Chapitre II
Le
modèle comptable à la juste valeur
Apports et limites
Introduction
L'introduction du concept de la juste valeur dans les
référentiels comptables américain et international et sa
généralisation de plus en plus accrue de façon à
concerner presque la totalité des actifs et passifs financiers a
suscité un vaste débat au sein de la communauté comptable
et financière et dans le monde des affaires.
Ce débat autour de la juste valeur a opposé les
partisans de la comptabilité au coût historique dite statique
à ceux de la comptabilité à la valeur de marché
dite dynamique. De plus, il a été accentué sur les
avantages et les critiques adressées à chacun de ces
modèles d'évaluation. Alors que le modèle du coût
historique s'intéresse plus à la fiabilité,
objectivité et vérifiabilité de l'information, celui de la
juste valeur fait allusion d'avantage à la pertinence de
l'évaluation nécessaire à la prise de décision par
les utilisateurs.
Partant de ce principe, nous allons nous intéresser
dans ce chapitre à exposer les avantages du modèle comptable
à la juste valeur (Section 1), et les limites et difficultés
adressées à ce modèle (Section 2), eu égard les
investisseurs, les entreprises ainsi que les institutions
financières.
Section 1
Apports du modèle comptable à la juste
valeur

1-1.Utilité pour l'investisseur
Les principes comptables qui ont été
conçus auparavant pour favoriser les besoins en informations des
autorités de contrôle s'avèrent, actuellement,
inadaptés pour répondre aux exigences du contexte
économique caractérisé par l'incitation des
investissements et des initiatives privées.
Par conséquent, l'investisseur est devenu l'utilisateur
privilégié, et tout modèle d'évaluation comptable
doit lui permettre une meilleure aide à la prise de décision,
à fin de tirer sa légitimité face à l'ancien
modèle d'évaluation au coût historique.
Partant de ce principe, le modèle d'évaluation
à la juste valeur présente plusieurs avantages pour les
investisseurs et les professionnels de la finance qui peuvent être
résumés ainsi :
?L'évaluation à la juste valeur permet
l'amélioration de l'objectivité, de la neutralité, de la
transparence, de la pertinence et de la fiabilité des information
comptables, ceci est de nature à augmenter leur
crédibilité et à accroître la confiance des
investisseurs dans les informations mises à leurs dispositions.
?La notion de juste valeur s'inscrit dans le cadre d'une
approche dite «de marché», il s'agit d'une estimation
théorique de la valeur d'une transaction qui incorpore les tendances du
marché et traduit au mieux l'incertitude affectant les prévisions
de cash flow et les opportunités d'investissement.
?l'évaluation à la juste valeur permet une
meilleure estimation du risque engendré par la détention
d'instruments financiers complexes, en effet, connaissant la juste valeur d'un
instrument financier, les conditions dont il est assorti et les risques y
afférents, l'investisseur dispose, ainsi, des outils fondamentaux pour
évaluer les attentes du marché.
?Vu la richesse des informations financières
présentées à la juste valeur, le processus de
prévision est plus aisé.
?La comparaison interentreprises est plus intéressante
du fait que ce modèle d'évaluation réduit les
possibilités d'arbitrage comptable laissées aux dirigeants et
rend l'information plus transparente, favorisant, par conséquent, les
comparaisons entre entreprises.
?Augmentés du pouvoir explicatif de la juste valeur,
les états financiers ainsi publiés se trouvent
améliorés par une exhaustivité et une fiabilité
accrues, traduisant ainsi une information plus conforme à la
réalité. Les professionnels de la finance disposeront, ainsi,
d'un outil d'analyse financière très performant.
?La communication est renforcée. Il en résulte
une augmentation significative du reporting financier et du travail de
prévision. L'information comptable à la juste valeur cerne au
mieux ce qu'attendent les investisseurs en termes de lisibilité,
pertinence, fiabilité et comparabilité. « Le
financier devient un homme d'explication de texte. »16(*)
* 16 Article
co-rédigé par Christian Panetier (animateur du groupe de
travail), Benoît Besson, Denis Cramazou, Didier Dumont, Olivier Delelis,
Nathalie Lopes, Jacques Provost, Jean-Pierre Troué et Rainer
Welfens(2007) « juste valeur : la recherche de la
pertinence ». Comité Jacques Coeur, DFCG
Île-de-France1, p56.
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