système verbal arabe la catégorie d'aspect a eu une place importante, en effet l'arabe est considérée comme une langue purement « aspectuelle » (Voir chapitre II/ Partie2/Axe 1). 2.3- L'étude de l'aspect comme une catégorie « Grammaticale »: (ÉíáßÔáÇ ÉíÍÇäáÇ äã ÉåÌáÇ) L'aspect en tant qu'une catégorie « Grammaticale » est divisé dans le système arabe en deux types principaux, en effet le premier type est « l'aspect Accompli »(ãÇÊáÇ) et le second type « l'aspect inaccompli » (ãÇÊáÇ ÑíÛáÇ). En outre l'inaccompli en arabe peut être divisé à d'autres aspects qui semblent comme « Sous Aspects » et qui sont comme suit l'aspect itératif (ÉÏÇÚáÇ), l'aspect duratif ou le Continu (áÕÇæÊãáÇ) et l'aspect progressif (íÌíÑÏÊáÇ)). C'est également ce que nous étudierons dans cette analyse. 2.3.1 -L'aspect accompli: (ÉãÇÊáÇ ÉåÌáÇ) L'accompli est défini comme suit: « montre l'état résultant du procès 78». En effet, le procès est vu au moment où son terme est avéré79. Et nous avons mentionné précédemment 77 Gosselin 1996, sémantique de la temporalité en français « un modèle calculatoire et cognitif du temps et de l'aspect », p10. 78 Gosselin, 2005. 39 que l'accompli (ãÇÊáÇ) dans le système verbal arabe exprime le procès comme terminé (íÖÞäã) au (Passé: íÖÇãáÇ). En fait, l'accompli est exprimé par la forme verbale (Faala: áÚ). Cette dernière est constituée par [3 consonnes] comme le montrent les exemples80 suivants:
Dans ce cadre, nous remarquons dans l'exemple(1) le verbe (Trouver : ÑËÚ) indique le procès comme accompli, achevé au passé, c'est-à-dire que le procès est totalement coupé du présent (Moment de L'énonciation : ãáßÊáÇ ÉÙÍá). Cette forme verbale renvoie au passé (l'accompli) et elle transmettre des (valeurs aspectuelles et temporelles). Et nous comprenons «l'accomplissement de l'action» à partir de la forme verbale (Faala : áÚ). De plus, le locuteur n'est pas utilisé aucune indication temporelle dans le contexte pour indiquer le (passé). Néanmoins, dans l'exemple (3) il a utilisé un indicateur temporel qui exprime (le passé) et qui souligne aussi l'achèvement de l'action (ËÏÍáÇ ÁÇåÊäÅ) (Hier Soir : Óã Éáíá}. Mais dans les trois exemples (2/3/4), Le locuteur a utilisé d'autres formes verbales qui sont constituées dans les deux exemples (2/3) de [4 consonnes] et dans l'exemple (4) de [6 consonnes] comme {Faaltu : ÊáÚ} et {Infaala : áÚäÅ}. Ces formes verbales renvoient le plus souvent à la forme verbale de base (Faala : áÚ) comme une forme verbale abstraite d'incrément, c'est-à-dire de toute préfixation ou suffixation. Et par conséquent, le système verbal arabe a utilisé la derivation affixale. Cette dernière jouit un rôle essentiel pour exprimer l'accomplissement de l'action à titre d'exemple avec les deux formes verbales (Faalto : ÊáÚ) et (Infaala : áÚäÅ). En effet, la première forme verbale indique l'accompli par « la suffixation » et la deuxième par « la préfixation ». 79 Voir page 7 de ce document. 80 Le pain Nu, p29/66/101/94 40 Donc, L'accompli dans le système verbal arabe est expliqué par les deux phénomènes grammaticaux la préfixation et la suffixation. En fait il s'agit d'autres formes verbales qui servent à indiquer l'accompli que les formes de (Faala: áÚ / Faalto: ÊáÚ /Infaala: áÚäÅ) comme dans les exemples81 suivants: -La forme verbale (Afaala: áÚ): Exp1 : ÁæÏåÈ ÁÇãáÇ ÛÑí ÞØ æ ÉÈáÚáÇ ßÓã [Il a pris la canette et il commence à vider lentement l'eau] -La forme verbale (Istafaala: áÚÊÓÅ): Exp2: äíÏÑÔÊãáÇ ÉÈÍÕ ÈæÑÏáÇ í ãæäáÇÈ ÚÊãÊÓÅ [Je me suis plu de dormir dans la rue avec les vagabonds]. Donc, Nous pouvons remarquer dans les deux exemples de formes verbales (Afaala áÚ / Istafaala áÚÊÓÅ) qui sont toujours fondées sur la racine (Faala áÚ), en effet cette racine semble comme une base commune à l'ensemble du paradigme malgré l'ajout des divers morphèmes82et le verbe toujours garde le même lexème83. En plus les deux formes verbales (Afaala/ áÚ/ Istafaala áÚÊÓÅ) visent tous les deux à exprimer « l'accompli ». Ce dernier dans le système arabe ne se déduit pas uniquement par la forme verbale (Faala: áÚ) mais aussi par la forme verbale (Yafaalu: áÚí). Et nous pouvons comprendre « L'accomplissement de l'action » à travers « le contexte de la phrase » notamment avec les (textes narratifs: ÉíÏÑÓáÇ ÕæÕäáÇ) comme le montre cet exemple: ÉÌäØ äÚ ÏíÚÈ äÇßã ìáÅ ÈåÐí, ÕíÎÑáÇ ÛÈÊáÇ æ ÖíÈáÇ ÒÈÎáÇ äã ÇÓíß íÑÊÔí] [ 84ÏæäÌáÇ ÓÈáÇã áÇãÇÍ ÁÇÓã ÏæÚí [Il achète un sac de pain blanc et de tabac bon marché et il va dans un endroit lointain de Tanger, il revient le soir portant les vêtements des soldats....]. 81 Le Pain NU.p72 82 Morphèmes : (N.M) unité minimale de signification que l'on peut obtenir lors de la segmentation d'un énoncé sans atteindre le niveau phonologique : synonyme : Formant : Larousse.fr 83 Lexème : (N.M) : de lexique (d'après morphème) : unité minimale de signification appartenant au lexique : synonyme : Sémantème : Larousse.fr 84 Le Pain Nu: P14. 41 Dans ce contexte, nous déduisons que l'exemple précédent s'inscrit dans un cadre narratif, car le locuteur est en train de raconter « des événements achevés » au passé. Mais il a choisi de les raconter comme « des événements inachevés » c'est-à-dire qui se passent au moment où il parle (au présent) par l'emploi de la forme verbale de (Yafaalu: áÚí) afin de revivre les moments passés et mettre le lecteur en scène. Et dans cette perspective, nous avons constaté que la forme verbale (Yafaalu: áÚí) peut exprimer « l'accompli » à côté de la forme verbale (Faala: áÚ) notamment dans un contexte narratif. De même l'accompli dans le système arabe peut être exprimé par « des éléments explicites » qui peuvent intervenir comme des « modificateurs verbaux 85 ». Ces modificateurs sont dans la plupart de temps « des particules verbales » qui confèrent des valeurs temporelles et aspectuelles à la fois. En effet, l'emploi de la particule qad+L'accompli: (ãÇÊ áÚ+ÏÞ), cette composition toujours indique l'accomplissement de l'action dans le (Passé) comme le montrent les exemples suivants86 :
[Tu as pris le montant de votre travail...] Nous constatons que l'emploi de particule (qad: ÏÞ) dans les deux exemples (1+2), nous a montré que le procès est totalement coupé du présent (Le procès est achevé au passé). Et dans ce sens, nous citons ce qui a mentionné David Cohen en ce qui concerne l'emploi de la particule (qad: ÏÞ) dans le système sémitique: « qad+accompli correspond donc à un parfait résultatif87 ». De plus, nous remarquons que la composition (Kana qad+accompli): (ãÇÊáÇ + ÏÞ äÇß) est le plus souvent marquée l'accompli, c'est-à-dire l'action est achevée dans un passé lointain. En plus, la particule de (kana qad+ accompli: ãÇÊáÇ + ÏÞ äÇß) est suffisante pour exprimer (le passé et l'accompli) sans tenir compte à l'existence d'un indicateur temporel dans la phrase. Comme le montrent les deux exemples suivants88: Exp1: ...ÉÏÆÇ ÖÈÞ äÚ ìáÎÊ ÏÞ äÇß [Il avait renoncé à recevoir des intérêts ....] 85 En linguistique, un modificateur est un élement facultatif dans la phrase structure ou la clause la structure, qui modifie le sens d'un autre élement dans la structure. Les modificateurs peuvent venir soit avant soit après l'élement modifié (la téte), selon le type de modificateur et les régles de syntaxe du langage en question. Un modificateur placé avant la téte est appelé un «prémodificateur», celui qui placé après la téte est appelé un «postmodificateur» : modificateur grammaticale : Stringfixer.com 86Le Pain NU p, 30/8. 87 David Cohen, L'Aspect Verbal, p185. 88 Le Pain Nu : Mohamed Chokri p, 119/131 42 Exp2: áíæØ ÕÈ ÊãáÍ ÏÞ Êäß [J'avais rêvé d'une longue rangée...] Et dans la même direction, nous trouvons une autre particule verbale qui s'emploie avant un verbe accompli c'est le verbe KanaDÇß (être) + Accompli. Cet emploi du verbe Kana: DÇß + l'accompli indique l'accompli. D'ailleurs, la position grammaticale de Kana DÇß est le plus souvent en tête de la phrase avant le prédicat comme dans l'exemple suivant89 :
C'est pour cela, nous déduisons que le verbe (Kana: DÇß) semble comme un élément « explicite » qui peut intervenir comme un « modificateur verbal » qui confère une valeur temporelle et aspectuelle (L'aspect Accompli/ Le Passé). De plus, le verbe (Kana DÇß) n'a pas véritablement un statut d'auxiliaire, sauf lorsqu'il est employé avec son sens plein du verbe d'existence, c'est- à -dire, La suppression de ce verbe dans les énoncés ou il apparait ne poserait généralement aucun problème d'ordre morphologique ou syntaxique91. En résumé, le système verbal arabe n'est pas fondé uniquement sur les temps verbaux pour exprimer l'aspect accompli: ÉãÇÊáÇ ÉåÌáÇ, puisque le temps semble comme un complément secondaire en arabe. En outre, l'accompli peut être exprimé par des procédures grammaticales en particulier par (La morphologie verbale (la forme du verbe) / La préfixation / les particules 89 Le Pain Nu : Mohamed Chokr, p 130 90 Le Pain Nu : Mohamed Chokri, p123/130 91 David Cohen, L'aspect Verbal, P 183. 43 préverbales). Et parfois peut être marqué par le contexte de la phrase à partir de les marqueurs temporels comme (Hier soir: Óã Éáíá). 2.3.2-L'aspect inaccompli: (ãÇÊ.Ç jíi.Ç): L'aspect inaccompli dans le système verbal arabe sert à exprimer que l'action en cours de déroulement. De plus, son emploi indique aussi que l'action se répète dans les trois époques (le passé / le présent et le futur). L'inaccompli selon Comrie92 peut être déterminé à travers le temps interne (Temps impliqué 93 ). Et dans le même sens, Comrie a déclaré que l'inaccompli se répartit en deux types fondamentaux qui sont l'itératif et le duratif. Ce dernier peut indiquer (L'aspect progressif et le non progressif) comme le montre la figure suivante: Aspect (ÉåÌáÇ) Imperfectif Perfectif (ãÇÊáÇ ÑíÛáÇ) (ãÇÊáÇ) Duratif Itératif (áÕÇæÊãáÇ) (ÉÏÇÚáÇ) Progressif Non-Progressif (íÌíÑÏÊáÇ) (íÌíÑÏÊáÇ ÑíÛáÇ) Figure 7: Répartition de l'aspect entre Accompli/ Inaccompli selon B.Comrie94. La langue arabe a exprimé l'aspect inaccompli par la forme verbale (Yafaalu: áÚí). Et par l'utilisation des particules (préfixées) avant la forme verbale de (Yafaalu:áÚí ), afin de décrire une action qui prend « une certaine durée » dans le temps comme dans les exemples suivants95 : 92 B.Comrie, op.cit p24. 93 Voir chapitre 2, partie 1, La Théorie Guillaumienne: Temps expliqué / Temps impliqué. 94 5cd54955-f3f4-4d5f-85ed-ba9f0875edf1 (1).pdf 95 Le Pain Nu, p151 44 Exp1: ÆØÇÔáÇ ìáÚ ßÑÇãÌáÇ áÇÌÑ ÇäÆÌÇí ä ËÏÍí [Il arrive que des douaniers nous surprennent sur la plage.] Exp 2: ßÑÇãÌáÇ áÇÌÑ ÉÚáÓáÇ ÈÍÇÕ íÔÑí [La propriétaire de la marchandise corrompt les douaniers] Exp3... ØæÞÓáÇ äã ÇÏíÌ ÑÐÍÊ ä ßá íÛÈäí [Vous devez faire attention à ne pas tomber.] Alors, nous constatons selon les exemples précédents, les formes verbales sont constituées à la forme verbale de base (Yafaalu: áÚí). En effet, cette racine semble comme une base commune à l'ensemble du paradigme et malgré l'ajout de quelques morphèmes aux formes verbales comme dans (Exp1 / Exp3) avec les deux verbes (Yufajiunà: (surprendre) ÇäÆÌÇí) et (Yànbaghi (Falloir):íÛÈäí ). Celles-ci indiquent toujours « L'aspect Inaccompli ». D'ailleurs, l'inaccompli dans le système verbal arabe n'est pas exprimé uniquement par la forme verbale (Yafaalu: áÚí) mais aussi par d'autres formes verbales comme (Faalala: ááÚ )/ (Tafaala: áÚÇÊ) à titre d'exemple dans les exemples suivants96 :
[La cruche se balançait dans sa main.] À ce propos, nous déduissons qu'il s'agit d'autres formes verbales à coté de la forme verbale (Yafaalu: áÚí) qu'indiquent l'inaccompli. D'ailleurs, nous pouvons trouver aussi d'autres moyens syntaxiques qui peuvent exprimer l'aspect inaccompli par exemple l'emploi « des particules préverbales » qui sont fixées avant le verbe comme (l'association de(s) préfixée avant le verbe qui peut marquer l'inaccompli / la particule invariable sa (wfa) + un verbe inaccompli ....). Dans cette direction, nous allons traiter des exemples qui peuvent spécifier le fait à venir par rapport au présent du locuteur. En commençant tout d'abord par l'emploi de (S: äíÓáÇ) +un verbe inaccompli (ãÇÊ ÑíÛ áÚ). En effet, son emploi sert à marquer 96 Le Pain Nu : P 157/130 45 que l'action va se réaliser dans le futur (l'action est inaccomplie), comme dans les deux exemples suivants97 :
[Je te trouverai après une heure dans la hutte] Par la suite, l'emploi de la particule sa (wfa) +inaccompli: ( ãÇÊ ÑíÛ áÚ + æÓ). Cette particule est le plus souvent placée avant une forme inaccomplie pour marquer la valeur de l'inaccompli et de postériorité par rapport au moment de la parole.comme dans cet exemple98: Exp1: ÎæßáÇ í ÉÚÇÓ ÏÚÈ ßÏÌ æÓ [Je te trouverai après une heure dans la hutte]. Dans l'exemple précédent, nous remarquons la présence d'un indicateur temporel qui marque la postériorité par rapport au moment ou le locuteur parle. L'emploi de l'indicateur (Après une Heure: ÉÚÇÓ ÏÚÈ) marque le futur proche et l'inaccompli. 2.3.3-L'aspect itératif: (ÉÏÇÚáÇ ÉåÌáÇ) L'aspect itératif peut marquer une action (en cours de déroulement), c'est à dire une action habituelle, itérative. Comme dans l'exemple suivant99: Exp1 .... ÁÇÓã áß ÏæÚí íÈ äÇß [Mon père revenait chaque soir ...] La composition de Kana äÇß +Yafaalu áÚí + indicateur temporel a marquée la valeur de répétition et la continuation de l'action à la fois. C'est-à -dire une action qui a commencé au passé et se prolonge encore au présent, en d'autres termes l'action n'est pas achevée. 97 Le Pain NU : Mohamed Chokri p59/155 98 Le Pain Nu, p 155 99 Le Pain NU : Mohamed Chokri p12 46 2.3.4- L'aspect inchoatif: (ÏÈáÇ ÉåÌ ) Cet aspect est exprimé par l'emploi de (Le verbe ÏÈ (commencer) + inaccompli). L'inchoatif vise à exprimer le déclenchement de l'action. En d'autres termes, Passer d'un état vers un autre comme dans cet exemple100 : Exp1: ÉÑÇÒÛÈ áØåí ÑØãáÇ ÏÈ [Il a commencé à pleuvoir abondamment] 2.3.5- L'aspect duratif: (áÕÇæÊãáÇ): Le duratif s'est manifesté à l'aide de l'emploi d'un verbe comme (dhala: áÙ / baka: ìÞÈ / mazala: áÇÒÇã ) qui est préfixé avant la forme verbale (Yafaalu: áÚí ) pour marquer (la continuation: ÉíÑÇÑãÊÓáÇÇ ) de l'action dans l'une des trois époques (Passé/ Présent /Futur) comme dans les deux exemples suivants101 : Exp1: ãÇä íß ÑÚ áÇ ÇãÇí ÊááÙ [Je restais des jours sans avoir connaitre comment dormir] Exp2... åÊÞæ ãÙÚã íÖÞí áÇÒÇã íÈ [Mon père passait encore la plupart de son temps au café] Conséquemment, Nous déduisons à travers les deux exemples (Exp 1/2) que la valeur aspectuelle de {Duratif} est exprimée par deux sortes. Prémierement, l'exemple (1) sert à marquer (la Continuité dans le Passé). Et deuxièmement, l'exemple(2) sert à indiquer que l'action est en cours de déroulement au moment de la parole (MP). 2.3.6-L'aspect progressif: (íÌíÑÏÊáÇ) Le progressif est le plus souvent exprimé par cette composition (áÚí +äÇß) en arabe.En effet, le progressif sert à indiquer que l'action a pris une « certaine durée » dans le passé comme dans l'exemple suivant102 : Exp1: ÇÑíËß íäÈÑÖí íÈ äÇß [Mon père me frappait beaucoup] 100 Le Pain Nu : Mohamed Chokri p 211 101 Le Pain Nu : Mohamed Chokri p , 36/71 102 Le Pain Nu, p 100 47 Donc, nous remarquons dans ce cadre que le verbe (frapper : ÈÑÖí) est un verbe de« mouvement », c'est-à-dire que l'action a pris certainement « une certaine durée », mais elle est achevée au passé. En outre, le verbe (frapper ÈÑÖí) est accompagné d'un verbe préfixé qui marque (le passé et l'antériorité). 2.3.7- L'aspect non progressif: (íÌíÑÏÊáI ÑíÛáI): Le non progressif est exprimé par la même composition du progressif (le verbe Kana äÇß + Yafaalu áÚí), mais dans ce type d'aspect le verbe qui est utilisé après le verbe (kana) sera un verbe (- dynamique103) c'est-à-dire un verbe d'Etat qui marque la valeur de stabilité comme dans l'exemple suivant104: Exp1: ÉÑÇíÎ äíÚ í äßÓä Çäß [Nous habitions à Ain Khyara]. Bref, nous avons essayé dans la mesure du possible dans cette partie de notre analyse d'expliquer les différentes manifestations de l'aspect sur le plan formel (Grammatical) du système verbal arabe. En fait, la langue arabe repose essentiellement sur deux formes aspectives de base qui servent à marquer« L'Aspectualité ». D'un côté nous trouvons la forme verbale (Faala : áÚ) qui marque
(l'accompli et le passé). Et de l'autre côté
l'aspect Alors, quels sont les différents moyens lexicaux qui sont employés pour exprimer l'aspect comme une catégorie lexicale dans le système verbal Arabe? 2.4- L'étude de l'aspect comme une catégorie Lexicale: (ÉíãÌÚãáI ÉåÌáI) Dans cette partie de notre travail, nous focalisons particulièrement sur la manière par laquelle l'aspect est exprimé comme une catégorie lexicale. Dans ce cadre, nous mettons l'accent sur les différents outils lexicaux sur lesquels le système verbal arabe repose pour 103 Le critère de dynamicité (voir chapitre II: Partie 1). 104 Le Pain Nu : Mohamed Chokri p29 105 Voir page 49 de ce document. 48 décrire la « situation106 (ÚÖæáÇ) ». Cette dernière est divisée sous plusieurs types selon Vendler107 .Ce linguiste a établi une distinction radicale entre les types de verbes(Les procés). En effet, nous trouvons les verbes (d'Etat /ÉáÇÍáÇ ) / les verbes d'Activité (ÉíßÑÍáÇ) / les verbes d'Accomplissement (ÁÇåÊäáÅÇ ìáÚ ßæÔæáÇ) et dernièrement les verbes d'Achèvement (ÁÇåÊäáÅÇ). Dans ce sens, nous pouvons dire que ces verbes sont utilisés pour décrire la « nature de la situation : ËÏÍáÇ ÉÚíÈØ ». Du fait que le plus souvent nous nous distinguons la nature de la situation à partir de la signification lexicale (íãÌÚãáÇ ìäÚãáÇ). Cette dernière occupe un rôle important pour montrer les différentes faces par lesquelles l'aspect se manifeste sur le plan lexical. Et pour mieux clarifier ce que nous avons mentionné précédemment, nous proposons ce schéma qui classifie les différents types de la situation comme suit : La Situation Etats Activités Accomplissements Achèvements ÉäßÇÓáÇ ÉíßÑÍáÇ ÊÇãÇãÊáÅÇ áÇãÊßáÅÇ Figure 8: La Classification de Z. Vendler: Critère de dynamicité108. 2.4.1- Les Verbes d'Etat: ( ÉäßÇÓáÇ áÇÚáÇ ) Les verbes d'Etat ou (verbe statique:äßÇÓ áÚ ) est un type sémantique du verbe.En effet, le procès indique que son sujet possède une certaine propriété particulière telle que l'état, le devenir, la façon d'être. Ces verbes n'expriment aucune action, ni progression et n'impliquent aucune durée et ne fournissent qu'une description d'une condition. Comme le montre l'exemple suivant109 : Exp1: íã íá ÇåÊÕæ íÊáÇ áæÞÈáÇ ÊÏÌæ [J'ai trouvé les légumineuses que ma mère m'a prescrites] 2.4.2- Les verbes d'Activité: (ÉíßÑÍáÇ áÇÚáÇ) Les verbes d'Activité ou plutôt verbes (dynamique). Ceux-ci sont un type sémantique de verbes dont le procès indique un acte, une opération, une activité typiquement effectuée par 106 Ce terme est utilisé dans l'étude de l'aspect pour pouvoir exprimer les différents stades du procès verbal. 107 Vendler: Critère de dynamicité voir page 14 de ce document. 108 Vendler 1967: classification des verbes selon leur mode d'action. 109 Le Pain Nu : Mohamed Chokri p 50 49 un agent. De plus, les verbes d'Activité s'inscrivent dans le temps et qui peuvent impliquer « une certaine durée » comme dans les deux exemples suivants110 :
2.4.3- Les verbes d'Accomplissement: (ÊÇãÇãÊáÅÇ áÇÚ) Les verbes d'accomplissement expriment un 'événement commence à se produire.111 Mais le point de commencement et le point de l'accomplissement sont approximativement « proches » ( äíÈÑÇÞÊã). Comme dans les deux exemples suivants112 :
[J'ai trouvé un enfant qui survit de dépotoirs comme moi]. 2.4.4- Les verbes d'Achèvement: (áÇãÊßáÅÇ áÇÚ) Les verbes d'achèvement expriment le résultat final de l'action. En effet, ces verbes servent à présenter l'action comme « terminée » et « achevée » (ìåÊäÇ ËÏÍáÇ). Comme dans les exemples suivants113 :
[Elle m'a lavé mon visage et mes extrémités]. 110 Le Pain Nu p 55/23 111 L'influence des distinctions aspectuelles sur l'acquisition des temps en français langue étrangère : Journals.openedition.org 112 Le Pain Nu p 63/10 113 Le Pain Nu : P 27 50 2.4.5- Les Verbes Perfectifs: (ÉáãÊßãáÇ ÉÒÌäãáÇ áÇÚáÇ) Les verbes perfectifs (Parfait/ Terminé: ÉÒÌäãáÇ) expriment l'action comme terminée accomplie (ÉáãÊßã) , c'est à dire l'action a abouti à un résultat final et le présent n'a aucun sens. Ces verbes marquent le plus souvent la valeur d'antériorité par rapport au moment de la parole.Comme dans les deux exemples suivants114 :
[Nous avons trouvé à cité d'Ain khabza, une maison]. 2.4.6- Les verbes imperfectifs: (ÉáãÊßã ÑíÛáÇ æ ÉÒÌäã ÑíÛáÇ áÇÚáÇ) Les verbes imperfectifs constatent l'action en train de se faire sans se préoccuper de son achèvement ou pas. En effet, ils servent à décrire « le processus115 » de l'action dans sa durée ou une action répétitive (fréquente/ Habituelle).De plus, ces verbes sont conjugués également au (passé/présent/futur) comme dans les deux exemples suivants116 :
[Elle plongeait et flottait comme un canard]. Pour résumer, le système verbal arabe repose essentiellement sur l'opposition aspective de « L'accompli et l'Inaccompli ». Du fait que tout verbe aussi ne présente à l'indicatif que deux formes verbales celle de (l'accompli avec la forme verbale Faala : áÚ) et celle de (l'inaccompli avec la forme verbale Yafaalu : áÚí). C'est pour cela, plusieurs grammairiens ont noté que la langue arabe est une langue « purement aspective ». Par ailleurs, les formes verbales de l'arabe ne paraissent pas déterminées par le temps tel qu'il vient d'être défini dans d'autres langues européennes. Puisque le système verbal de l'arabe exprime convenablement le temps et les nuances temporelles, c'est-à-dire « la chronologie » grâce aux particules verbales et aux particules adverbiales. En fait, nous trouvons l'accompli porte une valeur de passé (El Madhi) et l'inaccompli porte une valeur de présent et futur (El- 114 Le Pain Nu P 31/29 115 David Cohen, L'aspect verbal, p 55. 116 Le Pain Nu P34 51 Moudharaa). Et par conséquent, nous constatons que dans la langue arabe, il s'agit de deux grands paradigmes qui portent des valeurs temporelles et aspectuelles à la fois. D'ailleurs, la notion de l'aspect est exprimée en arabe comme une catégorie grammaticale à partir l'emploi des outils grammaticaux à titre d'exemple (les particules verbales/ la préfixation/la suffixation...) qui servent à exprimer des valeurs aspectuelles et temporelles. Et comme une catégorie lexicale par l'emploi des moyens lexicaux ou contextuels comme (Les adverbes d'aspect / les compléments circonstanciels de temps ...). 52 |
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