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enjeux et limites de la microfinance dans un contexte de lutte contre la pauvreté: Etude à partir du CPS Diourbel

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par Serigne Cheikh FALL
Ecole Nationale des Travailleurs Sociaux Spécialisés- Dakar - Diplôme d'Etat en Travail Social 2006
  

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PRESENTATION, ANALYSE ET INTERPRETATION DES DONNEES

dDES DONNEES

Dans cette partie du travail nous allons présenter les données issues de l'enquête, les analyser et puis les interpréter. C'est ainsi que nous verrons tour à tour l'identification des besoins des bénéficiaires du CPS que nous avons interrogés, les capacités de réponses du CPS et les propositions pour un système de microfinance adapté aux besoins des populations exclues du système financier classique.

3-1 Identification des besoins des bénéficiaires du CPS.

Avant de présenter les besoins des bénéficiaires, il nous a semblé utile de présenter d'abord ces bénéficiaires notamment ses caractéristiques socio-démographiques (âge, sexe, capital scolaire, catégorie socioprofessionnelle) et la capacité d'accès aux banques classiques.

3-1-1 Identification du sociétariat.

3-1-1-1 Identification selon l'âge

Tableau 1 : Répartition des bénéficiaires selon l'âge

Source : Enquête sur le terrain

Graphique N°1

Le tableau fait apparaître une répartition de la population des bénéficiaires selon l'âge. Cette répartition révèle une forte concentration de la population à l'étude dans la tranche d'âge comprise entre 50 et 60 ans (18), soit 50% de l'ensemble des bénéficiaires.

Les clients dont la tranche d'âge est comprise entre 30 et 50 ans sont estimés globalement à 14 individus, soit un pourcentage total de 39 %.

Les clients ayant entre 20 et 30 ans représentent 5.5% de l'effectif de l'échantillon, c'est-à-dire le même effectif que ceux qui ont 60 et plus.

Cette présentation du sociétariat peut être expliquée par un ciblage beaucoup plus accentué en faveur des promoteurs d'âge compris entre 50 ans et 60. Il faut aussi noter une réceptivité plus grande de cette classe d'âge aux messages des institutions de micro-crédit. Les jeunes gardent encore une frontière psychologique avec les institutions de microfinance.

Ces résultats laissent apparaître tout de même un paradoxe si l'on se situe dans la logique qui a animé les fondateurs de l'institution mutualiste. En effet ces derniers disent poursuivre des objectifs de lutte contre la pauvreté notamment en faveur de la cible jeune et femme ; or pour atteindre cette première cible il faut nécessairement concentrer ses efforts dans la tranche 20-40 plus que sur la tranche dominante au moment de l'étude.

Ceci cache une réalité que nous ne pouvons manquer de soupçonner, c'est le déficit de communication à l'endroit de cette cible jeune, peu sensibilisée sur les opportunités qu'offre le secteur microfinancier dans le financement des projets de développement. Qu'est ce qui éloigne les jeunes d'un instrument de financement aussi accessible en principe ? Pourquoi les personnes d'âge mûr compris entre 50 et 60 ans sont ils plus présents dans l'échantillon comme le révèle notre étude? Ce sont là des interrogations auxquelles il urge de trouver des réponses afin de répondre à l'exigence de financer la partie de la population la plus dynamique, la plus importante et en plus la plus exposée aux vicissitudes de la vie telles que l'immigration clandestine, la prostitution déguisée, le désespoir...

3-1-1-2- Identification selon le sexe

Tableau 2 : Répartition des bénéficiaires selon le sexe

Source : Enquête sur le terrain

Graphique N°2

Les résultats de l'étude montrent une prédominance de femmes dans l'échantillon (64%) alors que les hommes font un pourcentage de 36 %. Une telle configuration de la clientèle s'explique par une volonté affichée des autorités du Crédit Populaire de mieux servir la cible femme dans la lutte contre la pauvreté.

De plus, les données démographiques relatives à la région de Diourbel laisse apparaître un pourcentage de femmes de l'ordre de 53% contre 47 % d'hommes ; ce qui par conséquent représente un bon facteur pour orienter les actions de développement vers les populations elles-mêmes. L'autre raison, c'est sans conteste les exigences de lutter contre la féminisation de la pauvreté comme nous y invitait déjà en 1995 la Conférence de Beijing, reprises par le rapport mondial sur le développement humain du PNUD de 1996. La situation précaire de pauvreté dans laquelle vit la femme en général et africaine en particulier est devenue plus inquiétante face à une crise qui sévit dans presque tous les pays africains depuis les années 70. Pour le cas particulier du Sénégal les résultats de l'ESAM II montrent que les femmes qui gèrent un ménage, ne contribuent qu'à hauteur de 14.8 % seulement à la pauvreté totale. Ce qui encourage alors les choix de plus en plus portés vers la cible femme dans la lutte contre la pauvreté.

3-1-1-3 Identification selon la situation matrimoniale

Tableau N°3 : Répartition des sociétaires suivant la situation matrimoniale

Source : Enquête sur le terrain

Graphique N°3

Le tableau relatif à la situation matrimoniale des sociétaires du Crédit Populaire Sénégalais basé à Diourbel montre un effectif de 22 marié(e)s sur un effectif total d'individus interrogés de 36 unités, soit en valeur relative 61 %. La valeur absolue des enquêtés divorcés est de 3 sur 36, soit 8 % en valeur relative. Les célibataires représentent un pourcentage de 11% alors que les veuf (ve)s font un effectif de 7 sur un total de 36, soit 19%. En terme de classement, les mariés se taillent la plus grande part, suivis par ordre d'importance décroissante par les veufs, les célibataires et les divorcés.

Ces résultats sont compréhensibles si l'on se reporte à la répartition par âge des enquêtés, laquelle répartition avait montré une prédominance dans l'échantillon d'individus ayant entre 50 et 60 ans. Or, on sait que dans cette classe d'âge, les personnes sont généralement des chefs de ménages ; surtout si l'on y ajoute les facteurs religieux comme nous le montre la structure démographique de la population du Baol marquée par une très forte proportion de musulmans (près de 95%). Cependant nous ne devons pas perdre de vue les conclusions sorties des résultats de l'ESAM II relatives à la grande vulnérabilité des ménages dirigés par des veuf/ve(s) car résultant la plupart du temps de choc inattendu interne au ménage qui met en situation difficile un chef de ménage dont les revenus et la consommation étaient étroitement liés à un partenaire disparu. En réalité une veuve ou une divorcée devient subitement chef de ménage, perd de fait une source de revenus alors que les charges (enfants, loyer, alimentation) demeurent, d'où l'attention nécessaire à porter à cette cible.

3-1-1-4 Identification selon le niveau d'étude

Tableau N° 4 : Répartition du sociétariat selon le niveau d'étude

Source : Enquête sur le terrain

Graphique N°4

A la lumière du tableau 4 relatif à la répartition de la population selon le niveau d'étude, il ressort que la population non scolaire est très largement plus importante avec un effectif d'un peu moins de la moitié (16 sur 36), soit 44 % de l'échantillon. Suivent ensuite les enquêtés qui déclarent s'être arrêtés au cycle moyen c'est à dire entre la classe de 6e et 3e (25%) ; au primaire entre le CI et le CM2 (17%) et le secondaire, entre la seconde et la terminale (14%). Aucun enquêté n'a fréquenté le cycle universitaire.

Ces résultats sont un reflet de la situation mondiale de l'analphabétisme en général et de celle du Sénégal en particulier. En effet pour le Sénégal les chiffres disponibles au niveau de la Direction de l'Alphabétisation et de l'Education de Base (DAEB) en 2000 faisaient état d'un taux d'analphabétisme de 48%. Or, les enquêtes menées par la Direction de la Prévision et de la Statistique montrent qu'une forte relation existe entre pauvreté et instruction et même que les 80% des ménages pauvres recensés au Sénégal en 2001-2002 sont sans instruction. Le taux d'alphabétisation à Diourbel était estimée en 2001 à 23.7%, juste derrière Tamba qui se situait à 20.0%.

Cet état de fait explique certainement le recours à la microfinance pour développer des activités génératrices de revenus. Le cas particulier de Diourbel n'est pas étonnant quand on sait que la région occupe une place peu enviable dans le classement des régions à forte incidence de pauvreté (de l'ordre de 60%) et par voie de conséquence, une des cibles privilégiées des instruments de lutte contre la pauvreté comme la microfinance. On ne peut néanmoins manquer de nous interroger sur le manque à gagner pour ces hommes et ces femmes réputées dévouées au travail si, en sus de l'engagement venait à s'y adjoindre le relèvement du niveau d'instruction. Il faut à ce propos rappeler que l'expérience nous enseigne que l'alphabétisation des paysans, ne serait ce que pendant quatre ans, augmenterait la production agricole de l'ordre de 25 % et une réussite accrue de la planification familiale a été corrélée à l'amélioration du niveau éducatif.

3-1-1-5 Identification selon la catégorie socioprofessionnelle

Tableau N°5 : Répartition du sociétariat selon l'activité exercée

Source : Enquête sur le terrain

Graphique N°5

Le tableau présente la répartition des enquêtés suivant l'activité socioprofessionnelle. L'activité commerciale est la plus pratiquée avec un effectif de 16 sur les 36 unités de l'échantillon, soit un pourcentage de 44%. L'activité commerciale regroupe pour l'essentiel de petits commerçants de détails, des marchands qui ont pignon sur rue, des vendeurs de tissus établis au marché central, des boutiquiers, sans oublier les femmes vendeuses de cacahuètes...

Après le commerce, l'activité qui semble occuper plus les unités d'analyse constitue l'artisanat avec ses 19%, suivi de la couture avec 14%. L'aviculture, l'embouche et la vente de produits cosmétiques se partagent les 18% avec une égalité parfaite de 6% pour chaque activité. Pendant ce temps, d'autres promoteurs du CPS déclarent exercer qui, la restauration, qui les opérations économiques.

Cette répartition de la population étudiée laisse apparaître une surcharge de la seule activité commerciale, qui semble plus accessible aux clients de la banque du fait certainement du manque de formation dont est victime la plupart des clients de la banque populaire, comme du reste nous venons de le voir avec la description du capital scolaire. En effet, il est établi que le commerce reste l'une des activités les plus usitées par les personnes qui souffrent d'un fort potentiel entreprenarial.

Pour ce qui concerne l'artisanat, des études menées par M. Issa Barro pour le compte du Ministère des PME, de l'Entreprenariat Féminin et de la microfinance, plaçait la région de Diourbel parmi les deux premières régions du Sénégal pour ses potentialités artisanales après Dakar. Nous avons pu nous rendre compte de la diversité du sous-secteur de l'artisanat qui couvre des activités aussi diverses que la tannerie, la poterie, la bijouterie, la maroquinerie, la vannerie, le tissage, l'artisanat d'art...

Mais cette affluence vers ces deux activités cache dans la réalité un malaise persistant au niveau de certains promoteurs qui n'ont pas hésité à nous déclarer leur incapacité à augmenter leur chiffre d'affaires du fait de la saturation du marché.

A ce niveau donc, la banque devrait orienter davantage ses actions dans l'exploration de créneaux porteurs et promouvoir de nouvelles approches notamment en ce qui concerne les garanties exigibles qu'il urge d'adapter au type de client si elle veut pérenniser ses actions ou si elle a de réels objectifs de lutte contre la pauvreté.

Et c'est là certainement que la prospection de nouvelles perspectives d'emplois trouvera tout son sens.

3-1-1-6 Identification selon l'accès aux banques commerciales

Le dépouillement des résultats issus du questionnaire adressé aux 36 clients de la banque donne ceci :

34 des enquêtés déclarent n'avoir jamais accès aux banques commerciales pour financer leurs activités, soit un pourcentage de 94.4%. Les deux autres unités de l'échantillon qui disent y avoir accès sont l'une, un fonctionnaire à la retraite et l'autre une femme de fonctionnaire encore en activité. Cette dernière d'ailleurs nous dit ne recourir qu'à l'épargne car n'ayant pas les garanties exigées par ces banques pour un crédit.

Ce taux élevé d'exclus des banques commerciales s'explique selon leurs propres raisons par le fait d'abord qu'ils n'ont pas de garanties exigées par ces banques, ensuite ils craignent les recours contentieux de ces banques dites sophistiquées. En tout état de cause, ils pensent qu'ils n'ont rien à faire dans ces banques faites pour une catégorie de personnes solvables ou à revenus permanents comme les fonctionnaires et les grands hommes d'affaires.

La démarcation est vite faite par les populations elles mêmes entre les institutions de microfinance et les banques classiques qui selon elles, ne sont mues que par la recherche effrénée du profit et ne se soucient nullement de la promotion sociale de leur clientèle.

Cette perception que les clients des IMFs ont généralement des banques classiques est confortée par la réalité de la ville de Diourbel qui n'a plus connu de banques commerciales depuis la déstructuration du secteur bancaire vers les années 80. Ce n'est qu'un peu plus de vingt ans après que ces banques commencent encore à faire leur apparition dans le paysage financier de la ville avec notamment la CBAO et la SGBS qui d'ailleurs, au moment de notre passage sur le terrain pour collecter les données, n'avaient pas encore démarré leurs activités.

Cette réalité est assez symptomatique des efforts que les institutions de microfinance doivent faire pour absorber le fort taux d'exclus du système bancaire classique si elles veulent réellement inscrire leurs actions dans la promotion des couches défavorisées par une stratégie des revenus.

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote