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Le corps mis en scène dans une médiation théâtrale

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par Farida Amiou
Université Paris Denis Diderot, Paris VII - Master 1 de psychologie 2007
  

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1.2) L'atelier Théâtre : Martine en scène

« La scène est un lieu physique qui demande qu'on le remplisse, qu'on en fasse parler son langage concret »5(*)

-1.2.1) Déroulement d'une séance:

La participation des soignants offre un support identificatoire intéressant pour ces jeunes. De plus, le soignants sert de « starter » à la participation du groupe aux improvisations en ce sens qu'il se confronte aux même butées qu'eux : l'inquiétude du regard de l'autre, la peur du « trou » de mémoire.

Cette part active des soignants aux exercices proposés, au même titre que les patients, vient interroger le remaniement entre la place de soignant et celle du patient, et qui montre à quel point cette proximité de jeu est très difficile à tenir, parce qu'elle nous dévoile devant les autres et devant nous-mêmes, comme elle dévoile le patient. Il y a une frontière qui s'abolit entre le patient et les soi-disant thérapeutes.

La séance est menée par un directeur de jeu qui doit veiller à ce que le jeu soit quelque chose qui permette de faire émerger le transfert, la dynamique de groupe, et en même temps mettre en évidence les résistances, essayer de donner une place à la résistance. Sa tâche n'est pas facile tant il doit veiller à cette dynamique en tenant compte de la cohabitation de différentes problématiques au sein de ce même groupe.

La séance se déroule en deux temps. Le premier étant celui d'un retour, d'un centrage sur soi. Cette partie est axée sur l'individu lui-même. Elle permet à l'adolescent de rester centré sur lui-même, avant d'aller à la rencontre de l'autre de manière progressive (par le jeu du regard, par exemple).

La relaxation permet de se poser et de rompre avec l'extérieur offrant ainsi la possibilité d'entrer dans l'activité. La relaxation est un moment mal vécu par Martine. Elle s'effondre souvent entre pleurs et stupeur. Malgré tout, elle tient à faire l'exercice jusqu'au bout.

En plus de la relaxation, il y a un travail de repérage dans l'espace par des jeux obligeant à traverser, de différentes manières, la pièce de par en par avec une attention portée aux bruits, à la luminosité de celle-ci. Le travail de repérage, nous fait circuler dans la pièce, et à ce moment là, j'ai souvent l'impression d'être suivie par l'ombre aspirante et fantomatique de Martine. Elle semble errer tel un automate guidé par les ficelles du vide.

Un temps particulier, dans cette première partie est le jeu du regard, qui invite à s'arrêter et à tenir le regard un court instant. Le meneur de jeu propose au groupe de se laisser colorer par le regard, sans parler, en laissant et acceptant les rires et les silences.

C'est l'occasion de rencontrer l'autre, sans la parole qui viendra par la suite.

L'occasion, de faire le jeu du regard m'est donnée à plusieurs reprises. Cet instant, je le redoute et même force le hasard pour ne pas me trouver en face de Martine. Parfois, malgré mes stratégies, je me retrouve face à elle, face un regard vide lointain et écumée par une note peut être mélancolique. Ce regard me laisse une sensation de glaciation, me sentant enfermée sous une calotte glacière.

Toujours dans la première partie, il y a les « mini improvisations » qui font trait avec la seconde partie. Ce sont des saynètes qui introduisent la parole (mise en sourdine pendant le début de la première partie). Elles se font en groupe entier ou en petit groupe. Martine, apprécie ce moment et commence à sortir de « sa période glacière ». Elle se propose à l'exercice, avec spontanéité, et sollicite facilement le groupe pour construire une histoire.

Avant d'entamer la seconde partie, un temps de verbalisation :

Le groupe s'assit en cercle. Dans un premier temps, chacun se présente par son prénom et sa fonction.

Ensuite, les participants, expriment leurs ressentis sur se qui s'est déroulé dans la première partie. Souvent, le jeu du regard, suscite la parole.

Ce temps permet d'introduire la seconde partie en expliquant rapidement le déroulement de celle-ci.

La seconde partie, très attendue par Martine, consiste en des improvisations plus construites Qui ne sont pas obligatoires. Elles se font en petit groupe dont le nombre de participants est défini par eux mêmes et les besoins de l'improvisation. Les improvisations sont des créations semi-élaborées, ne durant que le temps de la représentation théâtrale. Ceci suppose une dialectique entre le dire et le faire, même si le dire et le faire, au théâtre, sont par la parole.

La consigne importante de cette partie est de ne pas jouer « la réalité » : se donner un autre prénom que le sien, pendant l'improvisation. Ne pas faire état de la prise en charge dans les scènes.

Cette consigne est généralement bien suivie et acceptée, car elle garantie l'intimité de chacun dans un atelier qui expose.

Les actions (inscrites sur une feuille), sont binaires, car elle repose sur la mise en tension de conflits internes. Ces actions permettent de voir comment, collectivement un problème peut être résolu, finaliser. Voici quelques exemples : Accuser/ Se défendre, Faire partir/Vouloir rester. Il y a (sur ces feuilles) des actions unitaires, par exemple : Se préparer pour une fête, se préparer pour annoncer une mauvaise nouvelle... celle-ci aussi se joue à plusieurs. Martine trouve un certain plaisir à jouer les mises en tension imposées par les saynètes. Elle prend souvent des rôles d'autorité, surmoïque, ou alors des rôles plus régressifs, voir crus. L'exagération des traits de ses personnages appelle au comique, aux rires.

Des déguisements sont à disposition, ainsi que certains accessoires (téléphone, livre, lunettes...).

* 5 ARTAUD.A. Le théâtre et son double. Gallimard, 1964 P49-71

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