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enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté: Etude à partir du CPS Diourbel

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par Serigne Cheikh FALL
Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés- Dakar - Diplôme d'Etat en Travail Social 2006
  

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Les besoins non financiers se répartissent en besoin de formation, d'un dispositif d'accompagnement, de participation et de communication.

· La formation

La question relative à la formation était formulée ainsi : « Selon vous, y a-t-il des activités qui devraient précéder l'octroi de crédits ? », suivie d'une justification de la réponse. A cette question, 32 unités de l'échantillon citent la formation, soit un pourcentage de 88.9%.

Le faible taux de pourcentage qui déclare pouvoir s'en passer est constitué pour l'essentiel de tailleurs, de restauratrice et de deux boutiquiers.

Cette importance du nombre de demandeurs d'une formation avant l'octroi de crédits s'explique en partie par le bas niveau de scolarisation de l'échantillon mais aussi par une volonté de mieux bénéficier de l'expertise reconnue d'antan au niveau de ASACASE.

En effet, beaucoup d'interrogés déclarent avoir une fois au moins bénéficié de session de formation dispensée gracieusement par ASACASE avant la mise à disposition du crédit. Le contenu de la formation était riche de l'avis des sociétaires car pendant cinq jours, les techniciens de la structure formaient les futurs bénéficiaires aux techniques élémentaires de tenue de registre de comptabilité et de gestion de l'activité.

Pour d'autres aussi, la formation était l'occasion de regrouper les intervenants d'un secteur d'activité comme par exemple les boutiquiers qui échangeaient sur les meilleures pratiques et les bonnes techniques. C'est du moins ce que nous a révélé ce boutiquier qui déclare sans ambages que malgré sa longue expérience dans le commerce, il a appris de ses collègues chaque fois que l'occasion lui avait été donnée par les soins de ASACASE.

Il faut simplement préciser à ce stade de notre analyse que ASACASE qui est la structure mère du CPS avait fait du renforcement des capacités techniques son exigence, compte tenu certainement de la nature de la clientèle qui venait solliciter ses services. Car il y a certainement la lancinante question que nous ne pouvons manquer de nous poser à nouveau : Quelles sont les chances de réussite d'une entreprise dont le promoteur ne peut pas cerner tous les contours de son activité et particulièrement dans un contexte de concurrence formelle et/ou informelle ?

La formation telle que nous l'envisageons et telle que les bénéficiaires l'appréhendent ne se limite pas simplement à un apport de connaissances sur la tenue de registre comptable et sur les techniques de management d'une activité mais inclut nécessairement des éclairages sur les potentialités exploitables du marché, sur de profondes explorations des créneaux novateurs et porteurs de croissance. Or sur ce dernier aspect, les sociétaires ne cachent pas leur insatisfaction et certains de déclarer qu'ils tournent en rond du fait de la saturation du marché.

Autant dire donc que la formation est une demande très forte de la part des sociétaires du CPS et que beaucoup lient leur réussite dans les affaires à une formation à l'esprit d'entreprise, ce que les responsables délaissent. En procédant ainsi, ASACASE est certainement en train de perdre une belle occasion de se positionner comme une institution de microfinance alliant à la fois le crédit et l'exigence de formation.

· Le dispositif d'accompagnement

La mise à disposition de crédits est certes importante pour les sociétaires formant notre échantillon mais le dispositif d'accompagnement compris comme un ensemble d'opérations coordonnées en vue de suivre l'évolution de l'activité du client, ne l'est pas moins. Du moins c'est l'avis recueilli sur place lors des entretiens que nous avons eus avec une partie du sociétariat, représentant une proportion de 58.33% (21 /36).

Au vu de ce pourcentage, on peut réconforter ceux qui pensent que les fluctuations du marché sont imprévisibles et que rien n'est acquis de façon définitive.

L'esprit d'entreprise s'accommode mal avec la crainte excessive, pourvu cependant que des études fiables se fassent sur le marché et les capacités d'adaptation des clients renforcées.

Cela manque visiblement à la majorité des entrepreneurs interrogés ; si on ajoute à cela le faible niveau de formation et l'incapacité à explorer des voies novatrices, ça donne les résultats que nous avons.

Le crédit ne suffit pas, la formation initiale ne permet pas de dissiper définitivement les craintes, l'accompagnement s'avère utile pour ces promoteurs.

Les avantages avancés sont multiples mais pour l'essentiel nous pouvons en retenir quelques uns tels que la confiance. Autrement dit, l'accompagnement serait un bon dispositif de correction des éventuelles erreurs et d'encouragement à poursuivre sur la bonne voie.

Mais si une grande partie de l'échantillon trouve ce dispositif fort profitable, il y a une catégorie qui le trouve gênant, envahissant et pouvant prendre les allures d'un contrôle.

On peut donc dire que l'accompagnement est globalement pris comme un besoin pour remettre sur la bonne voie, relancer, encourager et rectifier ceux qui se détournent de leurs objectifs déclarés, même si certains promoteurs le trouvent embarrassant.

· La participation

La question de la participation est appréciée à travers la question suivante : « Qui détermine le montant de vos crédits ? Etes vous associés à la détermination de ce montant ? ».

L'analyse des instances de gestion a permis aussi d'apprécier la participation. Sur la question évoquée plus haut, les 36 unités de notre échantillon ont répondu en déclarant qu'en règle générale ce sont eux mêmes qui formulent leur demande mais qu'en définitive c'est le CPS qui détermine le montant.

En outre, ils ne sont pas associés à la détermination du montant. Cette manière de procéder trouve son origine dans la tradition de ASACASE qui à l'origine étudiait le projet qui lui était soumis par le promoteur, l'évaluait souverainement et fixait de la même manière, le montant qu'elle jugeait suffisant pour le projet.

En opérant ainsi, les autorités de ASACASE se suffisaient à eux-mêmes et l'expertise qu'elle a développée le lui permettait.

Mais si l'on redonne à la notion de participation tout le sens que les travailleurs sociaux lui donnent, on peut se poser des questions sur son avantage. Rappelons avec Jacques Bodgout (1983) le sens qu'il donne à la notion de participation quand il la définit en ces termes : La participation de qui ? Celle des usagers, des citoyens, des clients, de ceux qui sont touchés par les décisions d'une organisation sans en être membres. Au sens politique et organisationnel donc, le terme participation désigne le fait pour des individus d'être associés à des décisions. L'importance est donc mise sur la relation entre l'usager et le service qu'il utilise et l'éventuel pouvoir qu'il pourrait détenir sur la production de ce service32(*).

La participation des populations consiste donc à restituer à celles-ci un pouvoir d'initiative et de décision dans la définition et la mise en oeuvre des actions et programmes qui concernent leur propre avenir.

L'association des sociétaires dans la négociation du montant du crédit est d'autant plus nécessaire que ça dissipe les incompréhensions souvent décelées entre les responsables du CPS et certains sociétaires.

Cette association de sociétaires dont on a parlé ne signifie pas tout de même se plier à la volonté exclusive du demandeur de crédit mais doit s'inscrire dans la voie du consensus et de la négociation afin que chacun puisse savoir ce qui est possible et ce qui ne l'est pas et pourquoi, si tant est que l'on veut promouvoir un développement auto-géré.

On le voit donc, au niveau de la participation une très large proportion du sociétariat interrogé sinon tous demandent une plus grande ouverture à eux en termes d'implication et d'ouverture à l'organisation et au fonctionnement de «leur» banque. Il est connu que les institutions de microfinance sont par excellence des cadres d'expression et de participation d'une catégorie de la population victime de l'exclusion.

· La communication

Nous avons apprécié cette variable à travers les questions « Quels sont les services offerts par le CPS à votre connaissance ? » et «Avez vous des besoins que vous auriez souhaités voir pris en charge par le CPS ?  - Lui en avez vous parlé ? ».

A la première question 28 sociétaires répondent en citant le crédit et l'épargne, soit un pourcentage de 77.8% de l'échantillon. Ces résultats donnent une idée sur le niveau d'ignorance du package de services disponibles à la banque, si l'on sait que le crédit et l'épargne ne sont pas les seuls services disponibles au niveau du CPS. Il y a aussi le transfert d'argent qui est mis en place depuis 2005. A travers donc un tel niveau de connaissance, on peut légitiment se demander si la structure a développé une véritable stratégie communicationnelle et de marketing pour faire profiter à ses sociétaires tous les services développés.

L'analyse des réponses de la deuxième question réconforte les soupçons d'incohérence dans la démarche du Crédit Populaire en rapport avec sa communication. En effet, 33 interrogés affirment avoir des besoins non pris en compte par le CPS notamment dans l'appui aux charges d'éducation, de santé ou de cérémonies familiales ; mais pour eux un cadre ne communication fait défaut pour exprimer ces besoins.

A la lumière de ces résultats nous pouvons reconnaître que le déficit de communication dont il est question ici est totalement différent de l'accueil, domaine dans lequel le CPS développe une expertise avérée comme nous avons pu nous en rendre compte sur place.

Néanmoins compte tenu des avancées technologiques de ce nouveau millénaire, marqué par la prééminence de la communication, une structure qui se donne pour ambition de devenir leader en matière de lutte contre la pauvreté, doit faire usage des nouvelles approches de marketing et de communication pour une exploitation profitable des potentialités reconnues d'une région d'émigrés comme Diourbel. Ceci est d'autant plus avéré que les tarifs appliqués par le Money Express, l'outil de transfert d'argent du CPS sont réellement concurrentiels, si on le compare aux autres formes comme Western Union ou Money Gram.

Enfin pour l'essentiel des sociétaires, la banque opère à des changements dans son mode de fonctionnement sans au préalable en informer la clientèle, ce qui donne souvent des surprises désagréables comme la décision unilatérale de conditionner le crédit à l'épargne obligatoire.

On peut donc dire en gros que la communication constitue une pierre d'achoppement du fait de son déficit. La mise en oeuvre d'une stratégie de communication d'ensemble permettra de relever substantiellement le niveau du sociétariat par l'augmentation du taux de pénétration.

En guise de résumé sur les besoins de la cible interrogée, nous avons pu nous rendre compte à travers les enquêtes que ces besoins sont essentiellement de deux ordres, des besoins financiers et des besoins non financiers.

Les besoins financiers sont le crédit qui constitue le besoin prioritaire de l'échantillon avec un pourcentage de 86 %, suivi de l'épargne (13.9%). Le transfert d'argent et la micro assurance étant utiles pour les clients mais au même niveau que les deux premiers cités.

Il faut dire que la réalité socio-économique de la région de Diourbel marquée par la pauvreté et l'absence d'infrastructures industrielles créatrices d'emplois (à l'exception de la SONACOS qui se débat dans des difficultés au moment de notre passage), explique cette hiérarchisation des besoins.

Le deuxième ordre de besoin est constitué par les besoins non financiers que sont la formation, l'accompagnement, la participation et la communication. L'implication des populations cibles dans le fonctionnement de la banque aurait à coup sûr l'avantage de lever les contraintes liées à la participation, à la communication et en définitive à la formation qui intéresse la clientèle au premier chef.

3-2 Les capacités de réponses du CPS

Après avoir présenté, analysé et interprété les besoins tels que les cibles les ont exprimés, nous allons à ce niveau de la recherche nous intéresser aux capacités de réponses du CPS en rapport avec la demande de la clientèle. Ainsi, nous nous intéresserons à la gestion administrative et institutionnelle, à l'offre de crédits, à l'épargne, à la promotion des activités génératrices de revenus, à la logique d'intervention du CPS et enfin les perspectives politiques, managériales et programmatiques.

3-2-1 La gestion administrative et institutionnelle

La structure qui a accueilli cette étude a développé une gestion rigoureuse de sa structure en terme d'organisation administrative et institutionnelle pour se donner des chances techniques d'atteindre les objectifs qu'elle s'est assignée.

3-2-1-1 La gestion administrative

Dans la théorie du management, la gestion administrative par le biais de l'organisation revêt une importance capitale. La mise en place d'une hiérarchie ou de niveaux de responsabilité conformément au rôle de chacun dans la structure et qui précise les fonctions assumées ( approche verticale ou pyramidale) de l'organisation de l'entreprise est inspirée par le concept moderne de la théorie de la firme. L'autre grand aspect est relatif à la constitution d'un personnel de cadres qualifiés (notamment le recrutement et la formation continue), la planification, le suivi-évaluation. Ce sont ces différents aspects de l'organisation administrative que nous allons explorer.

En ce qui concerne la hiérarchie (voir organigramme hiérarchique dans la partie II du mémoire), elle est dictée par l'unité de commandement qui permet de centraliser les sources d'informations et d'éviter de ce fait d'éventuelles confusions imputables aux canaux parallèles d'édiction de normes. Cette hiérarchie a donné ce qu'on a constaté aussi, la spécialisation, la responsabilité et l'ordre social.

A propos de cet ordre social, M. Djiby Diakhaté33(*) citant Taylor disait que c'est le principe qui impose « une place pour chaque chose et chaque chose a sa place ; une place pour chaque personne et chaque personne a sa place. ».

En ce qui concerne le volet recrutement et formation, les observations faites sur place, complétées par des entrevues et la recherche documentaire ont permis de constater l'importance que la structure accorde à ces aspects. C'est un personnel adapté à la mission qui est recruté et qui est composé d'agents formés pour la tâche, répondant aux profils dégagés.

Mais malgré une bonne dose d'engagement dans la gestion et le recrutement d'un personnel d'appoint, il faut soulever tout de même une faiblesse du ratio nombre d'employés sur la population couverte. Or, un tel indicateur est assez révélateur des possibilités de la gestion de proximité notamment à travers le suivi-évaluation, le suivi-conseil ou encore la formation qui préoccupe presque tous les clients.

Nous osons douter en réalité que malgré les déclarations des autorités du CPS, si plusieurs clients venaient à demander une formation en même temps, leur demande pourrait être agréée.

Il est aujourd'hui reconnu par les spécialistes de la microfinance que l'augmentation du portefeuille d'une IMF dépend étroitement de l'effectif de son sociétariat, qui à son tour dépend de la confiance et de la qualité des services offerts.

Selon cette certitude très largement partagée maintenant, l'effectif du personnel n'importe pas plus que sa capacité à optimiser son rendement pour répondre aux besoins de clients toujours plus exigeants et plus critiques.

Cette capacité de réponse a été beaucoup appréciée par les sociétaires qui pensent que les démarches administratives concernant les modalités d'octroi de crédits sont facilitées par une certaine souplesse dans les procédures et des délais absolument raisonnables.

De l'avis d'une bonne partie de la clientèle enquêtée, les lourdeurs administratives ne sont pas imputables à la banque mais à des tracasseries administratives rencontrées par exemple au niveau du Service des Impôts et Domaines qui délivrent les titres de propriété foncière.

En plus nous avons pu, par observation participante, remarquer la fonction d'orientation que la secrétaire occupait en même temps que ses fonctions classiques, laquelle fonction est facilitée par la disposition spatiale de son bureau facile d'accès.

Nous pouvons donc dire de manière générale que le CPS dispose d'un potentiel organisationnel qui lui permet de répondre assez favorablement aux besoins les plus essentiels de sa cible.

Néanmoins, les déboires soulevés par les clients et dus aux mauvais agissements de certains fonctionnaires peu scrupuleux dans le circuit administratif qu'emprunte le dossier pour l'obtention du crédit, pourraient trouver de solutions idoines à travers une réflexion sur la meilleure formule possible, à l'instar du Guichet Unique du Ministère des Finances du Sénégal. Son avantage sera alors d'alléger les procédures et d'épargner les clients du parcours du combattant par des circuits administratifs compliqués et souvent coûteux.

* 32 Momar Kane, cours de Travail Social Communautaire, ENTSS, 2005-2006

* 33 Djiby Diakhaté, cours de sociologie des organisations, ENTSS, 2005-2006

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