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L'idee de nation en Afrique


par Papa Ogo Seck
Université Paris 10 - Doctorat 1994
  

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SECTION II : L'IDEE DE « NATION » EN AFRIQUE NOIRE MODERNE, A LA CROISEE DES CHEMINS OU LA HANTISE D'UNE SYMBIOSE

Le colonialisme contenait le germe de sa propre destruction ; en fait, le système colonial constituait dans son ensemble un vaste mécanisme conçu pour l'édification d'une Afrique moderne autonome. Par la conquête, le colonialisme avait éveillé le désir de liberté. Par l'exploitation, il avait provoqué une résistance croissante à la tyrannie. En insérant l'Afrique dans le monde moderne, il avait fait naître la vision d'une vie meilleure trouvant sa plénitude dans la liberté. En faisant la preuve de ses propres faiblesses, il engendra l'espoir qui conduisit à l'autonomie. Par l'éducation, il développa les aptitudes à la gestion autonome.

En Afrique, l'instruction fut une des causes de l'indépendance. Les missionnaires, commençant leur action en Afrique occidentale au début du XIXe siècle, firent de l'alphabétisation le point de départ de l'évangélisation, mais avec l'instruction, arrivèrent des idées et des idéaux qui devaient changer définitivement le monde africain.

L'humanitarisme européen, illustré par le mouvement abolitionniste, et le libéralisme occidental, énoncé dans les principes démocratiques de la France de 1789, avaient converti rapidement de nombreux Ouest-Africains instruits, comme Paul Holle, l'évêque Crowther et Samuel Lewis. Cependant, l'admiration pour la civilisation occidentale s'accompagnait du désir d'avoir part à ses avantages matériels et à ses principes d'autonomie ; plus tard, certains observateurs comme James Johnson, John Chilembwe ou Harry Thuku ne tardèrent pas à voir le fossé qui était creusé entre les idéaux chrétiens et les réalités de la colonisation 869(*).

A mesure que l'enseignement se développait, il propageait l'idée de changement en l'ancrant de plus en plus profondément dans la nouvelle psychologie africaine. La société traditionnelle, « pauvre et malade », selon une certaine opinion paralysée par le tribalisme et la désuétude de ses valeurs, n'était plus acceptable . A côté de ces perspectives peu brillantes, se dressait le système européen avec sa technologie toute-puissante, sa richesse, sa médecine moderne, son dynamisme et son optimisme. Ceux qui entrevoyaient les avantages de la modernisation demandaient plus : l'accroissement du développement économique, davantage d'équipements collectifs, une plus grande liberté d'expression politique et, par-dessus tout, une instruction plus généralisée, car s'était le préalable à l'émancipation politique, sociale et économique.

Ces exigences se manifestèrent progressivement, en fonction du degré de propagation de l'éducation occidentale ; mais d'autres facteurs, qui devaient finalement conduire à l'indépendance nationale, militaient aussi en faveur du changement. Les missionnaires étaient venus pour soi disant « libérer les esclaves et sauver les âmes », mais ils étaient restés pour promouvoir des réformes économiques et sociales, appuyées, en leur temps, par les intérêts commerciaux européens et l'administration coloniale. Un de ces changements résida dans le passage progressif, mais prodigieux, d'une économie fondée sur des cultures industrielles orientées vers le marché international.

A long terme, nous fait remarquer July, « cette évolution eut des conséquence qui débordèrent largement le cadre de l'économie » 870(*).

L'accession à l'indépendance était à la fois une fin et un commencement. Tout en venant heureusement couronner le combat nationaliste, elle marquait aussi le point de départ vers des objectifs demeurés jusque-là inaccessibles pour un peuple colonisé.

Le colonialisme avait introduit le concept révolutionnaire du développement économique, mais l'autonomie matérielle échapperait aux africains tant que la liberté politique n'aurait pas garanti à l'Afrique d'être le premier bénéficiaire des fruits de son économie. La domination européenne avait été à l'origine de nouveaux découpages territoriaux et de propositions sans précédent sur l'importance et les fonctions du gouvernement, mais seule la rigueur de la direction autochtone était capable d'assurer finalement la stabilité politique. C'était également l'impérialisme occidental qui avait ouvert à l'Afrique un monde plus vaste, mais il n' y avait que les pays indépendants qui pouvaient prétendre jouer un rôle effectif dans les affaires internationales.

En un siècle et demi, l'Occident avait dominé des secteurs de plus en plus larges de la vie africaine ; l'indépendance politique n'était donc que le premier pas vers une plus grande liberté sociale, économique et intellectuelle, débouchant sur « la création et l'affirmation d'une identité authentiquement africaine dans la civilisation mondiale » 871(*).

En pleine inflation démographique, insuffisamment équipée, longtemps exploitée et agie par des instructions transposées de l'Europe, l'Afrique noire moderne se doit, tant au nom de la dignité humaine que pour assurer sa place dans la politique internationale, de choisir, après un examen sans complaisance, une notion de Nation aussi réaliste qu'efficace. Il s'agira premièrement d'élaborer une idéologie qui permettra d'asseoir les institutions sur un support socio-politique concret et de reconnaître aux communautés villageoises la prise en main de leurs propres affaires, leur assurerait, sur les décisions qui les concernent, une maîtrise qui leur échappe jusqu'à ce jour. Deuxièmement, l'Etat central devrait être partiellement dissout dans les institutions régionales, locales élues par les populations en transférant des responsabilités administratives et économiques à ces institutions. Au Sénégal, une décentralisation est en cours depuis quelques années et ce projet de régionalisation sera sans doute, si cela réussit, un facteur décisif dans un but salutaire.

Enfin le parti politique centralisé, hiérarchisé, monolithique devrait faire place à un parti politique décentralisé au sein duquel doivent être poursuivies les transformations nécessaires à un débat politique beaucoup plus responsable, un débat ouvert dans lequel les populations intéressées - elles-mêmes prendront part et chaque membre de l'ensemble jouera son rôle pleinement.

Paragraphe 1 : Le besoin d'idées nouvelles pour l'Afrique : l'idéologie comme support socio-politique

L'Afrique nouvelle a besoin d'une idéologie qui assure sa propre cohérence interne pour se libérer effectivement de l'impérialisme sous toutes ses formes. La philosophie en général, l'Anthropologie en particulier doit jouer le rôle d'instrument qui sert à établir une idéologie de la libéralisation et un type de cohésion sociale, soit qu'elle fournisse une base théorique à un système socio-politique, soit qu'elle prenne elle-même la forme d'une philosophie politique ou d'une éthique. Elle doit jouer le rôle d'une théorie sociale du devenir africain non seulement sur la formation économique et sociale, mais aussi sur les problèmes liés à l'avènement d'une culture nationale vivante et révolutionnaire. Cette culture, produit de la société et synthèse dynamique que la conscience sociale élabore et fixe, implique une révolution idéologique et techno-scientifique. Elle suppose que soit opérée une révolution dans les rapports de production existant dans la société africaine actuelle. La culture nationale est le fondement de l'idéologie dont l'Afrique noire actuelle a besoin et le pouvoir qui répondra à ses aspirations concrètes.

A. Le rôle de la culture dans l'avènement d'une idéologie adaptée aux réalités sociales africaines

C'est Jean Paul Sartres qui disait à juste titre que « quand la classe montante prend conscience d'elle-même, cette prise de conscience agit à distance sur les intellectuels et désagrége les idées dans leurs têtes » 872(*). Ce rôle est en réalité la responsabilité qui incombe à l'homme de culture, mieux à l'intellectuel africain. Il s'agit en fait d'articuler notre effort dans l'action de libération des peuples colonisés ou ex-colonisés en combattant pour la dignité des peuples opprimés pour la vérité de leur histoire et pour leur reconnaissance. C'est aussi pour le monde tout entier que nous devons combattre pour le libérer de l'oppression, de la tyrannie, de l'injustice, de la haine et du fanatisme. Nous voulons un monde rajeuni et rééquilibré, comme le disait Aimé Césaire : « sans quoi rien n'aurait aucun sens, rien et pas même notre victoire de demain. Alors et alors seulement nous aurons vaincu et notre victoire finale marquera l'avènement d'une ère nouvelle » 873(*). Nous aurons contribué à donner un sens aux mots Etat et Nation de façon large. Ainsi : « nous aurons aidé à fonder l'humanisme universel» 874(*).

Il s'agit de rendre au peuple sa souveraineté, de le conscientiser en lui faisant assimiler une doctrine et un programme adaptés à ses besoins réels, de le politiser en rendant la « nation » globale présente à chaque citoyen, en faisant l'expérience de la nation, l'expérience de chaque citoyen.

Pour ce faire, un programme est nécessaire à un gouvernement qui veut vraiment libérer politiquement et socialement son « peuple ». Il faut un programme économique certes mais aussi une « doctrine sur la répartition des richesses et sur les relations sociales » 875(*).

Il s'agit, pour les dirigeants de se mettre au service du peuple, de se sacrifier pour le peuple, de le mobiliser pour une action efficace et inaliénable. Ils doivent favoriser l'incorporation de chaque citoyen dans la société dont ils sont le moteur car : le gouvernement national, s'il veut être national doit « gouverner par le peuple et pour le peuple, pour les déshérités et par les déshérités » 876(*). Aucun leader, quelle que soit sa valeur, ne peut se substituer à la volonté populaire et le gouvernement populaire doit, avant de se préoccuper de prestige international, redonner dignité à chaque citoyen, c'est-à-dire « meubler les cerveaux, emplir les yeux de choses humaines, développer un panorama humain parce qu'habité par des hommes conscients et souverains » 877(*).

Cette culture du développement doit s'appuyer sur ces citoyens déshérités sur leurs besoins et aussi sur la science et la technique modernes adaptées. Elle doit naître d'un enseignement dont les programmes, le contenu et les méthodes traduisent le milieu et le vécu des masses et s'y insèrent solidement. Cela veut dire que tout ce qui se fera dans le domaine de l'enseignement à tous les niveaux, devra être en fonction des impératifs du développement économique intimement liés aux intérêts culturels et matériels des classes populaires africaines.

Comme le dit H. Hegbo Nlend, « Il faut être résolument moderne dans la fidélité à l'Afrique d'hier » 878(*). Nous devons reformer notre mentalité « pré-industrielle et fataliste », susciter la créativité, progresser et faire l'histoire.

Une telle culture vise à harmoniser les rapports entre la personnalité de chaque membre de la société et la personnalité du peuple tout entier d'une part, d'autre part à responsabiliser le peuple et ses dirigeants pour une cause commune, en socialisant les consciences et en moralisant les moeurs en vue de bâtir une « nation » dont l'édification sera sortie des muscles et du cerveau des citoyens.

Cette nation sera le fruit d'une évolution adaptative concertée. Enfin elle sera une orientation de l'idéologie que l'Afrique noire contemporaine réclame avec la dernière énergie.

B. Le socialisme démocratique comme idéologie adaptée aux réalités de l'Afrique noire moderne

Le socialisme sera pour nous comme le préconise Durkheim 879(*), « une contestation permanente ». Ainsi, l'idéologie servira l'idéologie en tant que système de pensée servant à introduire un ordre spécifique dans toute la vie sociale, et pour ce faire, emploiera de nombreux moyens ; elle se déploiera dans la pensée politique, sociale et morale... Elle se manifestera par la « structure de classe, l'histoire, la littérature, l'art, la religion » 880(*).

Dès lors, nous pouvons dire que toute société repose sur une idéologie, idéologie dont elle n'a pas nécessairement et à tout prix conscience. L'Afrique noire nouvelle doit prendre conscience de son idéologie. Lors du congrès Panafricain de 1958 à Accra, la question suivante a été posée : quelle voie suivra l'Afrique ? Du Bois répondait en disant : « avant tout, il faut souligner que l'Afrique moderne n'a pas le choix entre le capitalisme privé et le socialisme » et que « le monde entier y compris les pays capitalistes marchent vers le socialisme inéluctablement, implacablement » 881(*).

Les mentalités, les structures socio-économiques et les cosmogonies constituent déjà les pierres d'attente qui spécifient la vocation des masses africaines ; plus précisément, négro-africaines pour le socialisme. En Europe, le socialisme est le résultat d'une longue évolution. Ce socialisme est comme un phénomène « élaboré à partir de constructions doctrinales » ou une « technique reposant sur des lois, une réglementation et des institutions écrites ». La situation africaine est très différente. Ici, le fait communautaire est « naturel », « accord et harmonie », insertion, c'est-à-dire, « participation de l'individu au groupe social » 882(*).

Il ne fait donc pas de doute que c'est le socialisme qui est la voie à suivre pour l'Afrique noire moderne. Mais de quel socialisme s'agit-il ? Assurément, pas d'un socialisme transplanté, transféré d'Europe. Le socialisme marxiste orthodoxe par exemple est conçu pour les pays industrialisés. Il serait d'une application malaisée aux sociétés non développées car en fait on ne peut nationaliser des moyens de production là où ils n'existent guère. On ne saurait non plus collectiviser les compagnes là où la propriété privée proprement dite n'est guère connue. Ce socialisme ne se servira pas d'instrument mensonger et réactionnaire de l'impérialisme : les régimes politiques africains procèdent de la démocratie bourgeoise représentative. Cette démocratie est formelle et abstraite. Elle est autoritaire, basée sur l'exploitation économique et nécessairement nationaliste. Il ne s'agit même pas d'un socialisme spécifique et régional. Car ceux qui bénéficient de sa spécificité et de son aspect régional, sont les dirigeants bourgeois.  Les masses populaires non éduquées restent éloignées du pouvoir et stagnent dans leur misère et leur ignorance...

« Combien de politiciens bourgeois, dans divers pays, masquent leur politique bourgeoise derrière une phraséologie socialiste » ? Se demander Khroutchev 883(*). Ils annoncent l'avènement du socialisme et en même temps ils jettent les communistes en prison dit-il... et ils déclarent qu'ils combattent pour le socialisme... utilisent largement le mot d'ordre : « édification du socialisme pour duper les travailleurs » 884(*).

Le socialisme sera original et particulièrement symbiotique car comme le dit si bien Nkrumah : « L'idéologie de la révolution africaine... est, enfin le produit de la personnalité africaine, autant que des principes du socialisme scientifique » 885(*).

Nous entendons porter cette idéologie au niveau de la science afin de développer les principes universellement valables de socialisme scientifique dans le cadre des catégories élaborées par le milieu social africain. Le premier acte libérateur de l'Afrique n'est possible que si cette idéologie socialiste de révolution africaine, anime les masses africaines de la volonté de changement des structures sociales qui sont la cause de leur exploitation et partant, détruit le mythe importé et accepté d'une société globale : sans parler de « monstre à une seule tête qui, dans l'inconscient collectif, a succédé à la province comme puissance tutélaire et totalité omnisciente » 886(*) ; nous pouvons dire que l'Afrique profonde est demeurée dans une large mesure, un pays de « micro-sociétés » et de « micro-nations », où il y avait des structures familiales, des communautés villageoises, des solidarités ethniques, des associations naturelles ou

spontanées d'épargnes collectives... qui constituent d'après Thierry Michalon «les seules institutions authentiquement vécues ou acceptées» 887(*).

C'est à ce prix que ce corps social, en respectant les structures réelles de la société africaine traditionnelle pourra les intégrer positivement dans un processus de l'universel. Ce socialisme exige le dialogue jusqu'à l'extinction de la voix et le respect de la personnalité nationale.

Il est le sens de la démocratie, comme l'indique l'étymologie grecque : un système politique qui considère le peuple comme la source et le but final du pouvoir.

Il s'agira d'un socialisme vivant et créateur, l'oeuvre des masses populaires elles-mêmes. Il sera essentiellement autogéré sur le plan politique et préconisera la conscientisation de type nouveau et la participation effective de la base aux affaires de l'Etat. Sur le plan économique, il prône la constitution d'organismes qui ne soient ni privés, ni étatiques mais gérés par les usagers eux-mêmes groupés en communautés de base ; les communautés naturelles recevraient la maîtrise de leur propre développement, et les initiatives prises localement se traduiraient par une meilleure mise en valeur des potentialités locales.

En claire ce socialisme voudrait créer pour chaque homme son espace de liberté pour assumer son existence et celle des autres, attribuer à chaque négro-africain, le rôle de participation (méritocratique). Il est pour réaliser un développement où l'on s'accomplit sans se nier, pour devenir un moment de l'universel : savoir adopter et adapter. Il définit l'orientation de l'Etat pour l'Afrique noire telle qu'elle devrait être...

Socialisme et unité africaine sont organiquement complémentaire. En effet au coeur du concept de l'unité africaine se trouve le socialisme et la définition socialiste de la nouvelle société africaine.

Le socialisme implique  888(*) :

1. La propriété commune des moyens de production, de distribution et d'échange. La production pour le besoin et non pour le profit.

2.La planification par l'Etat, des moyens de production basée sur l'industrie et l'agriculture modernes.

3. Le pouvoir politique aux mains du peuple grâce à la transformation, par la masse totale des travailleurs, de l'appareil gouvernemental nécessaire en un appareil exprimant leurs besoins et leurs aspirations. Il s'agit d'un concept qui va de pair avec l'esprit humaniste et égalitaire qui caractérise la société africaine traditionnelle. Encore qu'il doive être appliqué dans un contexte moderne.

4. L'application des méthodes scientifiques à toutes les sphères de pensée et de production.

Le socialisme doit fournir une nouvelle synthèse dans laquelle la société technique avancée est atteinte sans les maux épouvantables et les profonds clivages de la société industrielle capitaliste.

Le socialisme est devenu une nécessité dans le discours des dirigeants politiques africains bien qu'aucun d'entre eux ne pratique une politique socialiste. Nous devons alors rester sur nos gardes contre les mesures qualifiées de socialistes mais qui en fait ne favorisent pas le développement économique et social.

Il y a différentes voies au socialisme et des ajustements doivent être faits pour convenir à différentes circonstances. Mais elles ne doivent pas être décidées ou être soumises à la fantaisie des goûts.

Peut être que sous le socialisme, nous pourrons accumuler le capital dont nous avons besoin pour notre développement, nous assurer que les profits des investissements sont affectés au bien-être général et atteindre notre « objectif de continent libre et uni » 889(*).

C. Le Panafricanisme et le concept de l'Unité africaine

Les limites du nationalisme ont été depuis longtemps reconnues par les plus évolués des dirigeants des mouvements de libération ; mais partout où les conditions de passage à un niveau idéologique supérieur et à une forme plus globale de lutte n'existaient pas, le nécessaire ne pouvait être fait et le nationalisme ne pouvait être transcendé.

Entre la seconde guerre mondiale et l'indépendance, le mouvement panafricain s'attaqua essentiellement aux restrictions politiques et aux brimades raciales du gouvernement colonial.

Le Ve congrès panafricain de 1945 avait pour thème l'anticolonialisme et les droits de l'homme noir en général, ces thèmes convergeant autour de la revendication de l'indépendance nationale en Afrique. En même temps, les colonisés francophones d'Afrique et des Antilles élaborèrent le concept de « négritude » et créèrent la revue présence africaine, qui célébrait les réalisations culturelles africaines, manifestation qui atteignit son point culminant avec les deux conférences des écrivains et artistes noirs tenues en 1956 et 1959. Dès 1957, cependant, après l'accession du Ghana à l'indépendance et alors que l'émancipation des autres territoires était en vue, le panafricanisme évolua rapidement vers la recherche de l'unité internationale, afin d'atteindre les objectifs défendus avec éloquence par Kwame Nkrumah.

1°) Les visées panafricaines et l'idée de Nation

Si l'on a cherché à instaurer des gouvernements forts pour assurer l'assise nécessaire au développement économique, l'unité panafricaine n'a cessé, depuis l'indépendance, d'être un instrument utilisé par l'Afrique pour surmonter les faiblesses nationales dans un monde dangereux. La plupart des hommes d'Etat africains ont constamment plaidé en faveur de l'unité panafricaine, mais c'est Kwamé Nkrumah qui a été le porte-parole le plus éloquent de ce mouvement. Pour Nkrumah, les nouveaux Etats africains, en raison de leur faiblesse individuelle, n'étaient guère en mesure d'influencer les grandes puissances, ni pour les amener à renoncer à une course aux armements dangereux et absurdes, ni pour les inciter à consacrer leurs crédits militaires à la solution des problèmes économiques du monde en développement. Par contre l'Afrique unie pourrait réaliser beaucoup. Elle pourrait être une voix puissante au sein des Nations Unies, une troisième force de l'Est et de l'Ouest, et une communauté économique qui élèverait l'Afrique du rang d'Humble fournisseur de matières premières à celui de zone industrialisée, moderne, riche et prospère. De ce fait, Nkrumah critiquait l'association économique et politique avec les anciens maîtres coloniaux, soulignant par exemple, qu'un marché commun africain était préférable à la qualité de membre associé de la CEE qui avait les faveurs des anciennes colonies françaises.

L'année 1958, fut marquée par plusieurs initiatives importantes, qui, pour la plupart, avaient un lien direct avec Nkrumah et le Ghana. En avril, la conférence des Etats africains indépendants, tenue à Accra, reconnut le gouvernement révolutionnaire, Front de libération nationale (FLN), comme le représentant légitime de l'Algérie et souligna le caractère réel de l'unité africaine en constituant un groupe spécial aux Nations Unies, composé des ambassadeurs africains. Le mois de septembre vit la création d'un autre groupement, le Pan-African Freedom Movement of East and Central Africa-PAFMECA (Mouvement panafricain de libération de l'Afrique Orientale et Centrale), qui avait pour but de soutenir les mouvements d'indépendance dans cette zone ; puis, après que la Guinée eut choisi l'émancipation de la tutelle française, l'Union Ghana-Guinée de novembre 1958 démontra de manière spectaculaire la capacité et la volonté des africains de s'unir pour se prêter assistance.

Le point culminant de l'année se situe cependant en décembre avec la conférence des Etats indépendants africains à Accra, à laquelle participaient des délégués représentant les formations politiques et les syndicats de 28 pays ayant encore, pour la plupart, le statut de colonie. Cette rencontre fournit à Patrice Lumumba l'élan qui contribua à accélérer l'évolution rapide du Congo vers l'indépendance, tandis que la prestation remarquable de Tom Mboya, président de la conférence, attira l'attention sur le combat nationaliste au Kenya, alors dans « une phase cruciale » 890(*).

Après ce premier accès d'enthousiasme, le mouvement panafricain changea à nouveau de caractère. L'accroissement du nombre des Etats indépendants provoquait à la fois l'apparition de problèmes locaux prioritaires et l'extension du groupe des leaders africains, qui, par leurs ambitions personnelles, leur tempérament ou leur formation, rendaient la coopération internationale « de plus en plus difficile » 891(*).

Il y a eu alors plus de vingt cinq Etats africains indépendants qui s'interrogeaient sur l'opportunité de la révolution ; d'où la conférence panafricaine réunie à Monrovia en 1961 et 1962, fut consacrée à la fois à la non-ingérence dans les affaires intérieures et à une relance de l'unité continentale. C'est ainsi qu'en mai 1963, trente Etats se rencontrèrent à Addis-Abéba et signèrent la Charte instituant l'OUA. Il s'agit du concept de l'unité africaine qu'il faut approfondir par rapport au concept de la Nation africaine, ce que nous tenterons de faire.

Les vraies dimensions de cette lutte ont été définies au Ve Congrès Panafricain tenu à Manchester, Angleterre, en 1945, lorsque les résolutions adoptées spécifièrent que l'objectif ultime de ce mouvement de libération nationale était de tracer la voie de la reconstruction nationale et de promouvoir la démocratie et la prospérité pour les masses populaires, à travers un combat panafricain contre le colonialisme et toutes les nouvelles manifestations de l'impérialisme. Aucune référence n'avait été faite au néo-colonialisme en tant que tel, parce que celui-ci ne s'est considérablement développé en Afrique qu'après 1957. Mais le panafricanisme qui s'est exprimé au Congrès de Manchester et à la Conférence Panafricaine des Peuples (1958) s'inspirait de la très ancienne aspiration à l'unité de tous les peuples d'origine africaine exploités en tant que travailleurs et en tant que race.

2°) Le concept de l'unité africaine face à l'idée de nation

L'unité africaine, concrètement implique :

1. Que l'impérialisme et l'oppression étrangère soient éradiqués sous toutes leurs formes.

2. Que le néo-colonialisme soit démasqué et éliminé.

3. Que la nouvelle nation africaine se développe un cadre continental. Ce qui suppose cette renaissance 892(*).

Cependant le contenu spécifique du nouvel ordre social au sein des nations africaines en développement reste à définir 893(*).

Certains penseurs africains 894(*) pensent qu'une nation africaine ne peut se former qu'autour d'une langue commune ... Il semblerait qu'ils aient opté pour la conception objective de la nation en posant le critère de la langue comme le facteur essentiel de l'intégration des peuples d'Afrique dans une "nation" commune.

Seulement, cette intégration ne doit pas uniquement se faire par la langue, la race, l'histoire ... Mais avec les langues, les races, les diversité acceptées comme "facteurs intégrants" et pour une unité qui parce qu'elle se voudra réaliste, sera d'abord psychique, c'est-à-dire qu'elle se fera au niveau de la conscience, au niveau moral 895(*). Sinon on risquerait de glisser vers les nationalismes en Afrique. Mais qu'est-ce que justement le Nationalisme en Afrique ? C'est ce que nous allons tenter ici d'élucider.

D. Le nationalisme et le concept de la Nation africaine

En Afrique, le nationalisme a été le cadre idéologique de la lutte anti-colonialiste et traduisait le besoin d'indépendance nationale des peuples colonisés.

C'est un concept plus facilement accepté par les populations des territoires où le bas niveau de développement des forces productives (et pourtant, l'implantation capitaliste), et de l'absence d'éléments autochtones dans les sphères du pouvoir politique ont été des facteurs favorisant la formation d'un front uni de militants, une des conditions primordiales de la victoire d'un mouvement de libération.

1°) Le nationalisme et la question démocratique en Afrique moderne :

Il convient d'abord de rappeler qu'en Europe, en même temps que l'Etat Libéral, se développe le Nationalisme 896(*). Ce n'est pas seulement une coïncidence, les deux phénomènes sont liés. Nous avons vu leur origine commune dans la Révolution de 1789. Or, le Nationalisme est rigoureusement contradictoire au libéralisme politique. Le Nationalisme populaire, beaucoup plus important que la doctrine nationaliste, est un sentiment de masse qui ne tolère pas la liberté pour ce qui n'est pas national.

C'est un sentiment d'exclusivité et de discrimination. La Nation devient une valeur qui permet de jurer de ce qui est bien et mal. La Nation exige la fidélité suprême de l'homme, de tous les hommes qui sont absorbés en elle. Ce qu'exprime le Nationalisme croissant de 1800 à 1870, c'est une conscience de groupe qui ne tolère aucun pluralisme, ni à l'extérieur, ni à l'intérieur. Vers l'extérieur, c'est le rejet de tout ce qui est étranger, le durcissement des frontières, la rigueur juridique des statuts de national et d'étranger, un prosélytisme qui prétend imposer les trouvailles politiques françaises à l'étranger (le nationalisme porte sur la République par rapport à l'Etranger ). A l'égard de l'intérieur, c'est la volonté d'unification de la Nation qui s'exprime. La Nation ne peut être fédérale ou pluraliste. Elle doit être unitaire.

Ce Nationalisme dominera même la politique étrangère conçue en fonction des "nationalités" (par exemple la politique de Napoléon III ). Et ceci conduira en réalité l'Etat libéral à une politique impérialiste (car le nationalisme est impérialiste), dont nous connaissons les fondements économiques.

A l'intérieur il faut une seule structure nationale, une langue nationale exclusive, une éducation nationale qui accroît ce sentiment d'unité.

L'instruction publique fut considérée comme un instrument de propagande. "Elle doit constituer la Nation" 897(*). Elle est le ressort moral du gouvernement. C'est "une machine puissante dans le système politique", « un gouvernement des esprits par l'esprit » 898(*).

Il y a donc formation volontaire d'un sentiment national avec un corps d'enseignement «formé à l'Etat soumis par l'Etat et payé par l'Etat»899(*).

Auparavant le sentiment de nationalité existait (jusqu'au XVIIIè siècle ) mais il est conscient, inarticulé. Le XIXè siècle en fait un sentiment cultivé volontairement, avec un contenu systématique. En effet c'est seulement vers 1848 que le Nationalisme sera érigé en doctrine.

L'aspect sentimental de la manifestation de l'idée de nation est le patriotisme, et l'Etat libéral est celui, où, historiquement, le patriotisme a atteint son exaltation et l'on tend à confondre Nation et Partie jusqu'alors dissociées.

Le Nationalisme qui demande le sacrifice total à l'individu constitue en compensation la Nation en absolu.

Mais cette Nation ne peut être forte, puissante, admirée, etc.... que si l'Etat qui l'a dirige est lui-même puissant. « le Nationalisme est une doctrine qui érige l'égoïsme étatique en vertu et subordonne tout à l'accroissement de la puissance de l'Etat » 900(*).

Cet égoïsme commande aussi bien la politique commerciale que les alliances ou les programmes scolaires, et son agent d'exécution est l'Etat. Où en effet s'incarne la Nation ? où devient-elle visible ? Dans l'Etat ou dans le peuple ? il est vrai qu'entre 1815 et 1818, au moment de l'occupation de la France par les troupes alliées, les intellectuels de l'époque comme le dit P.L. Courrier 901(*) s'étaient indignés pour réclamer l'incarnation de la nation par le peuple et non par les représentants de l'Etat qui avaient "trahi la patrie". C'est uniquement dans l'Etat qu'aujourd'hui se manifeste la Nation car l'on ne connaît clairement la puissance, la richesse et la vérité de la Nation que par la puissance, la richesse et la justification de l'Etat. Il y a une assimilation idéologique des deux, qui existe déjà en 1848 et qui prépare le complexe ultérieur de l'"Etat -Nation". Mais ceci est la négation même de l'Etat libéral.

"Un Etat libéral ne peut être l'incarnation de la Nation" 902(*) , il ne peut pas mener une politique de puissance, "il ne doit pas faire de la Nation un bloc unitaire" 903(*).

Il y a donc contradiction radicale entre ces deux mouvements pourtant conjugués 904(*).

Les peuples colonisés ne se différencient pas profondément du point de vue social et sont exploités pratiquement sans discrimination par la puissance coloniale. De ce fait le slogan : "la Nation doit être libérée du colonialisme" est un cri de ralliement dont l'influence est accrue par le fait que l'agent du colonialisme exploitant le territoire de l'intérieur est connu de tous. C'est donc le peuple tout entier qui se révolte et lutte en tant que "classe-nation" contre l'oppression coloniale et obtient l'indépendance.

La phase nationaliste est une étape nécessaire dans la lutte de libération, mais ne doit jamais être considérée comme une solution finale aux problèmes posés par l'exploitation économique et politique des peuples. Car le "nationalisme" est très limité opérationnel qu'à l'intérieur d'un cadre géopolitique crée par les puissances coloniales selon le découpage effectué en 1884 à la conférence de Berlin où la carte politique de l'Afrique actuelle fut tracée.

Les divers peuples d'Afrique ne sont pas et n'ont historiquement jamais été confinés à l'intérieur de frontières rigides scellant des territoires appelés "Nigeria", "Togo", "Sénégal" et autres. Certaines populations l'acceptent mal.

Les mouvements naturels des peuples africains et de leurs sociétés se sont, depuis des temps immémoriaux, déroulés de façon extensive le long d'axes tels que du Nil au Congo, du Sénégal au Niger et du Congo au Zambèze. Cette opinion a été beaucoup développée ici au cours de notre étude de l'histoire des peuples du Sénégal... Il s'agit de la perméabilité des frontières.

Les "nations" africaines d'aujourd'hui, créées artificiellement ne répondent pas aux habitudes d'échange ou au genre de vie africain. Nous l'avons longuement démontré au cours de notre analyse. Cependant, elles continuent à se battre séparément chacune dans une tentative désespérée de faire du progrès, alors que le vrai obstacle à leur développement, l'impérialisme, principalement à son stade néocolonialiste, est en train d'opérer à l'échelle panafricaine. Déjà, de vastes zones de l'Afrique sont économiquement intégrées dans l'intérêt exclusif du capital financier international. Une étude sur l'organisation et le fonctionnement de la plupart des grandes firmes commerciales, de trusts miniers ou de cartels industriels opérant en Afrique démontrent qu'ils fonctionnent tous, directement ou indirectement, à une échelle continentale. Beaucoup d'entre eux font partie d'une infrastructure générale étendue sur plusieurs continents (...). Il s'agit des multinationales.

Il est temps que les Africains aussi planifient leur développement économique et politique sur une échelle continentale.

Le concept de "l'Unité Africaine" englobe semble-t-il les besoins fondamentaux et caractéristiques de la civilisation et de l'idéologie africaines et en même temps satisfait toutes les conditions nécessaires pour une avance économique et technologique accélérée 905(*).

Un tel développement maximal assurerait sans doute une utilisation rationnelle des ressources matérielles et des potentialités humaines de ce continent dans le cadre d'une économie intégrée et à l'intérieur de secteurs complémentaires de production éliminant toute forme inutile de compétition, d'aliénation économiques et de double emploi.

L'idée n'est pas de détruire ou de démanteler les complexes miniers et compagnies industrielles étrangères à travers l'Afrique, mais de les reprendre et de les exploiter dans le seul intérêt des peuples africains.

En fin de compte, les limites du "nationalisme" peuvent être observées dans l'extérieur des pays qui ont réussi à se défaire d'un impérialisme seulement pour être opprimés par un autre. Changer seulement de "Maître" n'est pas une solution à la pauvreté coloniale ou à l'étouffement néocolonialiste, même si l'exploitation est conséquemment pratiquée d'une manière plus subtile.

Le Concept de "l'unité africaine"offre donc une indispensable dimension continentale au concept de la nation africaine. Et aussi une alternative à la démocratie africaine 906(*).

2°) Comment distinguer les nationalismes dans l'Afrique noire moderne ?

Il convient par-là de comprendre dans quelles mesures l'idéologie marxiste peut nous fournir un fil conducteur dans le cadre des passions nationalistes contradictoires en Afrique.

Tout d'abord, le marxisme opère une distinction capitale entre le nationalisme des oppresseurs et celui des opprimés. Cette distinction reste pertinente et constitue une boussole précieuse pour s'orienter dans la tempête actuelle. Mais son utilisation est souvent compliquée par un aspect bien connu du nationalisme moderne : Chaque nation opprimée, à peine libérée (ou même avant) n' a rien de plus pressé et urgent que d'exercer une oppression analogue sur ses propres minorités nationales. Fréquemment, lors des conflits inter-ethniques modernes, chaque côté persécute sa minorité appartenant à la nation rivale, tout en manipulant ses compatriotes de l'autre côté de la frontière. Le Sénégal, nous l'avons vu, offre un exemple de cette douloureuse expérience. Ainsi, en est-il d'autres pays de l'Afrique moderne ?

Comme l'observe lucidement Etienne Balibar dans un livre récent907(*). On se gardera de confondre nationalisme de conquête et de libération, nationalisme des dominants et des dominés. Mais aussi d'ignorer les effets de mimétisme et de renversement que rend possible toute situation d'affrontement entre des nationalismes adverses, ainsi que, là encore, les effets pratiques meurtriers que comporte la dénonciation exclusive du nationalisme des autres, sur le mode de la dénégation et de la projection 908(*)

Il est donc nécessaire de fixer un critère pour démêler l'écheveau des revendications contradictoires et mutuellement exclusives. Ce critère ne peut être que celui commun aux socialistes et aux démocrates du droit à l'autodétermination (jusqu'à la séparation) de toute nation, c'est-à-dire toute communauté qui se considère telle. Indifférent aux mythes du sang et du sol, ne reconnaissant aucune légitimité purement religieuse ou historique sur un territoire donné, ce critère a l'immense avantage de ne se référer qu'aux principes universels de la démocratie et de la souveraineté populaire et de prendre uniquement en considération les réalités démographiques concrètes d'un espace habité quelconque.

Ce principe n'empêche pas les socialistes de défendre l'option qui leur semble la plus désirable ou la plus progressiste à un moment historique donné : la séparation étatique (indépendance ), la fédération, la confédération. L'essentiel c'est que ce soient les nations et communautés intéressées qui décident, librement de leur avenir. L'Afrique moderne est confrontée à cette difficulté. Pour s'en défaire, il lui faut une voie nouvelle.

La suite logique d'une tentative de création d'un continent bien proprement divisé en Etats territoriaux cohérents, chacun d'eux étant habité par une population distincte plus ou moins homogène sur le plan ethnique et linguistique, était l'expulsion ou l'extermination massive des minorités. Les Etats sont jaloux de leur souveraineté : « tel était, et reste, la reductio ad absurdum meurtrière du nationalisme dans sa version territoriale, bien que cela n'ait pas été totalement démontré avant le années 1940 » 909(*). Les conflits en Afrique moderne en sont une tragique illustration. A titre d'exemple, il y a le cas de la Somalie, de l'Ethiopie, des pays expulsant des populations entières, au Gabon, au Nigeria, ... enfin le Sénégal et ses voisins comme la Mauritanie et tout récemment la Gambie ... Ces pays expulsent de leur territoire jusqu'à présent des milliers de personnes en fonction des événements. C'est ce que le président du Bénin actuel Monsieur Nicéphore Soglo appelle "le nationalisme de clocher" 910(*) ou le nationalisme étroit, incapable de réaliser à quelque échelon que ce soit, le concept de l'unité africaine et à moins forte raison le concept de la nation africaine. Ce qui pose la question des aspirations nationales en Afrique.

3°) La question des "aspirations nationales" en Afrique moderne :

La remontée de ce qu'il est convenu d'appeler les nationalismes ne sauraient effacer les différences essentielles entre les questions nationales qui relèvent d'une révolte légitime contre la domination et le pillage impérialiste, celles qui traduisent le rejet du joug bureaucratique, et celles qui participent à la crise des Etats-Nations dominants. En politique, ces différences sont essentielles. Même si, dans un monde aux relations de domination de plus en plus imbriquées, l'opprimé d'hier peut vite devenir l'oppresseur de demain, partout où s'exerce une oppression nationale, le droit à l'autodétermination, c'est-à-dire le droit à la séparation et à la formation d'un Etat indépendant, doit être inconditionnellement soutenu. La reconnaissance active d'un tel droit en Afrique moderne peut seule dissiper méfiances et ressentiments accumulés.

Lénine soulignait seulement "l'asymétrie de ce combat" 911(*). Dans la nation qui opprime, l'accent est mis sur le soutien des opprimés et la défense active de leur souveraineté, sans en négocier l'usage éventuel. Inversement, dans la nation opprimée, la défense révolutionnaire des revendications nationales n'implique pas de céder aux sirènes de l'union sacrée, mais d'insister au contraire sur la solidarité de classe avec les exploités de la nation dominante et sur les perspectives d'union volontaire. C'est pour "le B - A - BA de l'internationalisme"912(*).

Du point de vue des classes sociales, il faut reconnaître qu'une nation n'est pas un tout homogène. Elle est formée d'exploiteurs et d'exploités. L'autre n'est jamais un ennemi absolu. Il est toujours aussi un autre soi-même. Autrement dit, le point de vue de la classe sociale exclut l'escalade aux extrêmes des conflits nationaux et religieux. Il appelle une démarche de fraternisation et d'universalisation contraire aux "guerres totales dont Guibert avait, dès la fin du XVIIIe siècle, prévu l'infernale logique" 913(*).

Justement effrayé par cette perspective, Renan 914(*) ne trouvait à lui opposer que le "doux symbole"de la légitimité dynastique, la subtilité tempérée des "petites guerres" en dentelles, et l'espérance abstraite d'une fédération pacifique des nations. Il avait pourtant entrevu la portée "pacificatrice" de la "question sociale" : "le mouvement de l'histoire contemporaine est une sorte de balancement entre les questions patriotiques d'une part, les questions démocratiques et sociales de l'autre. Ces derniers problèmes ont un côté de légitimité et seront peut-être en un sens la grande pacification de l'avenir" 915(*). Il s'agit de rendre la paix aux hommes, à tout homme car comme le dit si bien Lévi Strauss 916(*) : « l'humanité peut être une ». Pour ce faire, il suffit qu'elle se fixe un "objectif commun" pour un "intérêt commun" et pour « une patrie commune » 917(*). Cela dit, quelle conception de la patrie faut-il pour l'Afrique moderne ?

4°) Quelle conception de la "Patrie" pour l'Afrique moderne ?

Patrie vient de "Pagus", c'est-à-dire le pays natal 918(*). Ici le choix n'est pas entre "cosmopolitisme" et "nationalisme" mais entre des formes d'attachement à une patrie, c'est-à-dire à une histoire, à un paysage, à un projet pour ce cadre géographique et humain. Si l'échelon national est détruit ou abandonné sous le poids conjoint des mécanismes du marché et que l'africain moderne pense s'y adapter en ne tentant même pas de les imiter... , on voit mal se construire l'"après national", de l'Africain moderne.

Certes, par-dessus les poteaux frontières abattus, circulent librement les capitaux, les marchandises et plus ou moins les hommes ; mais dans l'espace des anciens territoires nationaux, par le phénomène qu'ont bien du mal à expliquer nos idéologues réductionnistes, on voit se reconstituer des petites "nations", non plus celles-là fondées sur des principes citoyens 919(*) mais sur la race, le sang, l'Ethnie donc. D'où l'on purifie, l'on exclut, l'on meurtrit, l'on expulse ou tue...

La crise de l'Etat national, sa remise en cause les nations dépassées, l'impuissance à résoudre les problèmes qui s'y posent, le manque de solution à la crise d'un pays africain dans le cadre national... tout ceci provoque cette poussée de xénophobie et cet émiettement en "petites nations". Les apprentis sorciers de l'"après-national" peuvent être satisfaits. Eux qui s'en vont disserter sur le choix qui serait à faire entre "l'Europe et les tribus" 920(*),se retrouvent sans Europe mais avec des tribus. Il est indéniable que les nations soient en crise. Les Nations d'aujourd'hui seront peut-être les micro-nations de demain.

Le choix à faire est entre une nation fermée, recroquevillée sur son territoire, sur "sa" race, sa langue, une nation rabougrie, crispée, et qui parce qu'elle se veut "peuple" selon le sang, chasse l'étranger, le méprise ou le soumet à une situation inférieure ; ou bien alors une nation ouverte, intégrant dans un peuple de citoyens souverains, ceux qui acceptent les principes républicains qui la définissent. C'est cela l'exemple français. C'est « la liaison entre d'une part une histoire millénaire et d'autre part l'aventure bi-séculaire de la République ouverte sur l'universel » 921(*). Ainsi se pose le problème de l'acception et du contenu qu'il convient de donner à L'Etat-Nation en Afrique en général, au Sénégal en particulier.

Paragraphe 2 : L'Etat central partiellement dissout dans des institutions régionales élues par les populations où la nécessité d'une dialectique de l'Etat-nation et de l'Etat-fédérateur :

Cet Etat ne sera pas plaqué sur un peuple comme un masque et un carcan. Car il sera considéré comme une tyrannie et cette non-correspondance Etat-Nation entraîne le plus souvent les révolutions et les bouleversements politiques. Il ne sera pas de forme autocratique, de peur que le groupe d'hommes détenant le pouvoir, seuls à délibérer, décider, agir, sans aucune intervention obligatoire d'autres instances, ne convertisse leurs intérêts égoïstes et particuliers en intérêt général ; moins encore de forme démocratique directe du peuple c'est-à-dire de la communauté elle-même. Ce gouvernement direct ne serait possible que dans les sociétés réduites. C'est pourtant l'état idéal. Même pas de forme oligarchique mal dissimulée par un constitutionnalisme de pure façade. Il s'agira d'un Etat décentralisé accepté par l'ensemble du corps social et qui respecte les structures réelles de la société. Cet Etat est l'organisation politique de la nation avec comme buts l'aménagement de l'existence collective et le développement des services publics. Sa légitimité est dans la volonté librement exprimée de ses citoyens, de se donner une structure politique et inversement dans la garantie donnée par l'Etat de réaliser au mieux le bien commun sans sacrifier les droits et les libertés de ses membres. Il sera l'expression institutionnalisée de la nation en tant que celle-ci est la conscience collective.

Cet Etat se doit de transférer une large part de sa substance aux solidarités locales ou régionales pour pouvoir asseoir ses institutions sur un support socio-politique concret de l'Afrique noire ; car l'Etat centralisé et unificateur comme sa capitale, est coupé des réalités de l'Afrique noire. Frantz Fanon définit en quelques mots cette attitude de refus des structures centralisées : « dans un pays sous-développé, les membres dirigeants du parti doivent fuir la capitale comme la peste. Ils doivent résider à l'exception de quelques-uns, dans les régions rurales » 922(*). C'est-à-dire qu'on doit éviter de tout centraliser dans les grandes villes.

Amilcar Cabral est plus clair et plus décisif. Il pense que toutes les décisions concernant les structures de cette administration nouvelle doivent être prises en fonction des besoins et de la situation de la masse paysanne qui forme la plus grande partie des peuples africains. Ainsi il ne devra plus y avoir de chaînes de commandement issues de la période coloniale c'est-à-dire les gouverneurs de province et autres (....). Il faut surtout décentraliser autant que possible. (...). Pourquoi les ministères se seraient-ils dispersés, se demande-t-il ? Pourquoi nous encombrerions-nous du palais résidentiel, d'une concentration des ministères ? Ce sont là pense-t-il les « manifestations évidentes d'une élite montante qui deviendrait bientôt un groupe privilégié » 923(*).

La récente expérience comorienne caractérisée par des choix extrêmement radicaux dans le sens du démembrement des structures administratives héritées de la colonisation, est un exemple illustrant d'une approche de décentralisation au maximum 924(*).

Cette expérience représente et cela est essentiel, un mouvement dialectique pour « vidanger » résolument les institutions centrales de l'Etat et transférer une large part de leurs fonctions à des institutions nouvelles implantées en milieu rural, issues de ce milieu et chargées d'un rôle fondamental d'animation et de promotion. Ce transfert devra déboucher sur une prise en main par les communautés naturelles de leurs propres affaires. Il pourra se traduire concrètement sur trois plans.

1.Au plan économique, les communautés naturelles recevraient la maîtrise de leur propre développement, et des initiatives prises localement se traduisaient par une meilleure mise en valeur des potentialités locales ou régionales.

2.Au plan administratif. Les groupements spontanés devraient fournir à la fonction publique un fondement tangible autre que son allégeance toute fictive à l'Etat-Nation.

3.Au plan politique. Il s'agira de concevoir des structures de conscientisation et de participation d'un nouveau visage prenant la place des partis uniques sclérosés et démobilisateurs combien policiers.

Ces institutions nouvelles, régionalisées ou fédérales devraient conférer aux populations rurales prises dans leurs structures spontanées, les moyens de mettre en oeuvre par elles-mêmes les réelles potentialités d'un développement décentralisé et agricole. Elles exigent en outre, un transfert des responsabilités administratives.

L'administration africaine se présente comme fondement hétérogène de la nation : le service public ne s'exerce qu'à travers le filtre des affinités individuelles parfois, collectives perçues comme homogènes, comme indifférenciées. C'est pourquoi, l'Etat de l'Afrique noire moderne a le devoir impératif de remettre aux communautés naturelles l'essentiel des responsabilités administratives. Il s'agit de : substituer à la fonction publique une et centralisée, paralysée par « la mosaïque d'affinités qui le compartimentent à l'infini » 925(*), une série de fonctions publiques locales ou régionales, permettrait de fonder l'administration publique sur « un authentique sentiment communautaire » 926(*). Insérés dans la collectivité même dont ils sont issus, investis devant les leurs des tâches de service public, responsables devant une communauté concrète et non plus devant l'abstraction de l'Etat-Nation, « ces agents publics manifesteraient enfin cette conscience professionnelle qui leur manque de toute évidence aujourd'hui » 927(*).

Cet Etat fera émerger de la base les fins de la société et le sens de la vie. Il est de forme constitutionnelle. Son gouvernement se considère et est considéré par les citoyens comme tenu à l'observation des règles qui limitent sa liberté d'action par l'intervention obligatoire d'autres institutions et d'abord par un parlement ayant un rôle législatif et comportant une opposition jouissant d'un statut politique reconnu. Cet Etat devrait être structuré et organisé.

A. Structures et organisation de cet Etat

1°) Structure de l'Etat : Souveraineté et Egalité

L'Etat est un pouvoir, il exige, il commande, il décrète et il en a le droit. Ce droit est appelé souveraineté. Cette souveraineté est loin de satisfaire intégralement la théorie du contrat social, l'individualisme classique de Esmein. Elle se rapprochera en y ajoutant une note nouvelle au réalisme intégral de Duguit.

a) La théorie du contrat social

Pour Thomas Hobbes, le souverain, qu'il soit un chef, une oligarchie ou une assemblée, a tous les droits par délégations et abandons des droits naturels des hommes qui s'en remettent à lui. Jean-Jacques Rousseau reprit la théorie du contrat 928(*) pour montrer que la souveraineté appartient à la nation. Par ce contrat, chaque membre accepte de renoncer à faire tout ce qui lui plaît ou d'user à son gré de ses forces physiques. De cet abandon total et de ce renoncement loyal, le groupe prend acte. L'autorité du corps collectif est constituée virtuellement dès cet instant. Par cet engagement, qui est une aliénation de l'individu comme tel, et qui est l'émergence de cet être nouveau, le citoyen, le sujet accepte de ne vouloir désormais que l'intérêt de la nation, c'est-à-dire, l'intérêt commun. Or la volonté commune ne peut se manifester que par le vote de tous les membres. Pour savoir ce que veut le groupe, il faut qu'il le dise ; le citoyen reçoit en échange de son aliénation des intérêts individuels, le droit de vote sur l'intérêt collectif et, pour voter, son devoir de citoyen consiste à se placer non plus au point de vue de son intérêt particulier mais au point de vue de l'intérêt collectif. Selon Rousseau, l'homme va ainsi vers la maturité politique du citoyen. De ce point de vue de Jean-Jacques Rousseau, il apparaît deux objections.

La première est une objection pratique : ce système n'est applicable qu'à de petites communautés. La seconde est d'ordre de la logique : ce système n'est pas logique, parce qu'en principe, chacun a voté en son âme et conscience, en se plaçant, autant qu'il le peut, au point de vue de l'intérêt commun. Il accepte l'idée de pouvoir se tromper. La proclamation de l'avis majoritaire lui « ouvre les yeux » sur le véritable intérêt commun et, dès lors, il reconnaît que c'est cet intérêt même qu'il avait cherché sans pouvoir le formuler. Quant à l'Etat, il se trouve ainsi investi du double rôle de préparer les propositions de loi puis de faire exécuter la loi. Esmein acceptera-t-il les notions de conscience collective et de contrat social ?

b) L'individualisme de Esmein

Dans les éléments de droit constitutionnel (1899), Esmein refuse les notions de conscience collective et de contrat social. Pour lui, le droit public comme le droit privé a son point de départ dans l'individu considéré comme un être moralement libre, raisonnable et responsable. L'Etat serait la personnification juridique, ce qu'est la volonté pour l'individu, Duguit, dans « Manuel de Droit Constitutionnel » (1923) apporte une note assez réaliste.

c) Le réalisme intégral du Duguit

Pour lui, la nation est un élément de l'Etat mais non pas en ce qu'elle serait la substance personnelle de l'Etat mais en ce sens qu'elle est le milieu social où se produit le fait Etat. C'est la théorie de l'Etat comme fait, substituée à celle de l'Etat-personne investie d'une autorité de droit.

Ainsi quand le chef exprime sa volonté, on ne doit pas dire qu'il exprime celle de l'Etat qui n'est qu'une abstraction ni celle de la nation qui n'est qu'une fiction, mais sa propre conviction. L'ordre implique l'existence d'une volonté qui s'impose à une autre. D'une volonté de « qualité supérieure ». Il impose ainsi son pouvoir comme un pouvoir de droit quand il n'est qu'un pouvoir de fait.

Loin de recourir à la seule volonté de puissance arbitraire du chef, un fait s'impose aux gouvernants comme aux gouvernés c'est le fait de la solidarité sociale africaine . Une loi suprême s'en dégage pour l'Etat de la nouvelle Afrique noire : organiser, sauvegarder, défendre cette solidarité africaine. Elle est l'expression de la notion de souveraineté et par là même exprime l'égalité des citoyens.

Quant à la notion d'égalité, elle n'implique nullement un nivellement absolu ; il ne s'agit pas d'arracher au riche sa richesse... il s'agit ici de justice distributive beaucoup plus que de justice commutative. Ce qu'exige l'idéal démocratique, ce n'est pas du tout que tout le monde soit mis sur le même rang, mais au contraire que les diversités naturelles ou morales ne soient pas masquées ou remplacées par les inégalités artificielles du rang social ou de la fortune qui empêcherait l'être humain de développer au maximum ses aptitudes ; réaliser l'égalité des chances de manière à ne constituer l'élite dirigeante qu'avec des supériorités réelles ou supposées c'est-à-dire des individus dotés d'une supériorité arithmétique (avec des facteurs qui son numériquement supérieurs), puisqu'il n'y a que deux facteurs qui rentrent ici en ligne de compte : le matériel et le spirituel : l'Etre et l'Avoir dont la combinaison donne le Pouvoir. Ainsi être savant, sage et avoir des moyens pourrait entraîner des formes de supériorité réelles ou supposées. Telle serait l'exigence fondamentale de la nation démocratique telle qu'elle devrait être pensée pour l'Etat de l'Afrique noire moderne ; son organisation dépendrait essentiellement de cette structure.

* 869 Cf. R.W. July « Histoire des peuples d'Afrique noire » PUF, tome 4, p.10.

* 870 R.W. July, op., cit., tome 4, p.12.

* 871 R.W. July, op., cit., tome 4, p.87.

* 872 Cf. Jean Paul Sartres, « Critique de la raison dialectique », Ed. Gallimard, tome 1, p.23.

* 873 Voir Aimé Césaire, Extrait d'un article intitulé : L'homme de culture et ses responsabilités, in Présence Africaine, n°s 24/25, Février-Mars 1959, p.12.

* 874 Cf. Aimé Césaire ibidem.

* 875 Cf. Frantz Fanon, « Les Damnés de la terre », Ed. Maspéro, Paris, 1961, p.150.

* 876 Cf. Frantz Fanon, op., cit., p.151.

* 877 Cf. F . Fanon ibidem.

* 878 Voir H. Hegbo Nlend, « Pour un développement intégral », Paris 1964, p.25.

* 879 Cf. Durkheim « Le socialisme », PUF, intro.

* 880 K. Nkrumah, « Le consciencisme », Payot, Paris 1965, p.59.

* 881 Cf. Du Bois cité par L.V. Thomas, « Le socialisme et l'Afrique », Le livre Africain, Paris 1966, p.11.

* 882 Cf. D. Thiam, « La politique extérieure des Etats africains, Paris, PUF 1962, pp.33/34.

* 883 Cf. N. Khroutchev cité par L.V. Thomas, p.37.

* 884 Cf. ibidem.

* 885 Voir K.Nkrumah, « La lutte des classes en Afrique », Présence Africaine, Paris 1972, p.48.

* 886 D'après Thierry Michalon op. cit., p.38.

* 887 Cf. Thierry Michalon ibidem.

* 888 Voir Modibo Diallo dans « les grands révoutionnaires africains », Ed. Martinsart, p.127.

* 889 Cf. In Nkrumah Handbook of Revolutionary welafre, Guide to the armed phase of the African Revolution, Panaf books, 1968. Traduction de Modibo Diallo rapporté par «Les Grands Révolutionnaires africains, p.127.

* 890 D'après R.W.July, « Histoire des peuples d'Afrique noire », PUF tome 4, p.122.

* 891 R.W.July, op. cit., tome 4, p.123.

* 892 Cf. Supra Définition Nation.

* 893 Cf. Modibo Diallo : "Kwamé Nkrumah" dans "les grands Révolutionnaires africains" déjà cité page 127.

* 894 Comme Cheikh Anta Diop précité.

* 895 Voir notre développement au niveau moral, supra page 59

* 896 Cf. J. Ellul dans "Histoire des Institutions", tome 5 page 355 à propos des contradictions de l'Etat libéral.

* 897 Jacques Ellul op cit page 173.

* 898 Jacques Ellul ibidem.

* 899 Cf. Ibidem.

* 900 Cf. Ibidem.

* 901 Cf. Pamphlets de P.L. Courier pat Armand Carrel, Paris Garnier-Frères, 1886, pages 30 et suivantes.

* 902 J. Ellul op cit tome 5, pages 354-355.

* 903 Cf. Ibidem

* 904 D'après J. Ellul ibidem à propos des contradictions de l'Etat libéral précité

* 905 Voir le concept de l'Unité africaine, supra page 428.

* 906 Voir le socialisme supra page 415.

* 907 Cf. Etienne Balibar, "Les frontières de la démocratie", Paris, la Découverte, en 1992, page 80.

* 908 Cf. Ibidem.

* 909 Voir Eric Hobsbawn, « Nations et nationalisme depuis 1780, pp.171*172, cité par Michel Lowy « La Revue », Janvier 1993, p.41.

* 910 Cf. Président de la République du Bénin Nicéphore SOGLO déjà cité.

* 911 Par Daniel Bensaïd dans « La Revue » Janvier 1993, pp.29/30.

* 912 Cf. ibidem.

* 913 Ibidem par Bensaïd précité.

* 914 Cf. ibidem.

* 915 Daniel Bensaïd, op. Cit., pp.29/30.

* 916 Cf. L. Strauss « Race et histoire » Presse de l'UNESCO, p.12.

* 917 Voir Thierry dans « le Censeur » 1817 sur « la notion d'intérêt commun », déjà cité.

* 918 Voir Gérard Cost cité par Pierre C. Timbal dans Encylcopédie Universalis, p.7.

* 919 Ainsi dans la République française, est français celui qui reconnaît les lois et les principes de la République.

* 920 Naturellement plus question de nation dans ce colloque organisé à Paris, sous l'égide du Président de la République et de tous ceux qui allaient se rassembler autour du « oui » à Maastricht.

* 921 Cf. Max Gallo « La Revue » Janvier 1993, pp.24/25.

* 922 Cf. Frantz Fanon, « Les Damnés de la terre » Ed. Maspéro, Paris 1961, p.138.

* 923 Cf. A. Cabral cité par Thierry Michalon, op., cit., p.41.

* 924 Ici l'organigramme administratif a été totalement refondu et des structures originaires opérationnelles, qu'un noyau politico-administratif fort simplifié, proportionné à l'ampleur réelle des tâches imparties à l'Etat : un comité central des affaires intérieures chargé de l'enseignement fondamental et secondaire et des structures sanitaires de base ; un comité central des affaires extérieures, compétent en matière de diplomatie et de co-opération ; la Présidence de la République, regroupant le centre de planification économique et la défense nationale. Au plan territorial, l'administration est souple et décentralisée. Cf. Ph. Leymarie, « Décentralisation et lutte antiféodale aux Comores », Le Monde diplomatique novembre 1977.

* 925 Thierry Michalon, op., cit., pp.49/50.

* 926 Cf. ibidem.

* 927 Cf. ibidem.

* 928 Rousseau d'après « Du contrat social 1762 ».

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