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théâtre et théâtralité dans les Enfants du paradis

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par Fabienne DESEEZ
Université Nanterre PAris X - Maîtrise d'arts du spectacle mention études théâtrales 2002
  

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Jeux caricaturaux.

Les comédiens L'Auberge des Adrets, ont un jeux très figé qui manque de naturel. Les comédiens montrent ce qu'ils ressentent en exagérant leurs gestes et en déclamant comme s'il s'agissait d'une tragédie. Ils parlent face public. De toute évidence, Marie est une comédienne chevronnée, mais elle n'incarne pas son personnage. Ce qui lui importe c'est de savoir à quel moment elle doit entrer et sortir. Elle est tellement obnubilée par ses déplacements sur scène que son personnage n'a aucune substance. Le pathétique de la situation est tellement forcé qu'il en devient grotesque et nous fournit le sujet d'une pièce comique. Nous rions d'autant plus que l'extrait de la répétition nous est montré ensuite lors de la représentation. Frédérick change le cours de l'histoire de Robert Macaire en improvisant sur son texte. Il casse le jeu convenu de ses partenaires et les

déstabilise, comme s'il voulait leur imposer de jouer juste. Il y réussit.

Les trois auteurs, quant à eux, semblent sortis directement du théâtre de Guignol. Leur jeu est très codifié. Le premier commence à parler, les deux autres continuent en coeur. Pour casser le rythme, les trois reprennent en même temps. Il ne manque que la musique pour faire de leurs mots une chanson.

Les sentiments des hommes théâtralisés.

Les personnages principaux théâtralisent souvent leurs sentiments. Est-ce par pudeur ou bien est-ce parce que c'est au théâtre qu'ils s'expriment le mieux ? Frédérick Lemaître a besoin de ressentir de la jalousie envers Baptiste pour jouer Othello, comme si la vie n'avait d'intérêt que parce qu'elle nourrit l'interprétation de ses personnages au théâtre. Baptiste utilise la théâtralité pour exprimer son désespoir à Garance sans que celle-ci ne puisse intervenir dans le jeu. Il a gardé son costume de scène. Désespéré, il se donne en spectacle à la femme dont il est éperdument amoureux. Le théâtre contamine la fiction. Baptiste fusionne en Pierrot, qui voit la femme qu'il aime, lui échapper dans le Palais des Mirages. Comme son personnage il a des tendances suicidaires. Avec les fleurs il exprime la violence qu'il aura dans Le marchand d'Habits. Garance reprend son rôle de statue. Il se

détache de lui. Il utilise le personnage qu'il est sur scène pour exprimer ce qu'il ressent en tant que personne. Il parle de lui à la troisième personne du singulier. Le fait de ne pas s'adresser directement à Garance, est une façon pour le mime, d'éviter le dialogue et de montrer à la femme qu'il aime qu'il est lui-même le personnage qu'il incarne. L'autre n'a d'autre fonction que celle d'être spectateur. Garance, face à ce monologue, est une spectatrice passive. Rien de vient obstruer le fil de la pensée de l'artiste. Baptiste monopolise la scène, avec une jouissance morbide à exprimer sa souffrance et à aller jusqu'au bout, comme s'il voulait exorciser le mal qui le ronge. Il joue celui qui rit, qui fait le clown. Il mime le marié qui danse sans sa mariée. Ses rires cachent sa nervosité. La fin de son numéro s'achève sur la croix en guise d'épitaphe qu'il trace sur sa pierre tombale représentée par le miroir de Garance, détournant ainsi l'objet de son signifiant. Ce rôle tragique improvisé marque une volonté de catharsis de l'artiste. Il communique sa souffrance à Garance pour qu'elle le prenne en pitié, comme un SOS. Il l'implore de le retenir de sombrer dans le gouffre de la dépression amoureuse. En mettant en scène son enterrement, Baptiste fait du chantage affectif à Garance. Il veut que celle-ci se sente responsable de sa mort imaginée. En la mettant au pied du mur, il l'oblige à prendre position, ce qu'elle fait : Qui vous dit, qui vous dit Baptiste que je

ne vous aime pas ? En jetant par terre, et en piétinant les fleurs du Comte, il montre la violence de sa jalousie quelque peu puérile.

Frédérick Lemaître avec son costume d'Arlequin sent que Garance lui échappe. Il lui joue un numéro de commedia dell'arte pour tenter de la reconquérir. Son enthousiasme exubérant se heurte à la lassitude de Garance. Frédérick cache son malaise derrière le masque d'Arlequin et ses sentiments derrière celui du tragédien, tantôt Othello, tantôt Arlequin.

Lors de sa première entrevue avec Garance, le comte derrière une attitude précieuse, extrêmement posée voire glaciale d'un homme sûr de lui, cache son trouble face à la jeune femme.

Pleins feux sur la sortie de Garance.

Carné met l'accent sur personnage de Garance, et met en valeur sa belle allure. Il fait un plan semi-général sur Garance dans les escaliers du Grand-Relais, alors qu'elle est interpellée par la police. C'est également en plan général, que Garance fait sa sortie. Fièrement, elle tend la carte du comte au commissaire. Elle prend soin de porter le regard vers chacun de ses accusateurs individuellement. Ce jeu, trop long pour du cinéma, accentue l'effet théâtral voulu par Garance, ce qui est conforté par les plans de la caméra.

L'actrice nous communique son sentiment de victoire. Nous sommes de tout coeur avec elle.

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"Il ne faut pas de tout pour faire un monde. Il faut du bonheur et rien d'autre"   Paul Eluard