IV.1 .7.Statut social :
Différentes études ont montré que les
personnes ayant un revenu faible présentent un risque accru de
décéder lors d'une vague de chaleur [38; 26]. Les
différences de mortalité observées entre les ethnies dans
les études américaines pourraient être liées aux
différences de statut social entre communautés.
Lors d'une étude réalisée sur la
mortalité journalière dans sept grandes villes des Etats-Unis
entre 1988 et 1993, la surmortalité s'élevait à 5,2 %
[1,8-8,7] chez les personnes ayant un niveau d'études inférieur
ou égal à l'équivalent du lycée [43].
IV.2. Facteurs environnementaux : IV.2.1.
Habitat-climatisation :
L'étude cas-témoin réalisée suite
à la vague de chaleur de l'été 1995 à Chicago a
montré que les personnes décédées vivaient
plutôt en appartement de petite taille, dans les étages
supérieurs, et dans des immeubles à toit plat [31].
L'étude de Dematte et ses collaborateurs [32] portant
sur 58 patients hospitalisés en service de soins intensifs pendant la
vague de chaleur de l'été 1995 à Chicago a montré
que 70 % des sujets n'avaient pas de climatisation.
IV.2 .2. Proximité de la mer :
La proximité de la mer semble jouer un rôle
protecteur important vis-à-vis de la mortalité lors des vagues de
chaleur. En France, dans le cadre de l'investigation de la vague de chaleur de
1976, la mortalité des mois de juin-juillet 1976 par rapport à
1975 était, en moyenne, diminuée de 5 % dans les villes
situées en bord de mer alors qu'elle était augmentée de 4
% et de 9 % pour les villes proches de la mer ou dans l'intérieur des
terres respectivement [56].
L'influence bénéfique de la proximité de
la mer peut s'expliquer par le fait que la variation des minima de
températures est moindre dans les zones côtières. En
été, en temps normal, la mer est plus chaude que la terre. En
période de fortes chaleurs, lorsque les températures minimales
nocturnes terrestres sont plus élevées que les
températures maritimes, la présence de la mer favorise le
refroidissement [56].
IV.2.3. Taille de l'agglomération :
Lorsqu'on s'affranchit de l'influence bénéfique
de la proximité de la mer lors des vagues de chaleur, la taille de
l'agglomération semble être un facteur de risque. La
surmortalité due à la chaleur se concentre dans les grandes
agglomérations : la présence de façades verticales qui
ralentit le phénomène de déperdition nocturne par
rayonnement de la chaleur emmagasinée dans la journée par les
murs et revêtements de chaussée à fort pouvoir absorbant,
comme par exemple les murs en brique des villes nord-américaines.
IV.2.3.1. L'îlot de chaleur :
a) Définition :
On définit l'îlot de chaleur comme une zone
urbanisée caractérisée par des températures
estivales plus élevées que l'environnement immédiat, avec
des différences qui varient selon les auteurs de 5 à 10°C
[57]. L'îlot de chaleur urbain constitue la résultante de
phénomènes climatologiques particuliers causés par des
facteurs spécifiques aux milieux bâtis plus denses (figure 2).
Figure 2: Illustration de l'îlot de
chaleur urbain. [57]
b) Formation de l'îlot de chaleur:
Dans les grandes agglomération, les activités
humaines sont sources de chaleur, le grand nombre de constructions ralentit le
vent, l'absence ou la rareté de la végétation
réduit l'évapotranspiration, tous ces facteurs concourant
à l'apparition d'îlots de chaleur, avec maintien de
températures nocturnes élevées [24,55]. La pollution
atmosphérique forme par ailleurs une
chape au dessus des villes qui renvoie la chaleur ; ainsi la
conjonction de l'ensemble de ces facteurs contribue à la création
d'îlots de chaleur «heat islands ».
La transformation et la réduction d'espaces verts par
des matériaux qui absorbent la chaleur comme les toits, les murs des
bâtiments ainsi que les chaussées, représentent aussi des
facteurs importants : ces matériaux qui ont absorbé la chaleur
pendant la journée la restituent pendant la nuit.
Enfin, la présence d'un flux de chaleur lié au
chauffage urbain, à la circulation automobile et à
l'activité industrielle s'avèrent aussi des facteurs qui
contribuent de façon significative au développement des
îlots de chaleur. Il ne faudrait pas oublier non plus le contexte
climatique actuel dans lequel les périodes de chaleurs extrêmes
sont de plus en plus fréquentes [58].
c) Impacts sur la santé :
· Transpiration et dilatation des vaisseaux sanguins ;
· Banal coup de soleil, fatigue jusqu'à
l'épuisement, coup de chaleur, crampes et syncope ;
· Exacerbation d'un état chronique, notamment les
affections cardiovasculaires, cérébrovasculaires, respiratoires,
neurologiques et rénales ;
d) Personnes les plus à risque :
· Les personnes âgées ou obèses;
atteintes de maladies chroniques (ex. : cardiaques, respiratoires,
rénales); prenant certains médicaments (ex. : tranquillisants,
diurétiques); vivant seules et qui ne peuvent pas suivre les mesures
préventives sans aide (personnes handicapées ou souffrant de
troubles mentaux); physiquement actives (ex. : sportifs, travailleurs);
résidant dans un logement insalubre; détenant un faible niveau
socio- économique ;
· Les nourrissons et très jeunes enfants.
e) La lutte contre l'îlot de chaleur:
La bonne connaissance des facteurs de formation de
l'îlot de chaleur permet de mieux le contrer. Deux solutions majeures
sont recommandées [57]. La première est de remplacer les surfaces
foncées comme les toits noirs et les routes asphaltées plus
absorbantes par des surfaces claires et réfléchissantes et la
deuxième est d'augmenter la quantité d'espaces verts (Arbres,
jardins, ...).
V. Les mesures préventives :
Les mesures préventives différent d'un pays
à un autre en faite les seuils d'alerte ne sont pas les mêmes pour
tout les pays. Ces mesures sont tributaires de la mise en place d'un
système d'alerte. Une fois cette dernière est
déclenchée, les institutions impliquées dans la
prévention, commencent à diffuser leur stratégie de
prévention.
V.1. Système d'alerte:
Un système d'alerte est conçu pour alerter la
population d'un événement climatique extrême (vagues de
chaleur) à partir d'un seuil de température bien défini.
La conception du système d'alerte diffère selon les pays. En
France [59] le dernier système était celui de 2006. Il a
été conceptualisé sur la base d'indicateurs
biométéorologiques (Tn, Tx, Tmoy, Td rosée, THI, IBM) et
tient compte de certains critères qualitatifs d'appréciation de
la vague de chaleur à savoir :
- l'incertitude liée aux prévisions
météorologiques ;
- l'action de facteurs aggravant la vague de chaleur
(humidité importante de l'air, absence de vent, pollution
atmosphérique) ;
- le contexte social.
Ces différents critères ont donc été
intégrés dans la réflexion sur la proposition d'alerte
(Figure 3)
Figure 3: schéma simplifié de
l'alerte [59]
V.2. Mesures préventives :
Le fait de se prévenir contre la chaleur n'implique pas
la prise de mesures adaptées lors d'une vague de chaleur car à ce
moment c'est déjà trop tard. Mais par contre, ces mesures doivent
être prises à l'avance : mieux vaut prévenir que
guérir.
Durant la période caniculaire (phase de vigilance), nous
mentionnons trois types de mesures préventives [60]:
V.2. 1. Mesures d'ordre général
:
Ces mesures sont destinées principalement à
informer le grand public au moment adéquat quand une vague de chaleur
est prévu :
- Utilisation optimale des médias (journaux, radios,
télévision, internet) pour diffuser des conseils de
prévention au grand public
- Distribution de tracts d'information et de conseils ;
- Ouverture d'une ligne téléphonique pour
répondre aux questions ;
- Prolonger les horaires d'ouverture des espaces
climatisés où les personnes peuvent se reposer
(bibliothèques, salles municipales, magasins...) ;
V.2. 2. Mesures sur le plan des infrastructures
:
Sur le plan infrastructure, les mesures préventives
consistent essentiellement à rafraîchir le milieu où
résident les patients. Il faut notamment S'assurer qu'il existe au moins
une pièce fraîche ou rafraîchie pouvant accueillir les
résidents. Pour les résidents qui sont plus mobiles ou qui
reçoivent la visite de leurs proches, il est conseillé de les
emmener régulièrement dans des centres commerciaux ou lieux de
détente aérés et souvent climatisés,
V.2. 3. Mesures sur le plan logistique :
Il s'agit notamment de définir un protocole
précisant les modalités d'organisation de l'établissement
en cas de crise et de déclenchement de l'alerte, notamment sur les
points suivants :
- mobilisation du personnel et rappel éventuel du
personnel en congé
- adaptation des plannings,
- collaboration avec les familles des résidents et
avec des volontaires pour qu'ils viennent régulièrement rendre
visite à leurs (aux) aînés et soient vigilants aux signaux
d'alerte cliniques,
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